Tous artistes! : Les pratiques (ré)créatives du Web
111 pages
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Description

À l’heure des nouvelles pratiques numériques inhérentes à notre hypermodernité, tout un chacun peut appuyer sur un bouton pour obtenir une image, mixer un son, rédiger un blogue et partager le contenu de sa réalisation. Qu’est-ce qui différencie dès lors une production artistique d’une pro­duction amateur? Quelles sont les frontières qui séparent la culture populaire de la culture légitime dans ce vivier de créations hybrides partagées sur Internet? En s’appuyant sur l’analyse de démarches artistiques réalisées sur le Web, cet ouvrage, rédigé par trois spécialistes de l’image, de la musique et des écritures numériques, entend aborder les productions numériques amateurs non plus seulement sous un angle sociologique ou économique, mais également sous l’angle de la dynamique esthétique qui les caractérise.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 18 septembre 2017
Nombre de lectures 1
EAN13 9782760637863
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0300€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Tous artistes!
Les pratiques (ré)créatives du Web
Sophie Limare, Annick Girard et Anaïs Guilet

Les Presses de l’Université de Montréal
La collection «Parcours numériques» est accessible gratuitement en édition augmentée sur parcoursnumeriques-pum.ca . La version enrichie comprend une bibliographie, des notes ainsi que de nombreux contenus complémentaires (vidéos, illustrations, etc.). La collection est dirigée par Michaël E. Sinatra et Marcello Vitali-Rosati.


Merci au Centre de recherche interuniversitaire sur les humanités numériques (CRIHN) ainsi qu’à la Chaire de recherche du Canada sur les écritures numériques de soutenir la publication des livres de la collection «Parcours numériques».
Couverture: mystel/Shutterstock.com Mise en pages: Yolande Martel ePub: Folio infographie Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada Limare, Sophie Tous artistes! Les pratiques (ré)créatives du Web (Parcours numériques) Comprend des références bibliographiques. Publié en formats imprimé(s) et électronique(s). ISBN 978-2-7606-3784-9 ISBN 978-2-7606-3785-6 (PDF) ISBN 978-2-7606-3786-3 (EPUB) 1. Contenu créé par l’utilisateur. 2. Médias sociaux. I. Girard, Annick, 1969- . II. Guillet, Anaïs. III. Titre. IV. Collection: Parcours numériques. ZA 4482 .l 55 2017 006.7 C 2017-941167-5 C 2017-941168-3 Dépôt légal: 3 e trimestre 2017 Bibliothèque et Archives nationales du Québec © Les Presses de l’Université de Montréal, 2017 www.pum.umontreal.ca Les Presses de l’Université de Montréal remercient de leur soutien financier le Conseil des arts du Canada et la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC).
Table des matières
Introduction
PREMIÈRE PARTIE
LES PRATIQUES VISUELLES AMATEURS
CHAPITRE 1
L’hybridation d’espèces d’espaces numériques
Revisiter les images amateurs
Révéler l’interstitialité
Allier art et selfie
Évaluer l’hybridité des pratiques amateurs
CHAPITRE 2
Les interactions d’amateurs
Participer en tant qu’amateur
Collaborer par le photomaton
Instrumentaliser les amateurs
Diriger artistiquement les amateurs
CHAPITRE 3
Les pratiques dans l’espace muséal connecté
Rechercher Vivian Maier
Exposer des images amateurs
Connecter l’amateur au musée
Concevoir un musée pour les amateurs connectés
DEUXIÈME PARTIE
LES PRATIQUES SONORES AMATEURS
CHAPITRE 4
Une esthétique de la parodicité
S’amuser de la synchronisation labiale (lip sync)
Esthétiser le doublage
Dédoubler, redoubler
CHAPITRE 5
Une esthétique en mosaïque
Personnaliser/personnifier la musique
Valoriser le lien
Explorer la variation
CHAPITRE 6
Une esthétique du rituel
Célébrer la culture populaire
Joindre un Ring Shout virtuel
Partager la créativité
TROISIÈME PARTIE
LES PRATIQUES D’ÉCRITURE AMATEURS
CHAPITRE 7
Les fan fictions, écrits de lecteur
Incarner le «lectacteur», le «prosumer» ou le fan
Créer et faire communauté
Braconner la littérature
CHAPITRE 8
Les feuilletons sur les réseaux sociaux
Se raconter sur Instagram
Actualiser la chronique
Réinventer le roman-feuilleton
CHAPITRE 9
Les succès littéraires grâce au Web
Éditer ses écrits
Faire vendre, être connu
Critiquer et promouvoir
Conclusion
Lexique


Introduction
Depuis l’arrivée de nouveaux outils de communication dans les années 1990, nous vivons dans une société hypermoderne marquée par l’excès, la flexibilité et la porosité des frontières spatiotemporelles; une société où «l’accent est mis non pas sur la rupture avec les fondements de la Modernité, mais sur l’exacerbation, sur la radicalisation de la Modernité» (Aubert, 2010: 14-15). Ce n’est pas la société du choix et de la réflexivité de l’individu moderne, mais celle de l’hyper-choix et de l’hyper-réflexivité. L’émergence des technologies offre ainsi la possibilité de se (dé)connecter ou de partager des contenus plus ou moins affiliés au domaine artistique et la distinction entre les univers de l’artiste et de l’amateur se complexifie inévitablement. «On assiste, depuis plusieurs décennies, à une forte croissance des activités amateurs, et les activités des fans occupent une place cruciale dans les pratiques de réception-réinvention de la culture» (Flichy, 2010: 19).
L’amateur désigne à la fois l’individu passionné: «celui qui aime», en même temps que le non-expert, le non-professionnel, voire le dilettante. Le terme, croient Guillaud (2011) et Broudoux (2007), est chargé de connotations ambivalentes, lesquelles sont sans doute à l’origine de sa prise en considération tardive par les chercheurs, notamment Lévy (1994), Odin (1999) et Weissberg (2001a) en France. L’amateur se caractérise par l’activité qu’il déploie en réponse à l’objet de sa passion, activité qui est de l’ordre du loisir. Depuis sa création, le Web est en grande partie nourri de productions amateurs: du féru d’informatique travaillant dans son garage aux bidouilleurs et pirates (hackers), la cyberculture s’est construite grâce à des acteurs enthousiastes. Sur le Web, «l’internaute se définit forcément comme un amateur: un passionné et un praticien plus tout à fait profane» (Allard, 1999: 23-24), si bien que la distinction entre professionnel et amateur y devient le plus souvent inopérante. L’internaute est en effet au cœur d’une pratique réticulaire qui implique «l’échange, le partage, la coopération, la collaboration, la réappropriation autour de créations toujours plus indépendantes de leur support […]» (Dall’Armellina, 2012). Une nouvelle génération d’amateurs se rejoint dans l’idée du «bricolage» numérique, du fan art et du partage d’images, de sons et de textes, devançant par là même les institutions culturelles qui peinent à suivre le rythme de cette révolution artistique sans précédent. Entre faire soi-même et faire ensemble, l’amateur impose ainsi, de par ses pratiques hybrides, une nouvelle conception de la créativité médiatisée et conduit les entreprises comme les législateurs à s’adapter à ce nouvel ordre (œuvres en usage partagé, logiciels libres, etc.).
À ce jour, les ouvrages consacrés à ces pratiques artistiques amateurs sont, pour la plupart d’entre eux, centrés sur une approche sociologique au détriment d’une prise en compte des enjeux créatifs inhérents à celles-ci. Sans aborder le sujet de façon binaire en séparant les domaines de l’artiste et de l’amateur, cet essai sondera leurs modalités d’hybridations visuelles, sonores et textuelles dans les espaces numériques. En analysant le contenu et la forme des productions amateurs, il essaiera de comprendre les conditions d’émergence ou non d’esthétiques propres aux nouvelles pratiques artistiques issues du Web 2.0, lequel est caractérisé à partir de 2004 «par la simplification de la mise en ligne des contenus et la capacité d’interaction avec les usagers» (Gunthert, 2015: 81).
Contrairement aux productions écrites et sonores qui se découvrent de manière temporelle, l’image fixe se donne à voir de manière immédiate et globale. La photographie numérique devient dès lors un médium de choix pour les amateurs désireux de partager des contenus rapidement assimilables sur les réseaux sociaux. L’amateur contemporain se positionne en maître de la conception et de la diffusion de ses propres images, car il s’est émancipé du bon vouloir d’un professionnel de la photographie argentique qui considérait ses modèles comme les figurants passifs et dociles d’un rituel institué. Au fil des années, l’appareil photographique a transité des mains du professionnel à celles du chef de famille avant de tomber dans celles des adolescents qui, selon Lachance (2013), se sont approprié ce médium avec inventivité et qui constituent aujourd’hui une nouvelle génération d’amateurs. Ce bouleversement sans précédent pour les amateurs va de pair avec une crise pour les professionnels de l’image qui ont longtemps résisté, voire ignoré la révolution de l’image connectée. «La résistance des professionnels a un effet inattendu: elle déplace le bouillonnement de l’innovation du secteur photographique vers celui de la téléphonie mobile qui devient peu à peu pionnier des nouvelles pratiques visuelles» (Gunthert, 2015: 52). Les productions amateurs envisagées ici sont effectivement presque toutes réalisées à l’aide d’un téléphone intelligent. L’analyse des pratiques visuelles amateurs se focalisera sur les multiples facettes de l’hybridation, inhérentes à la constitution de l’image numérique, avant d’observer différentes modalités d’interactions proposées aux amateurs, notamment dans le domaine de l’art urbain. Les amateurs ayant aujourd’hui investi les lieux d’exposition avec leur téléphone intelligent, l’incidence de leurs interventions sur l’accès aux œuvres muséales sera examinée à travers le filtre de l’image partagée.
L’écoute et la compréhension d’objets sonores diffusés en ligne par des amateurs s’attarderont elles aussi sur le renouvellement de pratiques dont les savants mixages, montages, compositions ou interprétations étaient réservés jusqu’à récemment aux professionnels du son. Étant donné que les nouvelles technologies facilitent la manipulation du son comme jamais auparavant, les chercheurs sont aujourd’hui confrontés à un «trivial» auquel une trop grande «intellectualisation» ne saurait rendre justice, mais qui mérite certainement une théorisation adaptée aux productions des amateurs issues de la culture participative définie par Jenkins (2016). Par ailleurs, «il n’est pas aisé de tracer une ligne claire entre l’amateur et le professionnel», comme l’affirme Pierre François (2003) qui situe au xix e siècle le début de la distinction toujours grandissante, surtout depuis 1970, entre musiciens professionnel et amateur, titres qu’il oppose pour montrer combien les approches comparatives basées sur ces paramètres déclassent l’amateur sans tenir compte de son rôle singulier puisqu’il recadre la notion de performance. L’amateu

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