Le Christianisme politique en Europe 1815-2015. Tome 1
215 pages
Français

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Le Christianisme politique en Europe 1815-2015. Tome 1 , livre ebook

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Description

Présents dans la plupart des pays catholiques, les partis démocrates chrétiens, catholiques ou chrétiens sociaux ont profondément marqué la vie politique des nations d’Europe occidentale. On leur doit, entre autres, l’intégration européenne. Majoritairement d’inspiration catholique, ils restent à ce jour les seules formations politiques à avoir été réellement «  et de droite et de gauche  », car ils se situaient « ailleurs ». Ces partis connaissent aujourd’hui un profond déclin. Leur destin semble lié à l’évolution de la pratique religieuse et à la péremption des valeurs de la culture judéo-chrétienne. On peut ainsi analyser leur trajectoire de leurs débuts à leur crépuscule en passant par leur apogée.
Le tome premier se consacre à une sociologie historique des partis chrétiens dans la ligne tracée par Stein Rokkan. Ce fut donc le clivage Église/État qui détermina leur émergence observée en Allemagne, en Belgique et aux Pays-Bas.
Le second tome traite du cas de pays où l’aventure des partis chrétiens tourna court. On y retrouve des expériences aussi importantes que celles de la France et de l’Italie auxquelles s’ajoute le cas de nations marquées par les empires centraux et le communisme.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 12 avril 2023
Nombre de lectures 0
EAN13 9782304054026
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Daniel-Louis Seiler
Le Christianisme politique en Europe 1815-2015. Tome 1
Des partis qui ont fait l’Europe
Fondation Mattei Dogan
é ditions Le Manuscrit Paris


Du même auteur
Idéologies et citoyens , Bruxelles, EVO, 1970.
Le Déclin du cléricalisme , Bruxelles, Institut belge de Science politique, 1975.
Les Partis politiques en Europe , Paris, PUF, 1978.
Partis et familles politiques , Paris, PUF, 1980.
La Politique comparée , Paris, Armand Colin, 1982.
Les Partis autonomistes , Paris, PUF, 1982.
Le Comportement politique comparé , Paris, Economica, 1984.
De la comparaison des partis politiques , Paris, Economica, 1986.
La Vie politique des Européens , Paris, Economica, 1998.
Les Partis politiques en Occident , Paris, Ellipses, 2004.
Clivages et familles politiques en Europe , Bruxelles, é ditions de l’Université de Bruxelles, 2011.
Qu’est-ce que l’Europe ? , Bruxelles, Éditions de l’Université de Bruxelles, 2014.
Cet ouvrage a bénéficié d’une subvention du Laboratoire MESOPOLHIS UMR 7064 et de l’ESPOL, faculté catholique de Lille ISBN epub 978-2-304-05402-6 ISBN papier 978-2-304-05401-9 © é ditions Le Manuscrit, avril 2023


Dans la même collection
Mattei Dogan. Pionnier de la recherche comparative internationale en sciences sociales , sous la direction de Vincent Hoffmann-Martinot, Silvia Marton, Hinnerk Bruhns et Anca Oroveanu, 2022.
Analyse statistique de la « démocratie parlementaire » de la Roumanie , Mattei Dogan, Traduction du roumain, étude introductive et notes par Cristian Preda, postface par Silvia Marton, 2022.
Comité scientifique
Vincent Hoffmann-Martinot, directeur de collection
Hinnerk Bruhns
Silvia Marton
Anca Oroveanu


La collection
La collection Fondation Mattei Dogan a pour objet de diffuser et de valoriser des recherches comparatives internationales en sciences sociales.
Elle entend ainsi poursuivre dans une perspective globale et interdisciplinaire la voie ouverte par Mattei Dogan, pionnier de la sociologie politique et de la science politique, entretenue par la fondation reconnue d’utilité publique qui porte son nom.


à mes petits-enfants Matteo Bertolino et Giulia Marzullo Marcus, Lucie et Europe Navarro-Seiler Josué et Elisa Santérian


« Soyez de bons chrétiens et vous serez de bons démocrates. » Pie VII


Introduction
Depuis le temps qu’on prédit leur déclin sinon leur disparition, les partis politiques ont montré qu’ils avaient la vie dure. Certes ils ne sont plus ce qu’ils furent dans le passé, mais ils résistent mieux aux atteintes de la modernité que les É glises et les grandes organisations sociales. Gardons-nous d’envisager le phénomène partisan à la lumière de l’expérience française. Car de tout temps, la France connut des partis faibles et mal enracinés. Ainsi, le plus vieux d’entre eux, le Parti radical, remonte au début du xx e siècle, alors que le Parti démocrate américain voit sa fondation remonter à l’orée du xix e siècle, et que le doyen des partis d’Europe, le Parti libéral belge, tint son congrès fondateur en 1838. Plus jeune, le Parti Tory , tout dinosaure qu’il soit, n’en demeure pas moins un alerte presque bicentenaire !
Pourtant, les partis sont mortels et la France en offrit maints exemples. Toutefois, il s’avère beaucoup plus rare d’assister à la disparition ou à la quasi-disparition de toute une famille de partis et pas n’importe laquelle : celle qui tint sur les fonts baptismaux tant la Quatrième République et la République italienne que la construction européenne. Des partis qui, en Belgique et aux Pays-Bas, en coalition avec les sociaux-démocrates, portèrent les réformes keynésiennes qui dégagèrent leurs pays respectifs de la crise des années 1930. Et en 1944-45, la « Reconstruction » fut encore leur œ uvre. Ils gouvernèrent la Belgique et les Pays-Bas durant plus d’un siècle quasi sans interruption, ils se trouvent aujourd’hui réduits à la portion congrue et à jouer les utilités, lorsqu’on veut bien d’eux comme force d’appoint.
Tous les pays de l’Europe catholique, sauf l’Irlande, connurent, peu ou prou, la présence plus ou moins durable de partis inspirés par le catholicisme politique. Et pour les politistes, le phénomène devait se perpétuer. Ainsi, lorsque Lipset et Rokkan publièrent leur magistral ouvrage collectif, Party Systems and Voters Alignments , l’un des plus grands ténors de la science politique internationale, Juan Linz réalisa sur son pays en 1965, et à partir d’études d’opinion, une magistrale simulation de ce que pourraient être des Cortès post-franquistes démocratiquement élus 1 . Or, in illo tempore non suspecto , le scénario le plus crédible qui s’imposait à tous était celui d’une configuration tripartite, analogue à celle qui structurait le système partisan italien à l’époque et ce fut ce qu’exposa Linz. À savoir une gauche dominée par le PCE, un centre démocrate-chrétien et une droite de sensibilité franquiste. Il ne s’agissait pas de supputations, mais de la réalité des forces présentes sur le terrain, et pour les deux premières dans la clandestinité ; or, la plus puissante d’entre elles était la démocratie chrétienne. De fait, si la Phalange, le parti unique, semblait enracinée, au sein de l’opposition, les seules forces politiques actives – et non sans risques – étaient les communistes et les démocrates-chrétiens auxquels il convient d’ajouter les nationalistes catalans et basques. Quant aux socialistes, leur présence se résumait à un petit cénacle madrilène rassemblé autour du professeur Enrique Tierno Galv á n. Les démocrates-chrétiens bénéficiaient du soutien des éléments les plus jeunes du clergé et, après Vatican II, de la relative bienveillance accordée par les secteurs les plus ouverts de l’épiscopat ainsi par le pape Paul VI qui n’aimait guère Franco… Malheureusement, le caudillo tarda à mourir et lorsqu’enfin arriva la transici ó n et, sortie du tourbillon sociétal de la movida , l’Espagne avait profondément changé et les démocrates-chrétiens, malgré le leadership d’opposants historiques Ruiz Jiménez, Jimenez Fernandez et Gil Roblès – ce dernier qui avait joué un rôle ambigu au début de l’ ère dictatoriale – ne parvinrent pas à porter le projet au niveau électoral.
Le temps de la démocratie chrétienne paraissait révolu : l’Espagne s’ était alignée – mais aussi le Portugal – sur la France. Mais de quoi parle-t-on lorsqu’on évoque les partis de défense catholique ? Pour la doxa française, il ne peut s’agir que de conservateurs. Conservateurs certes, en Allemagne et en Autriche, mais de bien surprenants conservateurs qui n’hésitèrent pas à constituer des coalitions gouvernementales avec les sociaux-démocrates en Allemagne ou même avec les Verts en Autriche. Cependant, le vocable « conservateur » fut rejeté par les démocrates-chrétiens du Benelux, naguère d’Italie et jadis de France, qui tous se voulaient du Centre. De fait, s’il existe une famille politique très mal connue, voire inconnue des commentateurs français, c’est bien le catholicisme politique. Or, il s’agit d’une amnésie historique et ceux qui se plaisent à discuter de questions aussi oiseuses que le retrait de la statue de Colbert oublient le MRP, pourtant l’un des piliers du tripartisme à la Libération – avec le PC et les socialistes – et dont le président, Georges Bidault, succéda à Jean Moulin à la tête du CNR.
Certains auteurs d’avant-guerre avaient compris le phénomène, tel Thibaudet qui, dans sa toile impressionniste des familles politiques en France, en distingua six, dont le christianisme social. Une lucidité qui lui valut une volée de bois vert administrée, ex post , par François Goguel, plus obsédé encore que Duverger par l’universalité et l’intemporalité d’un dualisme droite – gauche.
Pour Goguel, aveuglé par la Weltanschauung qui domina le monde intellectuel de 1850 à 1958, non seulement le centre ne pouvait exister, mais encore un catholique était forcément de droite ni un homme de gauche se rendre à la messe dominicale, sauf en cachette ! Goguel, par ailleurs excellent spécialiste de la sociologie électorale, restait accroché au règne de Louis-Philippe où la vie parlementaire se trouvait scandée par l’irréductible opposition entre le mouvement (gauche) d’une part et la résistance (droite) de l’autre. Pour lui, « en gros », le christianisme social se rangeait du côté de « l’ordre établi » 2 . De son temps, Staline régnait sans partage sur une URSS qui ne connaissait ni mafias ni oligarques, car l ’ordre régnait à Moscou. Staline était-il, pour autant, un homme de droite ? Autre tenant d’un dualisme droite-gauche, Maurice Duverger ne commit pas la même erreur. É duqué dans le milieu catholique bordelais, il comprit d’emblée la nature du MRP dont il interpréta l’ éphémère succès électoral comme un vote refuge de l ’ électorat de droite qui, privé de ses représentants habituels, discrédités par la collaboration, vit dans les « rouges chrétiens » un rempart contre les « rouges tout court ». Quant au reste, il considéra les r épublicains populaires comme un résidu de la « troisième force », un centrisme dont le scrutin majoritaire à un tour devait débar rasser le pays… Seul René Rémond, qui refusa d’inclure la démocratie chrétienne parmi ses droites, fit exception à la règle et pour cause.
La science politique française, fidèle en cela aux médias, pâtit d’une détestation du centrisme jointe à une totale incompréhension de la démocratie chrétienne et des expressions politiques du catholicisme qui, lorsqu’elles agissent dans le domaine des valeurs, sont qualifiées « d’intégristes ». Ainsi en alla-t-il pour la « Manif pour tous » ou pour les « Veilleurs ». En revanche, les travaux anglo-saxons témoignent d’une véritable lucidité, car l’esprit de leurs auteurs n’est pas obscurci par des préventions, reflets de leurs préjugés : un comble au pays de Durk

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