La naissance du Panafricanisme
426 pages
Français

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La naissance du Panafricanisme , livre ebook

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Description

L'ouvrage analyse les fondements du Panafricanisme impliquant des investigations dans un vaste domaine combinant, dès le XVIIIe siècle, Afrique, États-Unis d'Amérique, Canada, Grande-Bretagne, France, Haïti, Brésil et Colonies européennes des Caraïbes. L'auteur a retrouvé de précieux documents, en particulier le Rapport de la Conférence de Londres organisée en 1900 par des hommes originaires des Caraïbes, le Rapport de Bénito Sylvain publié pour la première fois ici et le Report of the Pan-African Conference de Londres (23-25 juillet 1900) à Westminster Town Hall rédigé par Henry Sylvester Williams et ses amis.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 août 2015
Nombre de lectures 46
EAN13 9782336387956
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre
ORUNO D. LARA







LA NAISSANCE
DU PANAFRICANISME


Les racines caraïbes, américaines
et africaines du mouvement au XIX e siècle
Réédition de l’ouvrage paru en 2000 à Paris,
Éditions Maisonneuve et Larose

Ouvrage publié avec le concours du
CENTRE DE RECHERCHES CARAÏBES-AMÉRIQUES - CERCAM,
oruno-d-lara-cercam-leblog
Copyright

© L’Harmattan, 2015
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

EAN Epub : 978-2-336-73806-2
Citation


Ecoutons la Mer
Vague après vague
Psalmodier l’Histoire...

Ecoutons la Mer
Femmes et hommes du Voyage négrier

Ecoutons la Mer
et la chanson des oubliés...
... Il vous suffit de tendre l’oreille
A l’autre bord du rivage...

O.D.L.. ( Poèmes de Résistance )
Dédicace


A mon fils Xangomossey,
Guadeloupéen né à Yaoundé (Cameroun)

A Kindak

A mes amis de toujours :
Dr. Ekollo, Dr. Mbappé, Michel Ndoh et Marcien Towa

A mes étudiants de l’Université de Yaoundé
Pour Amina, de Palestine

et à Yemaya, la “Déesse de la Mer”
Préface à la réédition 2015
Dès ma naissance à Basse-Terre, rue Baudot, près de la rue du Sable, la présence à mes côtés, invisible, de Moïse LARA, mon arrière-grand-père, Nègre esclave né en Guadeloupe, a joué un rôle décisif dans ma vie. L’entrée en scène de cet ancêtre, près de mon berceau, s’effectue sous l’enchantement de ma grand-mère, Agathe LARA-RÉACHE, la veuve d’Oruno LARA, une poétesse de talent. Depuis la disparition en 1924 de son mari engagé volontaire dans la Grande Guerre en août 1914, démobilisé en octobre 1919, Agathe RÉACHE était devenue la gardienne de la Mémoire familiale. Je l’entends encore de sa voix douce, évoquer le Passé de notre famille. C’est elle qui m’apprend l’existence de Moïse, Nègre créole né en 1822, fils de Berthilde, elle aussi Négresse créole, tous les deux esclaves en Guadeloupe dès leur naissance. Berthilde, à sa sortie de l’esclavage en 1848, cherche vainement son fils Moïse LARA et ne le retrouve qu’en 1855 à Pointe-à-Pitre pour le reconnaître officiellement devant l’état civil et le notaire. Moïse LARA a eu un fils, Sully Moïse II, avec Élisabeth LORIENT et quatre enfants avec son épouse Amélie PÉDURAND : Hildevert-Adolphe, Oruno, Augereau et une fille, Néolie, qui épouse Ferlande RINALDO, maire de Grand-Bourg (Marie-Galante).
C’est aussi ma grand-mère qui me confie, très tôt - j’avais à peine dix ans - les papiers militaires de son mari Oruno LARA - dont son livret de soldat créole qui retrace son itinéraire de 1914 à 1919 -, ses précieuses reliques (des lettres d’Oruno, des poèmes, son journal, ses manuscrits). Pourquoi m’a-t-elle remis de si précieux documents, au lieu de les transmettre à ses deux fils, mon père ingénieur et mon oncle, avocat ? Ces papiers de famille, ces informations que me léguait ma grand-mère, ont orienté ma vie vers l’Histoire et d’abord vers l’Afrique où se trouvaient les réponses aux questions que je posais. Avant moi, deux hommes, des Caribans - je n’en vois pas d’autres - Henri JEAN LOUIS BAGHIO’O de Guadeloupe, Vincent GANTY de Guyane, sont allés en Afrique, chercher eux aussi des réponses aux questions qu’ils se posaient sur leur identité. Leurs affirmations, leurs certitudes, ne me satisfont pas. Il m’a fallu repartir de zéro pour comprendre la complexité de cette histoire.
La dimension Nègre intervient donc dans ma vie dès ma naissance avec les parents de mon père Moïse III, et certains propos de mon père m’instruisant très tôt de notre situation de Nègres victimes, certes, du système esclavagiste en vigueur en Guadeloupe, mais aussi de bénéficiaires occasionnels d’une sélection ayant débuté au cours d’un voyage en mer dans les vaisseaux négriers. Que de fois l’ai-je entendu évoquer cette sélection qui paraissait le consoler d’une existence de colonisé pour lui sans avenir. Son propre père, Oruno LARA, né en 1879, écrivit un roman en 1923, peu avant sa mort, pour crier sa négritude, bien avant Aimé CÉSAIRE. Son frère H.-Adolphe LARA, journaliste, fondateur du journal quotidien Le Nouvelliste à Pointe-à-Pitre et avocat, se lia à Hégésippe LÉGITIMUS, le chef de file du « Terrible Troisième », c’est-à-dire l’ensemble des Nègres de la colonie.
Ces deux frères, Oruno et H.-Adolphe, portent en eux - et la propagent - une idée un peu folle, celle d’une Confédération Antilléenne, notion qui a germé dans l’imagination de certains visionnaires originaires des îles : Cuba, Haïti, République Dominicaine et Puerto-Rico. Ce projet de Confédération se fonde sur une certaine perception de l’Afrique. À la base de ce projet se regroupent en effet quelques « grands Nègres » des Caraïbes qui s’opposent au qualificatif d’Amérique latine créé vers 1860 à Paris, peu de temps avant l’aventure mexicaine de Napoléon III. Les deux frères n’ignorent pas que Moïse LARA, leur père, se qualifie de « NÈGRE » au moment où beaucoup d’ anciens et de nouveaux citoyens, après l’abolition de l’esclavage en 1848, tendent à courber l’échine et à raser les murs pour ne pas trop apparaître au grand jour, victimes de l’aliénation et de l’idéologie dominante...
Cependant dans le journal Le Progrès, en septembre 1849, Moïse LARA clame haut et fort son identité de « charpentier NÈGRE » et il est aux côtés de Léonard SÉNÉCAL pour combattre le système colonial. Ces deux Nègres veulent briser les chaînes de la colonisation et visent, les accuse-t-on, à reproduire le modèle d’Haïti. Leurs deux noms - inscrits au fronton de la création du journal Le Progrès, à Pointe-à-Pitre en 1849 -, et leurs opinions, adversaires du système colonial et luttant pour arracher l’indépendance de la Guadeloupe 1 , constituent une partie fondamentale, le noyau central de mon héritage.
Léonard SÉNÉCAL parviendra, après mille péripéties, à revenir vivant des bagnes de Guyane et à se réfugier à Port-au-Prince, avec une partie de sa famille. Il ne reviendra jamais plus en Guadeloupe et mourra dans la capitale d’Haïti entre 1876 et 1878, tandis que son ami Moïse LARA ne quittera pas son archipel jusqu’à son décès en 1886 à Pointe-à-Pitre. Il éduquera ses cinq enfants (y compris Sully Moïse II, son premier fils) dans la connaissance et la mémoire du Passé.
Oruno LARA a fondé en 1907 une revue, Guadeloupe Littéraire , qui possède des correspondants dans plusieurs pays, Haïti et Cuba en particulier où se trouve Mirtil LORIENT, professeur à Santiago, un parent de son frère S. Moïse II. H.-Adolphe LARA s’est rendu plusieurs fois en Haïti, pour des rencontres avec ses correspondants de presse ou ses amis frères maçons. Quant à Agathe LARA RÉACHE qui me transmet la négritude et la dimension africaine véhiculées par mes parents et mes ancêtres de la branche paternelle, elle est la nièce de Gaston GERVILLE-RÉACHE, le député de la Guadeloupe qui visait, après Victor SCHŒLCHER, l’obtention du portefeuille de la Marine. Il ne l’a pas eu, ce département de la Marine qu’il convoitait si ardemment, comme Alexandre DUMAS, jamais entré à l’Académie française, pour leur origine Nègre. En outre, GERVILLE-RÉACHE a bien connu Bénito SYLVAIN à Paris. On comprend mieux aussi, à cette époque, la discrétion de certain poète des Caraïbes avançant masqué, pour ne pas avoir à révéler des origines africaines pas si lointaines, tel Alexis LÉGER, alias SAINT-JOHN PERSE, né en Guadeloupe en 1887, Prix Nobel de littérature en 1960 et mort en 1975.
Il y aurait tant d’informations à révéler en étudiant la naissance du panafricanisme aux Caraïbes, en se projetant par exemple au XVIII e siècle en Jamaïque, à Cuba, en Louisiane et à Saint-Domingue 2 , en Guadeloupe, à Trinidad et aux Guyanes.
Dans cet espace des Caraïbes, du Nègre à l’Afrique, il n’y a pas un océan à franchir, car il suffit non pas de

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