Les Libéraux n aiment pas les femmes
52 pages
Français

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Les Libéraux n'aiment pas les femmes , livre ebook

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Description

«Les libéraux n’aiment pas les femmes.» Voilà une proposition qui fait sourciller : les libéraux disputeraient donc aux conservateurs l’éminent privilège de s’attaquer aux droits et libertés des femmes ? C’est là le dur constat de ce petit livre. En s’en prenant à la santé publique, à l’éducation, aux garderies et aux groupes communautaires, les politiques d’austérité du gouvernement Couillard frappent les femmes plus durement que quiconque.
Si les libéraux n’aiment pas les femmes, c’est parce qu’ils gouvernent par et pour les nombres. Les « vraies affaires » – l’atteinte du déficit zéro en tête – relèvent d’une logique purement « économique ». Quantitative, implacable, elle est imposée sans haine ni mépris. Le sort que l’austérité réserve aux femmes s’explique par cette odieuse indifférence qui, ultimement, fera ployer l’ensemble de la population.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 08 octobre 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782895966876
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0300€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© Lux Éditeur, 2015
www.luxediteur.com
Dépôt légal: 3 e  trimestre 2015
Bibliothèque et Archives Canada
Bibliothèque et Archives nationales du Québec
ISBN: 978-2-89596-209-0
ISBN (epub): 978-2-89596-687-6
ISNB (pdf): 978-2-89596-887-0
Ouvrage publié avec le concours du Conseil des arts du Canada, du Programme de crédit d’impôt du gouvernement du Québec et de la SODEC . Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada ( FLC ) pour nos activités d’édition.
N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant.
Simone de B EAUVOIR
Si vous tentez d’améliorer la performance d’un système de personnes, de machines et de procédures en assignant des objectifs chiffrés aux parties de ce système, le système ruinera vos efforts et vous en paierez le prix là où vous l’attendez le moins.
Myron T RIBUS
A VANT-PROPOS
L ES LIBÉRAUX N’AIMENT PAS LES FEMMES
L ES LIBÉRAUX N’AIMENT PAS les femmes. Voilà une proposition qui fait sourciller. Sur l’échiquier politique nord-américain, ne sont-ce pas plutôt les conservateurs qui remettent en question les droits des femmes? Les « liberals », pour reprendre cette étiquette largement employée dans le monde anglo-saxon, se définissent souvent par opposition à ceux qui se cramponnent à une vision réactionnaire des structures sociales et de la vie politique, où les femmes n’ont qu’un rôle auxiliaire et des possibilités limitées. Les libéraux chérissent au contraire la liberté et l’autonomie des individus, de tous les individus. Ainsi, ils font sans relâche la promotion de l’ambition chez les femmes, ils défendent farouchement l’accès à la contraception et à l’avortement, et encouragent le décloisonnement des représentations traditionnelles de la famille. Sensible à l’évolution des sociétés, tout bon libéral dénonce haut et fort non seulement les discriminations sexistes, mais aussi l’homophobie, et le racisme, cela va de soi. Il soutient le mariage gai. Il encourage l’adaptation des lois aux réalités des personnes transgenres. En gros, les libéraux suivent la gauche partout où il s’agit d’octroyer des droits, toujours plus de droits, aux individus. Sur le front juridique, ils se font joyeusement les majorettes de toutes les luttes pour la diversité.
On préférera sans doute cette convergence opportune à la haine et l’intolérance de certains discours conservateurs. Il serait d’ailleurs malhonnête de nier que les libéraux ont été des alliés ponctuels, des partisans utiles, au moment où les femmes réclamaient en Amérique du Nord les mêmes droits que leurs concitoyens. Cela ne change cependant rien au fait que le projet politique actuellement mis en œuvre par les élites libérales constitue un frein brutal à l’atteinte de l’égalité réelle entre les hommes et les femmes. En dépit des nobles principes d’autonomie et de liberté dont ils se réclament, les libéraux ne se soucient pas davantage des femmes que leurs vis-à-vis conservateurs lorsqu’il s’agit d’établir des politiques économiques. Ce sont bien elles, enseignantes, infirmières, éducatrices, fonctionnaires, mères de famille, pauvres ou simples salariées, qui font les frais des restrictions qu’imposent les libéraux. Ceux-ci promeuvent et mettent à exécution, sans le moindre scrupule, des politiques sociales et économiques qui appauvrissent les femmes, minent leur sécurité physique et matérielle et détruisent les conditions de leur autonomie. Bien sûr, ils s’en défendront farouchement, présentant même le féminisme comme l’une de leurs valeurs phares. Cela est vrai, en théorie. Mais là où ça compte, dans les faits, ils s’en lavent les mains.
Le désamour des libéraux n’est ni de la haine ni du mépris, c’est une froide indifférence au sort que réserve l’austérité aux femmes.
C HAPITRE 1
L OIN DES YEUX, LOIN DU CŒUR
E N MARS 2015 , la présidente de la Fédération des femmes du Québec (FFQ), Alexa Conradi, se présente devant la Commission des finances publiques du Québec, présidée par le ministre Carlos Leitão. Elle a peu de temps et beaucoup à dire. Elle doit résumer les conclusions d’un imposant mémoire rédigé dans le cadre d’une consultation sur le projet de loi portant sur le retour à l’équilibre budgétaire. Ce document contient les conclusions d’une étude sur les femmes et l’austérité. Avec beaucoup de patience et de pédagogie, la présidente de la FFQ s’efforce d’expliquer aux membres de la Commission en quoi le projet politique mis de l’avant par le gouvernement libéral constitue une attaque frontale contre les conditions d’existence des Québécoises. Les thèmes abordés sont nombreux, et tous bien documentés. Il y a de quoi parler pendant des jours.
Le ministre des Finances tombe des nues en écoutant Alexa Conradi. Les effets des compressions dans le secteur public sur les conditions économiques des femmes? L’augmentation de la violence sexuelle qui accompagne le développement de l’industrie extractive en régions? Les conséquences dévastatrices de l’amincissement du filet social pour les immigrantes, les handicapées, les personnes en perte d’autonomie? La hausse des tarifs en garderie et leur impact sur l’accès des femmes au monde du travail? De toute évidence, Carlos Leitão n’avait jamais envisagé ces faits avant qu’Alexa Conradi ne les évoque devant lui. Lorsqu’elle termine la présentation de son mémoire, le ministre, visiblement pris au dépourvu par les statistiques qu’on vient de lui présenter, esquive la discussion et se réfugie dans les grandes déclarations de principes: l’équilibre budgétaire n’est qu’un outil neutre et technocratique, cette politique n’a donc rien de sexiste, lance-t-il. En «contexte budgétaire difficile», tout le monde doit se serrer la ceinture. Il n’y aura pas d’exception pour les femmes. «Nous ne sommes plus en 1975», rappelle le ministre, laissant entendre que depuis cette année-là, qui fut justement l’Année internationale de la femme, la question de l’égalité entre les hommes et les femmes serait à peu près réglée, du moins au Québec. Tout au long de l’échange qui s’en est suivi, la présidente de la FFQ s’est efforcée de garder son calme, malgré son agacement devant l’indifférence du ministre envers le sort que ses politiques économiques réservent aux femmes.
Quelques semaines plus tard, interpellée sur le même sujet, la ministre de la Justice et responsable de la Condition féminine, Stéphanie Vallée, emboîtait le pas à Carlos Leitão en répondant que toute cette histoire n’était qu’une «question de perception» [1] . Bien sûr, si on se colle un bandeau sur les yeux, il est facile de soutenir qu’on ne voit pas où se trouve le problème. Mais pour qui veut le savoir, c’est flagrant: l’austérité nuit vraiment à l’égalité entre les hommes et les femmes. Récemment encore, l’Organisation des Nations Unies (ONU) s’alarmait de ce que partout dans le monde, l’austérité accable les femmes plus que quiconque [2] . Lorsque l’État se désengage de la prestation de services et démantèle les structures de protection sociale, le premier principe à être sacrifié, c’est celui de l’égalité entre les hommes et les femmes, et ce sont ces dernières qui en pâtissent.
N’allons pas croire que le Québec fait exception à la règle. Au printemps 2015, l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS) révélait que depuis la crise de 2008, les politiques de relance économique bénéficient d’abord aux hommes, tandis que les vagues de compression frappent surtout les femmes [3] . L’État ne distribue pas ses gifles et ses tapes dans le dos avec l’impartialité dont se pare Carlos Leitão. Au cours des sept dernières années, les budgets du secteur public ont fondu comme neige au soleil et depuis 2010, la masse salariale des employés du secteur public a été amputée de près de trois milliards de dollars. Or, au Québec, le tiers des femmes qui travaillent occupent un emploi dans le secteur public, et les trois quarts des employés de l’État s

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