Gitans flamencos
274 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Gitans flamencos , livre ebook

-

274 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Ce livre bouleverse les idées reçues et apporte une réponse claire à toutes les questions que nous pouvions nous poser sur les origines du flamenco. Inspiré à la fois par un vécu extrêmement riche dans une famille emblématique du monde gitano-flamenco et par des recherches inlassables auxquelles l'auteur a consacré sa vie entière, cet ouvrage, incontournable, est appelé à remplacer une bibliographie conséquente mais plutôt incohérente.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2015
Nombre de lectures 6
EAN13 9782336387253
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1200€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Horizons Espagne
Collection dirigée par Denis Rolland et Joëlle Chassin

La collection Horizons Espagne publie des synthèses thématiques sur l’Espagne de l’Antiquité à nos jours.

Déjà parus

CAILLETTE, J.-Cl., Antonin Gaudi (1852-1926), Un architecte de génie, Biographie , 2010
SÁNCHEZ-BIOSCA V. et BENET V. (dir.), Les enjeux du cinéma espagnol. De la guerre à la postmodernité , 2010.
LORBLANCHÈS J.-C., Napoléon. Le faux pas espagnol , 2009.
BALUTET N., Enseigner l’espagnol à l’école primaire , 2005.
CHANEL-TISSEAU des ESCOTAIS, Culture et mythologies des Îles Canaries , 2004.
IZQUIERDO J.-M., Le Pays Basque de France , 2001.
LOYER B., Géopolitique du Pays Basque , 1997.
MORERA J.-C., Histoire de la Catalogne, 1992.
Titre
Pedro PEÑA FERNANDEZ






LES GITANS FLAMENCOS




Traduction de Bernard LEBLON,
revue et corrigée par Joséphine et Thierry TAGNERES
Copyright

© L’HARMATTAN, 2015
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

EAN Epub : 978-2-336-73736-2
Dédicace

À Doña et à nos enfants, por soleá.
Moi, petit, (en bas à droite) avec ma famille. Mon frère Juan dans les bras de ma mère.
PROLOGUE

Ce livre a failli passer inaperçu. Un de plus sur le Flamenco, alors que les bibliothèques en regorgent ? Que peut-on dire de plus, aujourd’hui, sur cet art apparu au grand jour il y a un peu plus d’un siècle et demi, et qui n’a cessé, depuis, de faire parler de lui ? Et pourtant, le livre de Pedro Peña est unique, et le restera sans doute pendant longtemps. C’est bien la première fois qu’un Gitan, lui-même artiste flamenco, né dans une prestigieuse famille de « Gitans flamencos », comme il les appelle, qui compte en son sein nombre d’artistes connus, écrit non seulement son histoire et celle des siens, mais retrace toute celle du Flamenco, depuis les lointaines origines indiennes, persanes et grecques, grâce à ses souvenirs, à sa science musicale, et à une recherche acharnée. L’unique précédent était Mundo y Formas del Cante Flamenco , que le grand cantaor 1 Antonio Mairena avait signé en compagnie du poète Ricardo Molina, publié en 1963, réédité et largement diffusé à partir de 1971. Évidemment, ce livre faisait, en toute justice, la part belle au chant gitan, et fut, pour cette raison copieusement critiqué. C’est dire les risques qu’a pris Pedro Peña en reprenant le sujet avec moins de précautions oratoires, et en tout cas avec plus de pugnacité. Lorsque je suis moi-même entré dans cette arène, en 1982, lors du Xe Congrès d’Activités Flamencas, à Jaén, ma communication, qui présentait timidement quelques analogies entre le Flamenco et certaines musiques des Tsiganes de Hongrie fut assez mal reçue. On entendait certains murmurer dans la salle : « Et maintenant, le Français va nous dire que le Flamenco est hongrois ! » Heureusement, mon intervention plut aux membres de la peña La Platería, qui organisaient le congrès l’année suivante à Grenade, et qui me demandèrent d’y présenter un travail. Cette année-là, Mairena venait de disparaître, et son absence était symbolisée sur la scène par une chaise vide au dossier de laquelle était accroché un chapeau andalou de couleur noire. À cette époque, la guerre entre « andalousistes » et « gitanistes » faisait rage, et je devins malgré moi l’un des piliers de la défense du flamenco gitan, allant jusqu’à participer à des polémiques (notamment contre Manuel Barrios) dans la presse flamenca. C’est ainsi que je me retrouvai membre du conseil assesseur de la Fundación Andaluza de Flamenco , créée en 1987 à l’initiative de Paco Vallecillo, grand ami de Mairena. Et voilà comment, je me retrouvai, neuf ans plus tard, assis à côté de Pedro Peña, lors d’une table ronde qui nous opposait à Fosforito et à Calixto Sánchez, dans le cadre du congrès d’art flamenco de Séville. Les débats portaient bien entendu sur l’opposition entre flamenco payo et flamenco gitan, et Calixto attaqua d’emblée de façon provocatrice et très irrationnelle sur le terrain du compás 2 . Bien entendu, Pedro réagit immédiatement en expliquant à quel point ce sens particulier du rythme faisait partie de leur culture « dans le sang », et comment ils le dominaient depuis leur plus tendre enfance, épisode qu’il évoque très discrètement dans son livre.

Si j’évoque cette anecdote, c’est parce que je crois que Pedro n’a jamais oublié l’agression insensée dont il a été victime ce jour-là de la part du cantaor andalou, et qu’il a, depuis lors, préparé longuement et patiemment sa réponse, qu’il nous expose aujourd’hui dans son livre. Le compás me semble, en effet, être l’un des thèmes essentiels de l’œuvre, sinon le principal. Cette science si particulière, que les jeunes Gitans flamencos trouvent pratiquement dans leur berceau, ou tètent avec le lait de leur mère, et que ceux qui n’ont pas eu le privilège de naître dans ces familles ont tellement de mal à acquérir, est la clé pour comprendre ce qui sépare les deux versants du Flamenco. En effet, je suis tout à fait en accord avec Pedro Peña pour dire qu’il n’y a pas UN flamenco, monolithique et unifié, mais au moins deux : celui qui est issu des traditions familiales des Gitans flamencos, et qui est le seul authentique, et celui qui a été élaboré par des artistes payos à partir du folklore andalou, et qui n’est qu’une imitation, pour ne pas dire une caricature, de l’autre. Je ne parle pas ici de ce qu’on appelle, depuis les années 1970, le « nouveau flamenco », qui n’a plus de flamenco que le nom. C’est un simple abus de langage. Le flamenco de ces Gitans de Basse Andalousie, ne se conçoit pas sans ce ressort dynamique qu’est le compás. L’autre en est pratiquement dépourvu. Le compás est donc la frontière entre deux genres musicaux qui portent arbitrairement le même nom. Il est aussi le signe d’identité, grâce auquel on se définit et se reconnaît. Il agit comme un code secret, une langue de famille, un langage ethnique qui s’est substitué à celui que les lois ont dramatiquement interdit. Il relie à tout un univers de valeurs, à une histoire commune, mais aussi à de lointaines origines orientales. Le compás est irréfutablement issu des structures rythmiques complexes, ou tila , de la musique indienne. Il est en outre la preuve palpable du rôle créateur fondamental des Gitans flamencos, lorsqu’ils ont élaboré leur propre musique, car il n’existe rien, ni dans le folklore, ni dans le fonds musical de l’Espagne antérieur à l’arrivée des Gitans, qui soit comparable au compás d’une soleá 3 , d’une siguiriya 4 , ou des bulerías 5 .

Lorsque j’ai évoqué mes débuts difficiles dans le « mundillo » des congrès flamencos, ce n’était pas pour raconter ma vie, mais pour donner une idée de l’ambiance détestable qui régnait dans les milieux flamencos à l’époque, dans les années 80, et qui ne s’est guère améliorée par la suite. Alors, qu’en 1922, au moment où Falla et Lorca organisent le premier concours de cante 6 , à Grenade, le flamenco est unanimement rejeté comme une musique de bas étage, propre aux lieux mal famés et aux faubourgs où vivent les Gitans, tant et si bien que le musicien et le poète inventent l’euphémisme « cante jondo ». Pedro Peña évoque cet épisode dans son chapitre V, avec un peu d’amertume, car il ressent ce rejet comme une atteinte à son identité flamenca. Il est vrai que Falla et Lorca se trompaient quand ils croyaient trouver l’essence de la musique qu’ils voulaient réhabiliter dans les profondeurs de l’Andalousie rurale. Et pourtant, Federico a dit qu’il avait appelé son Romancero « gitan », parce que, selon lui, il n’y avait rien de plus authentique et de plus significatif, en Andalousie, que les Gitans, dans une déclaration que Pedro Peña cite dans le dernier chapitre de son ouvrage : « Le Gitan est ce qu’il y a de plus élémentaire, de plus profond, de plus aristocratique dans mon pays, ce qu’il y a de plus représentatif de sa façon d’être et qui garde la braise, le sang et l’alphabet de la vérité andalouse universelle ».

Entre son époque et aujourd’hui, les choses semblent avoir évolué. Le succès international du Flamenco a fini par attirer l’attention des Andalous eux- mêmes sur cet art si décrié. Plus tard, lorsque l’autonomie les a amenés à chercher un signe identitaire et culturel fort, ils ont jeté leur dévolu sur le Flamenco, qu’ils viennent de faire reconnaître, à présent, par l’Unesco, élément

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents