L art, miroir de vies et créateurs de mondes
249 pages
Français

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L'art, miroir de vies et créateurs de mondes , livre ebook

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Description

Le propre de l'art est d'exprimer le réel en le transfigurant : miroir de vies, il est en même temps créateur de mondes. Toute grande peinture peut être rangée dans un cadre général ; des peintres sont affectés par le tourment de la mélancolie ; d'autres par la turbulence et le vertige créateur du non-conformisme ; certains sont travaillés par le démon de l'effacement ou encore par la recherche de l'instant lumineux ; d'autres sont obsédés par la vacuité du néant ou inversement par la plénitude de l'être.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2011
Nombre de lectures 413
EAN13 9782296714182
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0950€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’ART, MIROIR DE VIES
ET CRÉATEUR DE MONDES

Essai sur la peinture
Histoires et Idées des Arts
Collection dirigée par Giovanni Joppolo

Cette collection accueille des essais chronologiques, des monographies et des traités d’historiens, critiques et artistes d’hier et d’aujourd’hui. À la croisée de l’histoire et de l’esthétique, elle se propose de répondre à l’attente d’un public qui veut en savoir plus sur les multiples courants, tendances, mouvements, groupes, sensibilités et personnalités qui construisent le grand récit de l’histoire de l’art, là où les moyens et les choix expressifs adoptés se conjuguent avec les concepts et les options philosophiques qui depuis toujours nourrissent l’art en profondeur.

Déjà parus

Sonia DELEUSSE-LE GUILLOU, Eugène Ionesco, de l’écrituere à la peinture, 2010.
Océane DELLEAUX, Le multiple d’artiste. Histoire d’une mutation artistique. Europe-Amérique du Nord, de 1985 à nos jours , 2010.
Olivier DESHAYES, Le désir féminin ou l’impensable de la création, 2009.
Isabelle DOLEVICZENI-LE PAPE, L’esthétique du deuil dans l’art allemand contemporain. Du rite à l’épreuve, 2009.
Dominique DEMARTINI, Le processus de création picturale. Analyse phénoménologique, 2009.
Aline DALLIER-POPPER, Art, féminisme, post-féminisme. Un parcours de critique d’art , 2009.
Nathalie PADILLA, L’esthétique du sublime dans les peintures shakespeariennes d’Henry Füssli (1741-1825), 2009.
Jean-Claude CHIROLLET, Heinrich Wölfflin. Comment photographier les sculptures 1896, 1897, 1915, Présentation, traduction et notes suivies du fac-similé des textes en allemand de Heinrich Wölfflin, 2008.
Mathilde ROMAN, Art vidéo et mise en scène de soi, 2008.
Jean-Marc LEVY, Médecins et malades dans la peinture européenne du XVII e siècle (Tomes I et II), 2007.
Stéphane LAURENT, Le rayonnement de Gustave COURBET, 2007.
Catherine GARCIA, Remedios Varo, peintre surréaliste, 2007.
Michel Ribon


L’ART, MIROIR DE VIES
ET CRÉATEUR DE MONDES

Essai sur la peinture
Du même auteur

Le Passage à niveau. Récit-essai sur l’expérience concentrationnaire comme situation limite, Ed. Alain Moreau, Paris, 1972. Réédité aux Ed. L’Harmattan avec pour sous-titre : Vivre et mourir au quotidien dans un camp nazi, 2004.
L’Art et la Nature. Essai et textes, Ed. Hatier, collection "Philosopher au Présent", Paris, 1988. Ouvrage traduit en portugais par Tania Pellegrini, Ed. Papirus, Sào Paulo, Brésil, 1991.
Archipel de la laideur. Essai sur l’art et la laideur, Ed. Kimé, collection "Philosophie Epistémologie", Paris, 1995.
L’Art et l’or du temps. Essai sur l’Art et le Temps, Ed. Kimé. collection "Esthétiques", Paris, 1997.
Parcours initiatiques de la nature à l’art, Essais , Ed. Kimé, collection "Esthétiques", Paris, 1999.
Esthétique de la catastrophe , Ed. Kimé, collection "Esthétiques", Paris, 1999.
A la recherche du temps vertical dans l’art. Essai d’esthétique, Ed. Kimé, collection "Esthétiques", Paris, 2002.
Esthétique de l’effacement , Ed. L’Harmattan, Paris, 2005.
Le Gouffre et l’Enchantement. Magies de la musique, Ed. Buchet↕ Chastel, Paris, 2006.
Mystères et magie de l’écriture. Essai d’esthétique, Ed. L’Harmattan, collection "Espaces littéraires", Paris, 2007.
Le goût et la rage de vivre : pourquoi j’ai survécu à l’enfer des camps nazis , Ed. L’Harmattan, Paris, 2009.
Théoriser et comprendre l’œuvre d’art de la modernité à nos jours, Ed. L’Harmattan, Paris, 2010.


© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-13618-2
EAN : 9782296136182

Fabrication numérique : Actissia Services, 2013
"Il y a un chant endormi en toutes choses qui rêvent sans fin, et le monde se mettra à chanter si tu trouves le maître mot".
J. Eichendorff (Sängerleben), 1788-1857


"Il y a des choses qu’on ne peut voir.
Et ce qu’on ne peut voir, il faut le montrer".
Ludwig Wittgenstein, 1889-1951
À Julien et à Diane
I – PROLOGUE : L’ART COMME TRANSFIGURATION
" Ne pas tenir l’art pour un choix fait à partir du monde, mais pour sa transformation en sublime (…) Notre vie s’use en transfiguration " .
R.M. Rilke

" L’art, une blessure qui devient lumière " .
G. Braque
1. La Transfiguration : le mot et l’idée
Comme l’indique l’étymologie, la transfiguration est le changement d’une forme en une autre, sa métamorphose. Si l’art est par essence une puissance d’écart, la transfiguration du réel est toujours au travail dans l’œuvre que nous admirons.
Mais cette transformation, dans l’histoire de notre culture, est originale. Depuis le célèbre épisode qui, dans les Ecritures, révèle le Christ dans son état glorieux sous l’effet d’ "une nuée éclatante d’où s’échappa la voix de Dieu", l’idée de transfiguration est souvent restée liée à celle d’une révélation qui s’emparerait de l’être d’un sujet pour lui conférer une forme neuve et un éclat qu’il n’avait pas. Le mot "transfiguration" s’est ainsi chargé de diverses connotations positives ; lumière, brillance, force d’élévation spirituelle, rayonnement, sacralité : autant de connotations formant système. Il est notable que, après les nombreuses mises en scène de cet épisode christique qu’elles ont rendu célèbre et populaire (comme les mosaïques de Ravenne et du monastère de Ste Catherine, comme aussi les sculptures de tympans de nombreuses cathédrales ainsi que les peintures de Duccio, de Fra Angelico et de Bellini par exemple), les peintres choisissent d’intégrer dans ces mises en scène le thème de l’Ascension, comme le font Ghiberti, Pérugin et Raphaël, jusqu’à Rubens inspiré par ce dernier.
Dans le champ de la mythologie antique le thème de la transfiguration est omniprésent. Certes, le terme n’y enveloppe pas nécessairement des connotations de lumière, d’élévation ou de splendeur ; mais il renvoie à l’idée plus générale de la transformation d’un être qui peut être affecté d’une forme tout aussi belle que laide, séduisante ou horrible, rassurante ou menaçante. La mythologie grecque est fascinée par le devenir des formes et, plus précisément, par le passage d’une forme en une autre qui lui est contraire ou opposée.
Si, dans ses Métamorphoses, Ovide emprunte ses figures au monde des fables, c’est pour s’offrir l’occasion de développer, sur un même thème figural, celui de la variation affectant la forme et la psychologie de son personnage au travers de situations toujours neuves qui le transforment, ou que, au contraire, manipulé par les dieux, il paraît générer lui-même pour produire un devenir toujours étonnant. Quelle magnifique occasion pour le poète – le véritable dieu – que d’imaginer dans l’allégresse et dans une absolue liberté la généalogie de ses figures guettées par de surprenantes métamorphoses ! Comme en témoignent de façon plus éclatante, les onze livres du roman d’Apulée, les Métamorphoses ; Apulée qui, pour mieux se livrer à la magie métamorphotique, joue sur tous les registres et tous les genres : mystico-religieux, romanesque, fantastique, éthique, satirique. A la brusque variation des formes, s’ajoute la réjouissante variété du langage qui les travaille du dedans. Variété, variation, mutation : instruments ou vecteurs de toute métamorphose.
Transfigurer est l’essence de l’art. Le langage de l’art n’est pas autre chose qu’un formidable appel ou qu’une extraordinaire aptitude à transformer tout ce qu’il touche ou ce qu’il paraît exprimer. A commencer par l’artiste lui-même, ce magicien des métamorphoses. Ce n’est pas un hasard si tant de musiciens ont été explicitement inspirés par ce thème. Ainsi, Richard Strauss, dans "Mort et Transfiguration" (1890), après avoir évoqué l’existence d’un être malade, son agonie et sa mort, suggère son entrée dans un monde de sérénité et de lumière, où la délivrance est accès à la béatitude. Lorsque R. Strauss reprend beaucoup plus tard le même thème dans Métamorphose (1945), il semble que, à travers le déploiement incessant des plans sonores et leur superposition, ce soit, par-delà le héros et la musique qui le porte, le musicien lui-même qui, se sachant à la veille de sa mort, a retourné vers lui la magie de son art pour anticiper, par le moyen d’insistantes verticalités harmoniques, sa propre transfiguration. Comme on a pu le dire à propos de Raphaël : à ses obsèques, les assistants crurent que le peintre s’était transfiguré dans son célèbre tableau La Transfiguration que ses admirateurs avaient placé au-dessus de sa dépouille comme pour faire entendre une musique céleste.
La musique : l’ensemble des moments où s’annoncent toutes les transfigurations ; et donc l’art auquel tous les autres arts, à un moment ou à un autre, sous une forme ou sous une autre, ont cherché à s’ouvrir pour s’approprier son pouvoir de transfigurer.
Un puissant désir de transfiguration taraude la conscience des hommes toujours insatisfaite, en tout temps, à tout âge, en tous lieux, désir que l’art, dans son histoire, n’a cessé de reprendre à son compte.
2. La transfiguration : comme effet d’un regard primitif et barbare
Il y a quelque chose de premier ou de primitif dans cette passion rageuse de transfigurer le réel, dans "ce regard de barbare" périodiquement revendiqué par des créateurs tels que Diderot, Delacroix, Balzac ou Picasso lorsqu’il leur paraît que l’art de leur temps est à bout de souffle. Un regard qui fait parler les choses pour les obliger à accoucher d’une forme qu’elles n’ont pu ou pas osé se donner à elles-mêmes. Ces choses : les plus banales, les plus quelconques, en lesquelles l’imagination, en les ressaisissant à l’état brut, perçoit une étrangeté, une bizarrerie : une racine d’arbre, un morceau d’os, la bosselure d’une caverne, un galet, une pierre corrodée, un buisson, un nuage. Humilité du point de départ, mais audace dans la dynamique de la vision et de la transformation.
Dialectique que l’on retrouve tout autant chez l’artis

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