La Vie et les œuvres de Jean-Baptiste Pigalle - Sculpteur
182 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

La Vie et les œuvres de Jean-Baptiste Pigalle - Sculpteur , livre ebook

-

182 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Les biographies consacrées à Pigalle sont courtes, et ce n’est pas sans recherches que les lignes suivantes ont pu s’écrire. Une fois le lieu de sa naissance, celui de son décès constatés, j’ai voulu trouver la pierre étendue sur ses restes ; elle devait être dans l’un des trois cimetières de Montmartre. Tous trois je les ai parcourus, mais inutilement. Fatigué d’investigations infructueuses, je crus devoir m’adresser au gardien du champ de repos ouvert aux enfants de Paris sur la montagne des Martyrs.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 1
EAN13 9782346067480
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Prosper Tarbé
La Vie et les œuvres de Jean-Baptiste Pigalle
Sculpteur
A MES FILLES
 
 
 
CAROLINE, LOUISE ET MARIE TARBÉ.

*
* *
Lorsque l’hiver allonge les soirées et nous réunit auprès du foyer domestique, que de fois, chers enfants, nous avons cherché dans des souvenirs de famille de doux sujets de conversation. Des récits tantôt puérils, tantôt légendaires que m’ont transmis mes devanciers, et que je vous. transmettais à mon tour, ont fourni maints sujets à nos entretiens. Nous aimions à sourire aux succès de l’un, à plaindre les infortunes d’un autre ; et quand ma mémoire vous rappelait quelques-unes de ces histoires qui font honneur à leur héros, avec quelle bonne fierté de cœur nous nous disions, doucement émus : il était des nôtres. Entre tous il y avait un nom souvent cité, c’est celui d’un de nos arrière-cousins, le premier de notre race sorti de la foule, celui de Jean-Baptiste Pigalle, le sculpteur du roi Louis XV.
J’ai voulu réunir aux documents imprimés qui le concernaient, des traditions dont le temps éteint chaque jour les derniers échos. Mon travail est terminé, chers enfants, et c’est à vous que je le dédie. Dans les pages qui suivent, vous verrez l’homme qui croit en Dieu, qui respecte les lois, les mœurs et le nom de son père ; l’homme qui aime le travail, qui comprend que lui seul peut assurer la dignité, l’indépendance et le peu de félicité permis sur la terre ; l’homme qui compte sur lui-même, parce qu’il se sent honnête, sur l’avenir, parce que la Providence n’abandonne pas les gens de cœur, triompher avec peine, sans doute, mais heureusement, des obstacles qui l’entouraient, parcourir bravement le chemin de la vie, et toucher au terme de la route, entouré d’amis fidèles, comblé d’honneurs, en possession de l’estime publique. Qu’un tel exemple vous enseigne à toujours ce que donnent de bonheur et de force la paix de la conscience, la confiance en Dieu, le culte de l’honneur traditionnel. Que mon récit vous touche et vous inspire la ferme volonté de suivre les leçons de nos ancêtres, et votre père se félicitera d’avoir écrit pour vous la vie de J.-B. Pigalle.
 
PROSPER TARBÉ.

Reims, 15 Avril 1859.
CHAPITRE I
Famille de J.-B. Pigalle. — Sa Jeunesse. — Son Départ pour Rome
Les biographies consacrées à Pigalle sont courtes, et ce n’est pas sans recherches que les lignes suivantes ont pu s’écrire. Une fois le lieu de sa naissance, celui de son décès constatés, j’ai voulu trouver la pierre étendue sur ses restes ; elle devait être dans l’un des trois cimetières de Montmartre. Tous trois je les ai parcourus, mais inutilement. Fatigué d’investigations infructueuses, je crus devoir m’adresser au gardien du champ de repos ouvert aux enfants de Paris sur la montagne des Martyrs. — Pourriez-vous, lui dis-je, m’indiquer le tombeau de J.-B. Pigalle le sculpteur, mon parent, mort en 1785 ? — Il y a 73 ans ! me répondit-il : nous ne connaissons plus cela. — Comment ! on aurait oublié la place où dort un grand artiste ! — Il n’y a pas ici de grands hommes, reprit mon interlocuteur : il n’y a rien ici, rien que de la terre remuée sans cesse, et si votre parent était un brave homme, ce qui de lui reste est là haut.
 
Oui, disais-je en me retirant, l’homme et ses œuvres ne sont que nuages du ciel et vagues des mers ; ils passent vîte. Quelques jours suffisent pour anéantir ses derniers ossements, quelques années pour détruire ce qu’il a pu faire. Les révolutions ne respectent presque rien et le temps est derrière elles prêt à renverser ce qui leur échappe. Mais il est dans le ciel un repos éternel et glorieux pour les âmes qui l’ont gagné ; mais il est encore sur la terre, pour les trépassés, une vie qui n’est pas sans durée, qui n’est pas sans honneur, celle qui donne la bonne gloire, celle qui se perpétue dans le souvenir des hommes. Il nous semble que Pigalle peut y prétendre. Nous n’avons pas la vaniteuse prétention de sauver de l’oubli le nom de celui dont nous traçons l’histoire. Si sa mémoire surnage sur la mer des siècles, ce ne sera pas parce que nous aurons essayé de raconter sa vie, mais parce qu’il l’aura mérité.
 
Les corporations ouvrières de la ville de Paris, dans le siècle dernier, étaient au nombre des classes les plus morales de la population. Les artisans, fidèles à la religion de leurs pères, fiers de leur honneur héréditaire, ne demandaient pas encore à des utopies déraisonnables des jouissances brutales auxquelles ils ne songeaient pas, des richesses dont leurs habitudes réglées et leurs bonnes mœurs ne leur faisaient pas un besoin. L’économie, le travail, la probité, voilà leurs armes pour lutter contre les misères de la vie. Dans leurs mauvais jours ils ne s’en prenaient pas aux lois sociales : ils faisaient appel à la Providence et à leur courage et ils atteignaient avec honneur le terme d’une carrière sans doute modeste, mais sans tache.
 
De ces castes énergiques sortirent nos artistes les plus distingués ; et plus d’une race portant un écusson a pour berceau l’atelier d’un bon et courageux artisan. La famille Pigalle, longtemps obscure mais toujours laborieuse, était du nombre de celles qui, depuis un grand nombre d’années, étaient établies dans Paris. Ses membres exerçaient les professions de menuisier et de charpentier. — Jean Pigalle, le premier dont nous ayons pu constater régulièrement l’existence, vivait sous Louis XIII. Il eut trois fils : l’un d’eux, Jean, se fixa sur la paroisse Saint-Nicolas-des-Champs. Comme son nom l’indique, celte église s’était d’abord trouvée extrà-muros ; plus tard, renfermée dans Paris, elle fut le centre d’un quartier industriel. Alors il était peu peuplé : les terrains, les cours y abondaient, et l’on pouvait facilement s’y créer un atelier de belle dimension et un logement de nature à contenir une nombreuse famille.
 
Jean Pigalle, deuxième du nom, épouse Catherine Fremiet. Leur fils, nommé Jean comme son père, fut comme lui maître menuisier. La vie de ce dernier fut courte : il mourut en 1705, après avoir pris en mariage Charlotte Sillerain. De cette union naquit, en 1683, un fils toujours nommé Jean, quatrième du nom, toujours maître menuisier, et comme ses pères domicilié sur la paroisse Saint-Nicolas-des-Champs. Orphelin à 23 ans, il épousait, en 1705, Geneviève Ledreux, et le ciel bénit leur alliance. Ils eurent cinq enfants, quatre fils et une fille. Les deux aînés étaient Pierre et Nicolas-Jean Pigalle ; le troisième s’appelait Antoine. Leur sœur, née en 1713, portait le prénom de sa mère et celui de son aïeule : elle se nomma Geneviève-Charlotte Pigalle. Enfin Jean-Baptiste Pigalle, celui qui devait illustrer le nom de cette laborieuse famille, naquit le 26 Janvier 1714 1 . Cette hérédité du prénom a quelque chose de sacré : chez les pauvres, elle remplace celle des titres, la transmission du manoir et de l’épée paternels ; elle constitue la chaîne de la famille, la tradition des bons exemples à suivre, la tradition des bons exemples à donner.
 
Jean Pigalle, le père de cette nombreuse lignée, n’était pas sorti de l’atelier de son père : il habitait comme lui, peut-être comme ses aïeux, la rue Neuve-Saint-Martin. Aussi dans les actes de l’état-civil concernant cette famille donne-t-on à ses membres le titre d’anciens de la paroisse.
 
Quelques historiens ont cru faire honneur à Pigalle en le faisant descendre d’une famille de bonne bourgeoisie 2 . A quoi bon dissimuler une vérité qui n’a rien que d’honorable pour lui. Jean, son père, était pauvre ; et, avec le poète, il pouvait dire à chacun de ses enfants :

Disce, puer, virtutem ex me, verumque laborem, Fortunam ex aliis 3 .
L’éducation qu’il leur donna fut limitée par la modestie de ses ressources : aucun d’eux ne fut lettré. Pigalle lui-même, dont le travail développa les facultés, qui voyagea, vit l’Italie et ses chefs-d’œuvre, fréquenta dans

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents