233
pages
Français
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2023
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Ebook
2023
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Publié par
Date de parution
04 juillet 2023
Nombre de lectures
4
EAN13
9781783108657
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
4 Mo
Publié par
Date de parution
04 juillet 2023
Nombre de lectures
4
EAN13
9781783108657
Langue
Français
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Auteur : Arturo Graf (extraits)
Traduction : Pierre Baril
Mise en page :
Baseline Co. Ltd
61A-63A Vo Van Tan Street
4 ème étage
District 3, Hô Chi Minh-Ville
Vietnam
© Parkstone Press International, New York, USA
© Confidential Concepts, Worldwide, USA
Image-Bar www.image-bar.com
© Max Ernst Estate, Artists Rights Society (ARS), New York, USA/ADAGP, Paris
Tous droits d’adaptation et de reproduction réservés pour tous pays.
Sauf mention contraire, le copyright des œuvres reproduites se trouve chez les photographes qui en sont les auteurs. En dépit de nos recherches, il nous a été impossible d’établir les droits d’auteur dans certains cas. En cas de réclamation, nous vous prions de bien vouloir vous adresser à la maison d’édition.
ISBN: 978-1-78310-865-7
Arturo Graf
L ’ Art du Diable
Table des matières
Introduction
I. Le Diable
La Personne du Diable
Le Nombre, les séjours, les qualités, les ordres, la hiérarchie, le savoir et le pouvoir des démons
II. Les Actes du Diable
Le Diable tentateur
Amours et descendance du Diable
Les Pactes avec le Diable
III. La Magie
Histoire de la magie et de ses pratiques
Sorciers et sorcières
L’Inquisition : la magie persécutée
IV. L’Enfer
Un Peu Plus d’Enfer
V. Les Défaites du Diable
Conclusion
Bibliography
Index
Notes
Francisco de Goya y Lucientes, La Lampe du Diable, scène provenant d’ El Hechizado por Fuerza (« L ’ Ensorcelé » ), 1798. Huile sur toile, 42,5 x 30,8 cm.
The National Gallery, Londres, Grande-Bretagne.
Introduction
Anonyme, L ’ Esprit monstrueux,
entre 5000 et 3000 av. J.-C.
Tassili-n ’ Ajjer, Algérie.
N ul n’ignore le mythe poétique de la rébellion et de la chute des anges. S’il inspira à Dante certains des plus beaux vers de l ’ Enfer et à Milton un épisode inoubliable du Paradis Perdu , il fut soumis par les Pères et les Docteurs de l’Église à des variations multiples. Ce mythe ne se fonde pourtant que sur l’interprétation d’un verset d’Isaïe [1] ainsi que sur quelques passages assez obscurs de l’Ancien Testament [2] . Un autre mythe, de nature radicalement différente quoique tout aussi poétique, et qu’on retrouve aussi bien chez les écrivains hébreux que chrétiens, raconte comment les anges de Dieu, après s’être épris des filles des hommes, se livrèrent au péché ; et comment ce péché valut à ces mêmes anges d’être boutés hors du Royaume des Cieux et changés en démons. [3] Dans leurs vers, Byron et Moore [4] devaient consacrer ce dernier mythe de façon plus durable. Chacune de ces histoires représente les démons en anges déchus et établit un lien entre leur chute et un péché : l’orgueil et l’envie dans le premier cas, l’adultère dans le second. Mais il s’agit-là de la légende, et non de l’histoire de Satan et de ses compagnons. Les origines de ce dernier, en tant que personnification universelle du Diable, sont beaucoup moins épiques, quoiqu’en même temps bien plus lointaines et profondes. Satan ne précède pas seulement le Dieu d’Israël, mais tous les dieux qui, par leur puissance et par la crainte qu’ils inspirent, marquèrent l’histoire de l’humanité. Il n’est pas tombé du Ciel tête la première. Il a surgi des tréfonds de l’âme humaine, de compagnie avec ces vagues déités des premiers temps, dont ni les pierres ni les hommes n’ont gardé le moindre souvenir. Contemporain de ces déités et souvent confondu avec elles, Satan commence à l’état d’embryon comme tout être vivant. Ce n’est que petit à petit qu’il grandit et devient une personne. À l’instar de tous les êtres, il n’échappe pas à la loi de l’évolution.
Quiconque a reçu une éducation scientifique rejette l’idée que les religions primitives proviennent de la corruption ou du déclin d’une religion plus élaborée. Il sait même très bien que c’est le contraire qui s’est produit et que c’est donc dans les religions rudimentaires qu’il faut rechercher les origines de ce personnage lugubre qui, sous différents noms, devient le représentant et le principe du mal. Si les hommes existaient déjà au cénozoïque, pendant le miocène, dans ce que l’on nommait l’ère tertiaire de l’histoire de notre planète, ils eussent sans doute été dépourvus de tout sentiment religieux proprement dit. Les premiers hommes du Quaternaire connaissent déjà le feu et les armes en pierre. En revanche, ils abandonnent leurs morts, ce qui indique clairement que leurs idées religieuses, pour autant qu’ils en aient, ne sont guère élaborées. Il nous faut remonter à ce que les géologues appellent le paléolithique moyen (au moustérien) pour découvrir les premières traces d’un sentiment religieux digne de ce nom. À quoi ressemblait la religion de nos ancêtres ? Nous manquons de documents en la matière. Mais nous pouvons l’inférer en observant la religion que pratiquent nombre de races sauvages encore présentes sur la surface du globe et qui reproduisent fidèlement les conditions de l’humanité préhistorique. Le fétichisme a-t-il précédé l’animisme dans l’évolution historique des religions ? Ou bien est-ce l’inverse ? Reste que les croyances religieuses de nos ancêtres durent être en tous points semblables à celles que professent, partout dans le monde, les communautés tribales. La preuve en est que la terre, en plus des traces de leurs habitations, de leurs armes et ustensiles, a aussi préservé leurs amulettes. Nos ancêtres concevaient le monde comme un endroit peuplé par les esprits, par les âmes des choses et des morts, auxquels ils attribuaient toutes leurs bonnes ou mauvaises fortunes. L’idée que parmi ces esprits certains soient bienveillants, d’autres malveillants, certains amicaux, d’autres hostiles, c’est l’expérience même de la vie qui le suggérait ; la vie où pertes et profits alternent sans cesse, et de telle sorte que très souvent, les causes de ces pertes et de ces profits sont identifiées comme diverses. Le soleil qui dispense la lumière, celui qui, le printemps venu, fait reverdir et refleurir la Terre, ou fait mûrir les fruits, fut sans doute considéré comme une puissance avant tout bienfaisante. Le tourbillon qui noircit le ciel, déracine les arbres, détruit et emporte les huttes fragiles, comme une puissance surtout malfaisante. Les esprits étaient regroupés en deux grands groupes selon que, après observation, les hommes en recevaient des bienfaits ou des fléaux.
Cette classification, cependant, ne constituait pas un dualisme véritable et absolu. Esprits bienfaisants et malfaisants n’étaient pas encore des ennemis jurés. Les premiers ne faisaient pas toujours preuve de la plus grande bonté. De même que la malfaisance n’était pas toujours systématique chez ces derniers. Le croyant ignorait parfois les dispositions dans lesquelles se trouvaient les esprits qui le tenaient sous leur emprise. Il craignait autant d’offenser les esprits amis que les ennemis, et par des pratiques semblables il cherchait à se les rendre tous favorables, en ne plaçant en chacun d’eux qu’une confiance mitigée. Entre les bons et les mauvais esprits, il n’existait aucune contradiction morale à proprement parler, mais simplement un contraste dans leurs œuvres. Ils pouvaient difficilement posséder des traits moraux qui, jusqu’ici, faisaient défaut à des adeptes tout juste sortis de l’état animal. Et ce n’est que dans une certaine mesure qu’on peut parler de bons et de mauvais car aux yeux de l’homme primitif, tout ce qui lui vient en aide lui semble bon, tout ce qui lui nuit, mauvais. Ces sauvages adeptes les concevaient, à tous égards, comme eux-mêmes : inconstants, esclaves des passions, tantôt gentils, tantôt cruels ; ils ne tenaient pas davantage les bons esprits pour plus nobles ou plus dignes que les mauvais.
Anonyme, Statuette inscrite du démon Pazuzu, I er millénaire
av. J.-C. Bronze, 15 x 8,6 x 5,6 cm .
Musée du Louvre, Paris, France.
Il est vrai que chez les méchants apparaît déjà l’ombre de Satan, l’esquisse de l’esprit du mal, mais d’un mal purement physique. Le mal est ce qui blesse, et l’esprit malin, celui qui brandit la foudre, réveille les volcans, engloutit les terres, sème la famine et la maladie. Il ne personnifie pas encore le mal moral, car les hommes d’alors ne faisaient pas encore de distinction manichéenne. De ses deux visages, le destructeur et le pervers, Satan n’en montre qu’un. Aucune idée d’ignominie ne lui est rattachée ; il n’est soumis à aucune autorité.
Mais peu à peu, la conscience morale se fait jour. La religion revêt alors un caractère éthique dont elle ignorait tout auparavant. Le spectacle même d’une nature où les forces s’opposent, où l’une détruit ce que l’autre produit, suggère l’idée de deux principes opposés qui se nient et se combattent l’un l’autre. L’homme, alors, ne tarde guère à percevoir qu’il existe un pendant moral au bien et au mal physique. Et il croit reconnaître en lui-même ce contraste qu’il observe dans la nature. Il se sent bon ou méchant, il se conçoit meilleur ou pire. Mais bonté ou méchanceté, il ne reconnaît pas ces caractères comme siens, comme l’expression de sa propre nature. Habitué à attribuer le bien et le mal physique à des puissances divines et démoniaques, il rend aussi ces dernières responsables de son bien et de son mal moraux. Dès lors, le bon esprit ne produit pas seulement la lumière, la santé et tout ce qui améliore la vie, mais aussi la sainteté, en ce qu’elle réunit toutes les vertus. Quant à l’esprit malin, il n’engendre pas uniquement les ténèbres, la maladie et la mort, mais aussi le péché. Ainsi, par un simple jugement subjectif, en divisant la nature entre le bien et le mal, et en mélangeant ce manichéisme physique au bien et au mal moral qui leur est propre, les hommes façonnent les dieux et les démons. Naturellement, la conscience morale, déjà éveillée, affirme la supériorité du bien sur le mal et aspire au triomphe de celui-là. Le démon semble alors subordonné au dieu et marqué du sceau d’une ignominie qui s’accentue à mesure que la conscience s’affirme. Le Diable, confondu à