Qu’elles étaient noires ses jolies dents
240 pages
Français

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Qu’elles étaient noires ses jolies dents , livre ebook

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Description

« Impossible n’est pas français », avait coutume de dire Napoléon quand on discutait ses plans. Pourtant, ce qu’il demande à Decrès, son ministre de la Marine et des Colonies, relève incontestablement du rêve : envoyer par mer une division, soit dix mille soldats, à Java, cette belle colonie qu’il a acquise en annexant la Hollande à l’Empire en 1810. Ignore-t-il que la flotte britannique domine toutes les mers du globe et que la marine française est exsangue après Aboukir et Trafalgar ?

Comme on ne désobéit pas à l’Empereur, le très roué amiral Decrès monte une expédition qui n’est qu’un leurre mais qui pourrait, à l’occasion, servir ses intérêts. Quand les rapports atteindront Paris, Napoléon, accaparé par l’organisation de la Grande Armée à l'assaut de la Russie, mit une sourdine à ses ambitions extrême-orientales.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 09 septembre 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332763792
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-76377-8

© Edilivre, 2014

Souvent les gens ne veulent pas voir ou entendre la vérité parce qu’ils ne veulent pas que leurs illusions soient détruites.
Friedrich Nietzsche
Préface de l’auteur
– L’Indonésie a été une colonie française…
Ma curiosité avait été attisée lorsque Jacques Bailly, banquier français établi de longue date en Indonésie – il était même le doyen de la communauté française –, nous invita, ma femme et moi, à un dîner de bienvenue. Nous venions d’arriver à Jakarta et nous avions trouvé fort sympathique cette invitation en compagnie de quelques « anciens » qui avaient fait leur trou dans cet archipel encore bien instable et surtout méconnu. Certes, en 1990, le président Suharto y régnait depuis quelque quinze ans et l’ordre, incontestablement, avait été rétabli. N’appelait-on pas ce régime l’Ordre nouveau ? Les Indonésiens dans cette appellation n’y décelaient aucune connotation politique particulière si ce n’était qu’après le coup d’État de 1965, les « communistes » y avaient été pourchassés non sans rudesse. Ce régime, tenu par un ancien général souriant et aux propos mesurés, paraissait solide. Il est vrai cependant qu’il s’agissait d’une dictature. Une dictature plutôt mollassonne aux yeux d’un étranger qui débarquait sans connaissance de l’histoire récente. Le système cherchait avant tout à développer l’économie.
En 1990, les rares opposants sérieux au régime étaient des intellectuels qui reprochaient au chef de l’État moins l’absence de démocratie au sens occidental du terme que son manque personnel de culture. Pour ces activistes couverts de diplômes, souvent en provenance d’universités étrangères, Suharto n’était qu’un rustre mal dégrossi (issu d’une famille de paysans, il avait été sergent dans l’armée coloniale hollandaise, puis avait pris du galon dans la milice organisée par les Japonais de 1942 à 1945, pour assumer ensuite des commandements dans l’armée de la République. Des postes de haut niveau mais mal payés). D’autres ne supportaient pas qu’il favorisât les milieux chinois, habiles, ingénieux et pourvoyeurs de pots-de-vin. Certains enfin n’admettaient pas que son épouse et ses enfants fussent systématiquement associés aux grands contrats passés par l’État, moyennant rémunérations, bien entendu. L’Occident pour sa part était accommodant, trop heureux de pouvoir investir dans cet archipel pacifié. Suharto était devenu le « sage » de l’Asie. D’une Asie du Sud-Est devenue stable et ne pensant qu’à se développer et à s’enrichir.
Que m’avait dit encore monsieur Bailly ?
– Sur mes listings, j’ai des patronymes qui sont très proches de noms français…
Dans ma coupe de champagne, les bulles faisaient la course pour aller éclater à la surface.
– Ce sont sans doute des hommes d’affaires français qui se sont installés ici et qui ont fait souche , dis-je, vaguement perplexe.
– Pas du tout , me répondit-il avec force. Ce sont des descendants de soldats et d’officiers français, venus ici en 1800 et quelques.
Il parvint à me glisser, avant d’être happé par ses hôtes :
– Peu de gens savent que le drapeau français a flotté sur l’hôtel de ville pendant…
Trop tard. Les invités avaient pris place autour d’une grande table rectangulaire. Je fis les frais d’une conversation avec une dame dont le mari était dans l’immobilier. Elle me disait qu’il fallait être vigilant avec le petit personnel. J’opinai du chef puis oubliai cette histoire de militaires napoléoniens.
Plusieurs mois plus tard, à l’occasion d’un autre dîner, j’eus la chance d’être assis près de Jean Tranié. Il était, lui aussi, à la tête d’une banque française établie à Jakarta mais, manifestement, sa passion n’était moins l’épargne à terme de ses clients que – même s’il ne s’en épanchait pas – l’œuvre de Napoléon Bonaparte. Tous ses loisirs, il les consacrait à la rédaction de livres consacrés à l’épopée. Passionné et sérieux, il était publié (et, lorsqu’il était en France, fréquemment invité à la radio et à la télévision). Bien qu’affable, il était du genre taiseux. Redoutait-il de paraître pédant ou bien d’être en porte-à-faux avec son Empereur dans un milieu où les conversations roulaient souvent sur les maladresses de la cuisinière ou sur l’honnêteté suspecte du chauffeur ?
– Franco-Hollandais et Anglais se sont étripés à Meester Cornelis et les troupes de Janssens ont dû refluer. La dernière partie s’est jouée à Semarang, me dit-il à l’apéritif.
Je n’en obtenais pas plus. Autour de la table, les propos sur la mauvaise volonté supposée du petit personnel indonésien, comme à l’accoutumée, avaient pris le dessus. À Paris, quelques années plus tard, il m’offrit un de ses livres : Napoléon et l’Angleterre (publié par les éditions Pygmalion). L’épisode javanais avec l’invasion des Britanniques et la défaite française y était mentionné.
Les années passèrent. Messieurs Bailly et Tranié étaient hélas décédés. Devenu consultant, j’eus l’occasion de revenir à Jakarta. J’avais eu le temps en France de fouiller des archives et surtout de trouver le livre du chercheur belge Octave Collet sur L’île de Java sous la domination française 1 . Cet historien avait étudié les visées de la France aux Indes orientales puis néerlandaises. Il s’était longuement penché sur la période 1808-1811 et plus particulièrement sur la défaite française causée par un corps expéditionnaire britannique motivé et bien organisé. Bilingue, il avait épluché les archives hollandaises et françaises et son étude était très convaincante.
Finalement, par un après-midi de janvier 2005, je me fis déposer à la jalan (rue) Palmériam, dans le quartier de Jatinegara (qu’on appelait avant l’indépendance Meester-Cornelis) et m’enfonçant dans les ruelles, j’entrepris de découvrir les limites du camp retranché où s’était déroulée la bataille décisive qui avait permis aux Anglais de prendre le pouvoir sur la colonie.
Avec, à la main, le plan dressé par le général duc Bernard de Saxe-Weimar-Eisenach 2 , je longeais le canal Selokan, bordé de maisonnettes ou plutôt de cabanons au confort sommaire. Là se trouvait la limite est du camp. Je sentais dans mon dos les regards des habitants des lieux peu habitués de voir un « bulé » (Occidental) se promener dans leur kampung (quartier) à tout le moins déshérité. Brusquement, je me retrouvai en face d’une maison visiblement ancienne. Au regard de la carte, elle me parut construite à l’emplacement d’un de ces bastions bardés de canons qui flanquaient le camp retranché des Franco-Hollandais. En effet, le soubassement de ces ouvrages avait été aplani et compacté par les artilleurs et garantissait par la suite de solides fondations.
Un jeune homme d’origine chinoise sortit de la maison qui avait gardé des décorations extérieures très style Empire, même si des lézardes en disaient long sur l’âge du gîte. Je lui expliquai les raisons de ma visite.
– Je pense que votre maison a été construite il doit y avoir deux siècles sur l’emplacement d’une des fortifications du camp, après la bataille qui …
– C’était Daendels qui commandait, m’interrompit-il. Surpris, je répondis :
– Non, son successeur, Janssens, le gouverneur général Janssens …
– Ah, oui, c’est cela, Janssens. Il y a eu des combats acharnés ici. Et une énorme explosion…
J’étais éberlué. Comment pouvait-il savoir tout cela ?
– Ma grand-mère est au courant. En 1940, elle avait été embauchée comme nounou par une famille hollandaise. En mars 1942, les Japonais ont envahi Java. Le père, la mère, les enfants ont été raflés et emmenés dans des camps de détention. Selon elle, précisa-t-il, les enfants étaient magnifiques. Ils avaient des yeux bleus, de beaux cheveux blonds. Elle ne les a jamais revus . Il s’arrêta puis reprit :
– Ma grand-mère garde toujours les lieux. On ne sait jamais, si les Hollandais revenaient. C’était à eux, cette maison…
C’est à ce moment qu’apparut sur le pas de la porte une vieille dame. Elle me fit l’impression de Lazare sortant du tombeau. De toute évidence, c’était bien elle la gardienne des lieux.
Après quelques mots de salutation, je la questionnai :
– Savez-vous qu’ici s’est déroulée une sanglante bataille ?
– Oui, je sais , me répondit-elle dans un souffle. Elle se retourna et de l’index me montra un arbre en boule qui se dressait au milieu de vieilles masures et de quelques bâtiments de verre et d’acier.
– C’est là-bas, près de l’arbre. Je les entends toutes les nuits, les soldats. Je ne comprends pas ce qu’ils disent. C’est de ce côté qu’a eu lieu l’explosion. Des morts, beaucoup de morts et des blessés… Leurs cris… Quelle horreur. Elle se tut. Le doigt décharné restait pointé dans la même direction.
J’avais orienté ma carte. Incroyable ! Le manguier désigné par la vieille Chinoise se trouvait précisément là où se trouvait le dépôt de munitions du camp retranché. Les soldats attaqués l’avaient fait exploser. Tous les récits de la bataille que j’avais retrouvés concordaient. Il faisait 35 degrés à l’ombre cet après-midi-là, mais une coulée de sueur froide s’était insinuée entre mes omoplates. De surprise et d’excitation.
* * *
Dès ce moment, j’ai voulu en savoir plus. Sur cette bataille, sur les soldats qui défendaient Java, sur les intentions de Napoléon, ici, dans cet archipel du bout du monde. Je me suis demandé pourquoi une place forte organisée par un de ses meilleurs généraux avait pu tomber si vite, sans résistance notable, à part l’explosion de la poudrière qui avait ralenti un moment les assaillants britanniques.
J’ai fini par me demander si la perte de Java n’avait pas été souhaitée, s’il n’y avait pas eu des manipulations dans les coulisses en haut lieu. La to

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