Une société en quête d avenir
154 pages
Français

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Une société en quête d'avenir , livre ebook

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Description

Derrière la revendication démocratique largement partagée, quels sont les défis qui se posent à la société égyptienne et qui expliquent sa mobilisation ? Face à la forme prise par la scène politique égyptienne, avec l'émergence de nouveaux acteurs dominants prônant des ruptures radicales, il est temps de se pencher sur les maux de l'Egypte, sur les conditions de vie de sa population, sur sa capacité à engager le redressement espéré.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2012
Nombre de lectures 36
EAN13 9782296985292
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0424€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
La bibliothèque de l’Iremmo
Collection dirigée par Pierre Blanc et Bruno Péquignot

Cette collection se propose de publier des textes sur tous les aspects de la vie sociale de la Méditerranée et du Moyen-Orient. Tous les domaines sont concernés, de la politique à la culture et aux arts, de l’analyse des mœurs et des comportements quotidiens à l’économie, de la vie intellectuelle à l’étude des institutions et organisations sociales, sans oublier la dimension historique ou géographique de ces phénomènes.
L’objectif est de créer une sorte d’encyclopédie, au sens historique de ce terme, présentant, de façon claire et rigoureuse, toutes les connaissances produites par la recherche scientifique, mais aussi par les réflexions des acteurs impliqués à tous les niveaux de la société. Chaque ouvrage vise à faire le point sur un sujet traité dans un souci de le rendre accessible au-delà des cercles des spécialistes.
Dans la même collection :
1 – Mounir Corm, Pour une Troisième République libanaise, 2012.
2 – Marc Lavergne, L’émergence d’une nouvelle scène politique, 2012.
Titre
Sous la direction de Marc Lavergne





Une société en quête d’avenir


égypte, an 2 de la révolution








L’HARMATTAN
Copyright

© L’Harmattan, 2013
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-98529-2
EAN : 9782296985292
Préambule

Ce livre n’aurait pu voir le jour sans l’appui accordé à chacun de ses auteurs par le Centre d’Etudes et de Documentation Economiques, Juridiques et Sociales (CEDEJ) du Caire. Implanté en Egypte depuis les années 70, cet institut a joué pour des générations de chercheurs, égyptiens et étrangers, le rôle d’une matrice féconde, d’un foyer de liberté à partir duquel la réalité égyptienne a pu être approchée sous des angles multiples, et traduite dans des écrits individuels et collectifs qui font référence.
Ce livre, bien qu’élaboré dans l’urgence de l’événement, s’inscrit dans cette tradition. Une large place y a été donnée aux jeunes chercheurs, plus proches témoins de la révolution, et c’est ce qui donne sans doute à ces volumes leur valeur. Pour autant, et selon la formule consacrée, la teneur de ces contributions est de la seule responsabilité des auteurs et ne saurait engager l’institut qui les a accueillis.
C’est l’occasion de rappeler le prix de ces instituts français de recherche à l’étranger, spécialisés dans l’étude des sociétés contemporaines, ouverts aux chercheurs des pays d’accueil comme à ceux du monde entier, et dont un travail comme celui-ci vise à rappeler l’utilité.
Que la confiance de Jean-Paul Chagnollaud et de Pierre Blanc, qui ont sans hésiter décidé de livrer ces témoignages de première main au grand public, trouve ici l’expression de notre profonde gratitude.
• • • A VANT- P ROPOS
Marc Lavergne
L’Égypte est engagée, depuis le 25 janvier 2011, dans un processus de longue haleine. Mais c’est dès 2004, avec le mot d’ordre « Kefaya ! » (« ça suffit ! ») qu’a brutalement été mise en question toute une conception, séculaire, voire millénaire, des relations entre les gouvernants et les gouvernés. La révolution, impromptue en apparence, était d’évidence en gestation, avec une insatisfaction impatiente dans de larges couches de la société et n’attendait que l’étincelle tunisienne pour se déclencher 1 .
Engagée dans l’enthousiasme et l’improvisation, tiraillée entre les forces laïques, minorité consciente et ouverte au monde, les forces islamistes, pour l’essentiel issues de l’« Égypte profonde » et la caste militaire, elle a été progressivement canalisée vers des rendez-vous électoraux, qui, sous prétexte de rendre la parole au peuple, avaient en réalité pour objectif de la mettre sous le boisseau : référendum constitutionnel de mars 2011, élections législatives de décembre 2011 et maintenant élections présidentielles de mai-juin 2012. Élections qui ont eu pour paradoxe de se dérouler sans qu’une constitution n’ait été adoptée, c’est-à-dire sans que les questions fondamentales du partage des responsabilités et de la séparation des pouvoirs n’aient été résolues ni même vraiment posées. L’Égypte, clairement, ne cherche pas de modèle extérieur, contrairement à la conversion bénie à la démocratie à l’occidentale qu’imaginent y voir certains. De grands camps se dessinent progressivement, et leur conception est souvent difficilement conciliable : les débats à venir, si tant est qu’ils puissent être cantonnés à des modes d’expression pacifiques comme les tribunes des journaux et des assemblées, seront néanmoins houleux. Et il n’est pas exclu que, compte tenu de l’absence de culture démocratique, donc du compromis en politique, ils débouchent sur des affrontements violents.
Mais d’ores et déjà, la libre parole et le libre choix conquis par le peuple égyptien révèlent des surprises sans cesse renouvelées, non seulement pour les observateurs étrangers, mais pour les Egyptiens eux-mêmes.
La première fut sans doute le résultat du référendum constitutionnel de mars 2011, où près de 80 % des votants (40 % des inscrits) se prononcèrent en faveur de l’arrêt de la révolution. Puis les élections législatives indiquèrent que dans une proportion frisant les ¾, les Égyptiens votaient en faveur de courants à référent islamique, mais qu’à l’intérieur même de cette mouvance, des recompositions de fond étaient à l’œuvre : montée des salafistes aux dépens des Frères Musulmans, pour schématiser : amorce de fitna 2 , même si personne, autre surprise, ne semblait s’en offusquer. Et l’on passait prudemment sous silence l’agressivité radicale des salafistes, mués de pieux dévots tournés vers le passé en une machine de guerre contre le reste de la société, qu’il s’agît des confréries soufies dont les tombeaux de saints vénérés étaient attaqués et détruits, ou de la communauté copte contre laquelle un appel à l’extermination était lancé, suivi d’émeutes d’une violence telle que jamais les redoutables gama’at islamiya n’avaient atteint durant les années 90, en Haute-Égypte.
Autre surprise, les Égyptiens semblaient moins s’émouvoir de la perspective d’un gouvernement à agenda islamiste, que de l’insécurité croissante et de la crise économique et sociale sans précédent où les a plongé la révolution. Et le choix d’un Parlement dominé par les forces islamistes tenait, semble-t-il, beaucoup plus à la capacité supposée de celles-ci de ramener l’ordre et de remettre l’Égypte au travail, qu’à leur credo religieux.
L’évolution de l’image de l’armée est également saisissante : seul corps de l’État à échapper à l’opprobre populaire, dirigeant l’Égypte en sous-main sans discontinuer depuis 1952, auréolée de ses victoires et de sa supposée honnêteté, elle s’est posée en défenseur du droit des manifestants, donnant ainsi le signal du départ du président ; puis elle a laissé la rue se défaire des deux généraux, Omar Souleiman et Ahmed Chafiq, pressentis par Moubarak pour « sauver les meubles », et s’est adjugé le rôle de « protecteur/contrôleur » de la révolution, à travers le Conseil Suprême des Forces Armées ». Mais en freinant toute tentative des gouvernements civils successifs de prendre les mesures de réforme les plus urgentes, et en réprimant férocement les manifestations de l’automne 2011 à son encontre, elle semblait avoir perdu tout son crédit, et avoir laissé maladroitement à voir qu’elle ne cherchait tout du long qu’à préserver ses propres intérêts, faits de prébendes et de privilèges devenus insupportables pour le peuple en détresse. Et voici qu’à la faveur des élections présidentielles arrive en seconde position le susnommé Ahmed Chafiq, un général d’aviation, compagnon du président déposé, notoirement corrompu. Retour à la case départ, après beaucoup de bruit – et de dégâts – pour rien ?
Finalement, un accord tacite passé entre l’armée et la Confrérie conduit à introniser le candidat arrivé en tête, Mohamed Morsi, comme Président. Ce qui a pour but premier de calmer la rue, prompte à se mobiliser pour empêcher le retour au pouvoir des « fouloul » de l’« Ancien Régime ».

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