Catalogue raisonné des délires ordinaires
134 pages
Français

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Description

« Le mouton noir que je suis préfère rester au bord de la falaise, à profiter d'un monde qui offre encore pour quelque temps sans doute des merveilles pas totalement abîmées sous l'effet des délires de mes chers contemporains. » Jean-Louis Grenier, sympathique octogénaire qui n'a pas sa plume dans sa poche, s'est forgé en autodidacte une pensée critique qui vise à remettre en question les idées reçues et les préjugés dans les domaines de l'art, la musique et la religion. Avec une irrévérence jubilatoire, il défend avec bon sens sa liberté d'esprit face au point de vue souvent dogmatique, formaté ou réactionnaire de nombre de ses contemporains. En toute humilité, il formule le souhait de construire un monde meilleur pour les générations futures, basé sur des valeurs telles que la raison, la beauté ou encore la laïcité. Citant abondamment un large panel de penseurs pour étayer ses propos, l'ouvrage invite à une réflexion riche et stimulante.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 07 février 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342165241
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0064€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Catalogue raisonné des délires ordinaires
Jean-Louis Grenier
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Catalogue raisonné des délires ordinaires
Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
Avant propos
If you are not angry, what sort of a person are you ?
Ken Loach
 
Mes chers contemporains, dans l’ensemble, vous me gonflez plutôt. Vous délirez beaucoup et vous nous pourrissez ce monde.
J’ai eu l’idée de ce catalogue des délires ordinaires, à la lecture de l’excellent Petit Lexique de la Bêtise Actuelle de Christian Godin : c’était souvent bien vu, sans langue de bois, mais, de mon point de vue, ça n’allait pas tout à fait assez loin. À la liste des comportements débiles et des idées reçues, j’ajoutais en marge, au fil de ma lecture, bon nombre d’autres articles que je me proposais d’examiner d’un œil plus critique.
Par exemple, la révérence obligée devant la tradition, devant les mythes, les symboles, le respect qui serait dû à la religion, à l’Histoire, au patriotisme ; ou l’acceptation muette des dogmes de l’économie, des dérives des comportements et des sociétés, l’abdication de fait, au-delà des discours, devant le désordre environnemental qui nous menace, etc. Il y avait certes de la matière…
J’ai eu alors l’idée de compléter, d’établir mon inventaire person­nel des délires que je constate, de promener un regard panoramique sur l’incohérence du monde qui nous entoure.
Revisiter les idées reçues sur tant de notions était une tâche ambitieuse pour quelqu’un qui n’est ni sociologue, ni historien, ni philosophe, ni critique d’art ou musical… Simplement un « honnête homme », raisonnablement cultivé et informé. Mais qui revendique, avec quelques autres quand même, le droit de crier que le roi est nu, quand cela crève les yeux : c’est là, la raison d’être de ce réquisitoire.
À la base de ma réflexion, il y a l’expérience personnelle d’un octogénaire, une vie professionnelle variée et bien remplie, des voyages, des lectures ; une vie plutôt heureuse, au cours de laquelle j’ai malheureusement vu le gâchis s’accroître considérablement.
Après avoir listé les sujets de mécontentement, une bonne soixantaine, pas moins, il était hors de question de mener des recherches approfondies sur chacun d’entre eux, en me plongeant par exemple dans les textes religieux, en lisant Marx et Freud dans le texte, ou les études historiques des spécialistes : la tâche eût été gigantesque. Et ce n’était pas là mon propos…
Je me suis donc contenté de m’appuyer sur l’information disponible dans les médias, et, surtout, sur les résultats des travaux de nombreux experts, pour étayer mes intuitions, mes constats de Huron ébahi, qui examinerait notre temps d’un œil souvent atterré. Pour revendiquer haut et fort le droit de dire, avec quelques autres heureusement, que, par exemple, l’Art contemporain est nul, ou que les religions sont surtout des âneries mortifères. Aucun besoin des historiens de l’art ou des théologiens pour s’en rendre compte. Ce sont des faits, pas des opinions : il suffit de compter les « instal­lations » et les cadavres…
Une vision simpliste, dira-t-on. Carlo Strenger vole ici à mon secours. Il interroge : « Est-il devenu impossible de se forger soi-même une opinion responsable ? » Il souligne « l’émergence d’une culture de la vulgarisation », souvent par des scientifiques ou des chercheurs de haut niveau, « qui autorise à prononcer une critique valide ».
J’ai donc ouvert les yeux et les oreilles, et lu les auteurs qui ont défriché le terrain en amont, des vulgarisateurs de génie, de tous bords. Par exemple un Richard Dawkins, un Luc Ferry, un Régis Debray, un Michel Onfray, un Francis Wolff, un Jean Clair, etc., experts incontestés dans leur domaine, auxquels j’ai fait con­fiance. J’ai repris leurs conclusions à mon compte ; ils m’ont évité de me plonger dans les textes fondateurs, religieux, historiques, ou philosophiques. Ils m’ont permis de comparer, de justifier, ou parfois de revoir mes constats et impressions personnelles. Je leur en suis très reconnaissant.
Pourquoi tout ce travail ? C’est, je l’ai dit, d’abord un cri de colère : quand on vous marche sur le pied, et que ça fait très mal, le cri jaillit spontanément. Dans la foulée de Christian Godin, j’ai ressenti ce besoin viscéral de dire mon indignation et d’en clarifier les raisons ; sans doute, pour être en ordre avec moi-même, avant de quitter la scène pour cause de vétusté du bonhomme. « Être en paix avec soi-même dans un monde troublé ne peut être atteint que par un désaveu de ce qui nous entoure », écrit George Monbiot, un autre vulgarisateur épatant, qui promène sur notre monde un regard très informé et sans concession. Faire le ménage avant de partir…
« Une imposture, ça se dénonce, ou bien quel genre de personne suis-je ? » dit Ken Loach, que je cite en exergue.
On ne manquera pas d’imputer la violence de mon réquisitoire à une arrogance personnelle, à une personnalité insatisfaite, à un tempérament biliaire, des problèmes remontant à la petite enfance diraient sans doute les psys… On me reprochera sans doute d’être un « donneur de leçons », la critique banale, le faux-fuyant habituel pour éviter de se prononcer sur le fond de la « leçon ». Mais « dès que je pense, je juge », disait Kant… Comment faire autrement ?
Je m’inquiéterais peut-être si je me retrouvais seul dans ma colère. Certes, nous ne sommes pas beaucoup dans cet état d’esprit : le club des furieux, des atterrés, est un peu maigre, hélas ! Mais il y en a, et ils me réconfortent par leur vigueur : une Caroline Fourest, un Joseph Macé-Scaron, par exemple, ne mâchent pas leurs mots non plus. Après lecture de L’Horreur Religieuse, il ne reste plus que des décombres.
Il y a aussi, bien sûr, l’argument du nombre. Comment peut-on avoir l’arrogance de ramer à contre-courant, de prétendre démolir des idées reçues auxquelles souscrivent des millions d’individus ? Dawkins a la réponse, plus sérieuse qu’elle n'en a l’air : une énorme majorité d’individus croit en un pouvoir divin ; certes, mais il fait observer que le rhume commun affecte aussi une énorme majorité d’humains ; il n’en est pas moins une pathologie, ajoute-t-il. Le docteur Freud le disait, lui aussi : la foi est une vraie pathologie…
Pour moi non plus, l’argument du nombre n’en est pas un. Ce n’est pas parce que le troupeau de moutons se précipite en masse dans le ravin, en suivant docilement le mouton chef, que son idée de départ était forcément bonne. Le mouton noir que je suis préfère rester au bord de la falaise, à profiter d’un monde qui offre encore pour quelque temps sans doute des merveilles pas encore totale­ment abîmées sous l’effet des délires de mes chers contemporains.
Art (I)
Grotesque ! Vide ! Scandaleux ! Chaque fois que je sors d’une exposition d’art moderne, j’ai envie de hurler, de prendre les gens à témoin : mais réveillez-vous, bon sang ! Votre sens critique a-t-il été à ce point amoché, pour que vous avaliez sans broncher ce foutage de gueule généralisé ? Les boîtes d’Andy Warhol, les colonnes rayées de Buren, les photos du lit défait de Tracy Amin, avec liste détaillée de ses amants, le fameux carré blanc sur fond blanc de Malevitch, les diverses « installations » d’une sinistre stérilité, tout ce grand n’importe quoi qui envahit de son néant l’espace public ?
Mais qui suis-je donc pour affirmer cela avec autant de véhé­mence ? Rien qu’un petit provincial ordinaire, pire, barbouilleur amateur lui-même à ses heures, mais qui s’intéresse à l’art et à la musique depuis plus d’un demi-siècle. Un Huron, ai-je dit, qui, au nom du simple bon sens, ce vilain mot ringard, voit le roi nu là où le discours ambiant le revêt des oripeaux de gloses absconses.
Il faut être « ouvert », dit-on… J’ai essayé de m’ouvrir, de sentir, ou, à défaut, de comprendre. J’ai visité les grands musées : Beaubourg, la Tate Modern à Londres, le MoMA et le Guggenheim à New York. J’ai joué le jeu, honnêtement, à Amsterdam, Cologne, Oslo, Stockholm, et quelques autres lieux : partout, j’ai trouvé la même absurdité. J’en suis toujours ressorti abasourdi, puis bientôt ulcéré.
Serais-je tout simplement aveugle, ou taré ? Est-ce un manque de culture ? Je découvris pourtant bientôt que j’étais loin d’être seul dans ma sidération affligée devant le vide de l’Art moderne ou contemporain : des voix autorisées se sont élevées dans les années quatre-vingt-dix, des spécialistes à la culture incontestable, occupant des positions clefs dans le monde de l’art : un Jean Clair, conservateur du Musée Picasso, un Yves Michaud, directeur de l’École des Beaux-Arts, un Jean-Philippe Domecq, écrivain et spécialiste de l’art, un Michel Thevoz, conservateur du Musée de Lausanne, un Patrick Barrer, qui publia ce livre clef, L’Art contemporain est-il nul ?
Quelques titres des diverses contributions à cette réflexion collective : La Comédie de la Culture, Artistes sans art, L’art n’a aucune valeur, L’éclipse de l’art, autant de miel pour panser mes plaies.
Mais écoutons d’abord les arguments des défenseurs des avant-gardes, de l’Art moderne ou contemporain, ou postmoderne, l’appellation importe peu : je ne vois pas l’intérêt de ces fines distinctions entre les sigles. C’est un travail pour les spécialistes et les historiens de l’art ; et ils ne sont évidemment pas d’accord sur

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