Des oeuvres d art Dogon ou Tellem ?
84 pages
Français

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Des oeuvres d'art Dogon ou Tellem ? , livre ebook

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Description

Ce livre traite de l'attribution iconographique et stylistique de la production artistique issue de la région de Bandiagara au Mali généralement dénommée "le pays Dogon", en prenant exemple sur l'exposition "Dogon" du Quai Branly en 2011.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2011
Nombre de lectures 51
EAN13 9782296473348
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0474€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Des oeuvres d’art Dogon ou Tellem ?
Regard sur l’exposition " Dogon " quai Branly-2011
Ethnoesthétique
Collection dirigée par Nadine Martinez

Cette collection s’adresse à tous ceux qui souhaitent approcher les oeuvres d’art selon une double lecture : la philosophie de l’art enrichie par les données de l’ethnologie (dans son sens large d’étude d’un contexte de production et d’utilisation). Les écrits, de différents formats, dynamisent une jeune science : l’ethnoesthétique. Auteurs et lecteurs se rencontrent autour de la recherche du sens de l’oeuvre d’art.

Déjà paru

Nadine Martinez, Ecritures africaines. Esthétique et fonction des écritures Dogon, Bamana et Sénoufo , 2010.
Marlène-Michèle Biton, Arts, politiques et pouvoirs. Les productions artistiques du Dahomey : fonctions et devenirs, 2010.
Nadine Martinez, la réception des arts dits premiers ou archaïques en France, 2010.
Nadine Martinez, art contemporain/art traditionnel. Aller-retour Mali-Mali, 2009.
Nadine MARTINEZ


DES OEUVRES D’ART
DOGON OU TELLEM ?
Regard sur l’exposition " Dogon " quai Branly-2011


L’H ARMATTAN
* L’astérisque renvoie à la bibliographie placée à la fin de chaque texte.


Couverture : Personnage aux bras levés adossé à un plan.
Illustration de Charlotte Pouzadoux


© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-56320-9
EAN : 9782296563209

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
Deux écrits dédiés
À Bertrand et à Benoît
AVANT-PROPOS
Le Musée du quai Branly, dont le véritable nom est « Musée des Arts et Civilisations », présente une exposition d’œuvres d’art réunies sous le titre « Dogon » {1} . Les organisateurs de l’exposition désirent mettre à l’honneur des œuvres majeures. Or, elles ont déjà été proposées dans de nombreuses expositions et d’innombrables publications {2} . Le choix de pareilles œuvres témoigne d’un manque d’intérêt, d’un déficit de discernement et d’audace {3} . L’absence de mise en dialogue plastique entre les œuvres présentées révèle, elle, plus gravement encore, un manque de dynamisme intellectuel. Ce dernier aurait pu pallier un choix d’œuvres trop connues du public en les plaçant dans des situations de dialogue formel savamment organisées afin d’enchanter le visiteur alors surpris et captivé par des évolutions formelles. Ces dernières auraient reflété la valeur plastique des sculptures des Dogon, comprise et mise en évidence par une réelle recherche imaginative et scientifique de la part des organisateurs. Le public les aurait en quelque sorte redécouvertes ou découvertes sous des angles nouveaux.
Les deux textes présentés dans ce volume proposent aux amoureux de l’art des Dogon et des Tellem des réflexions qui les accompagneront sur la voie d’une connaissance plus approfondie à l’opposite d’une exposition qui assène et valide, sous couvert institutionnel, des erreurs grossières d’information afférentes aux attributions iconographiques et stylistiques.
Le premier texte, « Tellem et Dogon : problèmes d’identité » , dresse un panorama de la recherche autour de la datation des œuvres d’art des Dogon et des Tellem paru en 1999. L’ancienneté de ce texte prouve le retard accusé par le Musée du quai Branly en matière de diffusion du savoir scientifique et universitaire et du peu d’intérêt porté aux sciences de l’art, notamment à l’ethnoesthétique, qui devrait être le sien depuis son inauguration l’ayant consacré « Musée des Arts et Civilisations » {4} . Les conservateurs, les responsables des collections et les membres de leurs équipes sont principalement issus des milieux ethnologiques et anthropologiques, il apparaît donc évident que le versant de l’art, n’étant pas scientifiquement représenté, soit laissé en jachère et en proie à toute dérive.
Le second texte, « Style et attribution » , issu de mes recherches ethnoesthétiques des arts de l’Afrique et particulièrement des Dogon {5} , est consacré à l’attribution stylistique principalement à travers une remise en question de textes émaillés d’erreurs écrits par une spécialiste réputée {6} qu’aucune instance universitaire en spécialité d’art du continent africain n’a validé. De nos jours, l’autoproclamation de pseudo spécialistes se banalise à tel point que de plus en plus de chercheurs issus des sciences humaines se trouvent acculés à devoir défendre leur savoir, tel José Ferreira, esthéticien et plasticien, tenu de préciser dans l’introduction de son livre : « Nous considérerons acquise l’inscription des sciences humaines au sein de la grande famille scientifique et ne reviendrons pas sur ce débat qui nous paraît avoir déjà été résolu ailleurs. Nous tiendrons cependant compte du fait que les sciences humaines offrent la trompeuse image de paraître accessibles au non-spécialiste et tenterons ainsi de combattre la tentation de l’utopie de la déspécialisation, pour reprendre le terme de Dominique Château » {7} .
Je ne ferai pas une analyse critique détaillée de l’exposition et de son catalogue, qui mériterait un développement d’ampleur. J’opposerai aux deux textes incohérents écrits par cette spécialiste , sur lesquels reposent les attributions stylistiques reprises dans les cartels et les fiches des objets de l’exposition et des collections permanentes du musée, mon propos. Ce dernier est établi à partir de la rigueur scientifique, des outils de la recherche universitaire et du désintéressement financier dans l’entreprise du musée. Cette personne, nommée commissaire de l’exposition en profite pour asseoir sa notoriété et obtenir une reconnaissance institutionnelle pour ses propres collections et celles de ses anciens clients {8} . Faisant partie des donateurs du Musée, on lui prête un certain nombre de libertés, notamment en ce qui concerne les attributions stylistiques des pièces {9} .
Ce qui s’explique moins est la gestion scientifique de l’institution publique. Il apparaît clairement que les personnels du département d’Afrique Noire du Musée du quai Branly occultent le savoir universitaire afférent aux arts de ce continent dont ils ne veulent pas entendre parler et refusent de diffuser les avancées en ce domaine, préférant donner leur place et la parole à des non spécialistes. Serait-ce dans l’optique de privilégier la gestion financière du musée ? {10}
Se pose alors la question de la gestion des institutions publiques. Si le Musée du quai Branly n’a pas vocation à relayer le savoir et la recherche universitaires en matière d’art (je ne parle que des arts du continent africain) et si sa gestion consiste à trop concéder aux prêteurs et aux donateurs : que trouve alors le public qui se rend dans ses murs ? Des cartels comportant des données inexactes, des œuvres muettes dont la mise en espace n’est pas valorisée et dont le choix est pour le moins peu judicieux, voire suspect, etc {11} .
Alors se pose la question de l’intervention de l’État lui-même dans un tel espace. Le Ministère de la Culture et de la Communication, le Ministère de l’Éducation Nationale et le Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche {12} n’ont-ils pas l’intention, un jour, d’intervenir et de demander à ce que cette institution se donne véritablement les moyens intellectuels d’assumer les missions qui sont les siennes ? En attendant un réveil des pouvoirs publics, mes modestes écrits et bien d’autres {13} contribueront, je l’espère, à réveiller l’esprit des curieux et des amoureux des arts de l’Afrique, soucieux de disposer de données scientifiquement validées et fiables.
Une telle nonchalance à propos d’un art extra-européen ne manifeste-t-elle pas tout simplement un mépris des autres civilisations, à l’opposite de ce que devait être précisément le Musée des Arts et Civilisations désiré par Jacques Kerchache et Jacques Chirac ? Cinq ans après sa création, un bilan d’anniversaire s’impose : leur œuvre a déjà été galvaudé, détourné et avili dans l’« afriqueland » {14} qu’il est devenu.
PREMIER

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