La Vraie Révolution du microcrédit
158 pages
Français

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La Vraie Révolution du microcrédit , livre ebook

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Description

Offrir des prêts répondant aux besoins de ceux qui n’ont pas accès au crédit bancaire classique, tel est l’objectif du microcrédit. Celui-ci a connu un succès fulgurant : aujourd’hui, 200 millions de personnes y ont recours, principalement en Asie et en Amérique latine. Une révolution ? s’interroge Jean-Michel Servet dans ce livre. Pas si sûr… Rappelant le contexte dans lequel est né le microcrédit – celui de la promotion d’un marché prétendument pacificateur et libérateur –, il démonte le mythe selon lequel il pourrait éradiquer la pauvreté dans les pays en développement et émergents en favorisant le microentrepreneuriat et l’autoemploi. Ce livre le montre : si une révolution a eu lieu, elle serait plutôt du côté d’une microfinance devenue commerciale qui, pour répondre aux besoins réels des populations, a développé d’autres services que le microcrédit : épargne, transferts de fonds, paiement par la téléphonie mobile, microassurance. Analysant les ressorts de cette « vraie » révolution, Jean-Michel Servet souligne qu’elle pourrait être le levier d’une finance alternative, avec la monnaie et le crédit comme biens communs. Jean-Michel Servet est professeur à IHEID Genève, chercheur associé à Paris au Centre d’études en sciences sociales sur les mondes africain, américain et asiatique et à Bruxelles au Centre européen de recherche en microfinance. Il est l’auteur de Banquiers aux pieds nus. 

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 11 mars 2015
Nombre de lectures 6
EAN13 9782738167132
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© O DILE J ACOB , MARS  2015 15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-6713-2
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo .
Per Claudia la cui fedele e generosa attenzione mi ha accompagnato durante l’ultimo decennio, da Cagnoletti all’India, in Quebec, nel Perù, in Ucraina, in Madagascar, in Romania, in Ungheria, in Egitto, in Messico, nel Mississippi, in Algeria, in Marocco, in Tunisia, in Bolivia, in Nicaragua, in Etiopia e in Repubblica dominicana fino a… Dardilly.

Pour Claudia dont la fidèle et généreuse attention m’a accompagné au cours de la dernière décennie depuis Cagnoletti, en Inde, au Québec, au Pérou, en Ukraine, à Madagascar, en Hongrie, en Roumanie, au Mexique, en Égypte, en Algérie, dans le Mississippi, au Maroc, en Tunisie, en Bolivie, au Nicaragua, en Éthiopie et en République dominicaine jusqu’à… Dardilly.
« Le doute sur les choses qu’il nous importe de connaître est un état trop violent pour l’esprit humain. Il n’y résiste pas longtemps. Il se décide, malgré lui de manière ou d’autre – et il aime mieux se tromper que de ne rien dire. »
Jean-Jacques R OUSSEAU (1762), Profession de foi du vicaire savoyard
Avant-propos

Que n’a-t-on promis avec la « révolution du microcrédit » ? Elle devait mettre la pauvreté au musée, en remplaçant les politiques publiques et la charité des fondations par un outil financier soumis à la concurrence entre institutions. L’aide au développement, qu’elle soit publique ou privée, aurait dû devenir inutile grâce à une collaboration à la base des organisations de la société civile. Rendement financier attractif pour les prêteurs, d’une part, et accroissement des revenus et du petit capital des emprunteurs, amélioration de la scolarisation de leurs enfants, empowerment des femmes, meilleur état sanitaire pour tous, etc., d’autre part, auraient dû rapidement être conciliés. Beaucoup, des responsables de politiques publiques aux financeurs en passant par des acteurs de la société civile, y ont cru. Les médias et de multiples sites Internet ont joué un rôle considérable pour propager ce mythe confondant promesses et réalités. Quarante ans après l’émergence des premières organisations modernes de microcrédit, on se trouve bien face à une révolution financière. Mais celle-ci ne réalise pas la promesse de l’éradication de la pauvreté et de l’indigence. Elle est celle d’un remarquable accroissement du nombre des usagers des services financiers sans que l’on soit en mesure d’affirmer que cette inclusion financière ait un effet économique positif pour les populations. Elle permet l’émergence d’institutions financières qui dominent ce nouveau marché offrant des rendements appréciables, dont bénéficient tant les apporteurs de capitaux que les distributeurs de crédits destinés à ces nouvelles tranches de clientèle. On a pu mettre en doute le niveau de pauvreté de celles-ci. Et l’élargissement des services financiers proposés au-delà du crédit ne parvient pas à produire à grande échelle le développement annoncé.
L’ouvrage présente d’abord le contexte idéologique et les conditions socio-économiques et politiques dans lesquels le mythe de la révolution du microcrédit a émergé. Il s’agit d’un double mouvement : celui remontant depuis la base, du fait des besoins croissants de services financiers, et celui partant du sommet et alimentant la sphère financière. Leur rencontre ne se fait pas sans tensions. On trouve à la base un exceptionnel essor de la monétarisation. L’urbanisation accélérée, la croissance du salariat et encore plus des petites activités marchandes informelles, les changements des modes de vie et l’individualisation de la satisfaction des besoins ont diminué la part des productions consommées localement. Il s’en est suivi dans la vie quotidienne une augmentation massive de la monétarisation et corrélativement des dépenses à crédit, autrement dit de l’endettement. À défaut du développement de services publics de soins gratuits ou à faibles coûts, il faut aussi pouvoir souscrire des contrats d’assurance ou s’endetter pour faire face à ce type de frais. Les migrations internationales et plus encore internes appellent des transferts de fonds à destination des familles et des proches. On a donc assisté à un considérable essor de l’intermédiation financière ouvrant des opportunités considérables pour la finance : d’une part, pour la mise en place de réseaux, de structures, d’organisations financières offrant selon des modèles diversifiés des services financiers répondant à ces besoins ou soutenant les structures permettant de les mettre en place ; d’autre part, pour la mobilisation des ressources de la finance et le placement de fonds guidés par un souci de responsabilité sociétale et de plus en plus d’une finance en quête d’une diversification des risques et de gains nouveaux à la base de la pyramide économique et sociale. Dans chaque pays, un nombre limité d’organisations domine ce marché et modèle son développement grâce à la concurrence. À l’échelle internationale, les pourvoyeurs de capitaux, eux-mêmes en concurrence, sont aussi capables de façonner ce marché. Le microcrédit participe ainsi, à sa mesure, à la financiarisation généralisée par le haut et par le bas car il est lié aux deux. Toutefois, la fraction solvable de ce marché a été très largement surestimée.
Ainsi, il y a bien eu révolution sous la forme d’une expansion considérable de la financiarisation. Le premier chapitre montre qu’elle a constitué une contre-révolution. Elle a contribué à mettre la défense de la propriété privée et la concurrence au cœur du fonctionnement des institutions et des groupes familiaux vivant dans des lieux reculés de la planète.
Le deuxième chapitre de l’ouvrage présente les étapes de cette diffusion au cours des quatre dernières décennies, jusqu’à son dernier avatar, le social business . Lorsque l’on confronte les premières initiatives menées par des organisations non gouvernementales d’un côté et les actuelles banques de microcrédit cotées en Bourse ou les microfinancières empruntant sur des marchés internationaux de capitaux de l’autre, on est tenté de penser que s’est opérée une déviation des projets développementalistes initiaux. L’argument est ici différent. Leur logique décentralisée agissant sous des formes diverses et mobilisée pour faire face aux échecs des interventions publiques a fait triompher l’esprit de concurrence. La commercialisation du microcrédit en est la conséquence tout comme le sont les crises du microcrédit qui frappent des fleurons (pays et institutions) du secteur. Un modèle fondé sur des affrontements concurrentiels de la base au sommet a accéléré l’expansion de l’offre de services financiers. Mais, comme pour tout marché soumis à cet axiome, cela ne pouvait qu’engendrer des crises périodiques, en lien aussi avec les limites des capacités locales d’absorption du crédit par des demandes solvables.
Le troisième chapitre a pour ambition de comprendre pourquoi les objectifs des promoteurs du microcrédit sont restés pour l’essentiel à l’état de promesses. Sont analysées les raisons faisant que cet instrument financier était incapable, sauf situations exceptionnelles, de les atteindre seul. Sont présentées les conditions aux niveaux microéconomique, mésoéconomique et macroéconomique qui auraient dû être réunies pour que le microcrédit produise l’impact annoncé en matière de générations de revenu et de développement économique local. Ces prérequis valent aussi pour que l’inclusion financière réalisée grâce au microcrédit ait été bénéfique. Les effets sociaux de libération prétendue, en particulier par l’accès des femmes au crédit, apparaissent eux-mêmes bien souvent limités, voire ambigus, et dans certains cas conduisent même à une détérioration des conditions de vie de leurs supposés bénéficiaires.
Le quatrième chapitre montre que, compte tenu de la financiarisation généralisée, les besoins de services financiers s’étendent bien au-delà de crédits visant la génération de revenus. Ainsi les structures de microcrédit sont devenues des structures de microfinance avec la reconnaissance du besoin d’épargner (ce que les coopératives d’épargne et de prêt faisaient depuis longtemps), de s’assurer, de transférer des fonds, etc. Elles offrent aussi de plus en plus des prêts à l’habitat. Est mieux reconnu qu’une majorité des prêts consentis sont utilisés comme crédit à la consommation. Ce faisant, on est passé d’une prétention à lutter contre la pauvreté à celle d’une inclusion financière généralisée. Objectif qui répond tant aux nécessités de la financiarisation qu’aux opportunités offertes pour rendre rentables les offres des microfinancières.
Le dernier chapitre revient sur les conditions de développement du microcrédit et les tensions entre ses logiques de fonctionnement. Il explique pourquoi ont éclaté des crises au Bangladesh, en Bolivie, en Inde, au Maroc, au Nicaragua et en Bosnie notamment. Toutefois, comme nous le verrons en conclusion de l’ouvrage, au-delà des améliorations recherchées de la marche des institutions par leur régulation, par une meilleure gestion et par la diffusion de « bonnes pratiques », cette microfinance est désormais confrontée à une nouvelle révolution : celle où monnaie et finance sont refondées sur des droits collectifs et individuels d’a

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