Le personnage de Laurent Désiré Kabila dans la presse congolaise

Dieudonné Tebangasa Apala

Description

Réflexion au sujet de l'influence du personnage du chef sur les narrateurs des récits médiatiques, ce livre répond à la grande interrogation : dans le continent africain en voie de démocratisation et de développement, le personnage du chef, en l'occurrence Laurent Désiré Kabila, n'influence-t-il pas le parcours narratif des récits médiatiques jusqu'à les désorienter ?

Sujets

• Sociologie, société et politique
• Medias
• Science politique
• Communication

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 novembre 2010
• Nombre de lectures: 53
• EAN13: 9782296709478
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 3 Mo

Extrait

Le personnage de Laurent Désiré Kabila dans la presse congolaise

© L’Harmattan, 2010 57, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com [e-mail] [e-mail] ISBN : 9782296131071 EAN : 9782296131071

Dieudonné Tebangasa Apala Le personnage de Laurent Désiré Kabila dans la presse congolaise Préface de Marc Lits L’Harmattan

Cet ouvrage est publié avec l’aide de la Faculté des Sciences économiques, sociales et politiques – département de Communication – de l’Université catholique de Louvain et fait partie, à ce titre, de la collection des thèses de la faculté.

Avant-propos

Ce livre est extrait de la thèse de doctorat présentée au Département de communication de l’Université catholique de Louvain, membre de l’Académie Louvain, le 18 février 2008. Pour sa réalisation, je suis redevable à bon nombre des personnes. Qu’il me soit permis de leur exprimer toute ma gratitude. Je remercie tout spécialement le Professeur Marc Lits dont l’accompagnement scientifique m’a permis de tailler mon chemin dans le roc et a en outre accepté de préfacer l’ouvrage. Un grand merci également à tous mes professeurs qui ont accepté de lire et de discuter ce texte, particulièrement les Professeurs Gérard Dérèze, Benoît Grevisse, Alain Reyniers, Francois Ryckmans et Marie- Soleil Frère, membres du jury de thèse. Enfin, profonds sentiments de gratitude à tous ceux qui ont offert un soutien financier et amical, je pense spécialement aux autorités de Missio Aachen pour leur appui pécuniaire durant les cinq années de recherches et à celles de l’Université catholique de Louvain qui ont accepté de financer la publication du présent ouvrage. Avec cette publication, que tous soient honorés et qu’elle augmente en chacun de nous, la fécondité scientifique.

Dieudonné TEBANGASA APALA

Ochamps (Belgique), le 29/12/ 2009

Préface

Depuis plusieurs dizaines d’années, l’UCL et l’Université catholique du Congo collaborent étroitement, tant dans des programmes d’enseignement que de recherche. Grâce à cette dynamique, de nombreux professeurs congolais ont pu réaliser leur thèse à l’UCL, et par la suite développer des projets de recherche fondés sur des protocoles extrêmement proches.

En matière d’analyse des médias, les théories et méthodes développées au sein de l’Observatoire du récit médiatique de l’UCL sont ainsi fréquemment utilisées par les chercheurs congolais. On en trouve un nouvel exemple dans la présente publication. Nous savons que les médias, et la presse écrite par excellence, jouent un rôle central dans la construction d’un espace public, tout particulièrement dans les pays qui connaissent des périodes de transition vers des systèmes politiques plus démocratiques. Les récits véhiculés par la presse construisent les identités nationales et locales, il importe donc de les décrypter.

Le mérite de Dieudonné Tebangasa Apala consiste principalement à maîtriser les outils narratologiques pour les appliquer à un corpus de presse congolaise, au moment de la transition entre le régime mobutiste et la présidence de Laurent Désiré Kabila. Il inscrit d’abord cette recherche dans l’horizon de la presse de son pays, depuis plus de cinquante ans, car l’analyse de discours ne peut jamais faire abstraction des conditions de production. Les articles publiés sont porteurs, en eux-mêmes, de signification, mais celle-ci ne peut être pleinement dégagée, si ces articles ne sont pas replacés dans le contexte socio-économique et politique qui les a fait naître. C’est pourquoi, au-delà d’une histoire de la presse, l’auteur essaye aussi de saisir ce que sont les particularités de l’image du chef dans la tradition africaine. Il serait inadéquat de transposer les modèles de la communication politique et médiatique tels qu’ils sont construits dans les pays occidentaux pour les appliquer à la situation africaine. Le poids de la culture, des traditions locales, des usages, entraîne d’autres types d’insertion des responsables politiques dans l’espace public. Il faut aussi en tenir compte dans l’interprétation.

Tous ces cadrages étant très longuement développés au début du livre, l’analyse peut se mettre en place. Celle-ci présente un double intérêt. D’une part, le choix s’est porté sur une période particulièrement sensible, vue à travers les discours de deux quotidiens d’obédiences très différentes,La Référence PlusetLe Potentiel. Cela permet déjà de montrer qu’il n’existe pas d’événement en soi, mais plutôt des formes d’action politique et militaire diversement commentées en fonction des positions idéologiques et des proximités politiques de chaque journal. De l’autre, l’ensemble de ces événements est saisi à travers le prisme d’un acteur principal : le chef rebelle dans sa prise de pouvoir. Ce choix est bien sûr lié à l’approche narratologique, pour laquelle les personnages jouent un rôle essentiel dans la dynamique de la mise en récit. Mais il a une signification plus

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profonde. Il laisse entendre que ces transformations radicales de la scène politique et sociale ne sont pas le fruit d’un ensemble d’événements qui s’enchaînent pour des raisons multiples, qu’ils sont surtout portés par quelques personnalités fortes, qui font à un moment donné basculer l’histoire. Pas de révolution sans leader qui porte les aspirations de la foule, pas de changement de pouvoir sans chef pour l’assumer.

Un des intérêts principaux de cette étude minutieuse et rigoureuse d’un très important corpus de presse réside donc dans l’attention portée à l’émergence progressive de celui qui va incarner le changement en République Démocratique du Congo. Les journaux ont d’ailleurs du mal à identifier ce nouvel acteur, à ses débuts, mais ils comprennent très vite quel rôle majeur il va jouer. On assiste ainsi à la naissance d’un nouveau système politique, d’un nouveau président, à sa transformation progressive au fil des quatre périodes ici analysées, entre octobre 1996 et janvier 2001, date de son assassinat.

Le parcours est suivi pas à pas, et il révèle une double transformation, celle de la figure de Kabila, du vieux maquisard fatigué au président fondateur d’une nouvelle république ; mais aussi celle des journaux eux-mêmes, qui vont évoluer dans leur perception du chef de guerre et du président.

Cette recherche est en cela importante, puisqu’elle permet de saisir un morceau d’histoire, presque au moment où elle s’écrit, et qu’elle contribue ainsi à fixer la représentation d’un Etat en train de se reconstruire. Elle témoigne également de la dynamique d’une recherche qui a intégré les outils mis en place au sein de la discipline des sciences de l’information et de la communication, et qui veut désormais les utiliser sur des objets propres au continent africain. Ce qui oblige parfois à ajuster les modèles théoriques, à les décaler, à les discuter, bref à les faire vivre en discussion entre chercheurs européens et africains.

Nous pouvons ainsi mieux comprendre la fabrication de l’information dans un système politique en transformation profonde, tout en faisant progresser la réflexion sur les enjeux théoriques et méthodologiques de l’analyse de presse.

La dynamique est amorcée, il reste à trouver les moyens, les énergies, les disponibilités pour approfondir ces recherches. Ce livre ouvre la voie, avec talent. Le chemin est tracé, et d’autres chercheurs devraient compléter cette première exploration, pour nous aider à mieux comprendre les enjeux socio- politiques dont nous parle la presse congolaise, mais aussi la manière dont elle met ces enjeux en récit, pour les rendre compréhensibles au plus grand nombre de lecteurs, pour nourrir encore et toujours les débats des « parlementaires debout ».

Marc Lits Professeur à l’Université catholique de Louvain Département de communication

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