Tunisie : la révolution et ses passés
126 pages
Français

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Tunisie : la révolution et ses passés , livre ebook

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Description

Deux ans après le départ de Ben Ali, la fissure entre l'idéal révolutionnaire et le désenchantement démocratique semble croissante. L'auteur y voit trois raisons : les comptes ne sont pas soldés avec le passé de l'ère Bourguiba, l'arrivée d'Ennahda a réveillé des spectres enfouis, la différenciation entre les côtes et les provinces intérieures apparaît comme une structure sociale discriminante bien antérieure aux années Ben Ali. Si la révolution tunisienne a bien ouvert sur de nouveaux possibles, ses fractures présentes sont aussi ancrées dans les paradigmes passés.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2013
Nombre de lectures 38
EAN13 9782336661421
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0424€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
La bibliothèque de l’Iremmo
Collection dirigée par Pierre Blanc et Bruno Péquignot
Cette collection se propose de publier des textes sur tous les aspects de la vie sociale de la Méditerranée et du Moyen-Orient. Tous les domaines sont concernés, de la politique à la culture et aux arts, de l’analyse des mœurs et des comportements quotidiens à l’économie, de la vie intellectuelle à l’étude des institutions et organisations sociales, sans oublier la dimension historique ou géographique de ces phénomènes.
L’objectif est de créer une sorte d’encyclopédie, au sens historique de ce terme, présentant, de façon claire et rigoureuse, toutes les connaissances produites par la recherche scientifique, mais aussi par les réflexions des acteurs impliqués à tous les niveaux de la société. Chaque ouvrage vise à faire le point sur un sujet traité dans un souci de le rendre accessible au-delà des cercles des spécialistes.
Dans la même collection
1 – Mounir Corm, Pour une Troisième République libanaise , 2012.
2 – Marc Lavergne, L’émergence d’une nouvelle scène politique , 2012.
3 – Marc Lavergne, Une société en quête d’avenir , 2012.
4 – Sébastien Abis, Pour le futur de la Méditerranée : l’agriculture , 2012.
5 – Sylvia Chiffoleau, Sociétés arabes en mouvement , 2012.
6 – Fawzia Zouari, Pour un féminisme méditerranéen , 2012.
7 – Abdellatif Idrissi, Pour une autre lecture du Coran , 2012.
8 – G. Meynier et T. Khalfoune, Repenser l’Algérie dans l’histoire , 2013.
9 – O. Marty et L. Kervran, Pour comprendre la crise syrienne , 2013.
Titre
Nicolas Dot-Pouillard






Tunisie :
la révolution et ses passés








L ’ H ARMATTAN
Copyright

© L’Harmattan, 2013
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-66142-1
• • • R EMERCIEMENTS
Cet ouvrage est le fruit d’un court séjour effectué en Tunisie, de janvier à octobre 2011, dans le cadre de recherches menées à l’époque pour l’International Crisis Group (ICG). Robert Malley, Peter Harling et Patrick Haenni doivent être remerciés en tout premier lieu. L’expérience tunisienne n’a cependant pas été entamée pour nous au premier jour de la chute du président Ben Ali, pas plus qu’elle ne s’est terminée lors de notre retour au Liban. Pour l’ensemble des réflexions, discussions, expériences militantes et affectives mené avant, pendant et après le soulèvement, que les personnes suivantes, de tous bords politiques, soient aussi saluées, soit pour leur longue ou courte amitié témoignée, soit pour la simple aide qu’elles nous ont apportée : Omeya Seddik, Sadri Khiari, Tareq Ben Hiba, Karim Azouz, Vincent Geisser, Michaël Béchir Ayari, Etienne Chapon, Hedi Farah, Sami Ghorbal, Adnane Ben Youssef, Monji Abdennabi, Julie Schneider, Muhammed Salah Khemiry, Hamadi Aouina, Malek Ayari, Ahmed Karoud, Fahim Boukaddous, Rania Majdoub, Najiba et Meryem Ben Tarjem, Jihane Latrous, Hanane Hadoudi, William Laurence, Messaoud Romdhani, Omar Mestiri, Fathi Chamkhi, Ayachi Hammami, Choukri Hmed et Hela Yousfi. Une pensée toute particulière, enfin, pour Khansa Ben Tarjem.
• • • AVANT-PROPOS
Le 16 juillet 2012, Rached Ghannoushi est reconduit à la présidence du mouvement Ennahda 1 . Le neuvième congrès de l’organisation islamiste est une démonstration de force politique : pendant quatre jours, ce sont 1103 délégués qui sont réunis au Palais du Kram, dans le nord de Tunis. Plusieurs milliers de sympathisants et de militants du parti ont assisté à la cérémonie d’ouverture ; les représentants des principales chancelleries occidentales sont présents, pour ne quitter la salle qu’une fois le représentant du Hamas palestinien, Khaled Meshaal, arrivé à la tribune. Le vice-président de la République du Soudan, Nafaa Ali Nafaa, a également fait le déplacement. La vieille garde des fondateurs du mouvement est au premier rang. Certains d’entre eux n’en sont pourtant plus les dirigeants : c’est le cas d’un Salah Karker, affaibli et invalide, dont l’assignation à résidence, en France, n’a pu être levée qu’à la suite de la révolution du 14 janvier 2011 2 . En signe de réconciliation interne, c’est aussi le « rebelle » d’Ennahda qui est aux premières loges : Abdelfattah Mourou s’était pourtant présenté sur une liste indépendante lors des élections pour une Assemblée nationale constituante d’octobre 2011, concurrençant ainsi Souad Abderahim, la candidate officielle d’Ennahda, sur la circonscription de Tunis 2. Ce n’est pas seulement un congrès national qui se tient : c’est une célébration politique engageant tout à la fois le passé et le présent.
Car l’événement tient lieu de symbole, 16 mois après la chute du président Ben Ali. Les précédents congrès d’Ennahda se sont tenus dans la clandestinité ou dans l’exil. En juillet 1981, ce qui s’appelle encore le Mouvement de la tendance islamique (MTI) 3 se voit refuser son visa de légalisation par le ministre de l’Intérieur de l’époque, Driss Guiga. Près de 500 de ses membres sont alors immédiatement arrêtés. En novembre 1987, le coup d’Etat de Zin al-Abidine Ben Ali et la mise à l’écart du « Combattant suprême » 4 , le président Habib Bourguiba, participent d’une illusion démocratique de courte durée : plusieurs centaines d’activistes islamistes sont alors libérés de prison, les activités de l’Union générale tunisienne des étudiants (UGTE) 5 sont légalisées. Le Mouvement de la tendance islamique, renommé Ennahda, s’apprête à participer aux premières élections « démocratiques » de l’histoire tunisienne, le 2 avril 1989, tandis que sa revue, al-Fajr (l’Aube), est autorisée. Le parti du président Ben Ali, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), descendant direct du Néo-Destour 6 , cumule près de 80 % des suffrages exprimés, contre seulement 14 % aux islamistes. La majorité du corps politique échappant au palais présidentiel crie immédiatement à la fraude. Opposition de gauche et islamistes : tous appellent à boycotter les élections municipales de 1990. Un an après, la parenthèse est définitivement refermée, et l’heure est de nouveau à la polarisation : en février 1991, des activistes du mouvement Ennahda brûlent un local du RCD dans le quartier de Bab Souiqa, au centre de la capitale, faisant un mort. De 1991 à 1992, les grands procès des leaders du mouvement islamique reprennent, tandis qu’une partie de la direction du mouvement, à l’instar de son principal dirigeant, Rached Ghannoushi, s’exile.
Quelque vingt ans plus tard, la scène a changé. Certains membres de l’ancien régime sont encore dans les coulisses ; mais les opposants d’hier sont devenus pour certains les gouvernants d’aujourd’hui. Le cas d’Ennahda est emblématique. D’abord de manière purement formelle : à l’Assemblée nationale constituante élue en octobre 2011, le mouvement islamiste possède le plus important groupe parlementaire, avec 89 sièges sur 217. Son secrétaire général, Hamadi Jebeli, est devenu chef du gouvernement le 16 décembre, tandis que sa formation détient la majorité des ministères de souveraineté, dans le cadre d’un gouvernement d’union formé avec le Congrès pour la République (CPR) et le Front démocratique pour le travail et les libertés (Ettakatol), deux partis situés à la gauche du spectre politique 7 .
La place tenue par Ennahda au sein de l’actuelle transition démocratique a valeur de symbole historique : rétrospectivement parlant, elle fait figure de revanche de l’histoire. Ce sont souvent d’anciens prisonniers politiques, à l’instar du chef du gouvernement, ou encore du nouveau ministre de l’Intérieur, Ali Laraidh, qui sont désormais dans les allées du pouvoir. La victoire du mouvement Ennahda s’inscrit par ailleurs dans une dynamique globale : les partis islamistes sont de moins en moins, dans la foulée des soulèvements arabes, des organisations oppositionnelles que des gestionnaires du quotidien. Ils se sentent obligés de contracter des alliances politiques avec d’autres anciens opposants, si ce n’est même parfois, avec leurs ennemis d’hier. Ils s

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