Heures ouvrables et carnet de doute
250 pages
Français

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Heures ouvrables et carnet de doute , livre ebook

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Français

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Description

"Pourquoi filmer ? Qui ? Quoi ? Comment ? Aux trois premières questions la commande répond presque toujours ; la quatrième n'attend réponse que du filmeur." Raoul Sangla a traversé l'audiovisuel quarante-trois ans durant, il livre dans cet ouvrage une chronique de sa profession.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2008
Nombre de lectures 262
EAN13 9782336269757
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Heures ouvrables et carnet de doute

Raoul Sangla
Collection Mémoires de télévision
Ina-L’ Harmattan
Déjà parus
Palettes. Un regard télévisuel sur l’art, sous la direction de Pierre Fresnault-Deruelle, 2002.
Quand la télévision parle d’elle-même 1958-1999 , Pierre Beylot, avec le témoignage de Daniel Schneidermann, 2000.
La mémoire télévisuelle de la guerre d’Algérie 1962-1992 , Béatrice Fleury-Vilatte, avec la participation de Pierre Abramovici, 2000.
Scènes de télévision en banlieue 1950-1994 , Henri Boyer et Guy Lochard, avec la participation d’André Bercoff, 1998.
© L’HARMATTAN, 2007
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com harmattan1@wanadoo.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr
9782296047174
EAN : 9782296047174
Sommaire
Page de titre Page de Copyright Dedicace Avant-propos CHAPITRE 1 - Où l’on voit qu’il faut un début à toute chose CHAPITRE 2 - Où mon deuxième apprentissage promet d’être le bon CHAPITRE 3 - Où ma traversée du désert se peuple de sauveteurs CHAPITRE 4 - Où je deviens (co) réalisateur et découvre la télévision CHAPITRE 5 - Où je commence à réfléchir sur la télévision et filme L’Homme du Nevada CHAPITRE 6 - Où je suis nommé réalisateur à l’O.R.T.F et engagé par Denise Glaser CHAPITRE 7 - Où se confirme mon goût pour la chanson et la danse CHAPITRE 8 - Où mes variétés se singularisent CHAPITRE 9 - Où je rencontre et fiasco et Joli mai CHAPITRE 10 - Où de liste rouge en invité du dimanche l’on pique-nique avant les Salines de Chaux CHAPITRE 11 - Où surgissent ma troisième productrice, deux documentaires, une provocation contrariée, et même Michel Drucker CHAPITRE 12 - Où la fin de l’O.R.T.F ne me porte pas malchance tout au moins quatre saisons durant CHAPITRE 13 - Où ma mise en scène contestée de la grand messe du 20 heures précède ma rencontre de Jésus CHAPITRE 14 - Où deux écrivains communistes me fournissent motifs à filmer encadrant le Grand Inquisiteur CHAPITRE 15 - Où mon exil culturaire me vaut de rencontrer Don Quichotte, Sancho Pança, aussi Anna Prucnal CHAPITRE 16 - Où l’arrivée d’un nouveau président favorise, pour un temps l’information de proximité CHAPITRE 17 - Où l’arrivée d’un nouveau pouvoir me vaut une tenace intermittence CHAPITRE 18 - Où la télévision de proximité est passée au crible de la pratique CHAPITRE 19 - Où ma traversée de la décennie 80 se fait à gué de pierres bienveillantes CHAPITRE 20 - Où je reviens à la “locale”, à Staël, Croizat, et à ma plume parfois CHAPITRE 21 - Où Référence occupe la dernière décennie (1990) de professionnel et cède la place à l’amateur que je suis à nouveau CHAPITRE 22 - Où jouir d’un traitement de retraité peut conduire à réfléchir CHAPITRE 23 - Où je prends la caméra en mains pour vérifier que filmer vaut, peut-être Heures supplémentaires - Où réfléchir sur la manière de renvoyer des images pourrait influer sur leur sens Post-scriptum Filmographie
A Joséphine, près du chemin, où toute vie traverse.
Quant à moi, ce qui me sauve, c’est que, chaque jour, je fais pire.
Pablo Picasso
Avant-propos
Les mots ne sont pas les choses, et ceux qui vont suivre n’ont à voir qu’incomplètement avec “les durs pépins de la réalité”: l’invention des images animées. Les mots provoquent des images aux yeux du lecteur et les images du sens, au-delà même de la parole qu’elles supportent : il suffit d’organiser les signes qui les composent plus avant que ne font, dans la vie, les minutes d’un greffier.
Pourquoi filmer ? Qui ? Quoi ? Comment ? Aux trois premières questions la commande répond presque toujours ; la quatrième n’attend réponse que du filmeur.
Quant au “comment ?” (la forme), c’est-à-dire “le filmer” (comme l’on dit le boire et le manger), il engendre le style et ses figures (la caméra n’est pas qu’une chambre noire d’enregistrement, elle est bien ce lieu de la nuit que la lumière désordonne). Les pages qui suivent souhaitent contribuer à la reconnaissance du champ de ces désordres.
R. S.
CHAPITRE 1
Où l’on voit qu’il faut un début à toute chose
Je suis devenu enfant de choeur, à six ans, et j’ai appris phonétiquement les réponses en latin que l’officiant attendait de moi pour continuer de dire la messe. Je ne comprenais pas ce que je psalmodiais mais la forme faisait l’affaire. Je retins, assurément, la leçon.
La persévérance que je mis à servir la messe et autres offices fut récompensée, dix ans plus tard, par ma découverte de l’inanité de la foi. La liturgie romaine m’apparut pour ce qu’elle était : une mise en scène du rapport des fidèles à leur dieu, dont les clercs étaient les réalisateurs ; je ne connaissais point, alors, le nom de ces deux fonctions, mais leur importance ne m’échappait pas.
La vanité de ce rituel fut évidente à mes yeux de nouvel athée, mais dans le même temps, son caractère esthétique me frappait, que la transcendance avait masqué jusque-là (je dis transcendance un demi-siècle, et plus, après les faits). J’empruntai à notre curé quelques revues d’art sacré qui remettaient en cause, à la fin des années 40, les formes sulpiciennes de la liturgie, alors hégémoniques dans les églises catholiques, et dont l’angélisme naturaliste décourageait toute curiosité. L’art nouveau, dans la statuaire notamment, réhabilitait le bois et le métal, et ses formes suggéraient plus qu’elles ne montraient, avec une grande et simple évidence, même pour un néophyte tel que moi ; plus tard, bien plus tard, je parlerai de litote (ce nom d’oiseau, pour dire la volière). Ainsi ai-je rencontré la beauté, la sans pareille, à jamais indispensable. Voilà comment un enfant de l’école laïque la rencontra, à qui ses maîtres, par ailleurs, enseignaient l’utile et le dispensable. Qu’ils en soient remerciés, ici.
A la même époque un texte de Serge Lifar me révéla le principe même des moyens de s’exprimer dont il donnait quelques exemples illustrés de métaphores plastiques, corporellement réalisées dans ses chorégraphies, ses décors où “l’arbre figurait la forêt, la carte le terr itoire”. Je n’étais pas alors un familier du Gradus (ad Parnassum), mais je compris intuitivement qu’il existait des modes d’exprimer, de dire, d’écrire, dont le sens apparent pouvait en cacher d’autres.
Le vers alexandrin reposait dans le fruit.
Plus tard, ayant raté indignement mon baccalauréat, la sanction fut immédiate : cinq années de pratique du plâtre, des truelles et de la taloche, aux côtés de mon père (et au pair). Elles m’incitèrent à inventer un avenir fantasmatique. Il prit d’abord la forme d’un premier exil dans le Vaucluse où je découvris l’état de prolétaire - travailleur de l’Etat - et le Manifeste communiste qui fonde encore aujourd’hui mon idéal : la fin de l’exploitation de l’homme par l’homme (un peu simple à dire, peut-être, mais à réaliser, c’ est moins sûr). Quoi qu’il en soit, contraint de quitter ma poudrerie nationale pour cause de syndicalisme (guerre froide oblige), je rentrais au bercail, dix-huit mois plus tard, et remontais sur l’échafaudage paternel.
Il me fallut alors trouver un substitut à ce goût nouveau de la revendication sociale que le milieu artisanal ne cultive pas spécialement, et la rencontre de l’abbé Gélos, Basque et professeur de philosophie, cinéphile aussi, vint à point, pour moi, qui ne sais attendre.
Anglet, entre Biarritz et Bayonne, passait alors pour une réserve de culs-terreux. J’y étais né et avais découvert le cinéma (un serial western) sous le chapiteau d’un forain, place des Cinq-Cantons, en 1936. Des années passèrent avant que je n’entre dans une salle de cinéma, le Royal, à Biarritz, où ma grand-mère était ouvreuse (j’ai de qui tenir). J’y vins quelquefois, de loin en loin dans l’enfance, puis à nouveau, rarement, dans l’adolescence. A 21 ans, je n’avais pas vu 21 films.
L’ histoire du Cinéma , de Georges Sadoul, devint ma bible. Au sortir d’un chantier, mon père me l’offrit qui jamais n’acheta un l

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