Vers une laïcité dynamique
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Description

La laïcité paraît un concept entendu, évident et clair. A bien y regarder, pourtant, les enjeux liés à la laïcité jalonnent de manière polémique ce que l’on nomme couramment le « vivre ensemble » et empoisonnent régulièrement l’ensemble des débats consacrés de près ou de loin à l’intégration. La question peut légitimement se poser : la conception de laïcité qui est la nôtre est-elle pleinement adaptée aux enjeux de notre temps, marqués par des tensions identitaires de tous types, par la redéfinition des identités individuelles, par la complexification des rapports humains ?

Il semble donc nécessaire de s’interroger sur l’avenir du concept de laïcité en des temps où le besoin d’une refondation se fait ressentir, en replaçant son émergence philosophique dans le cadre de la sécularisation dont l’histoire des idées est le témoin. A ce titre, il convient d’interroger la notion de liberté dans son application spécifique aux libertés fondamentales de conscience et de convictions. Il s’agira également de réfléchir la nature du sentiment religieux afin d’en extraire les éléments dynamiques permettant de comprendre la singularité des convictions liées aux appartenances cultuelles. Ceci permettra de déterminer les conditions d’une laïcité dynamique, axée sur les principes de la réciprocité et du métissage.

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Informations

Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9782803103058
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

VERS UNE LAÏCIÉ DYNAMIQUE. RÉFLEXION SUR LA NATURE DE LA PENSÉE RELIGIEUSE.
François De Smet
Vers une laïcité dynamique. Réflexion sur la nature de la pensée religieuse
Préface de Hervé Hasquin
Académie royale de Belgique
rue Ducale, 1 - 1000 Bruxelles, Belgique
www.academieroyale.be
Informations concernant la version numérique
ISBN 978-2-8031-0305-8

© 2012, Académie royale de Belgique
Collection L’Académie en poche
Sous la responsabilité académique de Véronique Dehant
Volume 2
Diffusion
Académie royale de Belgique
www.academie-editions.be
Crédits
Conception et réalisation : Grégory Van Aelbrouck, Laurent Hansen, Académie royale de Belgique
Publié en collaboration avec
L'Aurore - Editions numériques
rue de Verlaine, 12 - 4537 Seraing-le-Château (Belgique)
contact@laurore.net
www.laurore.net

Informations concernant la version numérique
ISBN 978-2-87569-005-0

A propos
L’Aurore est une maison d’édition contemporaine, intégrant l’ensemble des supports et canaux dans ses projets éditoriaux. Exclusivement numérique, elle propose des ouvrages pour la plupart des liseuses, ainsi que des versions imprimées à la demande.
Préface
La Laïcité fait débat. Ce n’est pas nouveau. Elle a toujours inquiété et interpellé les tenants d’un ordre moral rigoureux adversaire de toute forme de transgression, et les croyants, souvent oublieux de temps pas si anciens, où la religion fonctionnait comme pouvoir discriminant dans la société : tantôt le christianisme avec ses variantes catholicisme, luthéranisme, calvinisme, anglicanisme, orthodoxie, tantôt et aujourd’hui encore, l’islam. Ces dernières années le ton s’est à nouveau durci dans les pays européens de tradition laïque. Il n’est pas rare que la laïcité soit prise à partie à son tour pour son intolérance ! Au début de l’année 2012, une philosophe, Nathanaël Laurent, s’en prenait vivement, sous le titre Croyez-vous en la laïcité ? , à une « laïcité (qui) dénonce les “têtes mitrées, enturbannées ou calottées”. Pour laisser la place à des têtes laïques casquées » interrogeait-elle ( La Libre Belgique , 31 janvier 2012, p. 55). Comme le propose d’emblée François De Smet, il est légitime de se demander si une nouvelle approche de la laïcité aux contours dynamiques ne devrait pas être élaborée : « La conception de laïcité qui est la nôtre est-elle pleinement adaptée aux enjeux de notre temps, marqués par des tensions identitaires de tous types, par la redéfinition des identités individuelles, par la complexification des rapports humains ? »
La laïcité est-elle en danger d’anti-religion ? L’ incident « Tariq Ramadan » à l’ULB (2007) lorsque l’islamologue s’était vu interdire de conférence, avait provoqué un âpre débat dans les milieux intellectuels se réclamant de la laïcité. Il démontrait qu’une frange non négligeable de celle-ci s’interrogeait sur le bien-fondé des exclusives formulées par des « amis », peut-être « excessifs » de la laïcité.
Certes, l’Église catholique a lancé des accusations de « laïcisme » et d’intolérance à l’égard des associations humanistes et laïques, notamment celles d’inspiration française. Mais le débat – Y a-t-il une laïcité « fermée » et une laïcité « ouverte » ? – a surgi au sein même de la laïcité belge. Je n’en veux pour preuve que le lancement en 2008 par R.A.P.P.E.L. (Réseau d’Actions Pour la Promotion d’un État Laïque) d’un Manifeste pour la promotion d’un État Laïque , la réponse sous la forme d’un livre manifeste Du bon usage de la laïcité (Bruxelles, éd. Aden, 2008) réalisé sous la direction de Marc Jacquemain et Nadine Rosa-Rosso et la réponse à la réponse La laïcité à l’épreuve du xxi e siècle (dir. N. Geerts) aux éditions Luc Pire, Bruxelles, 2009, etc.
La laïcité « à la française » inspire bon nombre de Belges. Mais même en France, elle s’est vu e gratifiée d’un fameux brûlot de la part de Jean Baubérot qui, ces dernières années, l’a incarnée dans les milieux scientifiques ( La laïcité falsifiée , Paris, La Découverte, 2012). Ainsi que le démontre l’auteur, que d’écarts entre la loi de Séparation de 1905 et ce qu’on lui fait dire aujourd’hui, entre sa philosophie et son application.
En fait, la laïcité a toujours été multiple. Depuis le xix e siècle, elle a été constamment parcourue par des courants divers et même antagonistes. Il convient d’abord de ne pas confondre anticléricalisme et anti-religiosité , comme ce fut en revanche le cas des régimes où l’athéisme fut érigé en religion d’État. Le problème n’est-il pas encore aujourd’hui que des amis, sans doute excessivement « passionnés » de laïcité, mêlent hardiment et imprudemment dans leurs critiques la foi, la stratégie des Églises, le comportement de leurs clergés ? Entre neutralité et laïcité , la raison et le cœur balancent… Revenons-en à Baubérot qui souligne la confusion « implicite » mais inadéquate entre laïcité et sécularisation et met en exergue les deux sens divergents de l’expression « religion affaire privée » :
La laïcité correspond au sens premier de cette expression : la religion n’est pas une affaire d’État, ni une institution publique ou un pouvoir qui peut réprimer et punir. À chacun de se déterminer, de se rattacher à une religion ou à une conviction comme il le souhaite, de la manière dont il le veut. L’État laïque est le garant d’un choix volontaire et libre.
Affirmer, en revanche, que la religion ne peut se vivre que dans la sphère privée, au sens de « sphère intime », refuser le droit de manifester ses convictions religieuses dans l’espace public, vouloir neutraliser cet espace de toute expression religieuse, c’est opérer un court-circuit entre laïcité et sécularisation : on est plus ou moins sécularisé suivant que l’on a un rapport proche ou éloigné de la religion, que l’on « en prend et on en laisse », selon l’expression populaire. La laïcité est de l’ordre du politique, et même quand la culture y a sa part, il s’agit d’une culture politique. La sécularisation est de l’ordre du socio culturel. Elle est liée à une dynamique sociale ( La laïcité falsifiée , p. 130).
Une question fondamentale est posée. La laïcité peut-elle, sans risque de renoncer à l’essence même de ses principes fondamentaux, accepter les « accommodements raisonnables », c’est-à-dire des adaptations aux législations en vigueur pour permettre à des individus de jouir d’une véritable liberté religieuse ? Le port du foulard, le débat sur les minarets en Suisse ou encore celui relatif à l’enseignement du fait religieux dans les écoles sont représentatifs des clivages et du malaise. En particulier, un enjeu apparaît en filigrane et semble cristalliser les malentendus : la liberté. Tel est l’un des mérites du présent ouvrage de François De Smet : mettre au jour la tension profonde sur ce concept si chèrement acquis par la Modernité, et dont d’aucuns avaient pu penser avoir fait une valeur universelle de simplicité et d’adhésion. Las ! La liberté se révèle elle aussi être une boîte de Pandore. Liberté revendiquée par les laïques, liberté revendiquée par les religieux, liberté des femmes, libertés des convictions et de leurs expressions, liberté portée en étendard de tous les combats, liberté invoquée par toutes les parties en présence.
Avec brio, pédagogie et clarté, le philosophe François De Smet a osé bousculer des tabous « laïques » dans ses conférences du Collège Belgique, au risque de souligner les contradictions qui nourrissent parfois le discours de l’humanisme séculier lorsqu’il se saisit, comme d’un bouclier, d’une conception radicale et agressive de la laïcité. Faire fi des rigidités, tel est en substance le message qu’il nous délivre.
Hervé Hasquin,
Secrétaire perpétuel de l’Académie royale de Belgique
Introduction

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