Le Mot d Anne-Marie Carthé : la peinture parlante
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Description

Anne-Marie Carthé est une artiste-peintre, mais aussi une poétesse. Nous avons eu l'énorme plaisir de la rencontrer au Salon du Livre d'Oloron-Sainte-Marie en mai 2014, dans les Pyrénées-Atlantiques, dans le sud-ouest de la France. Fasciné par l'originalité de sa démarche, qui consiste à porter au pinceau et au poème la substance d'une œuvre littéraire, nous avons vu là l'expression radicale de l'exigence esthétique, que seul un regard porté au concept, au sens hégélien du concept, permet de saisir toute la transfiguration intérieure qu'elle opère, en rendant à l'humain la splendeur de sa vérité éternelle, celle qui consiste à transcender les désordres de la naturalité par une appartenance radicale de la conscience à soi.

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Informations

Publié par
Date de parution 23 mars 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342049909
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le Mot d'Anne-Marie Carthé : la peinture parlante
Jean Gobert Tanoh
Mon Petit Editeur

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


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93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Le Mot d'Anne-Marie Carthé : la peinture parlante
 
 
 
 
Qui est Anne-Marie Carthé ?
 
 
 
Anne-Marie Carthé est une artiste-peintre, mais aussi une poétesse. Nous avons eu l’énorme plaisir de la rencontrer au Salon du Livre d’Oloron-Sainte-Marie en mai 2014, dans les Pyrénées-Atlantiques, dans le sud-ouest de la France. Fasciné par l’originalité de sa démarche, qui consiste à porter au pinceau et au poème la substance d’une œuvre littéraire, nous avons vu là l’expression radicale de l’exigence esthétique, que seul un regard porté au concept, au sens hégélien du concept, permet de saisir toute la transfiguration intérieure qu’elle opère, en rendant à l’humain la splendeur de sa vérité éternelle, celle qui consiste à transcender les désordres de la naturalité par une appartenance radicale de la conscience à soi.
Dans son livre, Chemin de peinture, ligne d’écriture , base de notre réflexion, elle porte à la peinture et au poème, dans des dédicaces, les écrits de certains auteurs littéraires. Et Heidegger dit ceci : « L’essence de l’art, c’est le Poème. L’essence du Poème, c’est l’instauration de la vérité. Cette instauration, nous la prenons ici en un triple sens : comme don, comme fondation et comme initial » 1 . Ce triple sens, qui sous-tend toute la démarche picturale et poétique de la peintre au cœur de son dialogue avec les écrivains, dans sa collaboration avec les Éditions La Cheminante, ne s’objective que par la médiation de la pensée, se faisant CONCEPT.
Note fondamentale
Elle est fondamentale parce qu’elle éclaire la lecture de cet essai. Cette note est celle qu’a faite l’éditeur de l’ouvrage de Hegel, introduction à la philosophie de l’histoire, et relative à la philosophie de l’esthétique du penseur. En effet, l’éditeur écrit en annexe de l’ouvrage ceci :
« Prononcé par Hegel durant ses années berlinoises (entre 1818 et 1829), le cours d’esthétique s’est imposé comme une entreprise sans équivalent, que tout artiste ou philosophe doit lire pour comprendre ce qu’il en est du processus, mais aussi de l’histoire de la création et de l’art en général. Prenant appui sur la réflexion kantienne de la Critique du jugement, Hegel la dépasse sur deux points au moins. D’une part, il montre que l’unité qui se réalise dans l’art entre la liberté et la nécessité, entre l’universel et le particulier, entre le rationnel et le sensible, ne se rencontre pas seulement dans l’esprit du créateur de l’œuvre d’art ou du dans l’esprit de celui la contemple, mais aussi dans la réalité objective. De l’autre, en établissant que la fusion de l’idée et de son extériorisation sensible ne peut s’accomplir que selon un mode historique, Hegel met en évidence que l’esthétique est indissociablement liée à l’histoire » 2 .
 
 
 
Introduction
 
 
 
La peintre dit : « La peinture parle de nos fragilités… La peinture sauve » 3 . Il faudrait voir dans cette admirable idée une articulation essentielle entre l’esthétique picturale et la condition humaine, qui n’implique pas moins une méditation profonde sur le sens et la fonction du beau. Dans cette perspective, le beau indique qu’il n’est pas fondamentalement visuel, il est d’abord mouvement intérieur, car c’est à cette seule condition que le beau extérieur peut apparaître comme tel. Ainsi, le beau premier, depuis Platon, est celui de l’Idée, en tant que pur briller de l’âme. La peintre elle-même ne serait jamais parvenue à peindre si elle n’avait pas au préalable saisi cette exigence de l’âme, d’une appartenance à soi. La peinture ne peut parler de nos fragilités que dans la mesure où elle est parlante. La peinture ne parle pas alors seulement de nos fragilités, mais de la région, à partir de laquelle cette fragilité devient un fait de l’homme et de son monde. C’est d’autant plus vrai que le parler de la peinture, comme toute œuvre d’art, est, avant tout, parler s’originant dans l’anhistorique. Chez Heidegger, on saisit l’anhistorique autour de la problématique de l’être qui structure sa pensée ; celle-ci, se tenant dans une profonde intuition de l’être, explique comment nos déterminations, nos préoccupations et nos activités essentielles ne sont que parce que l’être donne à être dans sa dispensation. Ainsi, toute profonde idée ou pensée ne parle pas seulement du présent des choses, mais aussi de la présence qui donne au présent d’être présence des choses, c’est-à-dire l’être. Alors, si la peinture chez Anne-Marie Carthé devient parlante en raison du fait qu’elle parle de nos fragilités pour nous sauver, il faut bien reconnaître que ce parler n’est pas de l’ordre d’une simple évocation ; il est le parler de l’être, au sens heideggérien du concept, comme la présence du présent, qui, chez la peintre peut être compris sous le concept de trace, l’un des trois axes majeurs de son œuvre picturale et poétique. Si chez Anne-Marie Carthé, la peinture et l’écriture poétique s’articulent de façon merveilleuse, c’est sans doute parce que le parler poétique est le fondement de ses œuvres. Ainsi, avec elle, nous avons une sorte d’aller-retour entre peinture et poésie, l’une et l’autre se renvoient mutuellement, comme le montre si bien son texte : Chemin de peinture, ligne d’écriture , avec en sous-titre, mouvement artistique contemporain. Ce texte est la parfaite illustration de ce que l’on ne peut articuler deux formes d’esthétique, que si et seulement si on a compris que ce qui nous parle est essentiellement ce qui ne peut se laisser prendre dans la parole. En donnant à la parole d’être parlante et de parler des choses, l’être se dérobe à celle-ci, sans doute pour la rendre plus parlante. Or, rendre la parole plus parlante ne consiste pas en un flot continu de mots, mais en cette écoute attentive de l’être même de la parole, comme parler pur.
Dans une excellente analyse de la parole, Heidegger, dans son ouvrage Acheminement vers la parole , montre comment le parler pur rend possible le parler de l’homme. Et le parler pur, nous le trouvons dans le parler poétique, parce que dans le poème, c’est la parole qui prend issue d’elle-même ; c’est dans la mesure où le poète se tient dans cette issue qu’il peut parler en poèmes : « Dans le poème, ce qui est parlé, c’est ce qui prenant issue de lui est prononcé par le poète. » 4 Nous pouvons lire à la suite de cette idée ceci : « La parole est parlante. Cela veut dire aussi et d’abord que la parole parle. La parole ? Et non l’homme ? » 5 Curieuse idée ! Comment concevoir, ce qui, de manière manifeste, apparaît comme une énormité ? L’homme ne parle pas, mais c’est la parole qui parle. Où est-elle cette parole ? Heidegger ayant perçu l’incongruité apparente de son idée la termine par deux points interrogation. Juste pour signifier que ce qui peut paraître absurde et incongru ne l’est que dans une représentation immédiate ; et qu’une attention soutenue permet de saisir tout le fond de la parole parlante, et surtout d’en dégager les enjeux essentiels. Ce n’est donc pas une simple idée pour faire philosophe, elle vise quelque chose comme l’humain dans l’appropriation permanente de sa vérité, sans laquelle rien d’historiquement consistant ne peut advenir.
Quand Anne-Marie parle d’une peinture parlante, c’est que notre écoute doit devenir fine pour éviter tout malentendu, pour saisir tout l’enjeu qui sous-tend cette parole, même si à la fin de celle-ci, nous percevons assez clairement cet enjeu, celui de notre salut. Néanmoins, rien n’est pour autant pas clair, car si la peinture peut nous sauver de nos fragilités, il faut bien la comprendre et se l’approprier de manière convenable ou adéquate. Pousser la peinture au fondement de sa vérité, pour qu’elle nous sauve, comme toute œuvre d’art, c’est entreprendre un chemin de penser, qui fait écho à l’une des pensées les plus pénétrantes sur l’art en philosophie, celle de Hegel. Car, si l’art est agréable et utile selon Hegel, il est déploiement de la vérité. Quelle vérité ? La vérité du sujet humain, vérité comme conscience s’appartenant dans le concept. Ainsi le salut que peut opérer l’art, c’est dans la vérité du sujet humain, comme conscience se donnant pleinement à être humaine. Et cette vérité apparaît dans les trois axes de la démarche artistique d’Anne-Marie Carthé :
- Penser la trace comme élément plastique
- Penser la mémoire comme concept
- Penser le temps comme rythme
 
Ces trois axes conduisent le présent essai autour de trois parties, sans qu’il y ait une correspondance systématique :
Première partie : le lien substantiel
Dans cette partie, il est question de montrer comment la TRACE, comme signe manifeste de la fragilité, est l’expression du Beau en soi, se donnant hors de lui-même, faisant de la fragilité non pas une réalité dépréciative, mais un lieu d’appropriation de l’homme dans son humanité.
Deuxième partie : la peinture poétisée
À ce niveau, la réflexion insiste sur le sens de l’articulation poème et peinture, à partir de trois auteurs relativement connus par nous, figurant dans la liste des auteurs auxquels Anne-Marie Carthé fait correspondre, dans son livre : Chemin de peinture, ligne d’écriture , à la fois, un poème et une peinture, pour rendre compte des intuitions qui sous-tendent leurs démarches littéraires ; et ces trois sont : Lamia Berrada-Berca, Aimé Césaire et Albert Camus. Si la peinture peut nous sauver, elle ne le pourra que par le polissage du double d

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