Nicolas
44 pages
Français

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Description

Nicolas est un court récit inspiré de la vie de Nicolas de Staël.


Ce peintre majeur du XXe siècle s'est donné la mort à Antibes en pleine gloire, après des années d'anonymat et de misère.
Le texte raconte les chemins de son ascension, les amitiés, les rencontres et l'amour. De sa mère, de son enfance et des femmes, d'une femme en particulier qui a précipité sa perte.
Nicolas de Staël s'adresse à Antoine Tudal, Antek, son fils adoptif qu'il a élevé et qui, une fois adulte, est devenu son ami, un soutien inconditionnel.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 30 avril 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414329502
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
194 avenue du Président Wilson – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-32951-9

© Edilivre, 2019
Exergue


« Ni vous ni moi, enfin, je l’espère, ne sommes taillés pour les frontières et pour les plafonds bas. En tout cas, Nicolas, lui, pas. La communion approche. »
Georges Duthuit
Nicolas
Antibes, le 16 mars 1955
Ma peinture est celle de la couleur, vive, éclatante. Plus rien n’a d’importance. Je suis debout, face à la mer mais je pourrais être ailleurs. Je ne vois plus ces gris, ces bleus qui s’entremêlent au blanc, je ne vois plus que ce rouge surmonté de jaune, de noir, un piano, une contrebasse. Ma dernière œuvre 1 , mon dernier souffle, lumineux, monumental.
Je veux encore qu’elle m’entoure de ses bras, que ses cheveux caressent mon visage et mon dos, courent sur mes épaules, je veux encore lui mordre les lèvres et entendre ses soupirs. Je veux encore voir cette lumière, celle du Maroc, d’Espagne, celle de ma mère dans la nuit de l’exil.
Je voulais jeter ses lettres à la mer, je les ai apportées à son époux en lui disant « vous avez gagné ».
Antek, je voudrais te parler encore, te revoir pieds nus dans le sable du désert, petit homme de quatre ans, cinq ans, intelligent et sensible. La douceur même, comme Jeannine, ta maman. Il y a quelques jours, je t’ai dit, en nous promenant dans les rues de Paris « Je crois que j’ai assez peint. Je suis arrivé à ce que je voulais » et juste avant « Je ne sais pas si je vais vivre encore longtemps ». Je n’en ai plus la force. J’ai tout donné.
Tout est là désormais.
A New York, mais aussi à Paris, à Antibes. Une exposition doit avoir lieu.
Souvenirs de Lagnes, Provence – juillet 1953
Nous sommes arrivés un mercredi, en début d’après-midi, avec Françoise, nos deux enfants et Anne, née de mon union avec Jeannine. La maison nous attendait au bout du village, les volets fermés pour préserver la fraîcheur des larges pièces aux murs épais.
René Char nous avait trouvé cette ancienne magnanerie pour les vacances, dans ce pays où tous connaissaient le poète, où tous l’admiraient aussi. Il était le Capitaine Alexandre, héros de la Résistance. Un colosse de plus d’un mètre quatre-vingt-dix, immense et orphelin, comme moi.
Nous nous sommes reconnus au premier regard, lors d’un dîner chez les Duthuit. Depuis, on ne se quittait plus. Notre ouvrage « Poèmes », fut un véritable succès. Chaque semaine, nous nous retrouvions dans mon atelier de la rue Gauguet à Paris, assis près d’une table basse pour observer mes dernières toiles.
L’atelier de la rue Gauguet, où j’avais terminé avant de partir en Provence deux œuvres majeures : « Bouteilles dans l’atelier » et « L’Orchestre ». Une troisième également « Ballet ». De quoi dissiper mes doutes après l’exposition de New York en mars dernier. Mes toiles s’étaient pourtant arrachées, avec souvent deux ou trois amateurs pour chacune d’elles. Je n’y voyais que spéculation, un prolongement de Wall Street, ce cours fluctuant des choses, moi qui vouais un attachement profond, enraciné à mon œuvre.
Dès mon arrivée, j’avais senti le piège. Mes toiles avaient été malmenées durant la traversée, « Le Parc des Prince » avait été endommagé. Pas le temps, ni le matériel pour le retoucher. Mes tableaux avaient été jugés trop grands, trop lourds par le personnel de manutention qui les déplaçait avec si peu de soin. Mon trésor, comme je l’avais souligné dans le catalogue de l’exposition : « Toute ma vie, j’ai eu besoin de penser peinture, de faire de la peinture pour m’aider à vivre, me libérer de toutes les inquiétudes. Aujourd’hui, je montre un ensemble auquel je suis très attaché comme je ne l’ai jamais encore été, en toute modestie » 2 .
Comme je ne l’avais jamais été encore, l’aboutissement de toutes ces années de travail, de recherche, un condensé de mon être, de mon âme, celle-là même qui est aujourd’hui monnayée à New York.
Il y avait pourtant autre chose qui touchait le public américain. Autre chose que les couleurs somptueuses, la matière riche et généreuse. Sans doute la grâce, l’élégance de ma peinture, ni abstraite, ni figurative, ne voulant appartenir à aucun courant, ne s’embarrassant d’aucun code. Je ne faisais que traduire ma vision intérieure, ce que j’avais perçu, vu parfois à travers des couleurs, des formes posées sur la toile.
J’aurais tant voulu maîtriser ma création, la guider, mais sans cesse, elle m’échappait, ne m’appartenant qu’une fois achevée. Je sentais toujours comme une grande part de hasard. Cela me faisait souffrir et me maintenait dans un état de doute permanent. Ce que je faisais un jour, serais-je encore...

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