La nouvelle extrême droite
300 pages
Français

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La nouvelle extrême droite , livre ebook

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Description

Pourquoi le FN, qui stigmatise les populations maghrébines en France, prend-il la défense de l'Irak contre la coalition alliée en 1991 puis en 2003 ? Pour quelles raisons ce parti, qui faisait de R. Reagan un modèle dans les années 1980, développe-t-il à présent un antiaméricanisme forcené ainsi qu'un discours à consonance anticapitaliste ? Que signifie la prise de distance avec le colonialisme, sachant que le FN a été créé par d'anciens partisans de l'Algérie française ? Autant d'éléments portés par la jeune génération FN dans les années 1990 et qui ont bouleversé l'idéologie lepéniste.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2006
Nombre de lectures 57
EAN13 9782336261447
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

site : www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr e.mail : harmattan1@wanadoo.fr
© L’Harmattan, 2006
9782296006669
EAN : 9782296006669
La nouvelle extrême droite

Sylvain Crépon
Logiques politiques
Collection dirigée par Yves Surel
Créée en 1991 par Pierre Muller, la collection «Logiques politiques » a pour vocation principale de publier des ouvrages de science politique, ainsi que des livres traitant de thématiques politiques avec un autre angle disciplinaire (anthropologie, économie, philosophie, sociologie). Elle rassemble des recherches originales, tirées notamment de travaux de doctorat, ainsi que des ouvrages collectifs sur des problématiques contemporaines. Des séries thématiques sont également en cours de développement, l’une d’entre elles visant à publier des ouvrages de synthèse sur les systèmes politiques des États-membres de l’Union européenne.
Dernières parutions
Guilhem BRUN, L’agriculture française à la recherche d’un nouveau modèle , 2006.
Rodrigue CROISIC, La société contre la politique. Comment la démocratie est venue aux Guadeloupéens , 2006.
Nicholas SOWELS, Les Conservateurs et la réforme de l’Etat et des services publics en Grande-Bretagne (1979,1997), 2005.
Marco GIUGNI, Florence PASSY, Le miroir de la nation , 2005.
Sandrine DEVAUX (dir.), Les nouveaux militantismes dans l’Europe élargie, 2005.
Pierre MARTIN, Dynamiques partisanes et réalignements électoraux au Canada (1867-2004) , 2005.
Martin AGUILAR SANCHEZ, Mouvements sociaux et démocratie au Mexique . 1982-1998, 2005.
Gregor STANGHERLIN, Les acteurs des ONG, 2005.
Philippe HAMMAN, Les transformations de la notabilité entre France et Allemagne , 2005.
Damien HELLY et Franck PETITEVILLE (sous la dir.), L’Union européenne , acteur international, 2005.
V. REY, L. COUDROY de LILLE et E. BOULINEAU (dirigé par), L’élargissement de l’Union européenne : réformes territoriales en Europe centrale et orientale, 2004.
Sommaire
Page de Copyright Page de titre Logiques politiques - Collection dirigée par Yves Surel Dernières parutions Introduction Chapitre I - Les renouveaux idéologiques de l’extrême droite en France Chapitre II - La symbolique identitaire au FNJ : « Qui sommes-nous ? » Chapitre III - La symbolique identitaire au FNJ : « Qui est l’Autre ? » Chapitre IV - Les représentations « pratiques » de l’Autre Chapitre V - « Ni droite ni gauche, Français » : L’idéologie populiste et la haine de la politique Chapitre VI - L’identité nationaliste et la crise des valeurs contemporaines Conclusion Bibliographie Indications sur les militants interviewés Liste des sigles
Introduction
La progression constante du Front national depuis le début des années 1980 a amené les principaux acteurs politiques et institutionnels attachés aux valeurs démocratiques à se pencher sur la signification de ce phénomène. Certains ont cru que l’on avait affaire à une simple poussée de fièvre qui allait retomber dès que le chômage et la précarité seraient en régression. Or, son accession au second tour de l’élection présidentielle de 2002 a fait suite à une période de croissance économique durant laquelle le chômage avait atteint son niveau le plus bas depuis des années. Les causes d’un tel phénomène sont donc à chercher ailleurs que dans la seule conjoncture économique. Bien qu’il exerce sans aucun doute une fonction tribunitienne se traduisant par un vote sanction, on a souvent tendance à oublier un peu vite que le parti de Jean-Marie Le Pen doit aussi ses succès au discours idéologique qu’il véhicule. On ne peut donc comprendre cette pérennité politique sans se pencher avec rigueur sur le contenu de ce discours idéologique afin de saisir précisément quels sont les éléments qui séduisent et mobilisent ceux qui le rejoignent. Et quel meilleur espace que le parti politique pour étudier comment les productions idéologiques naissent, évoluent, disparaissent, se transmettent au gré des mutations politiques et sociales que connaît une société ?
La plupart des recherches qui se sont intéressées au FN ont bien souvent réduit son idéologie aux discours de ses principaux leaders en cherchant à saisir leur impact sur l’électorat. La sociologie électorale a ainsi tenté d’interpréter les scores du parti de Jean-Marie Le Pen en croisant deux variables principales : les messages du chef charismatique et la situation économique et sociale du pays 1 . L’objectif consistait à établir des causalités permettant de cerner ce qui pouvait bien pousser entre 10% et 20% du corps électoral, selon les élections, dans les bras d’un parti d’extrême droite jugé raciste et xénophobe. Selon les cas, étaient incriminés une situation économique maussade accompagnée d’un chômage endémique, l’érosion du parti communiste auprès des classes populaires qui, à partir des années 1990, se sont mises à voter significativement pour le Front national, un climat politique délétère avec l’éclosion médiatique des affaires de corruption, un sentiment d’insécurité sans cesse croissant, le système d’intégration des populations immigrées jugé en panne, etc. Autant de thématiques dont le leader frontiste a fait son fond de commerce depuis des décennies.
Toutes ces enquêtes ont apporté de précieux éléments pour comprendre l’extension sans cesse croissante de ce parti singulier en France. Il reste que la démarche quantitative montre ses limites lorsque l’on tente de saisir le degré d’adhésion à un discours politique. En effet, voter pour un parti ne signifie pas que l’on adhère sans bornes au discours professé par son leader, aussi charismatique soit-il. Or ce type d’enquête repose sur des questions synthétiques, souvent posées par téléphone, dont on attend des réponses concises, le plus souvent par oui ou par non, susceptibles d’être inventoriées par des équations statistiques au demeurant fort complexes. Si l’on obtient de la sorte de grandes tendances, les nuances inhérentes à toute prise de position dans l’espace public sont bien souvent ignorées. Comme le résume Daniel Bizeul, un parti politique « ne se réduit pas à une doctrine ou à un programme 2 ». Il faut donc commencer par mettre en doute le principe selon lequel l’idéologie d’un parti se limiterait aux discours de ses dirigeants, y compris en ce qui concerne le Front national, souvent associé au charisme exceptionnel de son chef 3 . Bien que l’étude de ces discours soit indispensable 4 , elle ne peut suffire si l’on prétend s’inscrire dans une démarche sociologique, que ce soit auprès des électeurs ou des militants. En ce qui concerne l’électorat frontiste, loin d’être homogène, celui-ci apparaît bien souvent volatile au gré des différents contextes, qu’ils soient géographiques, sociaux ou temporels 5 . Il est donc difficile de vouloir l’identifier dans la durée à un corpus cohérent d’idées. Pour ce qui est des militants, nombre d’études ont montré que le FN ne produit pas un discours mono voce , mais qu’il est une nébuleuse regroupant des mouvances qui peuvent parfois s’avérer antagonistes 6 . L’électeur ou le militant types n’existent pas.
La démarche qualitative, qui repose sur des entretiens semi ou non directifs, ou de l’observation, participante ou non participante, permet d’approcher la complexité que constitue l’adhésion aux idées d’un parti politique. Donner la parole aux individus à travers des entretiens permet de saisir les nuances de leur adhésion, d’écouter leurs justifications, de cerner leurs doutes, leurs ambivalences, voire leurs éventuelles critiques à l’égard de leur propre famille politique. De surcroît, cette forme de recueil de données s’avère particulièrement bien adaptée à l’étude d’une population militante, celle-ci se montrant bien moins volatile que celle des électeurs étant donné sa plus grande fidélité aux idées du parti. Or les travaux portant sur le FN ont, dans leur grande majorité, laissé au second plan la parole des militants de base au profit des déclarations officielles des responsables ou des aspects hiérarchiques et structurels de l’organisation politique 7 . Ainsi en a-t-il été de multiples études générales consacrées au FN et traitant conjointement des aspects électoraux, idéologiques, historiques et militants 8 .
Le principal objectif de ce travail a été de donner la parole aux militants de ce parti politique jugé « pas comme les autres », afin de recueillir aussi bien un discours se voulant rationnel qu’une sensibilité. Une telle démarche n’est pas sans interroger la position du chercheur vis-à-vis de son objet d’étude. Nul n’ignore en effet la réputation sulfureuse qui accompa

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