La lecture à portée de main
Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage
Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage
Description
Sujets
Informations
Publié par | L'Harmattan |
Date de parution | 01 juin 2007 |
Nombre de lectures | 237 |
EAN13 | 9782296172418 |
Langue | Français |
Informations légales : prix de location à la page 0,1100€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
Ouverture philosophique
série Esthétique
Comprendre l'art contemporain
Nicole-Nikol Abecassis
Ouvrages du même auteur :
Cours d ’ Esthétique de Hegel , Editions Bréal, collection La Philothèque.
© L’Harmattan, 2007
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296032330
EAN : 9782296032330
Sommaire
Ouverture philosophique Page de titre Ouvrages du même auteur : Page de Copyright Présentation Avertissement de l’auteur Prologue -I- - Le temps de l’Histoire
1. Une référence ïncontnurnable à l’Histoire 2. La pensée de l’Histoire 3. L’Histoire de la pensée 4. L’avènement de la conscience historienne 5. Après l ’ avènement
-II- - Le temps de la philosophie
1. L’ « esprit » du temps 2. L’art et la philosophie comme « alliés » dans l’opération de révélation du sens de l’Histoire
Partie I
L’enthousiasme Le découragement
Partie II
La rupture L’offensive L’épreuve
Conclusion
Présentation
Celui qui lira ce livre, Comprendre l’art contemporain , en sortira confondu car jamais, à notre connaissance, n’a été aussi bien exposée la question de cet art. Nous en est offert une vue spectrale, celle d’une philosophie hégélienne mais qui reprend entièrement la catégorisation hégélienne et la modernise.
En règle générale, le théoricien de l’art s’enferme dans une œuvre qu’il cherche à comprendre ; il va même jusqu’à en envisager le style, les procédures et même l’Ecole à laquelle appartient tel ou tel artiste. Nous ne sortons pas d’un commentaire empirico-descriptif, en tout cas, particularisé.
Ici, on rompt avec ce genre d’étude. D’abord, - exercice plus difficile - on ne manque jamais d’assumer les sourdes relations qui lient entre eux les arts souvent et apparemment éloignés (la musique à laquelle la plupart des œuvres se réfèrent). Plus encore, on ne sépare pas ce repérage des arts désormais unis entre eux des bouleversements techniques et sociaux auxquels - volens nolens - ils participent, et qu’ils intègrent.
L’ensemble de ces inter-relations nous éloigne donc de la méthode qui cultive la simple reprise ou la limitation.
Simple échantillon de ces analyses : alors que l’art classique (dont on part) a favorisé le statisme, l’art qui suivra incorpore le mouvement qui devient une grille de lecture du Monde - qui lui-même accorde la primauté à la vitesse (ultérieurement l’avion et plus tard la navette spatiale) -. Pas ou plus de cloisonnement ! On rompt avec ce qui précède. La sculpture, le plus immobilisant des arts, s’ouvre alors au déplacement, ce qui nous vaudra un Marcheur, une jambe en avant, désalignée de l’autre. Le futurisme, plus tard, prolongera ce courant, ainsi que, à leur façon, Calder et Tinguely, le cubisme aussi (qui implique un rapide changement de perspective, une sorte de circularité).
Mais le livre ne se borne pas à appliquer une méthode systématique (les inter-relations). Il découvre une dialectique non-hégélienne qui traverse et anime les Arts, une Esthétique généralisée.
Nous partons d’un Art qui spiritualise le matériau et honore l’idée, la pensée. Il ira jusqu’à demander des motifs d’inspiration au savoir, à la science. Sous la rubrique de l’idéalisation des matériaux et de l’allègement de la matière, nous lisons des analyses particulièrement enlevées et qui prennent appui sur les œuvres. Le texte ne recule pas devant ce qui pourrait en limiter les conclusions : ainsi, on montrera comment l’architecture, elle aussi, a travaillé à éliminer la lourdeur et à donner un peu dans l’apesanteur.
Second temps, après celui de l’enthousiasme, vient la phase de découragement, un redoutable négatif. Ici, nous assistons à une confluence, une moisson d’arguments et de données qui caractérisent ce moment.
La destruction l’emporte. On lutte contre « l’hier », on prône le relatif au lieu de l’Unité, on tient à l’éclaté, on va ou ira jusqu’à l’automutilation. Une des raisons de cette rupture vient de ce que l’art ne peut pas recommencer le passé et qu’il a comme épuisé toutes les possibilités. En conséquence, il donne dans la disparition et ses équivalents.
En voici deux illustrations - que contestera un interprète sans audace, refusant le jeu des considérations qui transcendent la facticité. Le all over, parce que, avec lui, est déclarée la guerre à la centralité, reconnue aussi la prévalence éventuelle à la monochromie et surtout sont valorisées toutes les directions. Le cadre même de la présentation est donc abandonné. Le « haricot » de C. Viallat ou même les « raies » due Buren. Avec ces deux plasticiens, le thème élémentaire ne cesse de se répéter. C’est le piétinement. Buren recouvre toutes les surfaces des mêmes stries.
Ici, le lecteur s’interroge, interloqué: comment allons-nous sortir d’une pareille impasse ? Mais l’ouvrage ne laisse aucun doute : nous entrons, non pas, non plus dans la négation de la négation mais dans une « supernégation » de la pensée qui va disparaître. Nous assisterons, de ce fait, à une offensive de la pensée (complice) contre la pensée.
Ici, tout va basculer. L’art se met à coïncider avec l’ordinaire ou le plus banal (les bruits se substituent aux sons, etc.), avec la matière la plus brisée ou la plus rejetée (on va jusqu’à l’excrémentiel) ; le public est englobé dans l’aventure esthétique et ne peut pas y échapper ; on en appelle aux sens les moins spiritualisables (entendons pas là les odeurs, les saveurs et les contacts, etc.). Des tableaux altèrent gravement et modifient à ce point le visage (Bacon...) pour ne laisser que la tête, privée alors du regard et de sens. Elle prend un air d’autant plus mortuaire qu’elle a été ou qu’elle est blessée, couverte de sang. Arman accumule les objets, les plus dépréciés d’ailleurs, comme les plus usagés. Il met le feu au piano, au violon, au fauteuil (trop volumineux, tant il ne retient que les fragments, le brisé).
On ira jusqu’au rien - dans tous les arts, y compris les littéraires qui, après avoir substitué le son au sens, en arrivent à ne prendre en compte que les lettres. On ira jusqu’au pornographique ou aux scènes les plus banales de la rue.
Dans des pages brûlantes, Nicole Abécassis rapproche cette esthétique dévalorisée des événements récents de notre Monde, qui n’en a pas fini avec la barbarie, les génocides, les bombes.
Le parallélisme est souligné puisque nous est montré comment l’homme a su créer le monde (en même temps que l’Art, sous toutes ses formes, le magnifiait et l’élevait), en même temps qu’il allait être enseveli par lui et servir la Mort comme l’horreur. Plus exactement, nous croyons que l’art moderne cesse d’être enfermé dans le ravissement de ses seuls exploits ; il n’est plus logé dans l’abstraction (séparé du Monde). Il nous montre jusqu’où peut aller la Barbarie ou jusqu’où elle est allée. Hier, il évoluait sous le seul pathétique. Aujourd’hui, il se doit de nous dire ce qui menace la Cité.
A travers l’hypernégativité des arts actuels, il annonce la virtualité d’une Société ou d’une humanité en train d’exorciser le Mal.
Dernier argument en faveur de ce travail théorico-pratique : il sera d’abord difficile au lecteur de repérer un artiste (quel que soit l’Art, car tous ont été interrogés) qui aurait été oublié ou omis. Tous ont été resitués dans le système, ce qui a éclairé leur œuvre. Tous aussi ont servi à consolider une dialectique innovante, ici ébauchée. Bref, ce livre a travaillé - ce qui est rare - à l’obligation de la complétude, dans et pour une discipline où triomphe la dispersion.
François Dagognet
Avertissement de l’auteur
Il existe déjà une très importante littérature sur l’art contemporain. Notamment, ne manquent pas les ouvrages à visée encyclopédique définissant des styles ou ce que l’on appelle des « mouvements » d’art, auxquels sont