Le Grand Paris
237 pages
Français

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Le Grand Paris , livre ebook

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Description

L'auteur analyse ici la démarche du Grand Paris comme un conflit entre des institutions, qu'il considère logique dans l'état actuel de la décentralisation en région parisienne. Il propose une grille d'analyse, décortique les prises de positions des divers acteurs, les interprète et en tire des conclusions. Il suggère de donner la priorité à une réforme de la fiscalité locale pour privilégier certaines politiques urbaines et préparer un nouveau fonctionnement entre des institutions rénovées et aux compétences redéfinies.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2011
Nombre de lectures 264
EAN13 9782296710115
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0900€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le Grand Paris
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-13180-4
EAN : 9782296131804
Marc Wiel
Le Grand Paris
Premier conflit né de la décentralisation
L’Harmattan
Questions Contemporaines
Collection dirigée par J. P. Chagnollaud,
B. PEQUIGNOT ET D. ROLLAND
Chômage, exclusion, globalisation… Jamais les « questions contemporaines » n’ont été aussi nombreuses et aussi complexes à appréhender. Le pari de la collection « Questions Contemporaines » est d’offrir un espace de réflexion et de débat à tous ceux, chercheurs, militants ou praticiens, qui osent penser autrement, exprimer des idées neuves et ouvrir de nouvelles pistes à la réflexion collective.
Derniers ouvrages parus
Marc WIEL, Le Grand Paris , 2010.
Theuriet Direny, Idéologie de construction du territoire , 2010.
Carlos Antonio AGUIRRE ROJAS, Les leçons politiques du néozapatisme mexicain, Commander en obéissant , 2010.
Florence SAMSON, Le Jungle du chômage , 2010.
Frédéric MAZIERES, Les contextes et les domaines d’interventions de l’Attaché de Coopération pour le Français , 2010.
Noël NEL, Pour un nouveau socialisme , 2010.
Jean-Louis MATHARAN, Histoire du sentiment d’appartenance en France. Du XII e siècle à nos jours , 2010.
Denis DESPREAUX, Avez-vous dit performance des universités ? , 2010.
Vincent TROVATO, Marie Madeleine. Des écrits canoniques au Da Vinci Code , 2010.
Ricciarda BELGIOJOSO, Construire l’espace urbain avec les sons , 2010.
Collectif des médecins du travail de Bourg-en-Bresse, La santé au travail en France : un immense gâchis humain , 2010.
INTRODUCTION
Depuis plusieurs années nous assistons à une partie de bras de fer entre l’Etat et un certain nombre de collectivités locales emmenées par l’institution régionale à-propos des perspectives d’aménagement de l’Île-de-France. Ce feuilleton a tenu en haleine une partie de l’opinion et je me propose ici d’en relater les étapes tout en livrant mon point de vue sur les objets du litige. Ce litige semble maintenant se résumer au choix entre deux projets de transports et je montrerai qu’il est en réalité beaucoup plus profond, et qu’il serait malheureux de ne pas tirer tout le profit des leçons de ce conflit pour améliorer le fonctionnement institutionnel de la Région Île-de-France, et au-delà de l’ensemble de la décentralisation, car c’est bien de cette dernière qu’il s’agit. Cette décentralisation est moins inachevée que mal conçue. Ce conflit peut être analysé sous différents angles. Il est à cheval sur plusieurs thématiques habituellement abordées distinctement. J’essaierai de rendre intelligible ces diverses entrées dans la compréhension du conflit sans les caricaturer. Le terme de « grand Paris », lui-même, est une appellation qui a changé de sens au fil du temps. Il fut d’abord utilisé pour promouvoir une réforme institutionnelle de la partie dense de l’agglomération parisienne ; plus récemment il fut associé à un concours d’idées entre architectes ; enfin il est devenu le nom d’une société créée pour faire un métro et construire autour des gares… Le label demeure, change de contenu ou englobe de nouvelles significations. Cela veut sans doute dire que le terme porte, en lui-même, une espérance, mais qui paraît bien confuse et pleine de contradictions dès qu’on rentre dans les détails. Ces dérives sémantiques illustrent un conflit en évolution, où les acteurs ajustent mutuellement leur jeu. C’est devenu une sorte de partie d’échec où personne ne veut évidemment perdre. Mais il peut aussi être vu comme une étape nécessaire à une invention collective originale dont on ne comprendra la pleine signification qu’à la fin. Personnellement je l’analyse comme l’affaissement d’un certain nombre de grandes certitudes qui comportaient une part d’illusions. C’est probablement le préalable, au renouveau dans la façon d’aborder les questions d’urbanisme, à la construction de l’architecture institutionnelle dont a besoin l’Île-de-France, ou à l’apprentissage d’une meilleure façon de lier ensemble les choix de déplacement et d’aménagement. Pour ces raisons ce sujet m’est apparu l’occasion de chercher à cerner l’évolution des réflexions et des pratiques de l’urbanisme, afin de permettre aux non-spécialistes de se faire une idée plus complète des enjeux concernés derrière les beaux discours des uns et des autres. Je donnerai mon analyse du comportement des divers acteurs à partir d’un point de vue le plus souvent professionnel, puisque j’ai été à la fois un praticien de l’urbanisme (j’ai été vingt ans directeur d’une agence d’urbanisme en province) mais aussi chercheur (sur les thèmes des liens entre transport et urbanisme dont il sera beaucoup question ici). Comme praticien j’ai fait partie de ceux qui promurent il y a une trentaine d’année le renouveau des tramways et comme chercheur je me suis efforcé de montrer que la morphologie urbaine était dépendante des choix en matière de déplacements, ce qui, depuis quelques années, est devenu une « grosse banalité ». Morphologie urbaine et conditions de déplacements font système, se coproduisent mutuellement et sont indissociables l’un de l’autre. Mais « professionnel » ne signifie pas « apolitique », surtout dans l’urbanisme où tout est, par définition, « politique », puisque son objet est l’organisation de la cité. J’ai très peu travaillé sur l’Île-de-France, qui n’est donc pas pour moi, professionnellement parlant, un terrain très familier. J’essaierai de faire de cet inconvénient un avantage et de profiter du recul qu’il me donne pour mieux dégager les spécificités parisiennes. On ne s’étonnera donc pas de trouver dans mes analyses une constante référence aux différences entre l’Île-de-France et la province. En fait le paradoxe est que ce conflit (que je crois aussi intra-francilien), ne peut être tranché que par la province…, via l’Etat, à condition que l’Etat ne se considère pas comme le représentant d’une des parties de l’Île-de-France…. Situation originale mais finalement bien française quand on connaît l’histoire des relations entre Paris et l’Etat.
Je n’éluderai pas les problèmes, quelquefois difficiles, qui sont ceux que rencontrent les urbanistes, du fait qu’ils mélangent de nombreux niveaux d’interprétation, et exigent une connaissance suffisante dans plusieurs disciplines sans s’enfermer dans aucune. Cette difficulté résulte également de l’insuffisant développement de la recherche urbaine et de la méconnaissance des ses résultats. L’opinion, les professionnels ou les élus sont encore trop sensibles à des raisonnements appuyés sur de pures « représentations » qui emportent leurs convictions. En tant que chercheur/praticien j’ai l’avantage de, peut-être, un peu mieux cerner ma propre ignorance, car le chercheur, par définition, ne cesse de remettre en cause la frontière entre connaissance et ignorance. En revanche s’il est trop spécialisé, et il faut qu’il le soit un minimum, il peut tout autant se fourvoyer. Mais il se doit de résister aux permanents effets de séduction qui caractérisent depuis toujours le discours urbanistique, et que je considère comme une vraie calamité. Une tradition de l’urbanisme consiste à promettre, à séduire, voire à abuser, pour « mobiliser », et je ne considère pas cette tradition comme particulièrement moderne, mais au contraire tout à fait régressive. La noblesse du jeu politique est de créer les conditions d’émergence d’une prise de conscience commune, sans manipulation par la communication. Pour certains professionnels, l’urbanisme est fondamentalement une recherche « d’enchantement », ce qui lui arrive parfois d’être sur le terrain, mais quand même moins fréquemment que dans le discours… Le propos de l’urbaniste-chercheur sera plus fréquemment « désenchanté » pour essayer d’éviter de répéter les erreurs dont l’histoire de l’urbanisme est parsemée. Ce propos paraîtra à l’urbaniste-enchanteur, qui, lui, est plus que tout désireux de pouvoir « faire » (de conduire un projet), celui d’un rabat joie sans ambition. J’essaierai de maintenir la tension entre ces deux postures dont l’opposition caractérise justement toute la démarche que je me propose ici d’analyser. Faut-il rêver et faire rêver ? Comment le rêve peut-il ne pas devenir cauchemar ?
Je me propose de faire le récit synthétique du déroulement du conflit et à chaque étape d’en analyser les tenants et aboutissants, de discuter les points de vues qui se sont exprimées à ce moment là et ce qu’il en reste quelques mois ou quelques années plus tard.
Je n’ai pas réalisé d’enquêtes

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