Politique et indépendances africaines
132 pages
Français

Politique et indépendances africaines , livre ebook

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Description

Cet ouvrage entreprend de lire les "indépendances africaines" à travers le prisme de ses propres résultats politique, économique et culturel. Il y parvient en mobilisant la dynamique conceptuelle à l'oeuvre dans le discours philosophique. Ce qui est en jeu, c'est la capacité de l'Afrique noire à se refaire, à se recréer, en un mot, à se comporter autrement et différemment.

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Publié par
Date de parution 01 mai 2013
Nombre de lectures 31
EAN13 9782296535879
Langue Français

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Extrait

Coordonné par JeanRodrigueElisée EYENE MBA
POLITIQUE ET INDÉPENDANCES AFRICAINES
PHILOSOPHER EN AFRIQUE
Politique et indépendances africaines
Collection ‘‘Philosopher en Afrique’’ Créée et dirigée par Jean-Rodrigue-Elisée EYENE MBA
En proie à des conflits ethniques croissants, au recul des droits de l’homme et aux impasses économiques, dans un contexte où l’Europe et l’Amérique du nord redéfinissent leurs programmes universitaires, politiques, économiques, sociales et stratégiques pour mieux s’affirmer dans le monde, l’Afrique a plus que jamais besoin des réflexions, positions et propositions de ses philosophes, lettrés, intellectuels et universitaires. C’est à cette fin que voudrait répondre la présente collection, « philosopher en Afrique ». En Afrique, le besoin d’une conscience critique qui ne se satisfait d’aucune vérité établie, figée et abstraite, est de plus en plus nécessaire et urgent. Face à la demande accrue de la part des populations en quête de points de repères, de sens et de valeurs dans un monde hybride et soumis à l’emprise du capitalisme sans borne, comment ne pas nous interroger sur nous-mêmes, sur notre ouverture au monde qui nous entoure et sur le sens de cette ouverture ? Dans ce cadre, « philosopher en Afrique », c’est dire vers quels hori-zons voulons-nous pouvons-nous et devons-nous aller. Mais, précisément, c’est chercher des réponses à des questions suivantes : Comment les Afri-cains lisent-ils les philosophes européens et américains ? Quelles interpréta-tions donnent-ils des corpus de ces philosophes étudiés par des universitaires européens et américains ? Comment s’approprient-ils les dispositifs concep-tuels élaborés en Europe et en Amérique pour forger leurs propres juge-ments sur le devenir de l’Afrique, en particulier, et sur l’évolution du monde, en général ? Comment ajustent-ils les connaissances que leur offrent ces philosophes à leur compréhension du monde où ils vivent et questionnent leur style de vie ? Comment ajustent-ils la connaissance qu’ils ont d’eux-mêmes avec les systèmes ethnophilosophiques et les mouvements philoso-phico-littéraires fabriqués par leurs pairs ? Comment prennent-ils part aux débats sur la consolidation de la culture démocratique et des droits de l’homme dans leurs sociétés et dans le monde ? Comment pensent-ils le positionnement politique, économique, culturel et scientifique de leurs Etats dans la mondialisation ? Réfléchir à ces questions, dans le contexte de la présente collection, c’est, au total, vouloir revitaliser la fonction de la philosophie comme lieu au sein duquel et par lequel une culture et une nation prennent conscience de leurs propres limites et parviennent à discerner leurs ressorts de progrès, mais également pouvoir dévoiler les constances culturelles qui fondent l’évolution des sociétés post-traditionnelles, lesquelles constantes ne pour-ront être utiles qu’en étant également reconnues et adoptées comme telles par les acteurs politiques et sociaux.
Coordonné par Jean-Rodrigue-Elisée EYENE MBA
POLITIQUEET INDÉPENDANCES AFRICAINESL’Harmattan
Comité scientifique Bonaventure Mvé Ondo,Prof., Recteur honoraire de l’Université Omar Bongo, Vice-recteur honoraire, AUF, Directeur de l'Institut d'Afrique. Patrice Vermeren,Prof., UFR1, LLCP, Directeur du département de philosophie, Université Paris 8. Pierre Nzinzi,Prof., Recteur honoraire, Université Omar Bongo. Stéphane Douailler,Prof. UFR 1, LLCP, Université Paris 8. Paulin Hountondji, Prof., Département de philosophie, Université de Cotonou. Jean-François Kervégan,Prof. Directeur de NoSoPhi, Université Paris 1/Panthéon-Sorbonne, Institut Universitaire de France (chaire de philosophie de la normativité). Jacques Poulain,Prof. émérite, UFR1, LLCP, titulaire de la Chaire UNESCO de philosophie de la culture et des institutions, Université Paris 8. Fathi TrikiProf., Département de Philosophie, titulaire de la chaire UNESCO de philosophie pour le monde arabe, Université de Tunis. Marcelo Raffin,Prof., Université de Buenos Aires (Brésil).© L’Harmattan, 2013 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-336-30157-0 EAN : 9782336301570
Présentation Par Jean-Rodrigue-Elisée EYENE MBA Les études consacrées aux réalités politiques, juridiques et économiques de l’Afrique établissent clairement que, avant l’influence culturelle exercée par les Européens sur le conti-nent, les Africains avaient déjà su penser et mettre en place des appareils d’Etat bien structurés rationnellement et des procédures de justification du droit adaptées à leurs sociétés, et dont la perfection égalait les structures étatiques des mo-1 narchies européennes de l’ancien régime . Il ne fait pas alors de doute que la colonisation a aboli les ordres politiques et juridiques traditionnels et imposé aux sociétés africaines des modèles tout à fait nouveaux. De sorte que, durant son dé-ploiement, les Africains seront partagés entre le désir de revi-taliser l’ordre traditionnel et le désir mimétique d’assimiler le 1 Cf. Pierre-François Gonidec (dir.), Encyclopédie juridique de l’Afrique, tome1, Abidjan, Dakar et Lomé, Les Nouvelles Editions Africaines, 1982.
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nouvel ordre politico-juridique qui sonnait la supériorité du modèle culturel européen. Devant cette situation, les années 60 seront fortement célébrées par la conscience africaine comme lueur d’espoir et symbole d’émancipation politique et culturelle des peuples opprimés et aliénés. Elles semblent annoncer la marche des sociétés africaines vers la civilisation de la liberté et le déve-loppement moral et matériel. Mais, hélas ! Les temps qui ont suivi l’accession aux indépendances ont aussitôt entraîné un sentiment de scepticisme — toujours de mise aujourd’hui — quant à la capacité effective des Etats naissants à conduire leurs membres vers la civilisation de la liberté et le progrès. Paradoxalement, le soleil des indépendances, qui devait ame-ner les peuples à prendre en main leur destin, n’a pas été à la hauteur des espérances. Ainsi, aujourd’hui, plus de cin-quante ans après les temps des indépendances, l’Afrique demeure toujours assujettie politiquement, économiquement, juridiquement et culturellement. Ses Etats ne parviennent pas toujours à tirer profit de leurs atouts stratégiques pour affir-mer leur cohésion, leur capacité de résistance aux déforma-tions voulues par l’extérieur et pour se rendre capables de modifier positivement leur milieu vital. Pourtant, dans les années 90, une nouvelle vague d’espoir est née suite à l’universalisation de la démocratie libérale, consécutive à l’effondrement du bloc communiste en Europe de l’Est et à la chute du mur de Berlin. Malheureu-sement, les peuples africains, qui avaient accueilli avec en-thousiasme l’avènement de la démocratisation comme nou-velle chance pour l’Afrique de conquérir son indépendance, longtemps confisquée par un système d’asservis-sement poli-tique, économique et culturel rhizomique, se sont très vite désillusionnés. Car la démocratie exportée par la communau-té internationale répondait davantage aux désirs narcissiques et consommatoires des organisations financières internatio-nales, qu’aux besoins effectifs des Etats et des peuples afri-cains. A l’heure actuelle, il apparaît clairement que ni les
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temps des indépendances, ni la démocratisation des années 90 n’ont réussi à guérir cette Afrique-là assujettie, affamée, bloquée, marginalisée. Dans ce contexte, il apparaît nécessaire de lire les « in-dépendances africaines » à travers le prisme de ses propres résultats politique, économique et culturel pour en dégager le sens, les enjeux et les perspectives pratiques. Les auteurs de cet ouvrage y parviennent en mobilisant la dynamique con-ceptuelle à l’œuvre dans le discours philosophique. Laquelle permet de comprendre, par exemple, que l’équation du pro-grès des sociétés africaines contemporaines ne peut résider dans une soumission idéologique qui marquerait un renon-cement à l’exigence critique. Car si les Africains renoncent à réfléchir sur eux-mêmes et se croient tenus de disqualifier l’exigence critique en l’assimilant à quelque chose de super-flu, n’y a-t-il pas lieu de s’inquiéter ? Ainsi, l’apologie pure et simple de ce qu’on appelle dans les sociétés africaines con-temporaines « éducation », « citoyenneté », « démocratie », « émergence », « développement », etc… sans préciser les cri-tères que l’on retient relève de cette sorte de torpeur, de dé-mission théorique et de mimétisme naïf qui amplifient les blocages du continent. Dans le souci de se démarquer de cet esprit de démis-sion théorique et de mimétisme chaotique, le présent livre présente, sans contrainte d’organisation, quatre textes qui ont voulu soumettre les « indépendances africaines » à l’épreuve de la raison critique, dans le cadre de la célébration de la journée mondiale de la philosophie, du 17 novembre 2011. Tant il convient de préciser que, ici, la question des indépen-dances africaines est abordée librement par chaque auteur sans prétention à l’exhaustivité. Ainsi, dans sa contribution, «La démocratie en Afrique : une alternative au développement économique et social», Jean-Rodrigue-Elisée Eyene Mba tente d’établir que questionner les moyens les plus efficaces pour sortir l’Afrique des incerti-tudes politiques et économiques multiples conduit nécessai-
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rement à critiquer le renouvellement des formes autocra-tiques de gouvernement des affaires publiques qui s’effectue paradoxalement sous le couvert de la démocratie. Il souligne que la logique qui a guidé l’instauration de la démocratie en Afrique dans les années 90 n’était pas de nature à la guérir de la dépendance politique, économique et culturelle — c’est-à-dire du néocolonialisme impérialiste. Il pense à cet effet que les Etats africains francophones ne pourront entrer dans le royaume du développement tant rêvé par leurs populations qu’à deux conditions : 1°/ que les acteurs politiques contem-porains moralisent, au sens platonico-aristotélicien du terme, la politique ; et 2°/ que les Africains eux-mêmes se donnent des moyens performants pour conquérir leur souveraineté politique et économique.
Aussi, le texte de Thierry Ekogha, «L’Afrique à l’épreuve d’elle-même ou l’exigence d’une ré-expérimentation du différent», s’inscrit-il dans une perspective critique et autocri-tique d’un contient en crise d’invention culturelle. En effet, l’auteur montre clairement que, au sujet de l’Afrique noire, se pose toujours la question de sa capacité à serefaireà se ou recréer, en un mot, à être autrement et différente. Or cela in-duit l’exigence d’être en rupture avec elle-même, rupture qui ne sera fondatrice de quelque chose de nouveau que si elle donne accès, par la pensée en acte et par l’aptitude à l’innovation et à la souveraineté, à un idéal : celui d’une Afriqueautre qui aura en finsuetpurepenser elle-même se en confrontation avec le différent, c’est-à-dire l’Autre. Il s’agit d’envisager l’Afrique comme énième possibilité de créer sa liberté, inscrite dans unemodernitéelle se serait enfin dont appropriée le sens parce qu’elle l’aura éprouvée comme fruit de sa construction.
Quant à la réflexion de Roland Rodrigue Moutoumbou Ndjoungui, «Autour de la pitié : approche nietzschéenne de la question humanitaire et des Indépendances africaines», elle doit être vue comme effort philosophique de lire la question de l’aide au développement à travers le prisme du paradigme de
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la déconstruction du philosophe allemand F. Nietzsche. Tant le but de l’auteur n’est pas de convoquer Nietzsche à des fins d’esthétisation du discours mais de saper les concepts d’humanité, d’humanisme et d’humanitaire structurant les politiques d’aide des organisations internationales. Cela le conduit à soumettre à l’épreuve de la critique la vertu de la pitié, la solidarité internationale, la charité et la sympathie, considérées comme leitmotiv moral des actions des orga-nismes humanitaires, en particuliers les O.N.G. Il y a là une démarche qui fait jouer les concepts nietzschéens comme outils épistémologiques pour critiquer la nature et les effets de l’aide, transfigurée en assistanat, des anciens colonisateurs sur la conscience africaine et son autonomisation. Enfin, dans «Chronique du masque Galoa : la construction médiatique de l’ethnopolitique», Charles Philippe Assembe Ela saisit la controverse médiatico-politique qui a entouré un objet d’art traditionnel gabonais, le masque Galoa, pour montrer qu’une des faiblesses de l’Etat néocolonial est que des groupes sociaux hétérogènes qu’il est censé contrôler échappent à son pouvoir, à son appareillage institutionnel. Son objectif est d’interroger — à l’aide du concept deleuzien de « machine de guerre » - les modes de rivalités auxquels se livrent les sociétés traditionnelles et modernes, non en termes d’affrontement de l’ancien et du nouveau, mais plutôt comme des rituels — c’est-à-dire des « dispositifs » - de résis-tance, de conservation et de cohésion des groupes contre la pression et la dissolution.
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