La nuit du ver à soie suivi de
136 pages
Français

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La nuit du ver à soie suivi de , livre ebook

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Description

Ce recueil de textes, en deux parties, nous fait partager le cheminement spirituel de l'auteur.
Il nous montre qu'il est possible de fabriquer " du beau " à partir " du pas terrible ". Et, que même sous un jour gris, il peut se faire qu'une éclaircie vienne nous illuminer......Alors, notre vie pourra commencer à arpenter le vrai chemin....

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 07 janvier 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332547194
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-54717-0

© Edilivre, 2014
La nuit du ver à soie
 
Je ne sais pas ce qui me tient. J’ai peur que ce ne soit rien. Suis-je là par inconscience, par habitude ? Je ne sais.
Me faut-il, après tout, absolument savoir ? Me faut-il une raison valable d’être là ?
Peut-être pas. Puisque je n’ai pas de réponse, je vais aujourd’hui me satisfaire d’une ignorance. Et faire le constat d’une présence dont la raison m’échappe. Pour l’instant…
Mais parce qu’avec une bonne raison clairement énoncée de ma présence ou pas, je ne me résous pas à l’immobilisme, à la stérilité, et, faute d’être capable de plonger corps et âme dans la dévotion qui parfois m’appelle, je meublerai au mieux cet espace de souffle qui me permet de rester. Je m’évertuerai jour après jour à remplir l’espace temps, de noble création.
Et même si mon cœur reste frustré faute du frôlement tant espéré, je veux croire encore possible le renouveau.
Et peut-être que devant cette quête impossible, il me faudra admettre que seul l’orgueil qui m’habite me donne le droit de me questionner. De chercher… L’introuvable… Le non nécessaire. Et que s’il doit y avoir lutte, son fondement même ne peut se trouver dans le pourquoi mais plutôt dans le comment.
Et que ce tourment du pourquoi devienne plutôt la joie du comment.
Et pendant que le soleil continue sans états d’âme son voyage autour de nous, il me faudra encore me coucher tôt ce soir pour pouvoir accomplir ma tâche au prochain lever. Sans être certaine du bien-fondé de cet incessant enchaînement ni de la nécessité de son accomplissement.
*
Sous mes paupières lasses
Refermées sur mon deuil
Coule la lave brûlante d’hier
Etendue comme un linceul.
Mes poings serrés
Gardent en leur creux
La douleur jamais citée
D’un vécu douloureux
*
Dans le manque ou dans l’excès, je déroule ma vie, dans le futile ou le nécessaire, dans la rage ou dans la folie…
Parfois, j’ouvre le livre de ma vie. Je lis sans grande conscience. Les mots défilent sous mes yeux, comme une voiture qui avale les kilomètres sans se soucier du paysage qu’elle traverse…
*
Quand je vois, sur les joues des autres, mon apparence changer, quand en moi tout s’effondre, quand mes gestes me coûtent, que ma chair se livre au temps, quand ma main s’amollit et se tend dans le vide, quand mes yeux se ferment sur mes doutes, quand la lumière est en berne, qui peut me dire qu’il n’en sera pas toujours ainsi ?
*
Le vertige
Je suis sur la passerelle qui enjambe la voie ferrée. Je fais quelques pas et je quitte la place sécurisée que j’avais choisie pour voir arriver le train. Je me dirige à pas lents sur la droite, pour admirer le village sous un autre angle. À mesure que j’avance, vers la balustrade vitrée et non protégée, je sens une lame m’entailler la gorge, et une autre le creux de l’estomac. Je pose la main sur le métal froid, et des lames de couteau me tranchent les muscles des jambes. Je suis coupée à l’intérieur tandis que le vide m’appelle. Mes yeux sont rivés au sol en contrebas, ma volonté ne m’appartient plus, elle est totalement annihilée. Et plus je regarde en bas, et plus cette sensation bouchère me remplit. Je suis toute entière possédée par un vertige intérieur et dans ce jeu, que je ne maîtrise pas, je me méfie de la suite éventuelle que mon ennemi intérieur pourrait exiger de moi. Dans un magnifique effort, sans savoir où j’ai trouvé la force de m’arracher à cette contemplation suicidaire, je recule pour permettre à mon intimité de reprendre sa vie normale.
*
Je me dépêche d’admirer la rose du jardin, je me hâte de sentir le doux parfum du lilas, du lys et de la pivoine. J’ouvre grand mes narines pour ne rien perdre de leurs effluves enivrants.
Parce que ces fleurs sont éphémères par nature et sous le feu des hommes, elles ne survivront plus très longtemps.
Écrasées sous le poids de nos erreurs, elles se faneront plus vite. Car malgré leur aptitude à toujours nous enivrer, elles ne seront pas les gagnantes de ce jeu cruel.
Car l’orage gronde, le ciel charrie de la boue, bientôt des pluies incandescentes s’abattront sur nos squelettes desséchés. Des éclairs zèbreront nos yeux. À nos oreilles vibrera le souvenir du vol des abeilles sacrifiées.
*
Je suis comme une maladie en apparence guérie, et qui aurait laissé des séquelles profondes. Comme un tambour fêlé qui ne pourrait produire que des sons désaccordés. Comme un vase ébréché ne pouvant retenir l’eau…
Quel est ce pli à mon cœur ? Cette ride profonde, cette boursouflure ? Cette entaille au couteau ? Est-ce une faiblesse ? Une tare ? Une infirmité ?
Suis-je née ainsi, ou les jours passant, la mélancolie, le désespoir m’ont-ils broyée chacun à leur tour ? Je suis plus infirme que le nabot, plus écrasée que la mouche sur la vitre. La souffrance que je traîne me laisse peu de répit. Ma route est entachée comme la bave de l’escargot. Me relèverai-je jamais plus haut que le bord du trottoir ?
La rigole est mon habitacle, la benne à ordures ma demeure. La fange mon ordinaire…
*
Parfois, dans les moments d’opacité de mes fluides intérieurs, mon âme patauge dans les marais pestilentiels de ma déconvenue. Je suis au centre de ma douleur. J’y suis descendue avec une liane de conscience. À l’intérieur, c’est incandescent comme un volcan.
Fermés sont les orifices donnant sur mon extérieur. Noires les rares pensées.
Le voile des ténèbres est descendu m’envelopper de mort lente.
Je n’en finis pas de me regarder sur les visages que je croise dans la rue. Et je me vois tour à tour, élancée, rieuse mais le plus souvent larmoyante. J’ai sans doute oublié de vivre tout un pan de ma vie pour avoir autant de regrets.
*
Tu vas venir demain. Mais ta venue m’angoisse. Parce qu’elle va programmer ton départ. Et que je me retrouverai dans le manque et la frustration.
Je ne te demanderai pas à quoi tu as employé ton temps sans moi. Parce que tes réponses me feraient plus sûrement souffrir que l’ignorance dans laquelle je suis.
Je ne sais quelle voie suivre, je cherche dans la bienveillance des autres la solution par ce que même si je suis la mieux placée pour savoir et décider, les sentiments mal définis qui m’habitent forment comme un rideau opaque qui m’empêchent d’avancer.
Pourquoi l’amour atteint-il si facilement les couches profondes de notre incompréhension ? Pourquoi les sentiments ont-ils l’art de se faufiler dans nos fibres, jusqu’à notre partie la plus intime ? Pourquoi ne puis-je expliquer ce qui me lie à toi ? Quelle est cette partie de toi qui m’émeut si intensément ? Et me fait accepter ce que je déteste ?
*
Assise au bord du canapé, prête à me lever, je guette.
Le temps coule sur ma tête, sur ma poitrine, dans mon cou, sans me perturber.
Pour masquer à mes propres yeux le vide immense qui m’habite, je n’ai opposé qu’une seule occupation : tuer le temps.
Mais, dans cette agonie désespérée et vaine, c’est moi qui meurs. A chaque mouvement de l’aiguille marquant l’heure, ma vie s’en va un peu plus.
Je suis immobile, même mes yeux sont fixes. Il n’y a guère que mes paupières qui palpitent par instants. Le jour me voit dans cette posture et le soir qui tombe n’y change rien. À la nuit venue, dans le noir, je suis à la même place. Imperturbable. C’est qu’aucune activité ne m’inspire l’envie de bouger. Seule une nuée d’oiseaux dans le ciel, dansant le ballet de leur vie libre, capte mon attention qui retombe vite, cet instant magique passé.
C’est que faute d’avoir pu tuer le temps, je le laisse glisser jusque par terre où il finit par mourir sous mes yeux indifférents.
C’est que vivre ne m’intéresse guère, j’ai parfois l’impression ou l’envie que le temps m’emporte jusqu’à terre, où je m’éteins avec lui.
Comme le chien attendant le retour du maître, je guette ton pas dans l’escalier, sans être certaine de l’entendre jamais.
Alors, face à cette incertitude, je suis assise au bord du canapé… comme au bord de ma propre vie…
*
Comme les crabes, peut-être me suffira-t-il de m’allonger sur la terre de tout mon long et imperceptiblement de m’enfoncer jusqu’à disparaître aux yeux des autres.
Le sable me recouvrira, mon corps disparaîtra, ma chair se délitera insensiblement jusqu’à la dernière cellule. Je ne sentirai rien, la douleur me sera étrangère puisque mon cœur n’émet déjà plus aucun signal, ma conscience est morte.
*
C’est l’heure où il n’est plus temps de se poser des questions. L’heure où les réponses que je n’ai pas n’ont plus d’importance. L’heure de penser que seuls mes rêves auront droit de m’habiter, mais c’est aussi l’heure où les angoisses vont venir me tenir compagnie, où ma solitude va le plus me peser, où les mots que je n’ai pas dits faute d’interlocuteur vont se mettre à tourner dans ma tête, l’heure où je vais m’accorder exceptionnellement le droit de les cracher sur cette feuille, pour constater que tout cela est vain. Parce que je vais me retourner, je vais me dédoubler de mon corps pour vérifier l’impensable, le non accepté, la certitude que je suis bien seule. Et lutter pour repousser le plus loin possible cette réalité infamante qui me ferait douter de moi et de mes possibles.
Et ne pas me croire dans les yeux de l’autre, qui chercherait la faille, le morbide pour expliquer au moins en partie l’impuissance dans laquelle je suis, de changer mon propre monde ou de justifier, sans trop égratigner ma peau, que rien n’est pour rien, que ce qui doit être, est, que tout est en ordre. Que mon bonheur et ma félicité ne sont pas dans la balance, et que même aveugle et sourde, je me devrais encore à mon devoir. Et m’oublier suffisamment pour penser à ceux qui marchent sans lumière.
*
La j

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