Les Opinions d un étranger absolu
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Description

Geroges Banu, critique, homme de théâtre, essayiste, parle en ces termes de l'œuvre d'Octavian Hoandr :

« Je lis Octavian Hoandr et j’ai le sentiment de me retrouver, je le lis et j’aime cette intimité avec la réalité et avec les hommes, je le lis et je me console temporairement de « l’absence » qui ne trouve pas sa réponse. Camille Claudel écrivait à Rodin : « Il y aura toujours quelque chose d’absent ». Sans doute, mais il y a des palliatifs de passage, comme les poèmes ou les œuvres des artistes réticents envers l’absolu précisément pour pouvoir se confronter à la relativité de l’immédiat, au concret et à la morale, à tout ce qui nous met chaque jour à l’épreuve et nous prépare pour un devenir, pas du tout pour une révélation. Ainsi, temporairement, nous nous sauvons nous-mêmes, seuls et... ensemble ».

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Informations

Publié par
Date de parution 07 novembre 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332842671
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0097€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
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Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-84265-7

© Edilivre, 2014
Octavian Hoandră fait partie de cette catégorie spéciale de journalistes qui utilisent les moyens littéraires dans leur expression. Dans les textes d’attitude (comme la majorité des textes qu’il signe) il invite surtout à une compréhension empathique – ce qui fait plutôt la littérature que l’écriture journalistique. Rassemblés en volume, ces textes doivent être pourtant lus goutte à goutte, avec l’attention avec laquelle on s’efforcerait de percevoir l’arsenic dans le café.
Alexandru Vlad.
Je lis Octavian Hoandră et j’ai le sentiment de me retrouver, je le lis et j’aime cette intimité avec la réalité et avec les hommes, je le lis et je me console temporairement de « l’absence » qui ne trouve pas sa réponse. Camille Claudel écrivait à Rodin : « Il y aura toujours quelque chose d’absent » – sans doute, mais il y a des palliatifs de passage, comme les poèmes ou les œuvres des artistes réticents envers l’absolu précisément pour pouvoir se confronter à la relativité de l’immédiat, au concret et à la morale, à tout ce qui nous met chaque jour à l’épreuve et nous prépare pour un devenir, pas du tout pour une révélation. Ainsi, temporairement, nous nous sauvons nous-mêmes, seuls et… ensemble. Sans recours aux interventions supérieures ! La littérature comme solution d’amélioration personnelle dans des temps de dégradation générale. Une telle consolation est produite par les écrits d’Octavian Hoandră.
Je lis Octavian Hoandră avec le sentiment qu’il m’est proche, ni supérieur, ni agressivement différent, il est un « double » dans lequel je me retrouve, un « double » qui a formulé les questions et a utilisé les paroles qui ne m’intimident ni m’éloignent, car elles me constituent. Et c’est pourquoi je le lis. La littérature comme partenaire de survie et non pas comme socle statuaire – la littérature comme chance de… communion réciproque.
Georges Banu-Sorbonne.
Entre Ceauşescu et Laurie Anderson
J’avoue ne pas avoir été extrêmement surpris lorsqu’un sondage d’opinion récemment publié a montré que plus de 40 % des Roumains voteraient comme président Nicolae Ceauşescu, si cette chose était possible.
Si certains en ont été surpris et que cette option ait révolté d’autres, moi, cette façon de se rapporter à la mémoire – car qu’est-ce que c’est, en fait, cette option ? – m’a fait me demander si ce peuple a toujours quelque façon de se rapporter normalement ou près des limites de la normalité en ce qui concerne son propre état de bien ou de mal. Et de quelle manière les Roumains dans leur majorité comprennent leur propre bonheur. La condition humaine n’exclut pas celle historique, mais la suppose. Et lorsque la Fatalité prend le visage de l’histoire, comme il est arrivé au peuple roumain, cela mène au fait que ce peuple est condamné à ne plus savoir vers quoi il se dirige.
C’est précisément pour cela que ce sondage ne fait que montrer clairement que les Roumains d’hier, ajoutés aux Roumains d’aujourd’hui, la somme que nous pouvons appeler « les Roumains de nos jours », n’ont pas réussi à comprendre que dans le monde sans Dieu, de Gh. Gh. Dej à Ceauşescu, où nous avons vécu une cinquantaine d’années, il n’y a aucune chance de se sauver. Pas même maintenant, vingt ans après la chute du dictateur, les Roumains n’ont compris qu’en surface la maxime de Malraux, celui qui dit que ce siècle sera religieux ou ne sera pas du tout.
Le vécu en surface de la vie que pratique le Roumain même dans sa relation avec Dieu, sa relation dérisoire avec la Divinité mènent à la façon dont ce peuple voit son propre bonheur. La façon dont les milliers de malheureux se piétinent pour embrasser des reliques peut être cataloguée plutôt comme une action d’image, comme le sont nombre d’actes essentiels qu’éprouve, juge et accomplit le Roumain du millénaire de Malraux.
Peut-être pour beaucoup des citoyens de la Roumanie le retour à un régime dirigiste où « on leur donne » ce qu’il y a à donner est le maximum d’accomplissement des propres aspirations. Peut-être que savoir tout le peuple pauvre, faisant la queue pour la « carte de rationnement », est plus commode que voir certains mener une vie meilleure et d’autres être réduits au bâton blanc. La compétition n’est pas ce que le Roumain désire, cela est clair. Mais peut-être serait-il plus simple pour nous de juger ce sondage par le prisme des élites, des artistes, des écrivains, en un mot, de juger en regardant le niveau du monde « sensible » celui qui par définition est visionnaire, conduit les consciences et porte les États en avant. On a gardé après la chute du communisme la manière clientéliste, organisée en coteries, de l’« organisation » des élites culturelles, des écrivains, des artistes, modèle d’après lequel on établissait du temps de Ceauşescu, avec l’accord du Conseil de la Culture et de l’Éducation Socialiste, les valeurs et l’influence, qui fonctionne parfaitement maintenant encore.
L’affaire de la sélection pour les expositions internationales des « œuvres » – blasphématoires avec un air éhonté-sexuel de peintres inconnus, mais faisant partie de la coterie des intellectuels qui se sont abrités docilement et misérablement dans le giron d’un pouvoir aculturel par définition, témoigne pour le présent et l’avenir. Les vrais écrivains et artistes ne reçoivent pas de bourses et ne sont pas les heureux élus pour qu’on leur fasse de la publicité. Donc, la production culturelle et artistique est, comme on peut le voir, extrêmement stérile, vulgaire, immonde même, que l’on se rapporte à la peinture, à la sculpture, à la littérature ou à la musique. L’art photographique est le seul à avoir échappé à la nécessité des « nouveaux marchands », ceux qui ont changé seulement l’objet à lécher passant sans problèmes d’un dos à l’autre, seulement parce qu’ils peuvent le présenter en nom propre sur Internet, dans n’importe quelle exposition virtuelle du monde. Or, si les intellectuels et les gens de culture ont choisi de continuer comme au temps de la dictature de Ceauşescu, monopolisant ce Monde, de même que ses ressources et ses avantages, pas du tout négligeables, alors comment peut-on condamner un peuple qui veut retourner au primitivisme et à la vie surveillée du temps du dictateur ?
J’écoutais il y a quelques jours le dernier album de Laurie Anderson, travaillé avec son mari, Lou Reed, deux immenses personnalités de la musique, tout comme, autrefois, au temps de Ceauşescu, j’écoutais un autre couple célèbre, Toshiko Akeoshi et Lew Tabakin. Dans le premier comme dans le deuxième cas il s’agit d’une autre compréhension de la liberté. Car je me rappelle comme maintenant, avant ‘89 il y avait aussi assez de gens qui écoutaient cette musique. Sûrement, ceux-là ne choisiront jamais la dictature. Ni celle d’avant décembre ‘89, ni celle que vantent aujourd’hui « les boyards de l’esprit ».
Il est resté une question dont je ne détiens pas la réponse. Celle qui se réfère à ce que comprennent aujourd’hui les nouvelles générations par bonheur et quel est le mécanisme par lequel beaucoup de ces gens croient que le dictateur Ceauşescu serait le meilleur à être voté comme président de la Roumanie dans l’année de grâce 2010. Car on pourrait être tenté de croire que les gens, en général, pourraient tomber d’accord sur des questions d’essence. Pas sur la qualité des mauvaises chansons ou de la troupe « Les Parasites », en contrepartie de celle de Laurie Anderson en combinaison avec Lou Reed, mais sur ce que signifie être heureux. Sauf que, voilà, après 250.000 années d’existence, après 2500 années de philosophie et après beaucoup d’années d’Internet, il nous semble naturel que l’on soit arrivé à un consensus. La Roumanie a choisi, à ce chapitre aussi, d’être dans un autre Monde. Les vers et la musique du couple dont je parlais ci-dessus semblent ne plus rien signifier pour au moins 40 % de nous.
Entre : “It takes a long time for a mouse to realize he’s on a trap/
But once he does something inside him never stops trembling/
Afraid to breathe, afraid to rise/
We run and run in this transitory life/
Tipped to balance we fall like light/
We land on water and the water turns to ice/” (Transitory life) et les textes de Florin Salam, 40 % de nous choisirons les derniers. À la place des œuvres de Pallady, Ciucurencu et Tonitza, nous avons choisi d’envoyer (par les représentants du nouveau Conseil de la Culture Socialiste) aux Etats-Unis, comme représentatifs, les tableaux de jeunes barbouilleurs, figurant des Christs aux immenses phallus et des poneys aux croix gammées. À la place des créations de maîtres du théâtre, tels Liviu Ciulei ou Andrei Şerban, le monde s’extasie à l’apparition sur scène de jeunes nus qui hurlent et hurlent sans cesse – dans le cadre des soi-disant expérimentations ou « projets » théâtraux, considérés, d’après qui sait quels critères, comme extraordinaires.
Comme on le voit, Laurie Anderson sait plus que nous sur le bonheur et le malheur de la transition, d’une existence trouble, mais elle sait aussi partager les eaux de l’âme. Et, qui plus est, comme tout vrai artiste, elle dirige sa démarche et son aspiration vers les gens malheureux. Et son art est incontestable car elle a compris que le sens de ce monde triste est d’aller de l’obscurité vers la lumière. On peut offrir des milliers d’exemples d’artistes, de gens simples ou de peuples entiers dans ce sens. Ceux qui ont le discernement nécessaire savent comment choisir ce qu’ils voient, ce qu’ils écoutent et ce qu’ils votent. Même lorsqu’ils s’imaginent vainement qu’un petit morceau de bonheur devrait normalement leur revenir à eux aussi. Même lors

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