Terrorisme et communication de crise
308 pages
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Terrorisme et communication de crise , livre ebook

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Description

Ottawa, Paris, Bamako, Bruxelles, Boston, Istanbul, Londres, Nairobi, Madrid, Oslo, les villes victimes d'attentats terroristes se multiplient. Après la stupeur et l'émoi, les populations sont en quête de sens pour interpréter l'irruption de l'étrange dans leur quotidien. Partant du cas de la fusillade au Parlement d'Ottawa le 22 octobre 2014, le présent ouvrage évalue la place de la communication dans la compréhension et la gestion d'un acte terroriste. Il dissèque la confection et la dissémination de messages stratégiques par les fonctionnaires et les hommes politiques à travers divers médias, puis en déduit des concepts et théories opératoires. Mieux qu'une simple étude de cas, ce livre confronte les conceptions sur les crises, la communication qui en découle et les réalités empiriques d'un acte terroriste. Au final, il offre une contribution fondamentale à un débat traversant de nombreuses sociétés, à savoir la dialectique entre la liberté et la sécurité dans un contexte où le terrorisme comme forme de violence asymétrique reste une menace permanente.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 septembre 2016
Nombre de lectures 16
EAN13 9782342055252
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0049€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Terrorisme et communication de crise
Serge Banyongen
Connaissances & Savoirs

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Connaissances & Savoirs
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Terrorisme et communication de crise
 
Chapitre I. Introduction : les faits et approches épistémologiques
I. Trame séquentielle des évènements
Dans la ville d’Ottawa, capitale fédérale du Canada, la place où est érigé le monument commémoratif des anciens combattants est centrale. Positionnée au début de la rue Wellington, au centre de trois grandes routes urbaines que sont les rues Rideau, Elgin et surtout le pont Mackenzie, la stèle représentant l’effort des soldats canadiens dans diverses guerres est aussi visible qu’un nez sur la figure de la capitale fédérale. Autour de ce monument circulent chaque jour quelques 4 000 autobus. La majorité des autobus de la compagnie de transport de la ville OC Transpo et ceux de la compagnie de la ville jumelle de Gatineau, la Société des transports de l’Outaouais (STO), déversent quotidiennement quelques 200 000 personnes dans cette zone. C’est là que le 22 octobre 2014, Michael Zehaf-Bibeau, un jeune homme de 32 ans a tiré sur le caporal Nathan Cirillo, 24 ans, déclenchant ainsi une crise que ce livre raconte et analyse du point de vue de la communication. Le livre a ainsi pour objectif de jauger la contribution de la communication à la gestion de cette crise. Il part du postulat que la communication constitue l’élément principal de la résolution de toute crise pour évaluer la dynamique communicationnelle autour de cet incident.
Ce premier chapitre introductif retrace le fil des évènements du 22 octobre 2014, telles les images fournies autant par les médias traditionnels et sociaux que par les journalistes citoyens qui les ont relayées.
Il est 9h52 ce matin du 22 octobre 2014 quand Michael Zehaf-Bibeau stoppe en pleine rue un véhicule de marque Toyota Corolla sans plaques d’immatriculation. Il prend sur le siège passager un objet long qui y était posé. Il s’agit d’une carabine à levier. Il sort de son véhicule et court en direction du monument commémoratif de guerre. Le jeune trentenaire porte un keffieh palestinien qui lui cache le visage comme révélé par une photo prise par un touriste français du nom de Jean-Pierre 1 . Il tire trois balles dans le dos du caporal Nathan Cirillo qui monte la garde d’honneur au pied du monument commémoratif de la guerre. Il essaie également d’atteindre l’autre militaire qui monte la garde, en vain. Ce dernier a le temps de se réfugier derrière la statue. À ce moment-là, le regard du tueur croise celui du touriste français, Jean-Pierre, en train de le filmer. Il l’aurait alors regardé droit dans les yeux, levé son arme et crié : « C’est pour l’Irak » 2 . Zehaf-Bibeau prend ensuite la fuite en direction de l’entrée sud du Parlement, son arme d’épaule à la main. Il pointe cette arme sur la voiture de service de la ministre Michelle Rempel, ministre d’État chargée du développement économique de l’Ouest canadien de l’époque. Le chauffeur de celle-ci abandonne le véhicule et prend ses jambes à son cou. À cet instant, alertés par un appel placé au centre d’appels d’urgence 9-1-1, les éléments de la police d’Ottawa et de l’escouade tactique de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) arrivent sur les lieux. Le tireur entre alors dans la voiture de la ministre et la conduit jusqu’au bloc central des différentes tours du Parlement canadien. Un gardien en faction, Sam Randson, essaie de l’empêcher d’y entrer. L’assaillant tire une balle dans sa direction qui ricoche sur le sol et atteint le garde à la jambe. Il pointe ensuite son arme sur la poitrine d’un autre gardien sans appuyer sur la gâchette, selon le rapport de la police provinciale de l’Ontario sur cet évènement. Le forcené enjambe alors les escaliers et se retrouve au premier niveau. Il fonce dans le hall d’honneur du Parlement en courant vers la bibliothèque. Là il fait face à trois agents de sécurité du Parlement, dont l’un, le caporal Maxime Malo, tire à 5 reprises dans sa direction sans le toucher. Zehaf-Bibeau fonce alors sur lui, tire et rate sa cible malgré la proximité. C’est alors qu’un autre agent, Louis Letourneau, dégaine et tire 15 coups vers l’assaillant ne l’atteignant qu’une seule fois. Touché, celui-ci traverse quand même dans une chevauchée folle les bureaux où le Premier ministre Stephen Harper se trouve en réunion avec une bonne partie de son caucus 3 et des membres de son personnel. Le tireur dépasse en courant les locaux où sont regroupés les membres du caucus de l’opposition officielle et leur leader. Le jeune homme continue sur sa lancée jusqu’où bout du long couloir et se cache, selon les témoignages, derrière une colonne. Il s’ensuit alors une scène incroyable où une douzaine d’officiers espacés les uns des autres d’un à deux mètres tirent à vue au moins une cinquantaine de coups de feu en direction de l’endroit où se trouve l’assaillant. La scène est assez impressionnante et c’est tout bonnement un miracle si la situation n’a pas tourné au carnage puisque sur les images on voit plusieurs personnes armées tirant sur une cible invisible. Pas besoin cependant d’être un expert en maniement d’armes pour comprendre les dégâts qu’un projectile perdu aurait pu causer, soit pour les policiers ou les civils qui étaient présents. C’est dans ce brouhaha que le sergent d’armes du Parlement, Kevin Vickers, sort de son bureau un pistolet automatique à la main. Sur ces entrefaites il se glisse, toujours selon le rapport précité, derrière le côté opposé de la colonne où se cache Zehaf-Bibeau. Quatre officiers de la GRC sont en position de tir dans le hall d’honneur. L’assaillant tire sur l’un d’eux sans faire mouche. C’est à ce moment que jugeant l’instant propice, dans un scénario digne de James Bond, le sergent d’armes Kevin Vickers se jette au sol face à l’assaillant surpris et vide son chargeur sur lui en tirant 15 balles. Les agents de la GRC ouvrent le feu au même moment. Michael Zehaf-Bibeau est atteint de 31 balles au total. Celle qu’il a reçue à la tête lui aura été fatale. Un agent de la GRC qui est arrivé alors qu’il était déjà mort aurait vidé tout son chargeur sur lui. Gisant dans une mare de sang, l’assaillant est quand même ligoté alors que sa mort est déjà constatée 4 . Le Premier ministre Stephen Harper est évacué par sa garde rapprochée 5 . Si l’on en croit la déclaration de la députée de Calgary Michelle Rempel, faite au journal The Herald de Calgary, certains députés ainsi que le personnel auraient constitué une chaîne humaine autour du Premier ministre (PM) pour le protéger. Ils l’auraient alors caché dans la garde-robe de la salle de réunion dans laquelle se tenait le caucus. Les leaders de l’opposition officielle sont quant à eux confinés dans les salles où ils tenaient leurs réunions. Le chef du parti Libéral Justin Trudeau, apprendra-t-on plus tard d’un tweet de son directeur de communication, est alors en sécurité et en zone sûre. Les politiciens et certains membres de leur staff coincés dans des salles de réunion essaient de se barricader à l’aide de chaises et de tout autre objet qu’ils trouvent comme ce fut le cas dans le groupe où se trouvait le député Charlie Angus du Nouveau parti démocratique (NPD). Le journal The Toronto Star rapporte qu’un groupe dans lequel se trouvait le député libéral John McKay s’est réfugié derrière un monument. D’autres, plus chanceux, se retrouvent dans des bureaux avec un accès sur internet et peuvent ainsi, par courriel ou par tweets, rassurer la famille et les amis sur leur état. Certaines personnalités politiques seront néanmoins évacuées à travers le tunnel par l’escouade tactique. La mort de l’assaillant à une heure qui n’a jamais été communiquée ne met pas un terme à la panique. Les informations connues au moment où la fusillade s’arrête au Parlement sont encore parcellaires. C’est ainsi que la gendarmerie royale et la police d’Ottawa ont procédé au bouclage des commerces et immeubles à bureaux ainsi que les écoles dans les environs du Parlement. Le confinement barricadé complet de tous les immeubles fédéraux de la région de  la capitale nationale (Ottawa et Gatineau) est également enclenché 6 .
Sur la scène des évènements, un périmètre de sécurité est constitué autour de la zone affectée et les nombreux bus qui y transitent chaque jour ont été détournés vers d’autres routes. Cette situation crée un embouteillage monstre dans plusieurs zones, entraînant de sérieux retards et même des changements, voire des annulations de programmes. La ville est en état de siège. Les policiers en arme accompagnés de chiens renifleurs sont postés devant l’ambassade des États-Unis située sur la rue Sussex. Le Haut-Commissariat du Royaume-Uni situé sur la rue Elgin fait aussi l’objet de mesures de protection spéciales. Le centre d’achat Rideau, l’un des plus achalandés de la ville, est fermé. Les hôtels Westin, Lord Elgin et château Laurier sont quant à eux bouclés et les clients priés de rester à l’intérieur le plus loin possible des fenêtres. La librairie Chapters qui appartient au groupe Indigo et qui a pignon sur rue à Ottawa, ainsi que la Banque Scotia qui lui fait face sont fermées. Le marché By-Ward qui concentre une gamme impressionnante de restaurants et qui à midi grouille de monde prend les allures d’une ville fantôme. L’université d’Ottawa située aux encablures de l’évènement ferme ses portes et enjoint à ses professeurs de cesser les cours. La plupart des étudiants, les professeurs et le personnel de soutien o

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