Religion, nation, citoyenneté en Grèce
322 pages
Français

Religion, nation, citoyenneté en Grèce , livre ebook

-

322 pages
Français

Description

En 2000, le gouvernement grec a aboli la mention confessionnelle sur les cartes d'identité, précipitant une confrontation théâtralisée entre l'Église orthodoxe et les socialistes. Comment éclairer la force mobilisatrice de l'Église orthodoxe, ses soutiens parmi la population, les politiques, les médias ? Cette affaire est représentative des tensions et des évolutions en cours (image de la nation et de la citoyenneté, liens entre majorité et minorités, posture de l'Etat face au religieux).

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2012
Nombre de lectures 27
EAN13 9782296499690
Langue Français
Poids de l'ouvrage 8 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Religion, nation, citoyenneté en Grèce L’Église orthodoxe et le conflit des cartes d’identité
Études grecques Collection dirigée par Renée-Paule Debaisieux Domaine grec moderne Joëlle DALÈGRE (dir),La Grèce inconnue d'aujourd'hui. De l'autre côté du miroir, 2011. Jean Antoine CARAVOLAS,Jules David et les études grecques (1783-1854), 2009. Isabelle DEPRET,Eglise orthodoxe et histoire en Grèce contemporaine. Versions officielles et controverses historiographiques, 2009. Jean-Luc CHIAPPONE,Le Mouvement moderniste de Thessalonique 1932-1939, 2009. Yannis MARIS,Quatuor, nouvelles policières grecques,traduit du grec et présenté par Geneviève Puig-Dorignac. Jean-Luc CHIAPPONE,Le mouvement moderniste de Thessalonique (1932-1939). Tome 1 : Figures de l’intimisme. Périklis YANNOPOULOS,La Ligne grecque, la couleur grecque, traduit et annoté par Marc Terrades. Joëlle DALEGRE,La Grèce depuis 1940. Martine BREUILLOT,Châteaux oubliés. Ioannis KONDYLAKIS,Premier amour et autres nouvelles, présentation et trad. par Vassiliki et Pierre Coavoux. Constantin CHATZOPOULOS,Deux femmes (Traduit et commenté par Nicole Le Bris). Grégoire PALEOLOGUE,Le peintre. Ion DRAGOUMIS,Samothrace,présentation et trad. M. Terrades. Edmont ABOUT,La Grèce contemporaine, 1854,présentée et réédition annotée par J. Tucoo-Chala. Venetia BALTA,Problèmes d’identité dans la prose grecque contemporaine de la migration. Paul CALLIGAS,Thanos Vlécas,présentation et trad. R.-P. Debaisieux. Paul CALLIGAS,Des prisons,présentation et trad. R.-P. Debaisieux. Constantin CHATZOPOULOS,Dans l’obscurité et autres nouvelles. Constantin CHATZOPOULOS,Automne. Jean-Luc CHIAPPONE,Le récit grec desLettres Nouvelles,« Quelque chose de déplacé… ». Paul CALLIGAS,Réflexions historiographiques, présentation et trad. R.-P. Debaisieux. Joëlle DALEGRE,La Thrace grecque, populations et territoire. Joëlle DALEGRE,Grecs et Ottomans, 1453-1923, de la chute de Constantinople à la disparition de l’Empire Ottoman. Paul CALLIGAS,Voyage à Syros, à Smyrne et à Constantinople.
Isabelle Dépret Religion, nation, citoyenneté en Grèce L’Église orthodoxe et le conflit des cartes d’identité
© L'Harmattan, 20125-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Parishttp://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-99259-7 EAN : 9782296992597
Remerciements Je voudrais remercier toutes celles, tous ceux qui ont contribué, d'une manière ou d'une autre, à cette publication. Parmi ceux-ci, ma pensée va en premier lieu à Pierre Milza, mon directeur de recherche, dont le soutien constant et les encouragements ont été décisifs ; à Sia Anagnostopoulou, Elisabeth Prodromou, Efi Gazi, Angeliki Konstantakopoulou, dont l'ouverture d'esprit, les remarques, les idées ont nourri ma réflexion ; à Dominique Mulliez, qui m'a engagée à publier ce travail ; aux bibliothécaires et au service informatique, à l'ensemble du personnel de l’École française d’Athènes ; à Mayel de Borniol, Hélène Wurmser ; à Suzanne Hanon, de l’Université libre de Bruxelles pour sa relecture précieuse. J'exprime bien sûr ma gratitude envers ceux qui ont permis ou facilité mes recherches : les bibliothécaires du Synode de l'Église orthodoxe de Grèce ; Georges Printzipas ; le métropolite orthodoxe de Ioannina, Mgr Theoklitos, les responsables des archives de cette métropole ; le Patriarche grec orthodoxe de Constantinople, Mgr Bartholomaios ; le service des archives et les responsables de la bibliothèque du Patriarcat, à Istanbul, avec une mention particulière pour le père Nikolaos Petropellis et Georges Benlisoy ; l'archevêché orthodoxe d'Athènes ; le personnel des archives du Ministère des Affaires étrangères hellénique ; les responsables des archives de la presse hellénique, de la bibliothèque du Parlement et de l'ancien Parlement, de la bibliothèque Gennadeios d'Athènes ; la Fondation Nationale de la Recherche et le Centre d'Études Néohelléniques (KNE-EIE) ; Evangelia Balta ; l'Institut français d'études anatoliennes. Les discussions avec Iannis Konidaris, Spyros Troïanos, Savvas Agouridis, Théodoros Kontidis, Maria Papoutsaki, Thomas Tatsis, Thanos Lipowatz, Paschalis Kitromilidis ont été précieuses. L'équipe de l'Agence France Presse d'Athènes m'a ouvert ses archives ; Didier Kunz, Catherine Boitard, Rhéa Sourmeli m'ont incitée, avec beaucoup de gentillesse, à poursuivre ce travail, sur un sujet sensible. Je remercie également l'Université d'Athènes, les départements d'Histoire, d'Administration et de Science politique, Marlena Logothetis ; l'équipe Ios du journal Eleftherotypia et tout
particulièrement Tassos Kostopoulos, avec lequel j'ai eu des échanges fructueux. Je n'oublie pas l'appui et la gentillesse de Marc Lazar, de Gilles Pécout, de Jean-François Sirinelli, du Centre d'Histoire de l'Institut d'Études Politiques de Paris, de Nadine Dada, des chercheurs du Centre d'Étude Interdisciplinaire des Faits Religieux (CEIFR/CNRS), de Meropi Anastassiadou. Je remercie, enfin, mes amis et mes parents, qui m'ont soutenue dans ce parcours. Ce travail, un aspect de ma thèse de doctorat, ne fut qu’un premier pas dans la recherche. J’espère avoir l’occasion d’examiner et de manière plus fine et approfondie ces questions qui me passionnent : histoire moderne et contemporaine en espace post-ottoman ; relations entre groupes religieux, articulations entre religions et politique, histoire et mémoires dans le Sud-Est européen.
INTRODUCTION
« [...] l’Orthodoxie a offert à notre Nation trois services fondamentaux, inestimables [...]. Le premier fut celui de donner à notre Peuple la conscience de lui-même, le sens de son identité. [...]
L’existence de notre peuple, qui s’est maintenu intact tout au long de son histoire, sans corruptiond’origine étrangère, qui a dressé une muraille de Chine invisible et infranchissable devant les influences étrangères, qui a vigoureusement conservé sa mémoire historique, tout ceci est fondamentalement redevable à notre Orthodoxie.
Si les Turcs avaient régné dix ans en France, on n’y aurait 1 plus trouvé de chrétiens, a écrit Cyrille Loukaris . Chez nous, au contraire, quatre cents ans d’esclavage n’ont pas suffi à détourner le lit du fleuve de notre tradition nationale ; de sorte que 2 K. Paparrigopoulos a pu, à juste titre, souligner que la nation de 1821 était restée celle de 1453, sans aucun changement. Jusqu’à aujourd’hui, les principes orthodoxes de notre tradition sont les principes qui imprègnent en profondeur notre vie, nous relient, de façon dynamique au passé, nous donnent le sens des étapes successives traversées par notre nation, sans disparaître et sans s’aliéner [...]. L’islamisation et la latinisation ne furent pas simplement des crimes d’apostasie contre la foi orthodoxe, elles furent simultanément une trahison contre la patrie, qui équivalait pratiquement à un suicide. Assurément, dans la conscience de la
1  Cyrille Loukaris (1572-1638) fut un théologien orthodoxe et un haut dignitaire ecclésiastique d’origine crétoise, une région alors sous souveraineté vénitienne. Il fut Patriarche d’Alexandrie et de Constantinople. Promoteur d’échanges avec le protestantisme -spécialement le calvinisme - il s’est efforcé d’impulser une réforme ecclésiastique, dans une logique d’opposition à l’Église catholique romaine. Contesté au sein de sa propre confession orthodoxe, il est mort assassiné. 2 Konstantinos Paparrigopoulos (1815-1891) est considéré comme le père de l’historiographie nationale grecque moderne. Né à Constantinople, il émigre à Odessa après les révoltes grecques de 1821, poursuit des études en France et en Allemagne. En 1851 - et après avoir été nommé au ministère de la justice en Grèce - il devient professeur d’histoire à l’Université d’Athènes. Il est l’auteur d’une monumentaleHistoire de la nation grecque, en plusieurs volumes. DIMARASK.,para"oPitnvtsnaKwn".loouvpgorhΗεποχήτουηζωήτου,τοέργοτου,Athènes, MIET, 1986.
9
Nation, il y avait l’idée que quiconque cessait d’être orthodoxe, cessait simultanément, d’être Grec.
Le deuxième grand service rendu par l’Orthodoxie à la Nation fut la garantie de l’unité, même lorsque tout support étatique eut disparu [...]. Le troisième apport [...], enfin, fut l’équipement spirituel de notre Peuple, sa bonne orientation et ses bases solides autour de la conception droite de Dieu, de l’homme et du 3 monde [...]» .
Comment les religions s'adaptent-elles aux recompositions e marquant le début duXXI? Le processus prévalent est-il celui siècle 4 d'une sécularisation, d'une séparation du politique et du religieux , voire d'une marginalisation du religieux dans la vie de la cité ? Si le principe d'une dissociation entre religieux et politique se pose 5 aujourd’hui, dans plusieurs pays, comme un gage de liberté , leur 6 union fut particulièrement fréquente dans l'histoire . La conception d'une démarcation claire entre ces deux sphères ne constitue donc pas une donnée naturelle : elle est plutôt le fruit d’évolutions sociohistoriques, au demeurant toujours réversibles. Dans son ouvrage Empereur et prêtre. Étude sur le « césaropapisme » byzantin, Gilbert Dagron rappelle à quel pointla séparation entre l’Église et 7 l’État ne correspond qu’à un type d’agencement parmi d’autres . La construction d'une Europe élargie, le regard ambivalent des peuples européens sur la Turquie, l'apparition de nouveaux mouvements religieux, la persistance de conflits incluant une dimension confessionnelle : ces évolutions placent la question des articulations entre religieux et politique au cœur de problématiques actuelles - et notamment sur le continent européen.
3 Extrait du discours du métropolite de Dimitrias CHRISTODOULOS,Ekivaklhs(15 mars 1980), p. 105-107. 4  La sécularisation étant envisagée davantage comme un phénomène sociétal, la laïcité étant pour sa part, un principe politique, celui d’une forme de séparation entre l’État et le religieux. M. BARBIER,La laïcité,Paris, l’Harmattan, 2000. 5e e R. REMOND,Religion et société en Europe. La sécularisation auxXIXetXXsiècles. 1780-re 2000, Paris, Seuil, 2001 (1 éd. 1998), p. 13. 6  I. KONIDARIS,Egceirivdio Ekklhsiastikouv Dikaivou,Athènes, Sakkoulas 2000, p. 65-72. Pour le théoricien du politique Carl Schmitt, dans un ouvrage publié en 1922, la plupart des concepts de la théorie moderne de l’État seraient des notions issues de la théologie. re C. SCHMITT,Théologie politiqueéd. 1922). Ce juriste s’est rallié, Paris, Gallimard, 1988 (1 dans les années 1930 au parti nazi allemand. 7 G. DAGRON,Empereur et prêtre. Étude sur le ‘ césaropapisme ’ byzantin,Paris, Gallimard, 1996.
10
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents