La diplomatie russe
132 pages
Français

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La diplomatie russe , livre ebook

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Description

De l'Empire tsariste à l'actuel Etat de Vladimir Poutine, la Russie occupe une place importante sur la scène internationale. La politique étrangère d'un Etat est toujours étroitement liée à sa politique intérieure : la Russie en fournit un excellent exemple. Un vaste panorama des relations extérieures russes est ici dressé, au travers des grands noms de la diplomatie russe.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2012
Nombre de lectures 40
EAN13 9782296490406
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La diplomatie russe
De Pierre le Grand à Vladimir Poutine
Ouvrages du même auteur : L’ONU, la sécurité régionale et le problème du régionalisme (Paris, Pedone, 1955) : L’Ukraine et Droit international (Louvain, Centre d’Etudes, 1954) : La Ligne Curzon et la IIe Guerre mondiale (Louvain, Nauwelaerts, 1957) : Assistance économique et pénétration industrielle des pays de l’Est en Afrique (Léopoldville, Université Lovanium, 1966) : Droit consulaire des États africains (Anvers, Éd. Scientifiques Erasme, 1967) : L’Afrique en Droit international public (Paris, Librairie Générale de Droit et de Jurisprudence, 1971) : La Convention de Lomé (Bruxelles, Académie Royale des Sciences d’Outre-Mer, 1977) : Les Transferts internationaux d’armes de guerre (Paris, Pedone, 1980) : Les études africaines en Belgique (Louvain-la-Neuve, Cabay, 1982) : L’Université Lovanium et sa Faculté de Théologie (Chastre, Bureau d’Etudes en Relations internationales, 1983) : Les origines du séparatisme katangais (Bruxelles, Académie Royale des Sciences d’Outre-Mer, 1988) : Les Hydrocarbures de la Caspienne (Bruxelles, Bruylant, 1999) : La bonne foi dans la conduite internationale des États (Paris, Éditions technique et économiques, 2002).
Ouvrages publiés à l’Institut Royal des Relations internationales : Transferts de Technologies sensibles entre l’Est et l’Ouest (1984); Les Relations entre les États-Unis et le Zaïre (1986); L’Europe face aux États-Unis (1986) : La Méditerranée orientale dans la politique des puissances (1987) : Aux origines de la Seconde Guerre mondiale 1919-1939 (1989) : Les Républiques Baltes et la crise du fédéralisme soviétique (1990) : Une Démocratie pour l’Afrique (1991) : Le Commerce des Armes (1992) : L’Indépendance de l’Ukraine (1993) : L’Adhésion de la Belgique à l’ONU, 1944-1945 (1995) : La Belgique, la Chine et l’Union européenne (1994) : Zones dénucléarisées (1997).
Ouvrages publiés aux Éditions L’Harmattan : Ouzbékistan, puissance émergente en Asie centrale (2003) : La politique étrangères de l’Union européenne (2005) : Le conflit de Tchétchénie (2006) : L’Iran face aux puissances (2007) : La politique étrangère de la Russie ; L’Islam face à l’Occident : un heurt des civilisations ? ; La Belgique et la France : amitiés et rivalités (2010) : La France et la Russie : alliances et discordances (2011).
Romain Yakemtchouk


La diplomatie russe
De Pierre le Grand à Vladimir Poutine
© L’Harmattan, 2012
5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris
http ://www. librairieharmattan. com
diffusion.harmattan@wanadoo. fr
harmattan 1 @wanadoo. fr
ISBN : 978-2-296-96725-0
EAN : 9782296967250
Les particularismes de la diplomatie russe
Au même titre que les souverains des monarchies occidentales, les tsars de Russie (ou leurs successeurs soviétiques) s’attribuaient la conduite éminemment personnelle des relations extérieures de l’Empire, et sans avoir toujours une connaissance approfondie de ces matières, ne reconnaissaient le plus souvent aux chefs de la diplomatie qu’un rôle d’exécutants de leurs décisions. Un ministre des Affaires étrangères russe ne bénéficiait généralement que d’une autorité personnelle limitée, et les ambassadeurs de ce pays étaient nommés sur les ordres directs du chef de l’État.
En tant qu’institution gouvernementale, le Ministère russe des Affaires étrangères ne fut constitué par Alexandre 1 er qu’en 1802. Depuis lors, il ne fonctionnait que comme une sorte d’organisme technique et consultatif. Après la mort d’Alexandre III en 1894, et dans les années précédant la Révolution d’Octobre de 1917, ses prérogatives « déclinèrent drastiquement »1. Lénine prit une part directe à la création du nouveau Commissariat du peuple aux Affaires étrangères, tout en admettant que « corriger une diplomatie (ou en créer une nouvelle) est une chose difficile »: il conseillait de se hâter lentement : « festina lente ».
Lénine transforma la Russie tsariste en un État socialiste auquel il imposa une politique étrangère fondée sur un critère révolutionnaire de classe, en soulignant que l’orientation de la politique extérieure russe est déterminée par l’orientation de sa politique intérieure. Dès le X e Congrès du Parti en 1921, il introduit la doctrine de l’infaillibilité du Politburo.
Staline continua dans cette voie en instaurant une implacable dictature du prolétariat et en imposant aux membres du corps diplomatique une rigoureuse discipline. Berejkov raconte, qu’avant d’être admis au service de Molotov, ce dernier lui a fait subir un véritable examen des postulats du marxisme-léninisme. Avec l’effondrement de l’URSS, cette discipline s’est fortement relâchée : plusieurs diplomates, dont le ministre des Affaires étrangères, furent impliqués dans le coup d’État contre Gorbatchev en 1991. En mars 2011, l’ambassadeur de Russie à Tripoli, Vladimir Chamov s’est dissocié de la politique interventionniste de son gouvernement en Libye en déclarant que l’État russe détenait dans ce pays de très importants intérêts économiques qu’il s’agissait de sauvegarder. Chamov fut sèchement relevé de ses fonctions par le président Medvedev.
L’arrivée au pouvoir de Khrouchtchev, après la mort de Staline, fut suivie par un mouvement de désacralisation du régime, lequel est resté cependant rigoureusement autoritaire. La politique de Glasnost et de Perestroïka de Gorbatchev s’efforça de préserver l’unité de l’État socialiste, mais elle fut contestée par Eltsine qui se rallia à l’octroi de l’indépendance aux nationalités de l’URSS et réclama la transformation de cette dernière en Fédération de Russie, laquelle occupait 76 % du territoire de l’Union et comptait 52 % de sa population. Nommé chef de gouvernement et président de la Fédération, Vladimir Poutine dirigera personnellement les grandes options de la politique étrangère russe.
La direction de la politique extérieure de l’État sous le régime soviétique revenait aux organes supérieurs du Parti communiste, son Politburo – en fait son Secrétaire général -détenant une autorité sur le ministre des Affaires étrangères. Ce dernier n’exerçait ses prérogatives qu’en observant strictement la ligne idéologique du Parti et les directives de ses dirigeants. Vu sous cet angle, son rôle était celui plutôt d’un exécutant et d’un technicien. Cette situation ne manquait pas de poser des problèmes dans la mesure où le Premier Secrétaire général du Parti n’ayant pas la formation d’un diplomate professionnel, n’avait parfois qu’une appréciation approximative de la très complexe problématique qu’affrontent les États dans le domaine des relations extérieures.
Une autre particularité de la diplomatie russe – tsariste ou soviétique – fut la préoccupation des autorités de ce pays à ce que les missions confiées aux ministres des Affaires étrangères et aux ambassadeurs soient de longue durée : seuls les hommes d’expérience étaient censés connaître à fond et défendre valablement les intérêts vitaux de l’État. Charles-Robert Nesselrode fut à la tête de la diplomatie russe pendant quarante ans, sous trois tsars, entre 1816 et 1856, Alexandre Gortchakov qui lui succéda est resté à son poste jusqu’en 1882, pendant vingt-six ans. Gheorghi Tchitcherine occupa le poste de ministre des Affaires étrangères de la Russie soviétique et ensuite de l’URSS de 1918 à 1930, Maxime Litvinov dirigea la diplomatie soviétique entre 1930 et 1939. Viatcheslav Molotov, qui avait été nommé au poste de ministre des Affaires étrangères en mai 1939, y resta jusqu’en 1949, et ensuite entre 1953 et 1956. Andreï Gromyko fut pendant vingt-huit ans à la tête de la diplomatie soviétique. Jean-Albert Korf (1696-1766) fut ministre à Copenhague pendant vingt-quatre ans, Alexandre Isvolsky qui fut ministre des Affaires étrangères entre 1906 et 1910, est resté pendant sept ans ambassadeur à Paris (1910-1917). Anatoly Dobrynine fut ambassadeur de l’URSS aux États-Unis pendant vingt-quatre ans, sous six présidents américains.
Bien entendu, une telle continuité diplomatique n’est pleinement concevable que sous les régimes autoritaires qui ne connaissent pas de véritables alternatives démocratiques de changement de leurs gouvernements. Les États occidentaux ne l’ont pratiqué qu’occasionnellement. Soulignons néanmoins que, si la pérennité des institutions diplomatiques facilite la défense des intérêts étatiques, elle ne les garantit pas : c’est au cours de la longue présence de Nesselrode à la tête des Affaires étrangères de la Russie que celle-ci s’empêtra, sous l’autorité de Nicolas 1 er dans les relations désastreuses avec les

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