Le temps dans le cinéma documentaire
184 pages
Français

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Le temps dans le cinéma documentaire , livre ebook

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Description

Qu'est-ce que le temps au cinéma ? Quelles sont ses figures possibles ? Peut-on transcrire sa complexité dans un récit documentaire ? Comment raconter des histoires ? Seize débats menés par des cinéastes autour de leurs films, augmentés de quatre contributions, montrent comment les documentaristes s'emparent de la question du temps.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2012
Nombre de lectures 15
EAN13 9782296487956
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LE TEMPS dans le cinéma documentaire

La part du temps
Le temps au travail
Illustration de couverture :
François Lemaire : Paysage rouge
©lemaire (www.francoislemaire.fr / fra.lem@noos.fr)
LE TEMPS dans le cinéma documentaire

La part du temps
Débats autour des films de :
Mercedes Álvarez, Chantal Briet, François Caillat, Emmanuel Carrère, Alain Cavalier, Denis Gheerbrant, Laurence Kirsch, Guillaume Kozakiewiez, Robert Kramer, Raphaël Mathié, Frédéric Mitterrand, Stan Neuman, Didier Nion, Pola Rapaport, Julie Sandor, Anja Unger.

Débats animés par :
Anne Galland, Mika Gianotti, Pascale Krief, Jean Lassave, Christiane Rorato, Abraham Ségal, Vanina Vignal.

Le temps au travail
Contributions de :
Corinne Bopp, Stéphanie Katz, Benoît Turquety, Caroline Zéau.

ADDOC L’Harmattan
© L’Harmattan, 2012
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-96669-7
EAN : 9782296966697
Ce cinquième ouvrage de la collection Cinéma documentaire aborde l’une des questions les plus complexes auxquelles se confrontent les cinéastes : le temps . Entre l’ellipse et le plan-séquence, la concision et la durée, le récit passé et l’anticipation, le cycle et le continuum, il existe une vaste gamme d’interrogations et une variété de procédures.L’association des cinéastes documentaristes ADDOC a mené quatre années durant un cycle de projections et débats publics, autour de films invités pour leurs qualités chronophiles. Nous présentons ici un large aperçu de ces débats, remis en forme et organisés en thématiques.
Cet ouvrage, contrairement aux précédents titres de la collection, ne comporte pas de scénario de film. La présentation de seize débats, complétés par quatre textes critiques, justifiait cette omisᆳsion. Mais un même fil continue de courir à travers les différents ouvrages publiés, de Comment anticiper le réel à Filmer le passé , du Droit à l’image au Style dans le cinéma documentaire . Nous voulons chaque fois poser des questions et proposer des pistes quipuissent intéresser les cinéastes et cinéphiles.
François Caillat
directeur de la collection
Débats

LA PART DU TEMPS
Introduction. Le temps dans le cinéma documentaire
par Pascale Krief
Cinéaste, coordinatrice de l’ouvrage
Un atelier sur la question du temps
La question du temps est, on le sait, au fondement de tout cinéma.
Pourtant, au-delà de cette antienne, dont la plupart des auteurs et cinéastes se sont emparés au détour d’une phrase, il existe assezpeu d’ouvrages qui ont tenté de traiter cette question de manière globale. Hormis Andrei Tarkovski (dans Le Temps scellé 1 ) et Gilles Deleuze (dans L’Image-temps 2 ), la plupart de ceux qui ont écrit sur le cinéma ne se sont intéressés qu’à un aspect spécifique de la question – généralement à la manière dont le cinéma permet de conserver une mémoire du passé, ou à la manière dont le montage, en fonctionnant par ellipses temporelles, permet de construire le rythme d’un film.
On peut donc dire que cette colonne vertébrale du cinéma est restée, paradoxalement, peu théorisée dans son ensemble. Et ce lieu commun qui le structure reste, d’une certaine manière, un impensé – en dehors de ces deux œuvres majeures de Tarkovski et de Deleuze, auxquelles on peut ajouter la réflexion de Jean Mitry ou, plus récemment, celle d’Yvette Biro dans Le Temps au cinéma 3 .
Cet ouvrage ne prétend pas élaborer une pensée globale à propos du temps. Même s’il est issu d’une pensée collective, il ne procède que d’un exercice commun au cours duquel des cinéastes et un public se sont livrés ensemble, pendant plusieurs années, à un décorticage critique de films documentaires du point de vue du temps. Durant quatre années, ces films ont été choisis, présentés et commentés par les membres d’un atelier de travail intitulé « Le temps dans le cinéma documentaire », au sein de l’Association des cinéastes documentaristes Addoc : Anne Galland, Mika Gianotti, Pascale Krief, Jean Lassave, Christiane Rorato, Abraham Ségal et Vanina Vignal. De 2003 à 2008, les membres de cet atelier ont travaillé ensemble à ce cycle de projection.Les films ont été, la plupart du temps, accompagnés par leurs réalisateurs qui, d’Alain Cavalier à Frédéric Mitterrand, de Didier Nion à Stan Neuman, de Chantal Briet à Raphaël Mathié, de François Caillat à Denis Gheerbrant et d’autres encore, connuset inconnus, confirmés ou débutants, sont venus débattre publiquement après la projection. Ils ont parlé de la manière dont ils s’étaient emparés de la question du temps, ils ont raconté comment le temps avait traversé l’élaboration de leurs films.
Nous remercions tous ces cinéastes qui sont venus présenter leurs films et nous ont permis d’en débattre. Quelques débats n’ont pu être publiés ici, faute de place, mais tous ont contribué à l’élaboration de cet ouvrage.
L’apport du public, présent aux débats, a également été essentiel.
Que chacun des participants soit remercié pour sa contribution.
Nos remerciements s’adressent enfin à Jean-Marc Zekri, qui a accueilli ces séances publiques au cinéma Reflet Médicis pendant un an, ainsi qu’à Anne Vaugeois qui nous a accueillis, soutenus et encouragés – quand elle ne nous a pas réservé quelques belles surprises – au long de trois années de programmation dans son cinéma Les 3 Luxembourg .
Le cinéma documentaire :
un art qui prend du temps et qui doit prendre son temps
Ce qui différencie le cinéma documentaire d’un reportage est peut-être, avant tout, une question de temps. De temps, c’est-à-dire : à la fois de celui qui est incorporé dans le film – et qui constitue son épaisseur temporelle – et du temps que le cinéaste a consacré à son élaboration. On verra, au long de cet ouvrage, à quel point chaque cinéaste documentariste possède ses propres manières de faire, ses règles de l’art, ses façons de penser, d’élaborer et de fabriquer son film. Mais le point commun qui les unit toutes, c’est la manière dont le temps entre en jeu dans le proces sus de fabrication du film. Qu’il s’agisse du temps passé, avant ou à côté du tournage, avec ceux qui en deviendront les personnages, comme dans La vie est immense et pleine de dangers de Denis Gheerbrant, Léonarda de Guillaume Kozakiewiez, Dix-sept ans de Didier Nion ou Présence silencieuse de Laurence Kirsch ; qu’il s’agisse du temps passé à élaborer un film, le penser, parfois l’écrire et en construire le scénario avant de le tourner, par exemple pour Promenades entre chien et loup d’Anja Unger, Alimentation générale de Chantal Briet, ou Une maison à Praguede Stan Neuman ; qu’il s’agisse du temps de montage étendu sou-vent sur plusieurs mois, voire plusieurs années, par exemple avec Léonarda de Guillaume Kozakiewiez, ou Dix-sept ans de Didier Nion ; qu’il s’agisse enfin du temps nécessaire pour que le matériau d’un tournage, parfois déjà ancien, délivre des images qui peuvent « donner matière à film », par exemple avec Vies d’Alain Cavalier, chacun des films présentés ici a mis de nombreux mois, souvent des années, à se faire. Pour reprendre les termes de Godard, « Le cinéma est une pensée qui prend forme tout autant qu’une forme qui donne à penser ». On peut comprendre pourquoi il faut tant de temps pour élaborer un film, qu’il soit ou non documentaire.
À l’opposé de l’idée selon laquelle il suffirait d’« appuyer sur un bouton », celui de la caméra – geste rendu infiniment facile et peu coûteux grâce aux évolutions technologiques – pour que ce qui a été tourné fasse cinéma ou, pour reprendre le si beau mot d’Alain Cavalier, pour « qu’il y ait matière à film », c’est bien tout ce qui sous-tend un film, la pensée du film, la réflexion sur sa forme et sur son sens, qui fait cinéma. On pourrait dire que ce qui distingue le cinéma documentaire du reportage, c’est, d’une certaine manière, la pensée cinématographique, ou plus exactement l’élaboration de sa forme et donc de la pensée qui y est incorporée. Or, comme toute élaboration, celle-ci est un processus, et un processus prend nécessairement du temps – même si l’écriture d’un film documentaire se traduit parfois par une simple page, ou se précise seulement, pour certains auteurs, au moment du tournage, voire (mais n’est-ce pas une légende ?) au moment du montage.
Car écrire un film documentaire, c’est avant tout le penser. Et la pensée du documentariste s’élabore

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