Whistler

Jp. A. Calosse

Description

Whistler (Lowell, 1834 – Londres 1903). Whistler surgit à un moment crucial de l'histoire de l'art et il joue un rôle de précurseur. Il a, comme les Impressionnistes, la volonté d'imposer ses idées. Son oeuvre se déroule en quatre périodes. Dans une première période de recherche, l'artiste est influencé par le réalisme de Courbet et par le japonisme. Puis Whistler trouve son originalité avec les Nocturnes et la série des Cremorne Gardens en s'opposant à l'académisme qui veut qu'une oeuvre d'art raconte une histoire. Lorsqu'il peint le portrait de sa mère, Whistler l'intitule Arrangement en gris et noir (p.31), ce qui est significatif de ses théories esthétiques. S'il dépeint les jardins de plaisir de Cremorne, ce n'est pas pour y figurer, comme Renoir, des personnages identifiables, mais pour saisir une atmosphère. Il aime les brumes des bords de la Tamise, les lumières blafardes, les cheminées d'usine. C'est la période au cours de laquelle il fera figure de précurseur et d'aventurier de l'art ; au bord de l'abstraction, il choque ses contemporains. La troisième période est surtout dominée par ses portraits en pied : c'est elle qui lui apportera la gloire. Mais il saura insuffler à un genre pourtant classique sa profonde originalité. Il restitue les personnes dans leur environnement : cela donne une étrange présence aux modèles. Il crée des portraits qualifiés de médiums par ses contemporains et dont Oscar Wilde s'inspirera pour écrire son Portrait de Dorian Gray. Enfin, vers la fin de sa vie, l'artiste réalise des paysages et des portraits dans la grande tradition, très influencé par Velazquez. Whistler fera preuve d'une impressionnante rigueur en faisant sans cesse coïncider son oeuvre avec ses théories. Il n'hésitera pas à croiser le fer avec les théoriciens de l'art les plus célèbres.Sa personnalité, ses foucades, son élégance, en font un sujet idéal de curiosité et d'admiration. Ami proche de Mallarmé, admiré par Marcel Proust, dandy provocateur, mondain ombrageux, artiste exigeant, il fut un novateur audacieux.

Sujets

• Peinture
• Art
• Art for art's sake
• Whistler's Mother
• Parnasse (littérature)
• Whistler
• Peintre
• Esthétisme

Informations

• Publié par: Parkstone International
• Date de parution: 04 juillet 2023
• Nombre de lectures: 0
• EAN13: 9781781606759
• Langue: Français

Extrait

Autor: Jp. A. Calosse

© Confidential Concepts, worldwide, USA
© Parkstone Press International, New York, USA

ISBN: 978-1-78160- 675 - 9

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Jp. A. Calosse




James McNeill
Whistler
SOMMAIRE


Né Sous Le Signe Du Voyage (1834-1863)
Influence Japonaise, Les Brumes De Valparaiso, Les Nocturnes Sur La Tamise Et Dans Les Jardins De Cremorne (1863-1874)
Harmonie D'or et De Colère Le Procès Ruskin (1872-1880)
Les Portraits
Le Mariage Et Les Honneurs, Le Noble Art De Se Faire Des Ennemis (1888-1890)
Un Bel Éloge (1897-1903)
BIOGR A PHIE
LISTE DES IL L USTRATIONS
1. James A. McNeill Whistler ,
d'après une pointe sèche de M. Helleu.
Whistler surgit à un moment crucial de l'histoire de l'art et il joue un rôle de précurseur. Il a, comme les Impressionnistes, la volonté d'imposer ses idées. Son œuvre se déroule en quatre périodes.

Dans une première période de recherche, l'artiste est influencé par le réalisme de Courbet et par le japonisme. Puis Whistler trouve son originalité avec les Nocturnes et la série des Cremorne Gardens en s'opposant à l'académisme qui veut qu'une œuvre d'art raconte une histoire. Lorsqu'il peint le portrait de sa mère, Whistler l'intitule Arrangement en gris et noir , ce qui est significatif de ses théories esthétiques. S'il dépeint les jardins de plaisir de Cremorne, ce n'est pas pour y figurer, comme Renoir, des personnages identifiables, mais pour saisir une atmosphère. Il aime les brumes des bords de la Tamise, les lumières blafardes, les cheminées d'usine. C'est la période au cours de laquelle il fera figure de précurseur et d'aventurier de l'art ; au bord de l'abstraction, il choque ses contemporains. La troisième période est surtout dominée par ses portraits en pied : c'est elle qui lui apportera la gloire. Mais il saura insuffler à un genre pourtant classique sa profonde originalité. Il restitue les personnes dans leur environnement : cela donne une étrange présence aux modèles. Il crée des portraits qualifiés de médiums par ses contemporains et dont Oscar Wilde s'inspirera pour écrire son Portrait de Dorian Gray .

Enfin, vers la fin de sa vie, l'artiste réalise des paysages et des portraits dans la grande tradition, très influencé par Velazquez. Whistler fera preuve d'une impressionnante rigueur en faisant sans cesse coïncider son œuvre avec ses théories. Il n'hésitera pas à croiser le fer avec les théoriciens de l'art les plus célèbres.

Sa personnalité, ses foucades, son élégance, en font un sujet idéal de curiosité et d'admiration. Ami proche de Mallarmé, admiré par Marcel Proust, dandy provocateur, mondain ombrageux, artiste exigeant, il fut un novateur audacieux.
2. Wapping , 1860-1864.
71,1 x 101,6 cm.
Signé et daté Whistler 1861. National Gallery of Art,
collection John Hay Whitney, Washington.
Né Sous Le Signe Du Voyage (1834-1863)

James Abbott Whistler est né le 10 juillet 1834 à Lowell, petite ville du Massachusetts. Son père, éduqué à West Point - la grande Académie militair e am éricaine, l'équivalent de notre Ecole Polytechnique - épouse en secondes noces Anna Mathilda McNeill. Il travaille comme ingénieur des chemins de fer à Lowell. En 1842, l'Empereur de Russie, Nicolas I er , le choisit pour construire le chemin de fer de Saint-Pétersbourg à Moscou et le Major part pour la Russie. Un an après le départ de son mari, Mme Whistler et ses enfants prennent le même chemin pour se rendre à Saint-Pétersbourg. Durant ce voyage, le plus jeune fils tombe gravement malade et meurt. James Abbott a neuf ans et suit une éducation traditionnelle et puritaine. L'enfant va cependant être confronté à des expériences déterminantes pour sa future carrière d'artiste : l'artiste écossais Sir William Allen fréquente les Whistler et James se passionne pour les conversations qui se tiennent au salon. Une fois les enfants couchés, le peintre prend Mme Whistler à part et lui confie : " Votre fils a des dispositions exceptionnelles ". De ses premiers essais, il nous reste un portrait de la tante Alicia McNeill. James passe son temps à dessiner et à feuilleter un gros volume de gravures de Hogarth qui restera pour lui le plus grand artiste anglais.

Une épidémie de choléra ayant éclaté à Saint-Pétersbourg, Mme Whistler doit s'embarquer précipitamment pour l'Angleterre avec les enfants. Le 9 novembre 1849, le Major meurt sans avoir revu sa famille et sa disparition a des répercussions sur la situation financière de la famille qui retourne s'établir dans le Connecticut. James est maintenant adolescent et malgré l'éducation sévère de sa mère, sa personnalité s'affir me, ses opinions se durcissent.

Chez les Whistler et les McNeill, la carrière militaire est de tradition. La mère de James sollicite donc son entrée dans la plus grande école militaire des États-Unis où il est admis en 1851. Il obtient dès la première année des résultats révélateurs : premier en dessin, trente-neuvième sur quarante-trois en philosophie et dernier en chimie. Il se soucie peu de la discipline et des remontrances.
3. Le Piano , 1858-1859.
67 x 91,6 cm. Taft Museum, Cincinnati, Ohio.
4. Harmonie en vert et rose. La Salle de musique , 1860-1861.
95,5 x 70,8 cm. Freer Gallery of Art, Washington.
Guidé par le sens de l'honneur, James ne peut s'empêcher de se révolter intérieurement contre les traditions. L'adolescent n'est pas fait pour la carrière militaire car il est incapable de se plier à la discipline sévère. On lui si gnifie son renvoi en juin 1854.

Il entre comme stagiaire dans une usine de construction de locomotives à Baltimore et passe ses journées à flâner dans les ateliers et les bureaux. Bientôt l'ennui lui devient intolérable et il quitte Baltimore. Le 7 novembre 1854, il est engagé au service topographique des côtes à Washington. Là encore, la routine des bureaux lui déplaît et il fait son travail sans enthousiasme.

Whistler a une vie sociale très active : on le voit à des réceptions, vêtu à la dernière mode. Passionné de dessin, il dédaigne tout ce qui n'est pas sa vocation. Whistler est perçu comme un amuseur. James s'ennuie trop au service topographique et donne sa démission en février 1855. Pourtant, les quelques mois qu'il aura passés au bureau auront une importance capitale pour sa carrière. En effet, il y a appris la gravure à l'eau-forte, technique dans laquelle il excellera.

Ayant atteint sa majorité, il décide de partir pour Paris. Courbet, refusé à l'Exposition Universelle officielle, lance son premier manifeste pour l'école réaliste. Whistler se prend de sympathie pour l'artiste, entre en relation avec le groupe réaliste et rencontre ainsi Fantin-Latour et Edgar Degas. Le 9 novembre 1855, le jeune ingénieur s'inscrit à l'École des Arts décoratifs et il devient en 1856 l'élève de Gleyre, un professeur de peinture réputé, qui accueille dans son atelier les étudiants souhaitant échapper à l'influence des cours trop classiques. L'enseignement dispensé par Gleyre est original, fondé sur des théories personnelles qui effraient les peintres académiques. Il préconise la préparation des tons sur la palette avant de commencer à peindre. Whistler utilisera cette technique qui présente l'avantage de libérer le peintre de la contrainte, lui laissant toute disponibilité pour travailler le modelé. Dans l'ensemble, il travaille peu et s'amuse beaucoup. James s'installe dans un petit hôtel, il sort avec son carnet de croquis et dessine sur le vif des scènes de rue. Il perfectionne sa technique, notamment les effets de lumière la nuit, le travail à partir d'un ton, d'une couleur et de ses variantes. Il respecte la tradition de l'art, étudie la technique des vieux maîtres et va, comme ses camarades, apprendre à copier les tableaux exposés au Louvre. Il admire Rembrandt et Velazquez.

Son tableau Le Piano est proposé au Salon de 1859, mais refusé car jugé trop " original ". Déjà, ce tableau révèle un désir d'unité du sujet et de répartition harmonieuse des couleurs. Une partie des tableaux refusés est exposée à l'atelier Bonvin et, à cette occasion, Whistler reçoi t les félicitations de Courbet.

En 1859, Whistler décide de s'installer à Londres et de ne plus venir en France que comme visiteur. En quatre ans, entre 1859 et 1863, il quitte le statut de " rebelle " et devient un artiste reconnu. Il a adopté une tenue vestimentaire des plus particulières. On se retourne sur son passage pour examiner dans le détail cet extravagant dandy.

Les années 1860 à 1870 sont dominées par le triomphe des membres de la Royal Academy. Whistler envoie à l'exposition de cette institution Le Piano et cinq eaux-fortes, en pleine mouvance préraphaélite. Les tableaux sont acceptés et les critiques se montrent plutôt favorables. Le peintre y gagne un début de notoriété.

En 1863, l'artiste travaille beaucoup à une toile qui s'appelle Wapping . L'œuvre sera exposée à la Royal Academy en 1864 et à l'Exposition Universelle de Paris en 1867. On y voit trois personnages, un ouvrier, Legros et Joe Hifferman, son modèle du moment. Il travaille à une œuvre à la pointe sèche, Annie Haden, où la nièce de l'artiste pose en crinoline, coiffée d'un chapeau plat à la mode. Une société de graveurs commande deux eaux-fortes pour illustrer un recueil de poèmes. Le travail est considérable ; Whistler déclarera avoir passé trois semaines sur chacune. En 1861, il envoie La Mère Gérard au salon de la Royal Academy et reçoit l'éloge de la presse. En été, lors d'un voyage en France sur la côte bretonne, i l réalise des toiles réalistes.

De retour à Paris, en compagnie de Joe, il loue un atelier