Le parcours du compositeur

Philippe Demier

Description

La réflexion d'un artiste sur sa propre production et les mécanismes d'élaboration de celle-ci sont ici rassemblés. L'auteur rend compte du travail du créateur : les multiples étapes de fabrication, élaboration, expérimentations, orientations, accidents, choix et thématiques à même de susciter et organiser la création. Il s'agit d'observer un imaginaire à l'œuvre, de s'orienter à travers les méandres d'une suite de productions à partir d'exemples.

Sujets

• Beaux arts
• Musique
• Chanson

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 mars 2011
• Nombre de lectures: 4
• EAN13: 9782296457386
• Langue: Français

Extrait

LE PARCOURS DU COMPOSITEUR
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’École-polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
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ISBN : 978-2-296-54455-0
EAN : 9782296544550

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
Philippe Démier


LE PARCOURS DU COMPOSITEUR

Cartographie d’un imaginaire
Sémiotique et philosophie de la musique
Collection dirigée par Joseph-François Kremer

Prenant en compte les nouvelles méthodologies d’analyse comme principe d’approche de l’œuvre musicale, cette collection propose, dans le domaine de la recherche des significations, de réunir les notions de tradition et de l’ actuel.
Les ouvrages présentés au lecteur appartiennent à un courant d’investigation phénoménologique, tout en éclairant un vaste panorama de questionnement interdisciplinaire. Celui-ci est vivifié par la reconnaissance d’un principe d’analogie utile à la réception des perceptions. Nous serons sensibles aux stratégies d’élaboration de différentes poétiques, qu’elles puissent être littéraires, picturales, musicales, philosophiques ou simplement inscrites dans une rhétorique de l’expression.
Notre démarche éditoriale nous offre la possibilité à partir de contextes compositionnels, théoriques et géopolitiques d’extraire de nombreuses situations sémiotiques. Ces publications apporteront, au départ d’éléments réflexifs nouveaux, des fondements à une psychologie du musical qui tenterait d’allier le sensible à la raison.


Déjà parus

Sophie STEVANCE, Duchamp, compositeur, 2009.
Eero TARASTI, Fondements de la sémiotique existentielle, 2009.
Francesco SPAMPINATO, Les métamorphoses du son, 2008.
Siglind BRUHN, Les Visions d’Olivier Messiaen, 2008.
Christine ESCLAPEZ, La musique comme parole des corps, 2007
Nicolas DARBON, Les musiques du chaos, 2006.
Eero TARASTI, La musique et les signes, 2006.
Thierry BOISSEAU, Histoires de la musique, 2005.
Emmanuel GORGE, Les pratiques du modèle musical, 2004.
Emmanuel GORGE, L’imaginaire musical amérindien, 2003.
Antonio LAI, Genèse et révolutions des langages musicaux, 2002.
François-Bernard MÂCHE, Un demi-siècle de création musicale , 2000.
Joseph-François KREMER, Esthétique musicale, 2000.
Patrice SCIORTINO, Mythologie de la lutherie, 2000.
REMERCIEMENTS
Je souhaite remercier tous ceux qui ont permis à ce livre d’exister : Joseph-François Kremer, pour m’avoir proposé de présenter cet essai attestant de mon expérience créatrice à un plus large public, ainsi que pour ses conseils avisés et sa grande perspicacité.

Un grand merci également à mes parents, qui m’ont fait confiance dans mes choix, à Thierry et Steeven pour leur aide précieuse, ainsi qu’à tous ceux qui m’ont encouragé dans ma création tout au long de ces années : Manuel Rosenthal, Alain Finkielkraut, Grace et Bozidar Kantušer, les membres de l’Association Castoriadis, mais aussi amis, musiciens et interprètes qui de façon toujours désintéressée m’ont apporté leur soutien.

Enfin, j’adresse un remerciement spécial à ma petite famille et à ma première et infatigable lectrice pour ses remarques judicieuses et sa patience d’ange.


Paris, le 15 juin 2010
« C’est ici un livre de bonne foi, lecteur ».
Montaigne
INTRODUCTION
Ce livre est né d’une rencontre entre deux sensibilités : celle d’un compositeur avec un homme aux multiples talents (compositeur, chef d’orchestre, musicologue) ; un esprit curieux qui m’a engagé à livrer mon expérience de créateur.

L’ensemble est conçu sous forme d’essai. Témoin d’un imaginaire pris dans le périple de la création, celui-ci présente néanmoins une difficulté : celle de parler de soi, ce qui a constitué un véritable défi. Un examen de conscience ne pouvant être réalisé que rétrospectivement (dans la maturité, à l’issue d’une temporalité) mais offrant par ailleurs la possibilité de faire le bilan d’une expérience créatrice afin d’en saisir l’évolution.

En même temps, est apparu le désir de faire profiter de conseils, autant qu’il est possible de le faire dans un domaine aussi complexe que celui de la création. En effet, on ne trouvera ici aucune vérité. Aussi ai-je plutôt choisi de rendre compte d’une expérience offerte à titre d’exemple, plus que de la transmission d’un enseignement.
C’est donc le regard du compositeur qui est apparu comme une priorité ici et non celui de l’analyste ; privilégiant l’acte de créer ainsi que le travail créateur. Un regard sans concession qui est aussi, pour son auteur, la possibilité d’un état des lieux. D’où la volonté de montrer les problématiques qui sont apparues, les diverses difficultés et questions qui ont surgi et les réponses trouvées.

Également liée à cette expérience créatrice, une suite de textes rédigés tout au long de la conception des œuvres – tel un « journal d’écriture » – et ne pouvant en être séparée. Ces textes sont réunis dans la troisième partie de cet ouvrage, certains intervenants dans le parcours (noté en italique). J’ai choisi de les présenter sans modification de rédaction, chacun étant le saisissement d’un instant, d’un questionnement, d’une réflexion ou d’un choix survenus pendant la composition. Tout au long de la progression de ce voyage musical, il sera possible de mettre en parallèle cette « matière » avec les différentes compositions qui y renvoient.

Ainsi qu’il apparaît, l’ensemble, atteste d’un cheminement pensé comme un voyage où le lecteur est entraîné. Pour mener à bien cet essai, j’ai choisi de « cristalliser » les différentes étapes de mon travail en orientant ce voyage entre cheminement et analyses, ces dernières venant ponctuer le parcours :
Cartes sonores pose les principales thématiques de mon univers musical et apparaît comme autant de jalons ; afin d’accompagner le lecteur dans la découverte d’un imaginaire dont il ignore tout au demeurant.
Temporalités et Musique silencieuse réunissent les deux grands axes de mes recherches et rendent compte de leur progression ainsi que des différentes orientations qui y sont intervenues.
L’ensemble est suivi d’une suite de réflexions sur ce parcours, liant regard rétrospectif et esthétique incluant le Journal d’écriture. Toute création ne saurait exister en dehors d’un contexte qu’il était important de rappeler, car c’est à partir de celui-ci qu’un certain nombre de choix a été effectué.

Pour clore cet essai, L’expérience d’un artisan propose un ensemble de conseils ; une somme d’observations personnelles concernant quelques-unes des grandes étapes qui accompagnent la création musicale.
PRÉLUDE
« Si le monde était clair, l’art ne serait pas ».
Albert Camus, Le Mythe de Sisyphe.


La musique se découvre en faisant silence. Elle parle d’elle-même et aucun mot ne peut dire ce qu’elle est. Sa première exigence c’est l’écoute.
La musique est au-delà des mots.
La musique demande une participation. Elle est une expérience que l’on doit vouloir tenter. L’expérience de l’écoute. Peut-être plus encore aujourd’hui que par le passé, on ne peut rester passif en écoute. Il s’agit de saisir quelque chose qui s’établit par l’écoute. Avec la musique, il faut venir à la rencontre de l’œuvre, tenter de comprendre. C’est un art qui semble se laisser deviner facilement mais qui peut être mal compris, mal « interprété ».
Plus encore qu’avec les mots, la question du sens se pose avec le sonore. Disons que le sens est moins immédiat, plus équivoque. C’est cette polysémie du sens qui m’a toujours fasciné. La musique accepte une multitude d’interprétations sans jamais en épuiser les possibles ou pouvoir dire où est le vrai de l’œuvre. Il y a une réalité qui toujours nous échappe, nous met en défaut. En même temps, on peut parfaitement être ému par la musique sans la comprendre. On peut y être réceptif tout en se méprenant sur sa signification. C’est cette ambiguïté qui fait la force de la musique. Elle nous indique les frontières de toute logique. Il nous faut faire appel à d’autres critères pour l’apprécier.
Le sonore ne crée pas d’image mentale semblable à un tableau ou un poème. Pourtant, il est capable de faire surgir des images plus saisissantes encore. C’est un « je-ne-sais-quoi » qui nous envahit malgré nous et nous touche de façon singulière.
Il y a de plus sa relation à la temporalité qui est unique. Car la musique se découvre par le temps. Il fa