Transhumanités
343 pages
Français
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Description

Les progrès de la technologie numérique et de la manipulation génétique contribuent à une métamorphose de l'humain. L'histoire nous a habitués aux évolutions des pratiques sociales et des mentalités, et les logiques économiques nous poussent à les favoriser. Dès lors, pourquoi sommes-nous si ébranlés devant les métamorphoses de l'humain ? Pourquoi avons-nous ce sentiment d'être face à un tournant décisif, une mutation dont les effets seront plus profonds et plus définitifs ?

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Date de parution 01 juin 2013
Nombre de lectures 11
EAN13 9782296538344
Langue Français
Poids de l'ouvrage 19 Mo

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Extrait

Sous la direction de Isabelle Moindrot et Sangkyu Shin
TRANSHUMANITÉS
Fictions, formes et usages de l’humain dans les arts contemporains
Préambule Isabelle Moindrot et Charles Ramond
Local & Global
TRANSHUMANITÉS Fictions, formes et usages de l’humain dans les arts contemporains
CollectionLocal&Global Créée en 2012 & dirigée par Gilles Rouet & François Soulages
Migrations, Mobilités, Frontières et Voisinages, Maria Rostekova & Serge Dufoulon (dir.) Citoyennetés et Nationalités en Europe, articulations et pratiques, Gilles Rouet (dir.) Nations, cultures et entreprises en Europe, Gilles Rouet (dir.) Productions et perceptions des créations culturelles, Helena Balintova & Janka Palkova (dir.) La photographie : mythe global et usage local, Ivaylo Ditchev & Gilles Rouet (dir.) Pratiques artistiques contemporaines en Martinique. Esthétique de la rencontre 1, Dominique Berthet Usages de l’Internet. Educations & culture, Gilles Rouet (dir.) Usages politiques des nouveaux médias, Gilles Rouet (dir.) Participations & citoyennetés depuis le Printemps arabe, Antoniy Galabov & Jamil Sayah (dir.) Internet ou la boite à usages, Serge Dufoulon (dir.) Géoartistique & Géopolitique, Frontières, François Soulages (dir.) Europe des partages Europe partagée, Serge Dufoulon & Gilles Rouet (dir.)
Comité scientifique international de lecture Argentine(Silvia Solas, Univ. de La Plata),Belgique(Claude Javeau, Univ. Libre de Bruxelles),Brésil(Alberto Olivieri, Univ. Fédérale de Bahia, Salvador),Bulgarie (Ivaylo Ditchev, Univ. de Sofia St Clément d’Ohrid, Sofia),Chili(Rodrigo Zuniga, Univ. du Chili, Santiago),Corée du Sud(Jin-Eun Seo (Daegu Arts University, Séoul), Espagne(Pilar Garcia, Univ. Sevilla),France(Gilles Rouet, Univ. Matej Bel, Banská Bystrica et GEPECS, Univ. Paris Descartes, Sorbonne Paris Cité, & François Soulages, Univ. Paris 8),Géorgie(Marine Vekua, Univ. de Tbilissi),Grèce(Panayotis Papadimitropoulos, Univ. d’Ioanina),Japon(Kenji Kitamaya, Univ. Seijo, Tokyo), Hongrie(Anikó Ádam, Univ. Catholique Pázmány Péter, Egyetem),Russie(Tamara Gella, Univ. d’Orel),Slovaquie(Radovan Gura, Univ. Matej Bel, Banská Bystrica), Taïwan(Stéphanie Tsai, Unv. Centrale de Taiwan, Taïpé)
Publié avec le concours du LABEX Arts-H2H, de l’Institut des sciences humaines d'Ewha (Séoul, Corée). L’ouvrage a bénéficié d’une aide de l’État français gérée par l’Agence nationale de la Recherche au titre du programme “Investissements d’avenir” (ANR-10-LABX-80-01). This work was supported by the National Research Foundation of Korea Grant funded by the Korean Government (MEST) (NRF-2007-361-AL0015).
Sous la direction de Isabelle MOINDROT et Sangkyu SHIN
TRANSHUMANITÉS
Fictions, formes et usages de l’humain dans les arts contemporains
Des mêmes auteurs
PublicationsdIsabelleMoindrot
La Représentation d’opéra. Poétique et dramaturgie, Paris, Presses universitaires de France, 1993. L’Opéra séria ou le règne des castrats, Paris, Fayard, « Les chemins de la musique », 1993. Le Spectaculaire dans les arts de la scène du Romantisme à la Belle Epoque(dir.), textes réunis par I. Moindrot, O. Goetz et S. Humbert-Mougin, CNRS-Éditions, « Arts du spectacle », 2006. Victorien Sardou, le théâtre et les arts(dir.), Presses universitaires de Rennes, « Le Spectaculaire », 2011. Le théâtre à l’opéra, la voix au théâtre(dir. I. Moindrot & A. Perroux), Alternatives théâtrales,n°113-114, Bruxelles, juillet 2012.
PublicationsdeSangkyuShin
Intelligence Artificielle et la condition future de l'être humain(en Coréen), Séoul, Phronesis, 2008. “Anti-brain centrism and the dilemma of functionalism”,Korean Journal of Cognitive Science, Vol. 22, No. 2, 2011. “The Extended Mind and the Principle of Parity”,Philosophical Analysis, Vol.12, No.1, 2011. “A Conception of Self in the Ages of SNS”,Semotic Inquiry, No.30, 2011. “Transhumanism, the most dangerous idea in the world?”,Sogang Journal of Philosophy, Vol.29, 2012.
En couverture Zaven Paré,Pas moi, d'après Samuel Beckett, Festival VIA, Mons, 2008. Copyright Zaven Paré.
AVANT-PROPOS
L’humanité est sans doute une espèce transgressive. C’est en tout cas l’image qu’elle s’est toujours donnée d’elle-même, avec quelque inquiétude certes, mais avec obstination. Vouloir être « comme des dieux » ? Premier homme, première femme, premier péché. Mais aussi voler le feu, ou voler tout simplement. Nous contemplons avec tristesse les chutes d’Icare. « Transhumain » ou « transhumanité » peinent à rejoindre le langage ordinaire peut-être parce que « humain » ou « humanité » suffisent pour désigner cette espèce qui se « trans-cende », se « trans-forme », se « trans-gresse », se « trans-figure », voire se « trans-mute » sans cesse, sous toutes les formes et de toutes les façons possibles, échappant ainsi toujours, non sans quelque secrète jubilation, à toute définition comme à tout destin. L’imaginaire humain n’est plein que de ces transgressions, de ces métamorphoses ou de ces monstruosités. Centaures, minotaure, anges, sirènes, statues qui s’animent et qu’on aime, ou qui vous emmènent en enfer, fées, sorcières, princes changés en crapauds, ogres chaussés de bottes de sept lieues, hommes à ressorts portant chapeaux et manteaux, automates jouant aux échecs, petite marionnette de bois rêvant de devenir enfant humain, spectres, fantômes, vampires, loups-garous, morts-vivants, robots humanoïdes, super-héros dotés de super-pouvoirs… Il était tout naturel de se demander dans quelle mesure les développements les plus récents des techniques avaient renouvelé ces figures infiniment variées de la transhumanité. Dans cette perspective, le présent ouvrage s’est donc donné pour objet l’étude des fictions, des formes et des usages de l’humain dans les arts contemporains, avec la double ambition de proposer à la fois un état des lieux et une réflexion critique. Fruit d’une collaboration entre deux laboratoires de recherche situés sur deux continents très éloignés, il croise les réflexions de chercheurs coréens de l’Institut des Sciences humaines d’Ewha (Séoul) et de chercheurs et artistes du Laboratoire des Arts et médiations humaines porté par l’Université Vincennes–Saint-Denis, le Labex
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ARTS-H2H, dont le sigle un peu mystérieux cache un désir de joindre l’humain à l’humain par l’entremise de l’art. Les approches sont souvent très différentes – l’optimisme est plus sensible du côté coréen – mais elles témoignent d’une même volonté de décrypter le monde, de mieux comprendre l’histoire de ses transgressions identitaires, et de participer au renouvellement de l’humanité, par la recherche et par l’art. Que Soojin Lee, qui a beaucoup aidé à la coordination de ce livre, soit remerciée ici pour son aide et son engagement indéfectibles. Sans elle, la collaboration entre Ewha Institute for the Humanities et le LABEX des Arts et médiations humaines Arts-H2H n’aurait sans doute jamais vu le jour. La première partie est consacrée à une « approche théorique » de cette question de la « transhumanité ». Le discours sur le transhumain ou le posthumain pose un « défi à la pensée » sous la forme d’une série de paradoxes indémêlables. Si nous ne sommes pas enfermés dans « l’humain » comme dans une espèce close, si « l’humanité » est ouverte par définition, comment en « sortir » pour évoquer le trans ou post-humain ? Le discours sur la transhumanité doit s’interdire l’humanisme, bien sûr, mais comment pourrait-il s’interdire l’humain, dès qu’il parle d’« homme dépassé », surpassé, ou « augmenté » ? Comment éviter que l’humain ne demeure pour nous la mesure de toutes choses ? On trouve chez les premiers modernes, chez Descartes en particulier, la définition paradoxale de l’homme par son propre dépassement dans une immortalité machinique, ou dans les promesses de la médecine, grâce à laquelle, dit Descartes dans la sixième partie duDiscours de la Méthodeon se pourrait exempter, « d’une infinité de maladies,et même aussi peut-être de l’affaiblissement de la vieillesse». Cette inquiétude, également présente chez Spinoza, sera reprise chez Deleuze et Foucault. Pas de monstruosité ou de transhumanité, ou de « fin de l’homme » concevable, en effet, tant qu’échappe ce « propre de l’homme » qui a connu tant de définitions. Faut-il le chercher, après l’âme, dans un « esprit étendu »
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comparable aux ramifications sans fin des cables-synapses d’un gigantesque cerveau de l’humanité ? Si bien qu’on finira par dire un jour « j’ai mal à mon i-pod » comme on disait autrefois « j’ai mal au pied » ? Ou tout à fait ailleurs, dans cette « voix » qui nous sépare déjà de tous les animaux, dans le « grain » d’une voix, comme disait Barthes, dans le timbre inimitable qui nous fait aimer les voix des acteurs, en remarquant à quel point une machine, bizarrement, se reconnaît d’abord au fait qu’elle n’a pas une belle voix, même pas une voix plausible – si bien que lorsque nous voulons imiter un robot, nous commençons par prendre une voix non-humaine, autant que possible… La référence à une proche posthumanité se fonde principalement sur la certitude que les progrès actuels de la technique nous propulsent dans un ordre de réalité tout différent de celui construit et connu par nos prédécesseurs, même récents. De ce point de vue, l’ouvrage de Katherine HaylesHow We Became Posthuman (1999) constitue une référence pour nombre des textes du présent recueil. Selon cet auteur, le « posthumain » devrait être conçu « comme un point de vue » possédant un certain nombre de caractéristiques précises : Premièrement, le point de vue posthumain privilégie la structure informationnelle plutôt que la présentation matérielle, si bien que l’incorporation dans un substrat biologique y est vue comme un accident de l’histoire plutôt que comme une conséquence inévitable de la vie. Deuxièmement, il considère la conscience, siège de l’identité de l’homme dans la tradition occidentale bien avant que Descartes ait pensé qu’il était un esprit pensant, comme un épiphénomène, un parvenu de l’évolution essayant de se faire passer pour le spectacle entier alors qu’en réalité il n’en est qu’une petite attraction. Troisièmement, ce point de vue conçoit le corps comme la prothèse originelle que nous apprenons tous à utiliser, si bien qu’augmenter ou réparer le corps au moyen d’autres prothèses y devient la poursuite d’un processus entamé avant même la naissance. Quatrièmement, et c’est le plus important, ce point de vue configure l’être humain par ces moyens et d’autres encore, de telle sorte qu’il puisse être parfaitement articulé avec
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