Le Petit monde de Sidoine
158 pages
Français

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Le Petit monde de Sidoine , livre ebook

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Description

Dans un précédent roman, le narrateur, Jérôme Curvelhier, rencontre le personnage de Sidoine qui, par ses agissements, son comportement et ses questionnements, le déroute en bousculant ses certitudes et ses habitudes. Se mettant dans la peau du personnage, il répond à une interview imaginaire et tente ainsi d’en savoir plus. Émile Madeleine se charge ici de l’interview et propose au lecteur de lire les réponses de Sidoine qui fait dans ce texte une vive critique de la situation politique de la France, lui réfutant le titre de démocratie, affirmant la faillite des modes de représentation et même du suffrage universel – « une illusion » dit-il. Celui-ci fait ensuite quelques propositions, comme : « les gens ne devraient élire que des personnes qu’ils connaissent réellement ». Par le biais de cette « interview », à la fois essai et prise de position, Émile Madeleine cherche et réussit brillamment à éveiller les consciences, plus particulièrement à l’approche des échéances présidentielles de 2012.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 05 juillet 2012
Nombre de lectures 0
EAN13 9782748377637
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0056€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le Petit monde de Sidoine
Emile Madeleine
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Le Petit monde de Sidoine
 
 
 
Les grenouilles, se lassant
De l’état Démocratique,
Par leurs clameurs firent tant
Que Jupin les soumit au pouvoir monarchique
Jean de La Fontaine
Les grenouilles qui demandent un roi
 
 
 
 
Résumé
 
 
 
En vacances à la montagne, accompagné de sa fille Karine et de son chien Edgar, Jérôme Curvelhier se remet d’un divorce récent. Après un violent orage, il rencontre incidemment lors d’une balade en forêt un personnage du nom de Sidoine qui semble sorti de nulle part. Karine s’en fait immédiatement un ami. Ils échangent leurs adresses et Jérôme pense que comme toutes les rencontres de vacances, celle-là se soldera au mieux par un échange de cartes de vœux. Les vacances terminées, il rentre chez lui et reprend ses activités de journaliste au « Non inscrit », et voilà que, contrairement a ce qu’il avait cru, Sidoine débarque dans sa vie et s’y installe.
Il a sur Karine une influence que Jérôme trouve exagérée ! De plus, véritable « poil à gratter », il pose mille questions embarrassantes sur le fonctionnement de la société et sur celui de Jérôme qui, bien enfoncé dans son petit train-train quotidien se voit contraint et forcé de reconnaître ses propres contradictions. Victime d’un accident, Jérôme se retrouve à l’hôpital où le voile se lève enfin sur la véritable personnalité de Sidoine.
 
 
 
 
Préambule
 
 
 
Un mois !
Un mois d’hôpital à ne rien faire d’autre que se reposer, allongé toute la journée !
Dorloté !
Visité par la famille, les amis et les copains.
Qui peut rêver mieux ?
Mais oui ! Qui pourrait avoir la mauvaise grâce de se plaindre de ce traitement de faveur ?
Qui ?
Un tel ingrat existe-t-il ?
Et bien oui !
Tout simplement celui qui y est passé !
Tout le monde a l’impression que c’est le rêve absolu.
Mais à le vivre ! Quel ennui ! Comme c’est long une journée à ne rien faire. Et une journée en milieu hospitalier, ça commence de bonne heure car on s’y réveille tôt. Et même si on n’a pas envie, c’est le bruit qui sert de réveil matin.
Bien sûr, celles et ceux qui en sont chargés ne le font pas exprès mais quand on ne fait rien de la journée, on a le sommeil léger si bien qu’on se réveille de très bonne heure. Et malgré la gentillesse de tout le monde, malgré les « Monsieur Curvelhier » par ci, « Monsieur Curvelhier » par là, le temps finit par ne pas avancer.
Les visites ?
Bien sûr qu’on est reconnaissant aux gens qui se déplacent ! Qui apportent parfois des cadeaux !
Trois fois j’ai eu le même bouquin.
Dix fois, cloué au lit je me suis entendu dire que j’étais un sacré veinard et ça a même fini par m’agacer.
Cent fois j’ai dû raconter ce qui m’était arrivé.
Mille fois j’ai eu envie de quitter cet hôpital sans jamais trouver le courage de donner suite à cette envie.
Mais surtout, comme je l’avais prévu, Sidoine est revenu à la charge pour ne plus me quitter.
Toute cette aventure vécue avec lui, cela ne pouvait pas rester sans m’interpeller, sans me faire réfléchir, sans me turlupiner.
Un mois tout entier à disséquer ses propos, à essayer de comprendre comment, s’il avait pu, il aurait organisé la vie, la société, sa société.
Le jour de sa visite je m’en suis ouvert à Émile Madeleine mon copain qui prétend savoir écrire.
— Pourquoi ne pas essayer d’écrire ce que tu ressens ?
— Parce que je suis bien incapable d’écrire ! ai-je répondu.
Il a rigolé et prétendu que je faisais un drôle de journaliste avant d’insister.
— Toi peut-être que tu ne sais pas écrire, mais à nous deux… Tu me raconteras et j’essaierais de mettre en forme. Quand j’aurai fini, tu reliras, tu me diras ce que tu en penses et si ça te plaît, on publiera !
— On va faire ça sous forme d’interview ; tu me poseras des questions, je répondrais comme je pense que le ferait Sidoine et on verra bien le résultat. Bien sûr, pour bien s’imprégner des personnages tu me vouvoieras ; en réponse je te tutoierais car Sidoine tutoie tout le monde.
C’est ce qu’on a fait.
On a buté sur le titre ; je lui ai dit de se débrouiller ; on ne savait pas non plus comment le classer alors on a choisi Essai .
Ça plaisait bien à mon copain, c’est un ancien rugbyman.
Jérôme Curvelhier
 
 
 
 
 
 
Émile Madeleine  : Si je vous ai bien compris, vous prétendez qu’on ne vit pas en démocratie ?
Sidoine (par la voix de Jérôme)  : On peut en effet le dire comme ça ; j’y mettrais cependant une nuance de taille ; je ne le prétends pas, je le constate.
Aussi loin que je peux me rappeler les leçons que me faisaient apprendre mes professeurs, aussi souvent que j’ouvre mes gros dictionnaires pleins de pages numérotées et de mots que je ne connais pas, j’en suis de plus en plus convaincu ; le mot « DÉMOCRATIE » désigne un régime dans lequel le peuple est souverain c’est-à-dire qu’il décide de tout.
Ce mot s’oppose au mot « MONARCHIE » qui désigne une société où c’est un homme seul qui est souverain.
En fait, une démocratie est un régime où personne ne peut conjuguer le verbe « décider » à la première personne car c’est le peuple qui décide puisqu’il est souverain.
Or, en regardant autour de moi, même avec beaucoup d’imagination j’ai du mal à croire qu’en France c’est le peuple qui est souverain.
Il est vraiment surprenant d’entendre ou de voir, à longueur d’antenne et de journée, des gens à l’air instruit et cultivé, parler de « DÉMOCRATIE » à propos de nos sociétés occidentales. Je ne suis pas assez informé pour les autres pays, mais chez nous cela me semble totalement hors de propos ; un contresens grossier et pourtant ça dure, ça perdure et nul ne revient remettre en cause cette affirmation.
Rendons-nous à l’évidence, la V e  République est une monarchie.
E.M. : Une évidence ? Pour vous peut-être, mais pas pour tout le monde ! En plus, ces deux mots « monarchie » et « république » veulent dire exactement le contraire l’un de l’autre !
S. : Oui, une évidence pour moi ; je n’ai pas pour habitude d’énoncer celles des autres. Et elle est tellement criante cette évidence que personne n’ose la remettre en cause et pourtant, je le répète et l’affirme bien haut : si l’on s’en tient aux définitions que j’ai apprises et au sens des mots, la V e  République est une monarchie.
Contrairement à ce que tu sembles croire, les mots « monarchie » et « république » ne veulent absolument pas dire le contraire l’un de l’autre. La monarchie, c’est un régime où un homme seul détient le pouvoir. La république est un régime qui ne s’occupe que des affaires publiques.
E.M. : Mais il n’y a pas de roi chez nous !
S. : Une monarchie n’est pas forcément un régime avec un roi.
Je te le répète, c’est un régime où un homme seul dispose du pouvoir. Peu importe comment il y est arrivé. Tu peux l’appeler roi, empereur, dictateur, despote, tyran, petit père du peuple, libérateur, potentat, grand timonier, prince éclairé, guide 1 , président ou d’autres dénominations ; à partir du moment où il est seul à disposer du pouvoir, c’est un monarque.
E.M. : Mais enfin, chez nous, les gens s’expriment ! Ils votent !
S. : Mais oui ils s’expriment !
Mais une démocratie, ce n’est pas un régime où les gens se contentent de s’exprimer : je le répète et le répéterai tant qu’il le faudra : la démocratie est un régime où le peuple est souverain.
Bien sûr ils votent.
Mais ils votent pour un monarque et ça semble leur plaire à la condition toutefois qu’on ne le leur dise pas. Pour un peuple, il y a quand même une belle différence entre « être souverain » et « se choisir un souverain ».
Et ce n’est pas nouveau. Il y a déjà quelques siècles, un fabuliste parlait de « grenouilles qui demandent un roi ». Quand on sait que cette fable était inspirée d’une autre écrite par un grec vivant sept à huit siècles avant Jésus-Christ, on comprend que ce n’est pas d’aujourd’hui que cette poudre aux yeux a été inventée et que cette pratique existe.
Ensuite, tout dépend du sens que l’on donne au mot « VOTE ».
Si l’on entend par là un rite qui consiste à aller de temps en temps mettre mécaniquement un bulletin dans une urne, certainement qu’ils votent ; bien souvent sans même connaître celui ou celle pour qui ils votent et sans même souvent savoir ce que va faire l’élu(e) désigné(e).
Par contre, si l’on entend par ce mot une action qui consiste à désigner quelqu’un que l’on connaît pour accomplir une tâche bien définie, personne ne vote chez nous.
E.M. : Allons bon ! Voilà une drôle de façon de présenter les choses !
S. : Drôle ? Je ne sais pas ! En tout cas c’est la mienne. Et plus j’observe, plus cette façon s’impose à moi. C’est quoi le « vote » ? C’est une action par laquelle un individu délègue à un autre le droit de parler à sa place ; la moindre des choses me semble-t-il est que l’individu connaisse celui à qui il délègue ; sinon ça ne veut rien dire et ne sert à rien.
E.M. : On ne vote pas pour un homme, on vote pour des idées.
S. : Des idées ? Quelles idées ? Il y a belle lurette que les idées ont été remplacées par des slogans ; le langage électoral se rapproche plus du vocabulaire publicitaire que des « idées ».
Sur terre, il n’y a pas deux hommes qui aient les mêmes idées sur tout ! Tout le monde s’accorde pour dire que chacun est différent ; qu’aucun individu n’a exactement les mêmes vues que son voisin sur les problèmes. Alors comment pourrait-on désigner un élu en votant pour des « idées » comme tu dis ?
En plus, si

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