Quentin Tarantino
172 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Quentin Tarantino , livre ebook

-

172 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Les louanges envers le cinéaste Quentin Tarantino ont de quoi surprendre, tant du côté du public que de la critique. En s'appuyant sur de nombreuses scènes et des dialogues-clefs, cet essai reprend les éléments narratifs de ses films et les envisage sous un angle esthétique, politique et socio-économique. Engageant une réflexion critique sur l'image et le monde réel, l'auteur indique que Quentin Tarantino s'inscrit dans cette rébellion par un cinéma ludique, hybride et hédoniste, jouant d'une violence parodique et d'un second degré qui masquent en arrière plan une vision nihiliste du monde.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2014
Nombre de lectures 17
EAN13 9782336348414
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Yannick Rolandeau QUENTIN TARANTIoNuO
le crépuscule de l’image
Quentin Tarantino
ou le crépuscule de l’image
Yannick Rolandeau
Quentin Tarantino
ou le crépuscule de l’image
Du même auteur
Le cinéma de Woody Allen, Aléas, 2006 La mise en scène au cinéma, Aléas, 2010.
© L’Harmattan, 2014 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-02888-0 EAN : 9782343028880
Introduction
Le cinéaste Quentin Tarantino a fait son apparition avec Reservoir Dogs(1992) et est devenu un phénomène médiatique avecPulp fiction(1994),Jackie Brown(1996),Kill Bill 1 (2003),Kill Bill 2(2004),Boulevard de la mort(2007), Inglourious Basterds(2009) etDjango Unchained(2012), films qui ont fait sa réputation (usurpée ou non). Pour cette raison, je passerai sous silence les courts métrages qu’il a réalisés à droite et à gauche.
Au-delà de son succès et de la cohorte de thuriféraires qu’il suscite, Quentin Tarantino incarne une certaine tendance postmoderne du cinéma où se mêlent iconographies et mythologies populaires, références aux genres et à la contre-culture, citations, hybridations, dérision et stylisation extrêmes. Qu’en est-il exactement ? Essayer de saisir les fondements du cinéma de Quentin Tarantino n’est pas seulement analyser une telle esthétique ou une telle stylistique en elle-même mais de l’inclure dans le contexte politico-économique si particulier qui est à l’œuvre de nos jours. Son cinéma n’est pas seulement un divertissement. Il est aussi fortement idéologique, et il fallait, à cet égard, mettre en avant les strates sur lesquelles il puise son succès.
Cet essai part tout d’abord d’un étonnement de voir un tel cinéma célébré par une grande partie de la critique et du public alors que les éléments qu’il comporte paraissent fort problématiques tant au niveau de l’image que des multiples références dont il s’entoure. Par exemple, la fameuse violence parodique et la thématique narrative en arrière-plan ne cessent de creuser un sillon que l’on peut trouver fort suspect dans ses tenants et aboutissants.
7
Le lecteur pourra avoir parfois l’impression que je parle de tout autre chose que de cinéma. Effectivement. Mais comment saisir de tels films sans un passage par l’esthétique (ou l’art en général) et un contexte politico-économique fort singulier, c’est-à-dire sans avoir une vue plus générale de la situation actuelle et passée dans tout un tas de registres ? Omettre cette dernière aurait été, il me semble, se couper de toutes les composantes extra-cinématographiques qui constituent une telle œuvre d’autant que celle-ci s’inspire de ces mêmes composantes pour se construire. Il était nécessaire d’opérer un retour en arrière, d’effectuer unflash-backautrement dit, pour éclairer la situation sous un autre jour.
À ce titre, cet essai ne se veut pas polémique (polemos = la guerre) mais résolument critique, quitte à remettre en question un certain nombre de données et de bousculer les idées convenues envers un cinéma si célébré de nos jours. Il serait de mauvaise foi (le système deux poids deux mesures) de reprocher une critique négative alors que les critiques positives fleurissent presque partout sans élever de protestations majeures. Il est toujours surprenant qu’une critique positive soit accueillie naturellement alors qu’une critique négative est souvent sujette à caution. Pourtant, l’une n’est que l’inverse de l’autre. Histoire d’image encore. Et l’on peut s’attendre à ce que certains critiques contrariés qualifient cet essai d’être polémique alors que Quentin Tarantino n’hésite pas à justifier la vengeance et un certain nihilisme déguisés derrière le ludisme et l’innocence de ses images. L’important est donc d’étudier le contenu cinématographique réel et non de porter un jugement moraliste sur le résultat obtenu. Une opinion dissonante reste essentielle dans une démocratie ou dans un débat critique. Il m’a toujours paru crucial en général qu’une voie divergente devait toujours être entendue face aux concerts de louanges qui roulent d’eux-mêmes, qui font masse et qui, bien souvent, par la force du nombre, ne tolèrent pas des avis plus sceptiques ou nettement différents. Il faut être curieux, passionné mais néanmoins critique et ne pas avoir peur de déranger les idées reçues, preuve d’une vivace lucidité.
8
Le cinéma de Quentin Tarantino comporte principalement deux facettes dont nous allons parler : d’une part, la violence second degré ou parodique qu’il a instillée dans ses films avec un cocktail de différents éléments empruntés à la sous-culture, et d’autre part, la justification du ressentiment victimaire dont il fait preuve en arrière-plan dans sa narration. Mais tout d’abord, il s’agit d’indiquer la situation politico-économique dans laquelle il a surgi.
9
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents