Les films à voir cette semaine
258 pages
Français

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Les films à voir cette semaine , livre ebook

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Description

Comme le remarquait Guy Debord, la critique de cinéma est un "spectacle au deuxième degré, où le critique donne en spectacle son état de spectateur même". La mise en scène de ce spectacle a-t-elle des règles ? Suit-elle un rituel précis ? Une douzaine d'auteurs y étudient les stratégies mises en œuvre par les critiques, à différentes époques et dans différents pays, pour exposer leurs goûts ou pour convaincre leur public du bien-fondé de leurs positions. On trouvera en fin d'ouvrage, des entretiens avec des critiques de Positif et des Cahiers du cinéma.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 avril 2015
Nombre de lectures 8
EAN13 9782336374970
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1150€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Champs visuels
Champs visuels Collection dirigée par Pierre-Jean Benghozi, Raphaëlle Moine, Bruno Péquignot et Guillaume Soulez
Une collection d’ouvrages qui traitent de façon interdisciplinaire des images, peinture, photographie, B.D., télévision, cinéma (acteurs, auteurs, marché, metteurs en scène, thèmes, techniques, publics etc.). Cette collection est ouverte à toutes les démarches théoriques et méthodologiques appliquées aux questions spécifiques des usages esthétiques et sociaux des techniques de l’image fixe ou animée, sans craindre la confrontation des idées, mais aussi sans dogmatisme.
Dernières parutions
LIN Chih-Wei, Les images qui se suivent , 2015.
Christophe TRIOLLET, Le contrôle cinématographique en France. Quand le sexe, la violence, et la religion font débat, 2015.
Philippe DE VITA, Jean Renoir Épistolier, Fragments autobiographiques d’un honnête homme, 2015.
Karl DERISSON, Blanche Neige et les sept nains, la création du chef-d’œuvre de Walt Disney, 2014.
Florent BARRERE, Une espèce animale à l’épreuve de l’image. Essai sur le calmar géant. Seconde édition revue et augmentée , 2014.
Pierre Kast Ecrits 1945-1983. Suivi de Amende honorable par Noël Burch, 2014.
Anne GILLAIN, François Truffaut. Le secret perdu , 2014.
Daniel WEYL, Robert Bresson : procès de Jeanne d’Arc. De la plume médiévale au cinématographe , 2014.
Giusy PISANO (dir.), L’archive-forme : Créations, Mémoire, Histoire , 2014.
Isabelle PRAT-STEFFEN, Le cinéma d’Isabel Coixet : figures du vide et du silence , 2013.
Aurélie BLOT et Alexis PICHARD (coord.), Les séries américaines. La société réinventée , 2013.
Jim LAPIN, La régulation de la télévision hertzienne dans les départements d’outre-mer, 2013.
Eric COSTEIX, Alain Resnais. La mémoire de l’éternité , 2013.
Florent BARRÈRE, Une espèce animale à l’épreuve des médias. Essai sur le cœlacanthe , 2013.
Aurélie BLOT, 50 ans de sitcoms américaines décryptées. De I love Lucy à Desperate Housewives, 2013.
Titre
sous la direction de Laurent JULLIER



Les films à voir cette semaine

Stratégies de la critique de cinéma
Copyright


Du même auteur dans la même collection
L’écran post-moderne , 1997











© L’H ARMATTAN , 2014
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-72508-6
Introduction . Analyser la critique : un oxymore ?
Il y a quelque chose d’incommode, au premier regard, à se lancer dans l’analyse rationnelle des méthodes de la critique de films. On sent l’entreprise, sous des airs déjà patauds, aussi vouée à l’échec que la mise en équations du bonheur. C’est que la critique de films, comme tout un chacun peut l’expérimenter au quotidien, semble tenir de la récréation, du bon plaisir et de l’humeur du jour ; c’est d’ailleurs souvent ce qui fait son charme. Tandis qu’une description scientifique digne de ce nom a des comptes à rendre ; elle doit améliorer la compréhension de ce qu’elle modélise.
On ne peut même pas dire que les deux parties sont antinomiques, puisque la seconde fait profession d’échapper à toute forme de loi explicite. Alors a-t-on affaire à un rapprochement oxymorique ? Bien entendu, l’Université a plus d’un tour dans son sac. Elle peut se concentrer sur la dimension historiographique de la critique et aux traces matérielles de son exercice. Elle pourrait aussi, quoiqu’aucun sociologue, déterministe ou non, ne s’y soit encore risqué, se concentrer sur la dimension biographique : de quel milieu social proviennent les critiques professionnels, de quel capital culturel héritent-ils ? Et surtout, l’Université a la possibilité de se changer elle-même en institution critique en énonçant des jugements de valeur qui concurrencent ceux du camp qu’elle est censée observer. Cette “observation participante” (qui participe plus qu’elle n’observe) se produit souvent, et depuis longtemps, sans causer trop de soucis. Albert Thibaudet, en 1927, pensait d’ailleurs que la profession même de critique sortait tout droit de la guerre entre deux autres « corporations inexistantes avant le XIX e siècle, celle des professeurs et celle des journalistes », opposition qui ne constituait certes pas de quoi fouetter un chat : « Voilà un siècle qu’il existe une critique des professeurs et une critique des journalistes, sans que le sage doive s’émouvoir plus que de voir coexister les brunes et les blondes, le bourgogne et le bordeaux 1 . »
Mais se focaliser sur les outils et les modèles du travail critique proprement dit, tels qu’ils apparaissent dans les jugements de valeur écrits des professionnels de l’exercice, est un peu risqué. Pourquoi ? Tout bonnement parce qu’on n’est pas certain du tout d’en trouver. Nombreux sont les universitaires qui aiment à commencer leurs textes par un exposé méthodologique, mais les critiques qui disent dans leur article comment ils ont procédé et sur la base de quels critères ils ont jugé le film qu’ils avaient à juger ne se trouvent pas sous le sabot d’un cheval, c’est le moins qu’on puisse dire. Une telle absence est logique, nous explique l’histoire des idées. Les régimes de valeur de la sphère critique et de la sphère artistique partagent en effet, au moins depuis l’invention de l’esthétique comme champ philosophique à la fin du XVIII e siècle, l’intuition, la sensibilité au je-ne-sais-quoi, la vista ou le génie, c’est-à-dire l’application spontanée d’une sensibilité difficilement questionnable, sous peine de passer pour un philistin ou, ce qui est plus grave, d’en perdre son latin – tout ce que Pierre Bourdieu résumait par la formule « l’idéologie du goût naturel 2 «. Cette propension à la misologie se trouve exacerbée dans le cas du cinéma, un art dont on admet qu’il « pense sans mots » et dont les critiques, comme le suggère Éric Dufour, cèdent parfois, quand il s’agit d’affirmer qu’un film se sent intuitivement plus qu’il ne se comprend, à la Schwärmerei , « ce délire du logos qui se retourne contre lui-même pour dire que le logos ne peut absolument rien dire ni connaître 3 «. Tandis qu’en face, drapée dans l’universalisme de la Raison, la science entend tirer l’affaire au clair – que cela soit dit, la question de la mesure de l’art 4 ne lui résistera pas. Le présent numéro nous ramène donc, en quelque sorte, deux siècles en arrière, pour rejouer le duel entre les Lumières et les contre-Lumières qu’a décrit Isaiah Berlin, avec les avantages et les inconvénients des deux parties en présence, « l’ancien idéal de l’universalité fondé sur la raison et la connaissance, et le nouvel idéal romantique calqué sur l’idée de création artistique et de besoin organique d’expression et d’affirmation de soi 5 . »
Les Lumières ont pour elles l’optimisme que porte la promesse d’un résultat lisible, ordonné et “objectif”. Appliquée au présent livre, une telle ambition supposera au final d’avoir trouvé, compris et classifié les outils et les modèles dont se servent les critiques, quand bien même les intéressés n’auraient pas conscience de les utiliser. Mais les méthodes d’investigation seront-elles aussi dépourvues de subjectivité que leurs défenseurs le prétendent ? L’énergie que mettaient les thuriféraires des Lumières à le jurer a parfois des accents suspects ; quand Condorcet, en 1794, « proclame hautement ce droit si longtemps méconnu de soumettre toutes les opinions à notre propre raison 6 «, le mot soumission ne laisse pas d’inquiéter. Sans parler du danger connexe, propre au sujet particulier de ce volume, de laisser croire que les méthodes d’investigation appliquées aux textes critiques pourraient tout aussi bien s’appliquer aux films que ces textes jugent, mais avec une plus grande efficacité puisque toute fantaisie personnelle en a été chassée. Le même Condorcet ne promet-il pas de « prouver que les règles du goût ont la même généralité, la même constance, mais sont susceptibles du même genre de modification que les autres lois de l’univers moral et physique 7 . »
En face, les contre-Lumières ont pour elles de coller à notre façon de procéder, face à l’art, par coups de cœur irréfléchis – délicieuses poussées de fièvre esthétique que beaucoup d’entre nous mettent (peut-être un peu paradoxalement) au crédit de leur sacro-sainte autonomie morale, et dont ils pensent qu’elles structurent leur personnalité bien plutôt qu’elles n’en figurent les accidents de surface. Tout un chacun, en effet, a déjà fait l’expérience de l’irrationalit&

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