Lecture sociologique de l architecture décrite
272 pages
Français

Lecture sociologique de l'architecture décrite , livre ebook

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272 pages
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Description

LECTURE SOCIOLOGIQUE DE L'ARCHITECTURE DÉCRITE Comment bâtir avec des mots? Collection Logiques sociales fondée par Dominique Desjeux et dirigée par Bruno Péquignot En réunissant des chercheurs, des praticiens et des essayistes, même si la dominante reste universitaire, la collection Logiques Sociales entend favoriser les liens entre la recherche non finalisée et l'action sociale. En laissant toute liberté théorique aux auteurs, elle cherche à promouvoir les recherches qui partent d'un terrain, d'une enquête ou d'une expérience qui augmentent la connaissance empirique des phénomènes sociaux ou qui proposent une innovation méthodologique ou théorique, voire une réévaluation de méthodes ou de systèmes conceptuels classiques. Dernières parutions: Guillaume J.-F., Legrand M, Vrancken D, La sociologie et ses métiers, 1995. Deniot 1., Dutheil c., Métamorphoses ouvrières, Tomes I et II, 1995. DeniotJ., Ethnologie du décor en milieu ouvrier. Le Bel Ordinaire, 1995. Awad G., Du sensationnel. Place de l'événementiel dans lejournalisme de masse, 1995. Ramé L. et S., Laformationprofessionnelle par apprentissage. Etat des lieux et enjeux sociaux, 1995. Baldner J-M., Gillard L. (eds), Simmel et les normes sociales, 1995 Guille-Escuret G., L'anthropologie à quoi bon ?, 1996. Guerlain P., Miroirs transatlantiques, la France et les Etats-Unis entre passions et indifférences, 1996. Patrick Pharo, L'Injustice et le Mal, 1996. Martin C. et Le Gall D., Familles etpolitiques sociales.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 1996
Nombre de lectures 86
EAN13 9782296322271
Langue Français
Poids de l'ouvrage 7 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0900€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LECTURE SOCIOLOGIQUE
DE
L'ARCHITECTURE DÉCRITE
Comment bâtir avec des mots?Collection Logiques sociales
fondée par Dominique Desjeux
et dirigée par Bruno Péquignot
En réunissant des chercheurs, des praticiens et des essayistes, même si la
dominante reste universitaire, la collection Logiques Sociales entend
favoriser les liens entre la recherche non finalisée et l'action sociale.
En laissant toute liberté théorique aux auteurs, elle cherche à promouvoir
les recherches qui partent d'un terrain, d'une enquête ou d'une expérience
qui augmentent la connaissance empirique des phénomènes sociaux ou
qui proposent une innovation méthodologique ou théorique, voire une
réévaluation de méthodes ou de systèmes conceptuels classiques.
Dernières parutions:
Guillaume J.-F., Legrand M, Vrancken D, La sociologie et ses métiers,
1995.
Deniot 1., Dutheil c., Métamorphoses ouvrières, Tomes I et II, 1995.
DeniotJ., Ethnologie du décor en milieu ouvrier. Le Bel Ordinaire, 1995.
Awad G., Du sensationnel. Place de l'événementiel dans lejournalisme
de masse, 1995.
Ramé L. et S., Laformationprofessionnelle par apprentissage. Etat des
lieux et enjeux sociaux, 1995.
Baldner J-M., Gillard L. (eds), Simmel et les normes sociales, 1995
Guille-Escuret G., L'anthropologie à quoi bon ?, 1996.
Guerlain P., Miroirs transatlantiques, la France et les Etats-Unis entre
passions et indifférences, 1996.
Patrick Pharo, L'Injustice et le Mal, 1996.
Martin C. et Le Gall D., Familles etpolitiques sociales. Dix questions sur
le lien familial contemporain, 1996.
Neyrand G., M'Sm M., Les couples mixtes et le divorce, 1996.
Dominique Desjeux (Dir), Anthropologie de l'électricité, 1996.
Yves Boisvert, Le monde postmoderne, 1996.
Marcel Bolle de Bal (ed), Voyage au coeur des sciences humaines
De la reliance, 1996 (Tome 1 et 2).
A Corzani, M. Lazzarato, A. Negri, Le bassin de travail immatériel (BT/)
dans la métropole parisienne, 1996.
J. Feldman, J-C Filloux, B-P Lécuyer, M. Selz, M.Vicente,
Epistémologie et Sciences de l'homme, 1996.
P. Alonzo, Le travail employé, 1996.
Monique Borrel, Conflits du travail, changement social et poliique en
France depuis 1950, 1996.
@L' Harmattan, 1996
ISBN: 2-7384-4434-2Collection "Logiques sociales"
Dirigée par DominiqueDESJEUXet Bruno PÉQUIGNOT
Christophe CAMUS
LECTURE SOCIOLOGIQUE
DE
L'ARCHITECTURE DÉCRITE
Comment bâtir avec des mots?
L'Harmattan L'Harmattan Inc.
55, rue Saint-Jacques5-7, rue de l'École Polytechnique
Montréal (Qc)75005 Paris - FRANCE - CANADA H2Y IK9Remerciements
L'écriture de ce /ivre a été facilitée par le soutien
matériel de mon équipe de recherche, le
Laboratoire Espaces-Travail de l'Ecole
d'architecture de Paris-La Villette. Mais ce /ivre doit
surtout à Thérèse Evette et à François Lautier qui
m'ont accueilli au sein du laboratoire qu'ils ont
créé et m'ont soutenu par leurs conseils ou leurs
critiques amicales. Je tenais à ce qu'ils en soient
ici remerciés.INTRODUCTION
Comment bâtir avec des mots ?
« Phèdre: Voici donc que le
langage est constructeur! (...)
« Socrate: Mais véritablement la
parole peut construire, comme elle
peut créer, comme elle peut
corrompre... »
1Paul Valéry
Dans son dialogue mettant en scène un Phèdre et un
Socrate discutant des qualités diverses d'Eupalinos l'architecte, le
poète Paul Valéry ne se lasse pas de tisser des liens entre l'art
d'écrire et celui de bâtir.
Ainsi l'architecte idéalisé par le poète n'exècre-toit pas
les « édifices qui ne parlent ni ne chantent» ! Ne finit-il pas par
faire admettre au philosophe que son art de bâtir doit, non
seulement à la géométrie qui doit elle-même au langage, mais
surtout que cet art est également un art du langage créateur. Et
pour couronner le tout, Socrate confie à Phèdre qu'il a jadis été
fasciné par la beauté d'un objet créé qu'il avait trouvé sur le
sable d'une plage, à tel point que, tiraillé entre la beauté et le
mystère de la création de cet objet, après un instant de doute
profond, il a fait le choix des arts de la pensée et du langage, en
regrettant d'abandonner les beaux-arts et l'architecture...
Ce dialogue philosophique, écrit par un poète qui a
consacré une grande part de son oeuvre à une réflexion sur le
processus créatif, considère donc l'architecture comme métaphore
et comme terrain d'étude de la création.
1 Eupalinos ou l'Architecte, p.66-67.
9Lecture sociologique de l'architecture décrite
De la fascination démiurgique pour le grand architecte
de l'univers jusqu'aux dénonciations extrêmes de « l'univers
concentrationnaire)} d'un grand architecte moderne2, il semble
qu'il soit souvent question de l'engendrement par les mots d'un
monde acceptable ou non, ce qui incite à se demander comment
faire ou refaire un « monde» ou, plus simplement, comment
faire quelque chose avec des mots ?, comme le suggérait John
L. Austin dans un ouvrage fondateur3 .
C'est sous les auspices de tels questionnements plus que
dans le courant philosophique particulier auquel ils se
rattachent que se présente ce livre. Cependant, nous avons choisi de
modifier la formule austinienne qui s'attache aux jeux de
langage, pour nous demander plus concrètement: comment bâtir
avec des mots? comment construire avec des mots qui
empruntent une partie de leur force aux choses et, finalement, à ce
monde dont ils rendent compte et dans lequel ils adviennent.
Il ne s'agit donc pas de s'intéresser aux mots ou au
discours pour eux-mêmes. Nous ne défendons pas I'hypothèse que
les mots et les discours détiennent, en eux-mêmes, un pouvoir
spécifique d'engendrement du monde ou un potentiel
particulier d'action sociale. Tout cela n'est pas donné dans le langage,
mais semble relever d'un jeu poétique où toute réponse
imaginaire n'est pas n'importe quoi, précisément parce qu'elle
s'étaye sur la structure du monde4. Il s'agit alors d'interroger
comment certains discours empruntent quelque chose (qui est à
déterminer) au monde et à ses objets, pour en produire une
forme ou une représentation originale qui est, elle-même,
susceptible d'engendrer un monde ou un objet nouveau.
Sans trop nous éloigner des jeux de langage et autres
objets de prédilection de la philosophie analytique, nous avons
choisi de penser quelques pratiques sociales et professionnelles
2 Le Corbusier et la « parole grave» de I>ierre Francastel, Art et technique, p.34-35.
Les références complètes des ouvrages cités en note sont indiquées dans la
bibliogragénérale en tin d'ouvrage.~hie
Traduit en français par Quand dire, c'estfaire.
4 C. Castoriadis, L'institution imaginaire de la société, p.206.
10Comment bâtir avec des mots?
qui visent à engendrer un «monde» au moyen de langages
spécialisés. Fondamentalement sociales, ces pratiques peuvent
être rapprochées de phénomènes infiniment complexes qui vont
de la religion à l'action politique, en passant par les utopies et
autres grands projets sociaux ou techniques.
Pour analyser ces phénomènes d'institution imaginaire
de la société, nous nous sommes donc intéressé à une pratique
accessible et localisée: celle des architectes. Nous avons fait
l'hypothèse que l'architecture, à travers ses objets, sa pratique
et ses discours, participe, pour sa part, à la transformation de la
réalité sociale. Elle le fait au nom des pouvoirs qui entourent,
dans toute société, l'inscription spatiale de la socialité. Mais,
au-delà de cette dimension anthropologique fondamentale, la
pratique architecturale agit également sur la société, à travers
sa mise en forme, en s'inscrivant dans des mouvements
politiques et sociaux qui vont des projets hygiénistes de prise en
charge de la question urbaine jusqu'aux tentatives de
programmation des pratiques sociales, à travers l'usage d'un
quartier, d'un bâtiment ou d'un logement. Et, quelle que soit son
application, ce pouvoir de modification de la réalité sociale
participe d'un imaginaire social partagé par les concepteurs, les
décideurs publics ou privés, voire les utilisateurs qui y sont

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