Pouvoir monarchique et changements politiques dans le Noun (Cameroun)
334 pages
Français

Pouvoir monarchique et changements politiques dans le Noun (Cameroun) , livre ebook

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334 pages
Français

Description

Dans la société bamoun de l'oralité, les mots ont un pouvoir. Les classes dominantes ont compris que la suprématie durable repose sur le pouvoir magique des mots, tandis que les classes dominées ont puisé dans leur tréfonds culturel des stratégies multiples pour promouvoir la culture du débat contradictoire en pays bamoun. Cette dynamique de lutte des gouvernés a entraîné des bouleversements sociaux, des mutations précises et des altérations de comportement.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2013
Nombre de lectures 31
EAN13 9782296530980
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

34 € ISBN: 978-2-336-00935-3
Oumarou Njoya
POUVOIR MONARCHIQUE ET CHANGEMENTS POLITIQUES DANS LE NOUN (CAMEROUN)
Pouvoir monarchique et changements politiques dans le Noun (Cameroun)
Oumarou NjoyaPouvoir monarchique et changements politiques dans le Noun (Cameroun)
Préface d’Adamou Ndam Njoya
© L’Harmattan, 2013 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-336-00935-3 EAN : 9782336009353
Les êtres ne vivent pas uniquement dans le monde des activités sociales tel qu’on se le représente habituellement, mais ils sont en grande partie conditionnés par la langue particulière qui est devenue le moyen d’expression de leur société. Il est tout à fait erroné de croire qu’on s’adapte à la langue, et que celle-ci n’est qu’un moyen accessoire pour résoudre des problèmes spécifiques de communication ou de réflexion ; la vérité est que « le monde réel » est dans une large mesure édifié inconsciemment sur les habitudes de 1 langage du groupe . Dans toute société, c’est le groupe dominant qui a le plus de choses à cacher sur le vrai fonctionnement de la société. C’est pour cela que, très souvent, les analyses honnêtes sont marquées au coin de la critique, et apparaissent comme des accusations et non comme des 2 énoncés « objectifs » .
Tout comme le médecin se donne pour mission de guérir les malades qui viennent le consulter pour leur santé, l’anthropologue a une mission – une noble mission – à remplir : empêcher les frictions entre les hommes, faire reculer la violence dans les relations sociales, 3 préserver les droits et la dignité des groupes administrés .Soulignons-le avec force : l’avenir du développement en Afrique passe par la recherche scientifique. A cet égard, le chercheur africain, dans le domaine précis de son travail, est un acteur indispensable sur 4 lequel la société doit compter .
1 Edward Sapir cité par Benjamin Lee Whorf inLinguistique et anthropologie. Les origines de la sémiologie,Paris, Denoël, 1969, p.83. 2 Barrington Moore,Les origines sociales de la dictature et de la démocratie,Paris, Editions de la Découverte/Maspero, 1969, p.436. 3  John Embree cité par Roger Bastide in Anthropologie appliquée, Paris, Editions Payot, 1971, p.37. 4 Jean-Marc Ela,Innovations sociales et renaissance de l’Afrique Noire. Les défis du « Monde d’en-bas », Paris, Editions L’Harmattan, 1988, p.409.
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AVANT-PROPOS
La réflexion qui est au centre de la présente étude constitue une étape d’une vaste entreprise qui, complétée par des recherches sur l’ensemble de l’espace socioculturel et politique bamum, permettra de démontrer comment la manipulation idéologique du langage par les groupes dominants promeut la culture démocratique et son corollaire qu’est le développement dans la société bamum.
Dans le cas qui nous concerne, l’analyse de la manipulation idéologique du langage par les classes d’autorité bamum devait couvrir au préalable la période allant de l’accession du roi Njoya au trône de Nchare Yen en 1893, à 1931, année de son exil à Yaoundé par l’administration coloniale française. Mais, les évènements récents dans le royaume bamum nous ont conduit à l’étendre sur les processus de démocratisation en cours dans cette royauté africaine, depuis la libéralisation de l’espace politique au Cameroun en 1990 ; et surtout l’incendie de Nkindi, le grand tambour d’appel, symbole de l’unité du peuple bamum autour de son roi, par les catégories socialement défavorisées, le 24 septembre 1991.
Ce processus de démocratisation se situe à notre avis dans le prolongement de la politique amorcée dans les années 1916 par l’adversaire du sultan Njoya, le chrétien Mosé Yéyap qui, comme interprète et secrétaire de l’administration française, prit une position contre les prétentions du monarque à l’absolutisme et gagna l’appui de la puissance coloniale. La direction de cette dernière mit en place des chefs administratifs qui devaient leurs fonctions à une nomination et non à une tradition héréditaire.
L’étendue du champ d’investigation et les conditions dans lesquelles cette étude a été menée : difficultés de documentation, obstruction à différents niveaux, ont assigné les limites de ce champ d’étude. A cela, il faut ajouter dès le départ, notre éloignement de notre terrain de recherche.
Au fil d’une longue décennie d’enquêtes et de plusieurs mois de rédaction, nous avons accumulé des dettes de reconnaissance si grandes que nous sommes incapable d’en faire le bilan. Comment remercier tous ceux qui nous ont aidé ou encouragé, et invoquer leur
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bienveillance, assuré comme nous le sommes que ce modeste travail n’est qu’un résumé de tous les problèmes vécus ensemble, de toutes les préoccupations partagées ?
Si cette étude apporte quelques données à l’anthropologie et n’est pas trop infidèle à son esprit et sa méthode, c’est à ceux qui nous ont formé qu’elle en est redevable. Depuis les bancs de la faculté des lettres et sciences humaines de l’université de Yaoundé I au Cameroun, nos professeurs, messieurs Célestin Ngoura, Jean-Marc Ela, Jean-Pierre Warnier, Fabien Eboussi Boulaga, Jean-Pierre Ombollo, Meinrad Hebga, nous ont guidé de leurs exemples et de leurs conseils. Ils ont alimenté nos réflexions de leurs critiques et de leurs suggestions, ne nous ménageant jamais, lorsque nous étions en difficulté, leur chaleureuse vigilance.
C’est évidemment au Sénégal que nous avons laissé des dettes de reconnaissance les plus nombreuses. Nous n’oublions pas que c’est à la bibliothèque du Bureau régional de l’Unesco à Dakar (BREDA) que nous avons approfondi l’analyse de la corrélation qui existe entre la démocratie et le développement ; nous n’avons cessé de trouver le plus cordial accueil auprès de l’infatigable personnel de ce centre.
C’est durant les années que nous avons passées à l’université Gaston Berger de Saint-Louis que nous avons multiplié nos lectures et approfondi cette thèse. Envers tous ceux qui nous y ont appelé, épaulé ou entouré, nous gardons une reconnaissance toute particulière. Et en premier à la famille Chimoun. Nous n’oublions pas l’accueil chaleureux qui nous y a été réservé. Faute de pouvoir nommer tous les enseignants et documentalistes qui nous ont aidé, soit dans l’exercice de leurs charges administratives, soit en s’intéressant à tel ou tel aspect de note étude, la communauté de nos préoccupations et de nos
conditions de travail nous autorise à évoquer la féconde collaboration de mesdames Awa Cissé Diouf, Odile Ndoumbé Faye, Djeumb Wilane, Aminata Diaw Diop, Mama Mint, Khadiatou Ndiaye, Fall, Saraw Fall Diop, Seynabou Diop Ndiaye, Catherine Basse et de messieurs Amadou Lamine Ndoye et Ibrahima Koné. La curiosité d’esprit et les questions passionnées de beaucoup de nos camarades ont été souvent pour nous un précieux stimulant. Nous citerons : Ousmane Cissé et Amadou Badji.
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Ce sont les Bamum eux-mêmes qui nous ont mis en mesure d’écrire cette thèse. D’abord parce qu’ils nous ont permis de travailler dans un climat de sympathie spontanée, indispensable, à nos yeux, à toute recherche en sciences sociales. Du feu Sa Majesté le roi Njimoluh Seïdou au plus modeste paysan bamum, nos milliers d’interlocuteurs nous ont toujours fait bénéficier d’un accueil et d’un sens du dialogue d’une qualité exemplaire. Et comment évoquer sans émotion l’extraordinaire hospitalité, qu’au terme de journées harassantes, nous étions sûr de trouver dans n’importe quel village, que ce soit dans la maison du chef de village, ou dans celle d’un évangéliste, d’un pasteur ou d’un imam ou sous la chaumière du plus humble paysan de Mâpou ? Comment exprimer aussi notre pensée fidèle à tous les campagnards qui nous ont fait bénéficier de leurs connaissances et souvent de leur accueil : chefs coutumiers, administrateurs, responsables de partis politiques, missionnaires, imams, si nous n’avons pas ce que nous devons à beaucoup d’entre eux ?
Mais la substance même de cette thèse, ce sont les Bamum de toutes les classes sociales qui nous l’ont donnée. De la connaissance de la végétation à celle des structures sociales, de l’explication des modes de production à celle de leurs structures mentales, ce sont eux, notables expérimentés qui nous ont tout appris. Comment effacer l’anonymat de cet hommage collectif ? Sans doute en le rapportant sur les noms des premiers sociologues bamum : le roi Ibrahim Njoya (1952), Claude Tardits (1980) et Joseph Fochivé (1983). Nous ne saurions dire quel enrichissement nous avons retiré de la lecture de leurs ouvrages sur les Bamum. Sur le plan méthodologique et théorique, la réalisation de cette étude n’a été rendue possible que grâce aux conseils et encouragements de messieurs les professeurs Gora Mbodj et Mbaya Mawéja qui ont bien voulu accepter d’en assurer la co-direction. L’exhortation à la réflexion et à la recherche de ces savants hommes nous a permis de cerner davantage l’influence de la manipulation idéologique du langage sur la promotion de la culture démocratique et du développement dans la société bamum. Je veux également dire toute la gratitude que j’éprouve à l’égard de :
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