Les Deux Larrons
86 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
86 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

La rencontre fictive imaginée par l'auteur entre le peintre Paul Gauguin et le chanteur Jacques Brel ne pouvait avoir lieu qu'aux îles Marquises, au cimetière d'Atuona à Hiva Oa, où les deux artistes reposent non loin l'un de l'autre.

Un jour, Jacques Brel montra à un ami l'emplacement qu'il avait choisi pour dernière demeure. Cet ami lui fit remarquer que Paul Gauguin se trouvant à la droite du Christ sur la croix, lui, serait à sa gauche. Le chanteur lui répondit en riant : « Alors, nous serons les deux larrons. »

Cette réponse a inspiré le titre de cet instant théâtral.

De leur enfance à la fin de leur parcours de vie, Brel et Gauguin se racontent et, au fil de leurs vies parallèles, découvrent quelques similitudes troublantes.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 25 janvier 2019
Nombre de lectures 2
EAN13 9782414310531
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-31054-8

© Edilivre, 2019
Exergue


« Je vous souhaite des rêves à n’en plus finir et l’envie furieuse d’en réaliser quelques-uns »
Jacques Brel
« Est-ce un pays que l’on peut voir ou bien mon rêve ? »
Paul Gauguin
Avant-propos
Paul Gauguin : 1848-1903 – Jacques Brel : 1929-1978
Cet instant théâtral intitulé : « Les deux larrons », est une rencontre fictive entre ces deux artistes, qui ont terminé leur parcours de vie aux îles Marquises.
De leur enfance à leurs derniers instants, ils se racontent l’essentiel de leurs vies et se découvrent quelques points communs.
Ce texte est adapté du livre : Brel – Gauguin, Rencontre aux Marquises et autres nouvelles.
Jean-Serge Lalanne © Edilivre, 2017.
Dépôt de texte SACD France, numéro 000324484



Pour mettre en scène la rencontre fiction intitulée « Les deux larrons » , l’auteur a utilisé pour les dialogues, outre les sources bibliographiques situées en fin d’ouvrage, les correspondances échangées par Paul Gauguin avec : Emile Bernard, André Fontainas, Mette Sophie Gad-Gauguin, William Molard, Daniel de Monfreid, Charles Morice, Emile Schuffenecker.
Pour les dialogues de Jacques Brel, la parole publique et les nombreuses interviews données à : Europe 1, France Culture, France Inter, RTL, ainsi que des rencontres et échanges avec Dominique Arban, Maddly Bamy, Jacques Chancel, Jean Clouzet, Bertrand Dicale, Danièle Heymann, Fred Hidalgo, Patricia Parrish, Paul-Robert Thomas, Jacques Vassal.
Les deux larrons

Sur scène, devant une photo projetée représentant le cimetière d’Atuona, aux Marquises, évoluent trois comédiens. Le premier, tout habillé de blanc interprète le personnage de Jacques Brel, tandis que le second, vêtu de gris avec un chapeau, joue celui de Paul Gauguin. Le troisième rôle, est tenu par une jeune comédienne, revêtue d’une robe colorée des îles. Tout au long du spectacle, elle scande les titres des époques traversées et récite ou interprète les courts extraits des chansons de Jacques Brel parsemés dans le texte.
L’enfance
Jacques BREL :
Salut Koké. Beau clair de lune ce soir. Dis-moi, Koké, c’est bien ainsi qu’ils t’appelaient les marquisiens ? Je t’ai entendu gémir. Toujours ta jambe qui te fait souffrir ?
Paul GAUGUIN :
Salut le chanteur. Effectivement, beau clair de lune. Oui, c’est bien ma jambe et ses ulcérations, vieux souvenir de Concarneau. Tu as raison pour mon surnom, ils disaient Koké, ou coquin. Ils n’ont jamais su dire Gauguin… Toi aussi, je t’ai entendu tousser. Il est vrai qu’ici l’air est de plus en plus humide.
Jacques BREL :
Et oui, je tousse. « Le poumon, le poumon vous-dis-je » a écrit Molière…
Paul GAUGUIN :
Tu as entendu dans l’autre monde ? Tous ces fracas, toutes ces bombes ? « Ils ne savent pas ce qu’ils font, ils sont devenus fous » a écrit Walter Scott dans « les aventures de Nigel ».
Jacques BREL :
Oui, ils massacrent les hommes, ils tuent l’enfance. Te souviens-tu de ton enfance ?
Paul GAUGUIN :
Je n’avais qu’un an en 1849 lorsque mon père décida de partir pour le Pérou où vivait la famille de ma mère. Il voulait y fonder un journal. Nous avons embarqué sur un navire de commerce, L’Albert . Pendant la traversée, du Havre vers Lima, mon père s’est souvent disputé avec le commandant du bateau. Il paraît que cet homme trouvait ma mère à son goût… Malade du cœur, mon père était très affaibli. En Patagonie, se trouvait une petite île, un confetti au milieu de l’océan avec une petite bourgade. Nous attendions avec ma mère, ma sœur et quelques matelots, dans la baleinière qui allait nous conduire sur l’île pour faire quelques provisions. Au moment de franchir l’échelle de coupée, mon père s’est écroulé. Rupture d’anévrisme. Mort subite. Bien sûr, comme je te l’ai dit, je n’avais qu’un an et c’est ma mère qui m’a raconté toute l’histoire.
La baleinière a gagné l’île et mon père a été enterré à la va-vite dans le village de Port Famine. Drôle de nom pour un lieu de fin de vie.
Le voyage a ensuite continué jusqu’à Lima où un vieil oncle, Don Pio de Tristan nous a accueillis. Je me souviens d’un domestique chinois, du goût de la canne à sucre et du soleil qui brillait en permanence. C’est sûrement de cette période que j’ai gardé l’envie de voyages et d’exotismes.
J’avais sept ans quand ma mère fut contrainte de revenir en France, à Orléans, pour régler la succession de mon grand-père paternel. Je n’étais pas heureux. J’étais devenu un indien en exil privé de lumière. Je m’ennuyais ferme sur les bancs de l’école. À neuf ans, j’ai pensé à m’enfuir du pensionnat.
En 1859, je suis entré au petit séminaire. J’étais un élève médiocre. À 17 ans j’ai quitté l’école et me suis engagé comme matelot, sur un cargo en partance pour L’Amérique du Sud. J’étais de nouveau à la recherche de la lumière.
Et toi ? Ton enfance ?
Jacques BREL :
Enfant, je me suis beaucoup ennuyé moi aussi. À la maison, à l’école, à l’église… oui, à l’église, alors, je m’inventais des rêves.
Quand j’étais petit, j’aimais beaucoup faire du vélo de course, j’en ai fait très longtemps. J’avais un jeu parfaitement idiot et qui était parfaitement anormal d’ailleurs, je faisais des tours. J’avais trouvé une espèce de fausse piste dans les faubourgs de Bruxelles, derrière chez nous, et je roulais. Je roulais jusqu’à tomber.
Chez nous, il y avait aussi un toit plat. Je grimpais dessus et je me couchais sur le dos les bras en croix. Je regardais les étoiles jusqu’à m’étourdir, jusqu’au vertige. J’aimais regarder les étoiles. Ce n’était pas pour fuir, c’était juste pour être heureux.
J’allais m’en rendre compte plus tard, c’est pourtant à l’école, grâce à un professeur de français qui aimait la poésie et qui se tuait à nous faire comprendre que c’était une jolie chose, que j’ai eu envie d’écrire mon premier poème et ensuite ma première chanson.
Il y a un extrait dans « Le dernier poème » de Robert Desnos : « Il me reste d’être l’ombre parmi les ombres / D’être cent fois plus ombre que l’ombre … », qui a dû m’influencer lorsque j’ai écrit beaucoup plus tard :
La récitante :
« Laisse-moi devenir
L’ombre de ton ombre
L’ombre de ta main
L’ombre de ton chien… » 1
Jacques BREL :
Le théâtre, c’est l’abbé Deschamps et l’abbé Lamberti à l’école catholique de Bruxelles qui me l’ont fait aimer. Il paraît que j’avais des talents d’imitateur, de comédien.
Après la crise des années trente, suite au krach boursier du 24 octobre 1929 à New York, mon père s’est associé à son beau-frère, Armand Vanneste, dans une entreprise de cartonnerie.
Je me souviens, quand j’avais douze ans, mon père m’a emmené à l’usine, dans son bureau. Il m’a fait asseoir en face de lui et m’a dit : « Voilà, c’est là que tu finiras ta vie ». C’était sinistre.
Après des années de scoutisme, j’ai rejoint un mouvement de jeunesse d’inspiration chrétienne, « La Franche Cordée », dont la devise était « Plus est en toi ». C’est là que j’ai rencontré Miche, qui allait devenir ma femme et la mère de mes enfants.
Au début, Miche n’était pas séduite. C’est vrai que j’étais complexé, je ne me trouvais pas beau.
La récitante :
« Faut dire qu’elle était belle
Comme une perle d’eau
Faut dire qu’elle était belle
Et je ne suis pas beau… » 2
1 . Ne me quitte pas — © 1959 Warner Chappell Music France / Editions Jacques Brel
2 . La Fanette — © 1963 Alleluia – Gérard Meys
L’amour
Jacques BREL :
Lorsque j’ai quitté l’école, j’ai rejoint l’entreprise familiale où je m’ennuyais ferme tout comme à la maison. Je ne sais pas si tu as déjà vendu du carton, mais… c’est très triste…
À La Franche Cordée, j’ai rejoint un groupe de théâtre amateur qui donnait des spectacles dans les foyers et les hôpitaux et c’est lors d’une fête de fin d’année à la cartonnerie que j’ai commencé à chanter.
Après le service militaire où je chantais le soir à la cantine, j’ai retrouvé l’usine et le...

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents