Essai sur l art chrétien - Son principe, ses développements, sa renaissance
97 pages
Français

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Essai sur l'art chrétien - Son principe, ses développements, sa renaissance , livre ebook

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Description

L’art, dans son acception générale et métaphysique, c’est l’intelligence humaine exerçant son activité sur la matière pour réaliser l’idéal. Quelque définition que l’on donne de l’art, grammaticale ou poétique, étymologique ou philosophique, il faut, pour qu’elle soit complète, que ces trois éléments s’y rencontrent : d’une part, l’intelligence qui conçoit ; de l’autre, la matière qui résiste ; et, planant au-dessus de ces deux forces, luttant pour les pénétrer, l’idéal, le type du beau qui se dévoile aux yeux de l’esprit comme un écoulement de la beauté divine, comme un exemplaire de ces idées vivantes et immuables qui sont dans le Verbe.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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Nombre de lectures 2
EAN13 9782346129041
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Jean Sagette
Essai sur l'art chrétien
Son principe, ses développements, sa renaissance
A.M. DIDRON AINÉ,
 
Directeur des Annales archéologiques.
 
 
 
C’est à vous, mon maître et mon ami, que j’adresse cet opuscule. Marqué de votre nom, revêtu de votre patronage, on l’accueillera avec plus de bienveillance et de sympathie. Depuis long-temps vous travaillez à la réhabilitation du moyen-âge, à la renaissance de l’art chrétien : avec quel talent et quelle ardeur, quel dévouement et quels succès, je ne puis le dire ici, mais la France et l’Europe le savent. Permettez-moi de me mettre à votre suite, de m’appuyer de votre exemple, de m’inspirer de vos travaux. Vous êtes comme un de ces maîtres des pierres vives de notre moyen-âge ; je serai, si vous le voulez bien, un des maçons de votre confrérie, pour relever sur le sol de notre chère patrie ces monuments de foi, de science et de piété dont elle avait perdu l’intelligence et l’amour depuis trois siècles. Vous travaillez pour l’Église et pour la France, pour la renaissance de la foi comme pour la renaissance de l’art chrétien. Vous avez dit : « Un archéologue est une manière de prédicateur, une variété de missionnaire... On peut convertir des âmes en bâtissant une église, en taillant une statue, en peignant une verrière, comme en prononçant un sermon 1 . »
Archéologue et verrier, théoricien et praticien à la fois, vous prêchez aux sens et à l’esprit, vous exercez une double influence sur les âmes. vous travaillez des deux mains à la restauration catholique de notre patrie. C’est vers ce noble but que voudrait attirer quelques esprits ce petit livre que je vous offre ; c’est dans cette pensée qu’il a été écrit. Ce n’est pas un traité sur la matière, vous le verrez bien ; ce n’est pas une étude approfondie sur cet inépuisable sujet, c’est une esquisse, une petite gerbe de quelques pensées et de quelques faits qui tendent à la glorification de l’art chrétien, de l’Église et finalement de notre Dieu ; c’est un essai, le mot est bien choisi, je crois, où sont indiqués, d’après la doctrine des pères et des docteurs, les principes et les éléments de l’art, la pensée intime et l’inspiration de l’art chrétien : la différence essentielle qui le distingue de l’art païen, et, pour la mieux comprendre, le moyen-âge mis en regard de la renaissance ; la mission qu’il doit remplir dans l’Église ; le principe de foi qui le vivifie, et l’élément de piété qui l’inspire ; le moine, montré dans le passé comme le beau idéal de l’artiste chrétien, dans l’avenir comme le réorganisateur de la grande synthèse artistique : enfin en quelques détails le tableau de ce mouvement providentiel de réparation et de restauration dont vous êtes un des principaux organes et qui aboutira, s’il plaît à Dieu, à la renaissance complète de la foi et de l’art chrétien.
Tels sont les points touchés plutôt que développés dans cet essai, et où sont venus soutenir ma faiblesse et illuminer mon ignorance les grands docteurs de l’Église, saint Augustin le métaphysicien et saint Grégoire l’apostolique, saint Bonaventure le mystique et Guillaume Durand le symboliste. Si l’on connaissait suffisamment les trésors presque inexplorés de notre littérature ecclésiastique, on verrait que l’art chrétien n’était que le revêtement extérieur et plastique, l’expression matérielle et visible de ces idées, familières alors dans le monde chrétien, de cet esprit qui animait les saints comme il animait les monuments et les œuvres d’art. C’est cet esprit surtout qu’il faut ranimer, faire revivre, vulgariser et répandre ; mais déjà vous n’êtes plus seul, et vous marchez, vous et quelques autres grandes intelligences et puissantes activités, à la tête de toutes les forces vives et de toutes les sympathies chrétiennes, pour reconquérir notre art national et chrétien envahi par les barbares de la renaissance. On l’a compris, c’est là un moyen de prédication facile et puissant, une formule de foi éclatante et solennelle en nos jours d’indifférence et d’abaissement ; c’est aussi un acte public de respect et de vénération pour nos pieux ancêtres, une amende honorable pour les insultes que leur prodiguèrent les païens renaissants, lettrés et philosophes. Aussi, il est peu de bons esprits, d’esprits chrétiens, qui n’aident de leur sympathie et de leurs efforts à la divulgation des merveilles du moyen-âge, à la propagation des études archéologiques, à la pratique de l’art chrétien.
Au moyen-âge, toutes les puissances de l’homme s’adressaient à Dieu, formant un harmonieux faisceau relié par la foi. Science et art, politique et poésie, et les travaux de l’esprit, et les créations de l’imagination, et les inspirations du cœur, toute cette végétation spirituelle et mystique de l’homme montait vers Dieu, s’élançait, s’épanouissait sous le regard caressant de cette pure et féconde lumière. A la renaissance, le faisceau fut rompu, et le pédantisme classique en détacha l’imagination, le goût, la fleur de l’esprit et du cœur.
Au XVII e siècle tant vanté, la raison seule restait à Dieu ; la poésie et l’art, la littérature comme la politique s’inspirèrent des traditions païennes.
Enfin, le XVIII e siècle, tant honni, consomma la séparation, et ne fit qu’ajouter aux dépouilles remportées par le paganisme la raison de l’homme audacieusement ravie. Aujourd’hui, il s’agit de reconstruire la synthèse du moyen-âge ; il s’agit de ramener à la foi, à l’Église, à Dieu, l’homme tout entier, par toutes ses puissances, par toutes ses aptitudes et toutes ses facultés. Il ne suffit pas d’éclairer sa raison par la pure lumière de la vérité, il faut encore toucher son cœur par l’onction de la piété chrétienne, attirer, charmer, purifier son imagination et ses sens par les splendeurs de l’art chrétien. Tel est le but de vos travaux auxquels cet essai voudrait participer dans sa faible mesure ; telle aussi en sera la récompense et la gloire. Qu’importe après cela que nous ne voyons pas de nos yeux planer la croix ressuscitée au sommet de la cathédrale rebâtie ; qu’importe que nous n’entendions pas de nos oreilles les suaves mélodies renaissant sous ses voûtes redorées ? Nous aurons travaillé au saint édifice : vous, en dirigeant les grandes lignes architecturales, et moi, en apportant et façonnant mon humble pierre. Nous participerons, plaise à Dieu, aux grâces et aux bénédictions de l’Église, et nous aurons toujours reposita est hœc spes mea in sinu meo 2 , notre place dans la cathédrale invisible des élus qui s’élève sans cesse par la main des anges, et dont le plan divin ne sera complet, dont la voûte immense ne se fermera, dont le faîte sublime ne se couronnera que lorsque l’Église aura réparé toutes les ruines de l’édifice primitif, par la grâce de Jésus-Christ, type sacré de l’art chrétien.
 
J.S.

Au petit séminaire de Bergerac, XXXI mai, dans l’Octave du Saint-Sacrement.
1 Ann. arch. xi, page 137.
2 JOB, XIX-27.
Dixit Augustinus quod filius Del est ars patris.
(S. Bonav. De reduct. art. ad Thcolog. versus finem. )
CHAPITRE PREMIER
De l’art en général
Hæc est incommutabilis veritas, quæ lex omnium artium rectè dicitur, et ars omnipotentis artificis.
(S. AUG. De Vera Relig. cap. XXXI.)
 
 
L’art, dans son acception générale et métaphysique, c’est l’intelligence

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