Notes dans la marge
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Notes dans la marge , livre ebook

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Description

Mathieu est un berger qui aime son métier qu’il pratique depuis 1998. Auteur du blog mathieuerny.unblog.fr et intitulé très justement « Le droit des brebis », il a décidé de mettre par écrit ses réflexions afin de faire partager à un plus large public l’évolution de ce métier souvent mal connu et pourtant indispensable dans son rôle sur les paysages de l’agropastoralisme, notamment dans les Causses et les Cévennes. La meilleure illustration de la désaffection dont souffre cette profession est l’absence totale de véritables bergers dans ce qui est appelé les « commissions » organisées par la France et plus largement par l’Europe, au profit de moult politiciens, scientifiques et autres militants des associations écologistes. À cet égard, l’exemple de la prédation du loup est plus que criant. En effet, au lieu de multiplier les enquêtes plus ou moins scientifiques, il serait temps de considérer le problème en reconnaissant tout simplement que ce sont les loups relâchés artificiellement ou nés en captivité qui s’attaquent aux troupeaux, car ils n’ont pas la notion de la chasse en meute. Ainsi pourrait-on ensuite traiter les « vrais » loups.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 18 septembre 2018
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414275861
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-27587-8

© Edilivre, 2018
Préface
Après avoir, pendant une dizaine d’années, alimenté régulièrement un blog (mathieuerny.unblog.fr) avec des textes inspirés par son métier de berger, Mathieu Erny a compilé et complété ces réflexions personnelles sous le titre « Notes dans la marge » afin de leur donner une nouvelle audience.
Le nom de son blog, Le droit des brebis, annonce clairement la couleur. Il s’agit de défendre le pastoralisme ovin extensif, de faire reconnaître le travail des éleveurs et des bergers, et de rétablir l’équilibre entre les perceptions d’un monde sauvage survalorisé et très protégé, et celles d’un élevage ovin stigmatisé, souvent confondu avec l’élevage industriel, et de plus en plus soumis à des prescriptions et des proscriptions environnementalistes.
Teintées d’idéologie, depuis une vingtaine d’années ces dernières sont devenues de plus en plus moralisatrices. Profitant d’une tyrannie de l’émotion relayée par certains médias et leaders d’opinion, les associations et organismes environnementalistes et écologistes ont lourdement agi pour imposer de nouvelles normes dont l’adoption s’est faite quasiment sans aucun débat public et surtout sans consulter les principaux acteurs : les éleveurs et bergers. Une pensée unique finira-t-elle par régenter toutes les activités ayant une incidence environnementale ?
Le pastoralisme, souvent sous le feu de l’actualité en période estivale (pour le « spectacle » des transhumances, mais aussi par les effets de la prédation sur les troupeaux ovins, quand ce n’est pas à cause d’incidents entre touristes et chiens de protection) est de plus en plus encadré, au point que certains éleveurs se sentent « sous surveillance ». Jouant un rôle écologique important, c’est un outil majeur pour lutter contre les incendies, Il a aussi un impact décisif (et très ancien) sur les paysages, reconnu en juin 2011 par l’UNESCO qui a inscrit les paysages culturels de l’agropastoralisme méditerranéen des Causses et des Cévennes au patrimoine de l’humanité.
Le rôle environnemental du pastoralisme ne doit pas oblitérer sa mission première de production. La multifonctionnalité du pastoralisme est indéniable, pour autant elle ne doit pas signifier son instrumentalisation et sa mise sous tutelle.
Dans une période où la place et la légitimité du pastoralisme sont de plus en plus contestées dans tous les massifs français, où cette activité risque d’être cantonnée à son rôle patrimonial ou, pire, de devenir une tradition folklorique, il nous semble important de lire la pensée et les réflexions du berger Mathieu Erny. Car la parole des praticiens de ce métier est souvent couverte par celles des journalistes, des scientifiques ou des techniciens. Il est rare en effet qu’un berger prenne la plume pour témoigner de son vécu et nous livrer son analyse des enjeux du pastoralisme contemporain et de son avenir.
Les « notes » que nous livre Mathieu Erny sont vivantes. Elles trouvent leur source dans son expérience quotidienne auprès des brebis et de sa pratique de la garde dans des espaces dits « naturels », en réalité produits par l’activité pastorale. En croisant ce vécu avec ses rencontres, ses lectures, la consultation d’autres blogs – dont certains sont « anti-pastoraux » –, l’actualité professionnelle, la profusion des réglementations françaises et/ou européennes, etc., il aborde des thématiques variées. Le problème de la prédation par les loups, auquel il a été confronté à plusieurs reprises sur les troupeaux dont il a eu la garde, y tient une place importante. Il dénonce la part irrationnelle des représentations du prédateur, « pierre angulaire » de la biodiversité sur le modèle idéalisé du parc du Yellow Stone, et les « fausses solutions » imposées par les réglementations pour la protection des troupeaux dans le but de permettre une « cohabitation » fantasmée.
Anne-Marie Brisebarre, ethnologue, directrice de recherche émérite au CNRS,
Laboratoire d’Anthropologie sociale, Paris.
Guillaume Lebaudy, ethnologue, auteur d’articles, ouvrages et expositions sur le pastoralisme et la transhumance en Provence et dans les Alpes.
Mon parcours de berger
Je suis berger depuis 1998, année où j’ai fait la formation de l’école du Merle à Salon de Provence. J’avais trente et un ans. Auparavant, j’avais une formation de sculpteur sur bois.
En 2002, j’ai adhéré à l’Association des Bergers des Hautes Alpes devenue depuis l’Association des Bergères et Bergers des Alpes du Sud et de Provence que j’ai présidé par la suite, entre 2013 et 2015 avant de prendre la présidence de l’association PAN (Pâtres des Alpes du Nord) en 2016.
En 2006, j’ai acheté mon premier ordinateur, pour faire comme tout le monde. Je n’ai malheureusement jamais réussi à comprendre cet outil mais j’ai découvert le « surf » sur internet qui permet de trouver facilement des informations. Je me suis rendu compte que l’on parlait abondamment des bergers, notamment concernant la prédation du loup. On nous dit parfois que les bergers sont obnubilés par cet animal mais c’est bien par le biais du loup que l’on parle le plus des pâtres aujourd’hui. Le problème est que les bergers eux-mêmes n’ont guère les moyens et rarement l’envie de communiquer par internet. Or, il circule beaucoup de fantasmes et d’à-priori sur notre métier.
J’ai donc commencé le blog « Le droit des brebis » afin de pouvoir réagir par des articles lorsque sont diffusées des informations fausses ou mal interprétées sur notre métier, et surtout pour répondre à ceux, très nombreux à l’époque, qui prétendaient parler à la place des bergers.
Entre temps, j’ai pu me familiariser à la problématique de la préservation de la nature, puisque j’ai travaillé comme berger de 2007 à 2013 au Conservatoire Rhône Alpes des Espaces Naturels.
Introduction
Le retour du loup dans notre pays en 1992 a révélé bien des crises dans notre société. On a dit par exemple que le problème que pose chez nous le retour du loup prouve qu’en France l’élevage ovin a mal évolué avec de grands troupeaux moins protégés que dans les siècles passés. Mais ceux qui disent cela sont généralement eux-mêmes les plus purs produits de notre société hyper-sécurisée où l’on est capable d’accuser le gouvernement d’incompétence lorsqu’il y a une chute de neige.
Les éleveurs français doivent se défendre d’importations de pays où l’on a radicalement fait le choix d’un pastoralisme de dimension industrielle.
Le retour du loup a surtout jeté un pavé dans la mare concernant la protection de la nature à laquelle tout le monde aujourd’hui se dit sensibilisé. Or il est évident que chacun, quelle que soit la force de ses convictions, doit faire à un moment un compromis. Certains l’assument, d’autres préfèrent nier les situations contradictoires dans lesquelles ils finissent par se trouver.
Accepter le retour du loup est une décision très grave qui nécessitait de changer la société en profondeur, ce qui n’a évidemment pas été le cas (et ce n’est pas prêt de le devenir). Par conséquence, ce sont les bergers et eux seuls qui subissent la venue du prédateur. A partir de là, le retour du loup était mal engagé car le programme d’indemnisation des dégâts n’est absolument pas une solution. Il constitue uniquement un faire-valoir et laisse à bien des éleveurs l’impression de se prostituer.
Les sciences humaines n’ont pas étés réellement consultées parce que pour bien des naturalistes, les sociologues et les ethnologues sont les scientifiques qui servent à convaincre les paysans.
Jusqu’il y a peu, le loup jouissait d’un statut de protection illimité, ceci étant dû au fait qu’on l’imagine trônant au sommet d’une biodiversité en forme de pyramide et dont il serait la pierre angulaire, le garant d’une nature se suffisant à elle-même dans laquelle l’homme ne devra plus intervenir. Le problème c’est que si la base est trop petite, on n’obtient plus une pyramide mais un trognon de pomme, un champignon atomique avec des grands prédateurs en équilibre instable et artificiel sur une tige rongée.
En Amérique du Nord, cette vision de la nature a pleinement sa place dans les très grands espaces laissés vierges. Mais aux USA ceci cohabite avec l’activité humaine la plus polluante et la plus consommatrice du monde. Les militants écologistes ne se rendent-ils pas compte du danger qu’il peut y avoir à mettre en avant un système ou le maïs transgénique s’arrête là où commence la nature sauvage ? Ceci est pourtant artificiel et si l’espace naturel n’est pas vraiment d’une taille suffisante, cette idée est néfaste car l’activité paysanne traditionnelle est un palier nécessaire pour l’équilibre d’une nature qui n’a pas toute son autonomie.
Cette idée très monolithique d’un grand prédateur, roi des animaux, trônant sur sa pyramide et indispensable à une nature hiérarchisée autour de lui est un leurre. Les espèces indispensables à la préservation de la nature sont des espèces discrètes et fragiles. Les efforts consentis pour préserver de telles espèces sont favorables aux autres, à la préservation de la nature en général. Le loup par contre est en passe de devenir une de ces espèces dite envahissante.
L’espace des bergers
Le pastoralisme ovin extensif, en Europe, se pratique dans les espaces qui se situent à la limite entre les lieux d’activité humaine intense et la forêt idéalement sauvage. J’appellerais donc cela la « marge ».
Il n’est jamais très facile d’être un marginal et de savoir se situer dans le monde, pourtant je prétends qu’il serait bien plus bénéfique que le reste du monde sache se situer par rapport à nous car la place qu’occupent les bergers est porteuse d’un é

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