Flux cinématographiques, cinématographie des flux
198 pages
Français

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Flux cinématographiques, cinématographie des flux , livre ebook

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Description

L'esthétique cinématographique - des avant-gardes du muet (Epstein, Dulac, Man Ray) aux grands réalisateurs contemporains tels que Godard ou Marker - est liée, dans son essence même, à l'idée de flux visuels et sonores. A travers ses propres flux constitutifs, le cinéma peut à son tour donner à percevoir une pluralité de flux, actuels (naturels ou artificiels), virtuels (oniriques, imaginaires, mentaux) mieux que ne le peuvent les autres arts mais en interrelation étroite avec certains d'entre eux.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2010
Nombre de lectures 139
EAN13 9782296256637
Langue Français
Poids de l'ouvrage 16 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Flux cinématographiques
Cinématographie des flux
Collection Esthétiques , dirigée par Jean-Louis Déotte

Comité de lecture : Jacques Boulet, Alain Brossat (Culture & politique), Pierre Durieu, Véronique Fabbri, Daniel Payot, André Rouillé, Peter Szendy, Humbertus Von Hameluxen (Al.), Anne Gossot (Jp), Carsten Juhl (Scand.), Germain Rœsz (ARS), Georges Teyssot (USA), RenéVinçon (It.), Suzanne Liandrat-Guigues
Pour situer notre collection, nous pouvons reprendre les termes de Benjamin annonçant son projet de revue : Angelus Novus
« En justifiant sa propre forme, la revue dont voici le projet voudrait faire en sorte qu’on ait confiance en son contenu. Sa forme est née de la réflexion sur ce qui fait l’essence de la revue et elle peut, non pas rendre le programme inutile, mais éviter qu’il suscite une productivité illusoire. Les programmes ne valent que pour l’activité que quelques individus ou quelques personnes étroitement liées entre elles déploient en direction d’un but précis : une revue, qui expression vitale d’un certain esprit, est toujours bien plus imprévisible et plus inconsciente, mais aussi plus riche d’avenir et de développement que ne peut l’être toute manifestation de la volonté, une telle revue se méprendrait sur elle-même si elle voulait se reconnaître dans des principes, quels qu’ils soient. Par conséquent, pour autant que l’on puisse en attendre une réflexion – et, bien comprise, une telle attente est légitimement sans limites –, la réflexion que voici devra porter, moins sur ses pensées et ses opinions que sur les fondements et ses lois ; d’ailleurs, on ne doit plus attendre de l’être humain qu’il ait toujours conscience de ses tendances les plus intimes, mais bien qu’il ait conscience de sa destination.
La véritable destination d’une revue est de témoigner de l’esprit de son époque. L’actualité de cet esprit importe plus à mes yeux, que son unité ou sa clarté elles-mêmes ; voilà ce qui la condamnerait – tel un quotidien – à l’inconsistance si ne prenait forme en elle une vie assez puissante pour sauver encore ce qui est problématique, pour la simple raison qu’elle l’admet. En effet, l’existence d’une revue dont l’actualité est dépourvue de toute prétention historique est justifiée… »

Série « Ars » , coordonnée par Germain Rœsz

La collection Ars donne la parole aux créateurs. Du faire au dire, Ars implique les acteurs de la création (les fabricants ainsi que les observateurs de la fabrique) à formuler - sur un terrain qui semble parfois étranger - leurs projets, leurs ambitions, leurs inquiétudes, leurs découvertes. Sur les modes analytiques, critiques, politiques, polémiques, esthétiques et dans les formes du journal, de l’essai, de l’entretien, du collage, il s’agit d’énoncer une parole du faire-créateur. Rendre manifeste, de la revendication à l’adhésion, ce qui tisse les contradictions et les débats de la création contemporaine. Une complémentarité nécessaire en quelque sorte de la collection « Esthétiques ».

Dernières parutions

Rœsz Germain (sous la direction de), Essai sur l’ Archéologie du signe d’Henri Maccheroni , textes de Jean-François Lyotard, Michel Butor, Jean Petitot, Michel Vachey, Raphaël Monticelli, Ars, 2008
Legros Jean, Carnet d’un peintre , textes réunis par Micheline Legros, préface de Germain Rœsz, Ars, octobre 2008
Daphné Le Sergent, Image charnière, le récit d’un regard , préface de Germain Rœsz, Ars, avril 2009
Didier Coureau


Flux cinématographiques
Cinématographie des flux


L’Harmattan
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-11887-4
EAN : 9782296118874

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
J’ai rêvé de mon film se faisant au fur
et à mesure sous le regard, comme une
toile de peintre éternellement fraîche.

Robert Bresson ( Notes sur le cinématographe )


Le « flash », les couleurs qui filent comme des poissons sur la nappe d’eau où je les mets, voilà ce que j’aime dans l’aquarelle.
Le petit tas colorant qui se désamoncelle en infimes particules, ces passages et non l’arrêt final, le tableau. En somme, c’est le cinéma que j’apprécie le plus dans la peinture. […]

Henri Michaux ( Passages )
Qui connaît son œuvre et sa pensée, sait que Jean-Luc Godard a toujours porté une attention particulière aux sciences, dans une recherche constante des points de coïncidence entre l’acte d’observation filmique et l’acte d’observation expérimental au sein d’un laboratoire. Et ce n’est pas un hasard si, après avoir déjà mentionné le titre d’un ouvrage du biologiste Henri Atlan dès les années 1980, Entre le cristal et la fumée , il en vient à en citer un passage crucial de l’introduction au sein d’un film où il se met lui-même en scène, JLG/JLG (Autoportrait de décembre) , en 1994-1995, de sa propre voix :

Ah combien sont émouvants les cheminements de l’inconscient, quand on sait que les deux formes d’existence entre lesquelles navigue le vivant, le cristal et la fumée, désignent aussi le tragique des morts qui, dans la génération de mes parents, se sont abattues sur les individus véhicules de cette tradition. La Nuit de cristal et le Brouillard de la fumée. {1}

Un JLG observateur regarde vivre et penser un JLG sujet d’observation. Il transforme légèrement le texte original d’Atlan, comme il le fait si souvent, par exemple dans ce cas en substituant à l’adjectif « surprenant », celui d’« émouvant », qui introduit une toute autre dimension, sensible, subjective. Dans cette légère métamorphose des citations réside peut-être déjà l’idée d’un micro-flux qui rend tout texte plus mouvant – comme le reflet d’une eau tremblante qui se modifie au fil du temps –, selon les éclairages apportés par la pensée qui se l’est approprié pour l’intégrer à ses propres circuits mentaux. Le cristal est ici celui des écrans, celui de contrôle de la caméra, celui d’une télévision au sein d’un appartement où se donnent à voir et à entendre les pensées du cinéaste. La fumée est celle de son cigare qui s’évanouit dans l’obscurité de la pièce, chambre noire du cerveau. Entre le cristal et la fumée se situe, dès lors, non seulement l’histoire du XXe siècle avec, en son cœur, le génocide juif, mais également l’esthétique filmique, en un point de concentration remarquable. En retenant ce titre et son explicitation empruntée au biologiste qu’est Atlan, Godard a en effet une intuition fondamentale, celle que le cinéma peut être concerné par la réunion de ces deux termes contradictoires, et comprendre ce troisième terme, le « entre », qui a toujours été au cœur de ses propres recherches, jusque dans JLG/JLG , ce film manifeste esthétique où il ne cesse d’apparaître entre les plans non figurés de vagues au bord du lac Léman, sous le souffle de la tempête, et les chemins cristallisés, verglacés, bordés d’arbres givrés. Ce « entre », bien plus que la réflexion quelque peu arbitraire sur l’« intervalle » qui existerait entre deux images, peut être peuplé par un courant d’intensité, d’une certaine densité ou viscosité, qui pourrait être placé entre la matière et la presque immatérialité. Ainsi en est-il dans le très beau et très célèbre début de Pierrot le fou , alors que la caméra circule doucement entre les joueuses de tennis du Jardin du Luxembourg à Paris, et que la voix de Jean-Paul Belmondo, off , lit des passages de l’histoire de l’art moderne d’Elie Faure : « Velasquez, après cinquante ans, ne peignait plus jamais une chose définie. Il errait autour des objets avec l’air et le crépuscule, il surprenait dans l’ombre et la transparence des fonds les palpitations colorées dont il faisait le centre invisible de sa symphonie silencieuse. Il ne saisissait plus dans le monde que les échanges mystérieux […] ». La caméra elle-même glisse alors et capte le mouvement des joueuses de tennis, échanges de balles aux trajectoires mi-maîtrisées, mi-aléatoires, et mouvements l

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