Histoire à dormir dehors tome 2 : 20 000km à vélo, de l Asie à l Amérique du Sud
221 pages
Français

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Histoire à dormir dehors tome 2 : 20 000km à vélo, de l'Asie à l'Amérique du Sud , livre ebook

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Description

Le premier volet de ces histoires, de l’Angleterre à la Malaisie, a laissé des milliers de lecteurs sur leur faim. Voici enfin la suite des aventures cyclistes de Jonathan B. Roy, de l’Asie du Sud-Est à l’Amérique du Sud en passant par la Chine et le Japon. Sur les chemins de terre, les accotements de métropole ou les longues routes désertes, il pédale plus lentement que son ombre et suscite curiosité, admiration ou stupéfaction. Il livre ici un récit humaniste teinté d’humour et de poésie, reflet de la bienveillante curiosité qu’il porte à ce monde contrasté et passionnant. Et fait de nous, lecteurs, d’intrépides voyageurs par procuration.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 17 février 2023
Nombre de lectures 1
EAN13 9782924149331
Langue Français
Poids de l'ouvrage 8 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1050€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

D'autres
Histoires à dormir dehors
20 000 km à vélo, de l’Asie à l’Amérique du Sud
Texte et photos Jonathan B. Roy
Éditeur : Jean-François Rheault
Éditrice déléguée : Nathalie Schneider
Collaborateur à l’édition : Jacques Sennéchael
Directrice artistique : Louise Mallette
Correctrice : Diane Grégoire
Illustratrice : Sarah Ismert
© Vélo Québec Éditions, 2023
Tous droits réservés
Dépôt légal — Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2023
ISBN 978-2-924149-32- 4
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Roy, Jonathan B. 1985-, auteur
Histoires à dormir dehors 2 : 20 000 km à vélo, de l’Asie à l’Amérique du Sud, Jonathan B. Roy.
ISBN 978-2-924149-32- 4
1. Roy, Jonathan B., 1985- - Voyages. 2. Voyages autour du monde.
3. Cyclotourisme. 4. Cyclistes - Québec (Province) - Biographies. I. Titre.
G440.R69 A3 2023 910.4’1092
À Jeannette, qui aimait tant les belles histoires.
Un nouveau départ
Que reste-t-il à faire après avoir pédalé la moitié du globe ?
J’étais arrivé un an plus tôt dans la capitale malaisienne après avoir parcouru 18 000 km en 14 mois. Épuisé et heureux de faire une pause, j’ai accepté une inattendue offre d’emploi de juriste et me suis installé dans cette cosmopolite métropole tropicale. J’y ai retrouvé le quotidien d’un emploi en compagnie de collègues malaisiens et européens. Le Français Alexandre et moi avons commencé la même journée.
J’avais la chance d’avoir, de mon bureau, une magnifique et imprenable vue sur les tours jumelles Petronas, durant un temps les plus hautes de la planète. Malgré cela, une étrange nostalgie s’est emparée de moi au fil des mois. Tandis que je couchais sur papier mon périple à vélo – le premier tome de ces histoires –, je me désolais de voir mes aventures prendre fin. Il me semblait que la meilleure partie de ma vie appartenait déjà au passé puisque j’avais atteint mon objectif de rouler de l’Europe à l’Asie.
L’évidence m’apparut en un éclair : il me restait encore l’autre côté du globe à découvrir ! Rien ne m’empêchait de m’inventer un deuxième itinéraire tout aussi épique, de gravir de nouvelles montagnes et de traverser d’autres déserts. Toujours à vélo, bien entendu, le meilleur moyen de transport pour aller à la rencontre de l’autre. Je pourrais poursuivre ma découverte d’autres cultures, déchiffrer de nouvelles langues étrangères, goûter à différentes curiosités culinaires. Et tenter de comprendre un peu mieux ce monde grâce aux rencontres que je ferais en chemin.
Derrière les immenses fenêtres de mon bureau, je me suis remis à rêver d’aventures et à imaginer ce qui pouvait bien se cacher au-delà de ces tours métalliques.

Mon appartement malaisien vidé, Alexandre accepte de m’héberger pour quelques jours. La veille du départ, après d’innombrables préparatifs de dernière minute et aux prises avec des pensées agitées, je ne réussis à fermer l’œil qu’à quatre heures du matin.
Lorsque l’alarme sonne (beaucoup trop tôt), je me réveille lentement et retrouve des gestes familiers : enfiler mon chandail en Lycra, m’appliquer de la crème solaire, boucler mes sacoches. Je souris, entrevoyant la promesse d’un quotidien grisant.
Mon ami a retardé le début de sa journée de travail pour assister à mon nouveau départ. Il m’aide à transporter mes six sacs un peu effilochés et ma guitare jusqu’au stationnement intérieur situé au rez-de-chaussée. Comme si je n’avais pas déjà assez de matériel à transporter, j’ai récemment fait souder quelques tiges d’acier à l’arrière de mon vélo pour y loger mon encombrant instrument de musique.
J’installe mes sacoches et j’étreins longuement mon complice de la dernière année. D’un geste instinctif mille fois répété, j’enfourche ma monture… et cogne mon tibia contre le manche de la guitare dont j’avais déjà oublié la présence. Alexandre sourit. Je me reprends, cette fois en passant la jambe devant la selle.
Le vélo enfourché, je clippe avec fébrilité mon pied droit à la pédale automatique, je mets en mouvement mon lourd chargement puis enclenche le pied gauche.
Mais le stationnement est exigu et je dois immédiatement virer à 90 degrés pour me diriger vers la sortie. J’ai perdu l’habitude de contrôler une telle charge et tente frénétiquement d’arracher mon pied à la pédale pour le poser à terre et garder mon équilibre. Mes cales neuves sont trop serrées ; j’échoue à déloger ma chaussure et chute au ralenti sur le ciment du stationnement.
La joue sur le béton, les mains encore posées sur le guidon et les souliers toujours bien ancrés aux pédales, j’ai l’air de faire du vélo à l’horizontale. Mes sacoches et ma guitare, elles, n'ont pas bougé.
Alexandre m’aide à me relever. Son sourire a fait place à une certaine inquiétude. « Es-tu certain que tu ne veux pas rester ici une journée de plus ? »
« Je ne peux pas, que je lui réponds. Les autoroutes de Chine, les glaciers du Chili, l’Altiplano bolivien et d’innombrables rencontres m’attendent ! » Ce n’est pas une petite fouille qui va m’arrêter.


Je pars de Kuala Lumpur encore plus chargé qu’à mon arrivée, un an auparavant.
Asie du Sud-Est
Malaisie, Singapour et mer de Chine méridionale
Répartie en une section maritime et une autre continentale, la population de l’Asie du Sud-Est est caractérisée par une immense diversité culturelle, religieuse et linguistique. On y trouve autant de jungles impénétrables que de métropoles résolument modernes.
L’eau est partout présente, sous forme de pluies torrentielles ou de mers. Le détroit de Malacca, au sud de la Malaisie et de Singapour, est le plus fréquenté du monde, avec 25 % du transport maritime mondial qui y circule chaque année.

1500 km, incluant mes déplacements dans Kuala Lumpur 11 mois à Kuala Lumpur, 1 semaine à vélo et 8 jours en mer de Chine méridionale
Plus grande vitesse en pleine noirceur : 57 km/h
Deux immigrants
Malaisie
En arrêtant ma route à Kuala Lumpur, un an plus tôt, j’avais troqué ma tente et les chambres d’auberge pour le confort d’un appartement.
La population malaisienne est un brassage d’ethnies – d’origine malaise, chinoise et indienne – et de peuples indigènes. Dans la capitale, Kuala Lumpur, vivent autant de Malais que de Chinois. Pour ces derniers, le chiffre quatre porte malheur car sa sonorité se rapproche de celle du mot « mort ». Dans mon immeuble de quelques dizaines d’étages, aucun d’eux n’affichait donc ce numéro ; je n’habitais pas au 14, mais au 13A.
Devant mon balcon s’étendait le quartier résidentiel de Kampung Baru (« nouveau village » en malais). Paradoxalement, c’est le seul secteur de la cité qui semble avoir résisté à la modernité. Rares sont les bâtiments qui dépassent deux étages, alors que l’horizon du reste de Kuala Lumpur est chargé de grues qui tirent les édifices vers le ciel.
En visitant Kampung Baru au début de mon séjour, j’étais tombé en amour avec l’achalandé et abordable marché de fruits et légumes, la faible circulation automobile et les nombreux petits commerces. Comme celui de mon coiffeur préféré, un Indien qui ne parlait pas un mot d’anglais. Après quelques infructueux et exorbitants essais au centre-ville, j’ai découvert son établissement dont l’ameublement se résumait à une chaise et à un vieux miroir rouillé.
Avec seulement une photo, il est parvenu mieux que quiconque à répondre à mes attentes pour seulement deux dollars. Après un long massage crânien, il a posé ses deux mains à plat sur mes oreilles et s’est mis à secouer gentiment ma tête de chaque côté. Puis, d’un geste sec et précis, il l’a tournée si loin vers la droite que mon cou a émis un long craquement de protestation. Apercevant mes yeux ronds de surprise dans son miroir, il m’a demandé du regard s’il devait poursuivre avec l’autre côté. Non paralysé par le premier coup, j’ai acquiescé. Une belle coupe et deux craquements plus tard – sans qu’un mot fût échangé –, j’étais devenu un client régulier.
Dans mon appartement du 13A, je n’avais pas d’eau chaude dans la cuisine. « Personne n’en a, m’avaient assuré les gestionnaires de l’immeuble, comme une évidence. Ce n’est quand même pas la salle de bain ! » Je me suis adapté en faisant chauffer de l’eau lorsque j’avais des plats graisseux à laver.
Cette contrainte me servait d’excuse pour manger plus souvent dans les nombreux restaurants du quartier. Mon favori était le Syrian House, où j’allais assez fréquemment pour connaître les différents serveurs. Un soir, l’un d’eux, Abdul, remarque ma guitare et m’aborde.
« J’en jouais souvent avant, me dit-il, mais plus depuis que j’ai des problèmes de nerfs.
— Des problèmes physiques ou de nervosité ?
— De dextérité manuelle… Une bombe a explosé près de moi. »
Je reste bouche bée.
Le colosse à la courte barbe bien taillée et à la chevelure peignée vers l’arrière ajoute, comme si cela pouvait tout expliquer : « Mais oui, je suis Syrien, on est dans un restaurant syrien. » La guerre civile fait rage dans son pays d’origine depuis plusieurs années. Mon serveur m’apprend qu'il était gérant d’un restaurant dans un hôtel cinq étoiles à Damas et propriétaire de deux magasins d’informatique. Cela à 22 ans seulement. C’est à l’un de ces commerces qu’il se rendait lorsqu’une bombe a suspendu sa vie. Comme des millions de compatriotes, il a fui vers le premier pays qui l’a accepté. « Pour demeurer en vie », dit-il dans l’anglais qu’il a appris ici.
Avant de quitter la Syrie, Abdul a réussi à vendre quelques biens. Il est arrivé en Malaisie avec 1000 $ américains en poche. Il ne connaissait rien du pays sinon que le coût de la vie y était plus abordable qu’en Europe et qu’on y accueillait assez bien les musulmans.
Il affirme avoir été bien reçu. Pourtant, il n’a légalement pas le droit de travailler puisque la Malaisie n’a jamais signé la Convention de 1951 relative aux droits des réfugiés. Obligés de vivre dans l’illégalité, beaucoup parmi les milliers de nouveaux arrivants passent des années, voire des déce

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