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pages
Français
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2021
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Publié par
Date de parution
03 novembre 2021
Nombre de lectures
0
EAN13
9782312086637
Langue
Français
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Date de parution
03 novembre 2021
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0
EAN13
9782312086637
Langue
Français
Peintres pionniers suisses en Algérie au dix-neuvième siècle
Lina Kehouadji
Peintres pionniers suisses en Algérie au dix-neuvième siècle
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
© Les Éditions du Net, 2021
ISBN : 978-2-312-08663-7
À la mémoire de mon regretté frère Réda disparu prématurément à Rome , à la fleur de l’âge.
Dédicaces
Je dédie cette modeste monographie à :
– ma mère,
– mon père qui m’a guidé dans la voie de cette recherche,
– ma sœur Dalynda,
– ma fille Luna,
– Willy
– Maya ,
– Selma ,
– Jérôme et ses parents,
– Carlos ,
– Luca ,
– Karim ,
– et à toutes les personnes qui occupent de précieuses parcelles dans mon amitié.
Préface
Le regard serein et attendri des peintres suisses sur les Algériens et l’Algérie.
Par Ali El Hadj Tahar {1}
Lina Kehouadji n’est pas historienne ni critique mais galeriste et peintre. La peinture est donc sa passion. Après avoir fait connaître beaucoup de peintres algériens, et la voilà qui se penche sur les artistes suisses qui ont peint l’Algérie , avec la plume, cette fois-ci. Aussi modeste soit-il, ce travail a le mérite d’exister pour renforcer les assises du petit pont qui relie les deux peuples, suisse et algérien.
Pour l’Occidental, l’Orient est un mystère qui fascine et repousse en même temps, et ces deux réactions ont guidé les découvreurs de sites, de réalités et de mirages dans cet Eldorado d’un type nouveau où beaucoup ne sont pas venus seulement pour prendre mais aussi pour donner. C’est le cas de beaucoup d’artistes suisses qui n’avaient pas de complexe de supériorité en arrivant en terre maghrébine d’autant que leur État n’avait pas de velléités colonialistes ou impérialistes. Ils se sont fondus dans la population algérienne autant que le permettaient les coutumes et les différences linguistiques et culturelles. Ce qu’on peut dire d’emblée, c’est que cet ouvrage de Lina Kehouadji résume leur vie, leur parcours et l’œuvre qu’ils ont consacrée à notre pays.
Comme tous les Occidentaux, les peintres suisses voulaient découvrir l’Orient en général et l’Algérie en particulier, essentiellement pour sa particularité saharienne, qui permet le dépaysement et une aventure grandiose en même temps. Le Sahara se retrouve donc chez Eugène Girardet qui a été envouté par le désert : ses huit longs séjours en Algérie à partir de 1879 lui permettent de réaliser de nombreuses peintures et beaucoup de dessins, essentiellement dans les oasis de Bou Saâda et de Biskra. Avec Étienne Nasreddine Dinet, ce peintre majeur de l’Orientalisme est l’un de ceux qui ont le mieux rendu les habitants autochtones et les paysages de notre pays. Dans un portrait, il sait restituer l’âme et l’intimité tout comme il sait rendre le lyrique et le grandiose dans un paysage ou une scène de genre. De plus, quantitativement, son œuvre algérienne est l’une des plus riches et diversifiées. À elle seule, la peinture algérienne de Girardet mérite un livre, tout comme celle de Dinet, Frederick Arthur Bridgman, Gustave Guillaumet, Eugène Fromentin…
L’intérêt des artistes occidentaux pour l’Orient est apparu au courant du XVIII e siècle, mais c’est surtout au XIX e siècle, avec l’implantation du colonialisme, qu’il va se développer en même temps que l’attrait pour les thèmes orientaux. Les Orientalistes ont traité de sujets très variés, liés à l’espace où ils ont travaillé, qu’il soit méditerranéen, steppique ou saharien ; et la multitude des points de vue se retrouve aussi chez les artistes suisses. Si les peintres français, à leurs débuts surtout, ont traité de scènes de harem, les Suisses , plus pudiques, n’ont jamais abordé ces sujets, et même jamais les scènes de chasse ou de combat, se limitant à des vues qu’ils connaissaient intimement : des paysages, des vues urbaines, des scènes de genre, des portraits, anticipant déjà la peinture ethnographique plus réaliste et moins idéalisée. L’amitié de Girardet et de Maurice Potter avec Étienne Nasreddine Dinet atteste de cette pudeur et de cet humanisme de la peinture suisse d’Algérie .
Contrairement à beaucoup d’Orientalistes , les Suisses ne cultivent pas les clichés érotiques de la femme orientale cloitrée dans un sérail ni les préjugés sur le Maure . Cependant , sur le plan technique, ils ne font pas exception puisque leur œuvre est, elle aussi, dominée par les tons chauds : venus au pays, du soleil, ils n’avaient pas besoin de peindre des montagnes enneigées ou des oueds en crues, des cieux chargés de nuages et des plaines couvertes de neige, même si voir des hivers si rudes en Algérie a dû les étonner.
La peinture orientaliste est d’abord française, belge et britannique, tout comme la littérature et l’ethnologie, avant de s’étendre, ensuite, à d’autres écoles : allemande, américaine, italienne, espagnole et suisse. Edward Saïd a mieux que quiconque étudié le phénomène même si son point de vue semble par trop catégorique, puisque dans tous les domaines d’étude de l’Orientalisme il y avait des hommes et des femmes de cœur, de sensibilité et d’esprit qui ne se laissaient pas piéger par le racisme colonialiste et impérialiste. Le premier exemple qui vient à l’esprit est Étienne Nasreddine Dinet. Lina Kehouadji nous donne d’autres exemples, dont Jules Blancpain « qui s’habillait de vêtements traditionnels algériens, parlait l’arabe couramment et se déplaçait à cheval ». Achille Koetschet était également proche des populations algérienne bien qu’il ne séjourna que deux années dans le pays. Contrairement au préjugé disant que les Suisses étaient des gens distants, leurs artistes ont fait preuve d’un véritable attachement aux populations dépossédées de leurs terres et avilies par le colonialisme qui les a transformées en misérables. D’autres artistes occidentaux, comme l’Américain Bridgman, étaient proches des autochtones, dont les conditions de vie ne cessaient de s’empirer au fur et à mesure que le colonialisme s’installait.
L’Orientalisme suisse n’avait pas de thèmes ni de lieu de prédilection en Algérie . Son style était dans le même esprit que celui des autres artistes de ce vaste mouvement. Le paysage, les sites urbains ou naturels, du nord ou du sud, la diversité et la richesse ethnographiques, l’étude des us et coutumes des autochtones, les scènes de genre qui décortiquaient la vie quotidienne sous divers aspects, en regardant les femmes, les enfants et les hommes avec des yeux charmés ou compatissants, étaient les thèmes privilégiés par ces artistes qui aimaient aussi décliner les couleurs et les formes des paysages, leur exubérance ou leur sécheresse selon que l’on soit au nord ou au sud… Les femmes dans leurs appartements, les fantasias , les danses, les hères autant que les personnages hauts en couleurs dans leurs tenues traditionnels les ont retenus ou émus, et ils les restituaient avec noblesse, chacun selon ses qualités techniques.
Adolphe Otth et Johann Caspar Weidenmann comptent parmi les premiers peintres occidentaux à se rendre en Algérie. Adolphe Otth s’y rendit en 1837 tandis que Weidenmann y voyagea entre 1838 et 1839 et découvrit plusieurs villes, notamment Constantine, Bougie, Philippeville, Bône… Précis, aimant le détail, patient, Otth a immortalisé de nombreux endroits en Algérie, dont la casbah, l’amirauté et d’autres vues d’Alger, notamment dans cette précieuse vue de l’entrée de Bab Azzoun où des Algériens en tenue traditionnelle sont en train de discuter.
Frank Buchser, qui a réalisé quelques portraits d’Algériens, est comme à son habitude, sensible à la condition des petites gens d’Algérie, comme il l’a été dans son pays ou aux États-Unis où il peindra des indiens du Wyoming. Proche d’Horace Vernet par le style très documentaire, Johann Caspar Weidenmann, un orientaliste précoce, cherche à être sensible tandis que, dans une veine différente, Churibino Pata choisit des sujets laborieux et met un temps fou pour restituer les détails dont il s’embarrasse, notamment la série d’arcades de la baie d’Alger. Maurice Potter maîtrise toutes ses académies, et ses Enfants jouant la koura est dans le parfait esprit de son ami Étienne Nasreddine Dinet : vitesse, mouvement, gestuelle, en plus d’une parfaite connaissance de la couleur orientale. Jules Blancpain, qui a d’abord fait ses études d’horloger avant de se recycler dans l’art, a, lui aussi, une œuvre riche et diversifiée qui traite de la vie dans le désert et inclue aussi des portraits d’Algériennes.
John Pierre Simonet ne s’est pas beaucoup investi en Algérie, malgré ses nombreux voyages mais son Jeunes femmes causant ou son Femmes sur une terrasse à Alger sont d’un dépouillement exquis. Auguste-Frédéric Dufaux semble hésiter entre deux styles : un réalisme à la Marquet et des scènes type Delacroix avec des femmes lascives.
L’ouvrage qui présente ces artistes est certes modeste mais cela ne l’empêche pas d’être important puisque les livres sur l’art orientaliste en Algérie ou ailleurs ne mentionnent que deux ou trois artistes suisses. Lina Kehouadji donne donc ici le chainon manquant de l’Orientalisme : sa partie helvétique. À travers ces artistes, la Suisse entière semble avoir investi son âme et sa sensibilité en Algérie , reliant des fibres distantes mais chargées d’une même humanité.
A.E.T.
« On ne voit qu’avec le cœur,
L’essentiel est invisible pour les yeux. »
A. de Saint-Exupéry
Avant -propos
E ssayer de retrouver par l’image et par la pensée ces pionniers venus en Algérie bénéficier de sa lumière et fixer sur leurs œuvres des moments enchanteurs est pour moi une découverte passionnelle.
D’emblée, il convient de préciser qu’il ne s’agit point d’un travail académique mais d’un simple témoignage à l’égard de voyageurs venus découvrir un eldorado cosmopolite propice à leurs inspirations.
La présentation volontairement simplifiée offre des