Madagascar une île à la dérive
190 pages
Français

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Madagascar une île à la dérive , livre ebook

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190 pages
Français

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Description

Ce livre est avant tout un récit et une tentative d'explication de la crise malgache. Madagascar a connu en sept ans deux soubresauts qui ont jeté bas le président de la République. Mais au-delà de la crise malgache, l'auteur a voulu lancer une réflexion sur les sorties de crise que la communauté internationale entend régenter.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2010
Nombre de lectures 118
EAN13 9782296266490
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

MADAGASCAR, UNE ÎLE À LA DÉRIVE
Jean-Loup Vivier


MADAGASCAR, UNE ÎLE À LA DÉRIVE
Les années 2007-2010
De Ravalomanana à Rajoelina


L’Harmattan
Du même auteur

Chez L’Harmattan
Mon chemin avec le FLNKS, 1992
Le pacte civil de solidarité, un nouveau contrat, 2001
Madagascar sous Ravalomanana, 2007
L’Affaire Gasparin, 2008
Des commerçants à la conquête de la République, 2009
Calédonie, l’heure des choix, 2009

Autre éditeur
L’Afrique à l’aube du XXI e siècle, 2006 (auto-édition)


© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-12964-1
EAN : 9782296129641

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
A Charles Maurras, Frédéric Nietzsche, Ernest Renan, mes maîtres.


A mes parents dont la disparition a ouvert une plaie que le temps ne referme pas.
Les prises de pouvoir à Madagascar s’effectuent (…) hors cadre juridique (…) Andrianampoimimenina (…) a renversé son oncle.

(Paul Rabary)


… ne pouvant fortifier la justice, on a justifié la force, afin que le juste et le fort fussent ensemble, et que la paix fût, qui est le souverain bien.
(Blaise Pascal)
Chapitre premier La crise du régime Ravalomanana
LE plus grand sujet d’étonnement pour l’observateur de la vie politique malgache contemporaine est la rapidité et la profondeur de la désaffection que la population a éprouvée pour son président, Marc Ravalomanana, qu’elle avait un temps adulé.
Avant de voir le rythme et les causes de ce désamour, il n’est pas inutile de survoler rapidement l’histoire récente de la Grande Ile.

Madagascar connaît depuis longtemps une unité linguistique. Cette unité précéda l’unité politique. La monarchie merina considérait toute l’île comme son domaine, mais dans les faits, de larges territoires échappaient à son autorité. Néanmoins, c’est en tant que souveraine de toute l’île qu’en 1885 la reine Ranavalona III passa un traité de protectorat avec la France. Ce traité, qui devait rester inappliqué, déboucha dix ans plus tard sur une annexion pure et simple de l’Ile Rouge. Les Français jouèrent des oppositions entre côtiers et gens des hauts plateaux pour asseoir ensuite leur autorité. Les tribus des hauts plateaux (Merina, Betsileo) gardèrent contre les Français le grief d’avoir brisé l’élan qui allait leur donner la suprématie sur toute l’île. Ces populations des hauts plateaux ont une origine raciale différente des populations côtières. Les premières viennent d’Indonésie, les secondes sont de race noire. Leur avancée technique les avait portées nettement plus loin que les côtiers. A ces différences, il faut ajouter une autre : les populations des hauts plateaux ont subi l’influence de la Grande-Bretagne et de ses missions religieuses, elles sont largement converties au protestantisme.
Pourtant, le soulèvement anti-français de la nuit du 29 mars 1947 mobilisa essentiellement les tribus côtières de l’est de Madagascar, notamment les Betsimisaraka. Ce soulèvement, fermement réprimé par l’autorité coloniale, fut attribué à l’époque au MDRM, un parti qui avait envoyé des élus au Parlement. Les autorités françaises favorisèrent le parti adverse, le PADESM. Philibert Tsiranana, le premier chef d’Etat après l’indépendance en 1960, est issu de ce parti.
Sous la présidence de Tsiranana, l’influence des Français, notamment sur l’économie malgache, se maintient. Le peuple malgache, très nationaliste, souffrait de voir des étrangers régner en maîtres sur des secteurs importants du pays. Même si la situation matérielle des Malgaches n’était pas mauvaise à l’époque.
Au mois d’avril 1971, Monja Jaona, chef du parti MONIMA et l’un des cadres de l’insurrection de 1947, fait à nouveau parler de lui, en prenant la tête d’une révolte paysanne dans le sud de l’île. Cette révolte trouvait sa cause dans les pratiques des agents du fisc. Le pouvoir central la réprima sans douceur. A cette occasion, un certain Manandafy Rakotonirina, professeur de sociologie et lieutenant de Monja Jaona, sera arrêté.
L’année suivante, des émeutes lycéennes et estudiantines conduisirent le vieux président Tsiranana à démissionner et à remettre ses prérogatives au général Gabriel Ramanantsoa le 18 mai 1972. Cinq jours plus tard, le 13 mai, une fusillade meurtrière avait déconsidéré le pouvoir établi. Une Place du 13 Mai rappelle à Tananarive l’événement.
Dans le gouvernement qui est alors constitué figure un jeune officier de marine, Didier Ratsiraka. L’orientation du nouveau régime est à la fois nationaliste et socialiste. Un certain nombre de sociétés françaises sont nationalisées sans indemnité. L’enseignement se fait en malgache -on a appelé cette réforme la malgachisation. Les accords de coopération militaire sont revus et, à partir de 1973, les troupes françaises évacuent la base de Diégo-Suarez. En 1973 également, Madagascar quitte la zone franc. Et cette même année, la France cèdera à la pression en offrant à l’Etat malgache le palais d’Ambohitsorohitra qu’elle avait fait construire pour loger son résident en 1885. Depuis, ce palais d’Etat, donné à la commune de Tananarive par Ratsiraka, a été repris sans formalité par l’Etat pour abriter la présidence de la République.
Le niveau de vie de la population ne cesse de baisser depuis 1972. Le général Ramanantsoa cède son pouvoir au colonel Ratsimandrava, qui devient le 5 février 1975 le premier président de la République issu de l’ethnie merina. Sa présidence sera de courte durée, puisqu’il est assassiné le 11 février de la même année. C’est Didier Ratsiraka qui lui succédera. Il restera sur son fauteuil jusqu’en 1993. Parmi les « conseillers suprêmes de la Révolution », on trouve deux personnages que nous retrouverons plus tard : le pasteur Richard Andriamanjato, chez qui christianisme réformé et marxisme faisaient bon ménage, et Manandafy Rakotonirina, que nous avons déjà rencontré.
En 1987, le régime introduit une certaine libéralisation de l’économie, mais cette mesure ne suffit pas pour rétablir la prospérité, et le mécontentement s’étend. Il faut dire que bientôt dans le monde les régimes socialistes sont ébranlés par l’effondrement de l’URSS en 1989. En 1990, une grève générale est lancée. Un professeur de médecine, Albert Zafy, prend la tête des « Forces vives », c’est-à-dire de l’opposition. Le 10 août 1991, une marche pacifique est organisée en direction du palais présidentiel que Ratsiraka a fait construire à Iavoloha {1} , dans la banlieue de Tananarive. Les gens réclament le départ de l’« amiral » comme on l’appelle, car Ratsiraka, en tant que ministre puis chef d’Etat, a continué à gravir les grades {2} sans jamais reprendre un commandement en mer … Ce jour est désigné comme le « samedi noir ». La manifestation est en effet réprimée dans le sang. Des grenades sont lancées depuis des hélicoptères. Cent trente-huit morts sont dénombrés.
Cette réaction violente du pouvoir ne casse pas le mouvement de contestation. En mars 1992 se tient un « Forum national », à l’image des conférences nationales qui fleurissent alors en Afrique, qui met en forme un projet de Constitution. Le 1 er août 1992, le multipartisme est instauré et le 18 septembre 1992, la Constitution de la Troisième République est promulguée. En février 1993, Zafy est élu président de la République. Il ne pourra achever son mandat. La Haute Cour Constitutionnelle (HCC) le démettra de sa fonction le 4 septembre 1996 et, après un intérim confié à Norbert Lala Ratsirahonana, c’est Ratsiraka qui reviendra au pouvoir par les urnes. Mais il a changé d’étendard. Désormais il n’est plus socialiste, mais s’affirme écologiste.

A l’époque, peu de gens connaissent Marc Ravalomanana. Pourtant, sa saga a déjà commencé. Ravalomanana est né le 12 décembre 1949. Sa famille n’a pas la moindre fortune. Lui-même s

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