L impact économique
206 pages
Français

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L'impact économique , livre ebook

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Description

"Geste citoyen" pour les uns, "vol" pour les autres, le téléchargement illégal divise et le débat sur son impact économique a une large propension à tourner en rond. Chaque "camp" cite les études qui supportent ses positions et personnes ne pense à les confronter entre elles. Aucun compromis ne semble donc possible. Plus largement, cette réflexion remet en question la méthode quantitative de l'évaluation économique et pose, en creux, cette question : peut-on réellement tout quantifier ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 janvier 2015
Nombre de lectures 25
EAN13 9782336368061
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0800€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre
Alexandre BAUMANN







L’ IMPACT ECONOMIQUE
DU TELECHARGEMENT ILLEGAL
SUR LE MARCHE DE LA MUSIQUE













L’Harmattan
Copyright

© L’Harmattan, 2015
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-71817-0
Remerciements :
Je remercie mes parents pour leur soutien et mes amis, notamment Steve Lewis et Melody Jaymond, pour leurs observations. Je remercie également mon cousin Guillaume Chevalier pour l’illustration de couverture.
Avertissement :
Les citations initialement en anglais ont été retranscrites directement traduites par mes soins.
Introduction
« Une épidémie se propage dans notre économie créative : la multiplication incontrôlée d’entreprises en ligne fondées sur le piratage. À bien des égards, elle nuit gravement à notre économie créative et appauvrit notre culture. » (Keen 2013)

Il semble être aujourd’hui largement admis que le piratage, et surtout le Peer-to-peer 1 , porte la responsabilité de la baisse des ventes de musique débutant en 1999. L’heure n’est plus (si elle l’a déjà été) tant à la réflexion qu’à la répression. Plusieurs États, notamment la France et les États-Unis, ont pris des mesures de coercition contre le téléchargement illégal, telles que l’HADOPI 2 pour la France ou le Digital Millenium copyright Act (DMCA) aux États-Unis.

Ces réponses législatives visant à limiter le téléchargement illégal ne doivent pas masquer le fait que la relation entre téléchargement illégal et volume des ventes est en réalité sujet à controverse.

Par exemple, une étude réalisée par un organisme relié à la commission européenne (JRC 2013 3 ) concluait à un impact légèrement positif du téléchargement illégal et du streaming sur les ventes digitales de musique ; alors qu’une autre, à peine moins récente, concluait que le piratage était responsable de 50 à 100% du déclin des ventes (Zentner 2010).

Pourquoi les conclusions de différentes études sérieuses divergent-elles ? Pour esquisser une réponse, j’ai passé en revue plusieurs milliers de pages d’articles ou de rapports portant sur ce thème. Elles représentent, je pense, l’essentiel de ce qui a été dit par les chercheurs et l’industrie du disque sur cette question.

D’ailleurs, quelle serait cette question ? Ce qui est apparu à la fin des années 90 est la possibilité, avec la révolution numérique, de « copier de la musique, des livres, des jeux vidéo et d’autres contenus protégés à une échelle sans précédent et à un coût minimal » (Oberholzer Gee et Strumpf 2009).

C’est cet accès large, gratuit, impersonnel et illégal qui nous intéressera ici. Il faut donc que la question soit assez large pour englober les technologies issues de la révolution numérique (téléchargement direct, P2P, streaming), et assez restreinte pour évacuer la contrebande de CD6.

Il faut aussi préciser quel est le marché étudié. Les marchés du jeu vidéo, du film ou de la musique ont des caractéristiques différentes. C’est sur le marché de la musique que la littérature est la plus riche, la question sera donc : « Quel est l’impact économique du téléchargement illégal sur le marché de la musique ? »

Je commencerai par restituer une synthèse de la position de la « doctrine » 4 portant sur le téléchargement illégal, mais aussi les données apportées sur tous les points étant rattachés au problème (revenu des artistes, histoire de la révolution numérique, définition de la chaîne de valeur, profil des pirates.). Ce sera un examen objectif ayant pour objet de poser les éléments de réflexion (Section 1).

Ensuite, je mettrai en relation ces éléments de réflexion et confronterai notamment les études économiques aux données socio-économiques ou psychologiques. Il ne s’agira plus d’un travail de synthèse pure, mais aussi d’analyse qui consistera essentiellement à mettre en relation de manière plus ou moins originale les données et réflexions déjà produites par des chercheurs et des institutions. Je tenterai ici de dépasser la réflexion existante en apportant de nouvelles pistes, de nouvelles perspectives. (Section 2)

Pour finir, je proposerai un scénario expliquant les variations du volume des ventes de CD. Il s’agira de donner un exemple de ce à quoi peut ressembler la mise en relation de tous les éléments que j’aurai développés. (Section 3)
1 « Pair à Pair » en français, mais je préfère le terme anglais. Il s’agit d’une pratique qui consiste à autoriser un quelconque utilisateur extérieur à copier l’un de vos fichiers sur son ordinateur. Cela permet de partager des fichiers à grande échelle et sans qu’il y ait besoin d’un espace centralisé de stockage en ligne. On abrège cela « P2P ».
2 Haute Autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur internet
3 Cette notation signifie que les données que j’apporte sont issues du papier de 2013 produit par le JRC (Joint Research Center). Il faudra se reporter à la bibliographie pour trouver la référence exacte.
4 Par « doctrine », j’entends l’opinion majoritaire des chercheurs et des institutions.
Premier chapitre : Mise en place des éléments de réflexion
Je rendrai ici compte de la position de la « doctrine », c’est-à-dire de la plupart des institutions et articles universitaires concernant directement cette question. Cette dernière se place dans le cadre plus large de la réflexion sur le droit d’auteur dans sa dimension patrimoniale, et plus précisément sur le monopole qu’a l’artiste sur la distribution de son œuvre. Il a, d’après la doctrine économique, vocation à permettre et favoriser la création artistique.

Le bien culturel, qu’il s’agisse d’une chanson, d’un livre ou d’un film, aura coûté du temps et des ressources pour être développé. Une fois créé, son coût de reproduction, est très faible, voire nul. Ce type de biens est dit « non rival », c’est-à-dire que son utilité ne diminue pas si davantage de personnes l’utilisent. Dès lors la reproduction ne lèse directement personne. Toutefois, cela crée un manque à gagner pour l’industrie musicale et, si les auteurs ne sont pas récompensés, la production de musique finira par diminuer. Ainsi, si du point de vue général il y a un intérêt à court terme à ce que la musique soit librement disponible, ce n’est pas le cas à long terme, de moins en moins de nouvelles musiques étant créées.

Ainsi la question est assez large, abordant des thèmes tant économiques que sociologiques. Pour explorer les enjeux de ce raisonnement, il faudra donc étudier, en plus de la méthode et des résultats des études économiques (I), les revenus et les motivations des artistes, les comportements des pirates ; en un mot la structure du marché de la musique et ses acteurs (II).
I. L’essentiel de la doctrine sur l’impact économique du « piratage »
« Il y a un consensus plutôt clair sur l’effet négatif du téléchargement illégal sur les ventes physiques de musique préenregistrée. » (JRC 2013 p.2)

Globalement, la majorité des études empiriques trouvent un impact négatif du piratage sur les ventes de musique. Il n’y a que quelques études (Oberholzer-Gee et Strumpf 2007, Anderson et Frenz 2010, JRC 2013, TNO 2009) qui divergent. Seule la première, qui a du reste été largement contestée, a été publiée dans une grande revue.

Toutefois la doctrine s’accorde en théorie sur l’existence d’une ambiguïté entre le caractère positif ou négatif du piratage. Ambiguïté parfaitement résumée par Hui et Png (2003) :

« [...] D’un côté, le piratage vole à la demande légitime en cela que des acheteurs potentiels s’orientent vers des produits piratés. D’un autre côté, le piratage accroît la demande légitime en incitant plus de personnes à acheter et à accroître leur consentement à payer. La balance de ces effets est une questio

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