Amaz
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Description

Pour le Dr. Mitchell Parmenter, orientaliste américain venu passer un an dans la cité d'Amaz pour y étudier une ancienne épopée dont il a retrouvé le manuscrit, comme pour son épouse et ses deux filles, c'est un séjour plein de promesses qui s'annonce.


Presque des vacances.


Mais Amaz, où s'interpénètrent l'univers magique des Mille et une nuits et le climat conflictuel du Moyen-Orient contemporain, n'est pas une ville de tout repos. Les rues semblent y changer de tracé d'un jour à l'autre, les nouvelles se transmettent par l'intermédiaire de jeux de cartes divinatoires, une guerre séculaire y oppose secrètement les partisans de deux types d'écriture...


De touristes, les Parmenter deviennent explorateurs d'un monde encore plus étranger qu'ils ne l'imaginaient, puis protagonistes d'une quête dont l'enjeu est la texture même du réel.



Voix majeure de la fantasy américaine, Lisa Goldstein livre un roman au merveilleux puissant, au "réalisme magique" étourdissant.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 16 octobre 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782361834081
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Amaz
Lisa Goldstein
Traduit par Patrick Marcel

© 2012-2017 Les Moutons électriques
Conception Mérédith Debaque


Pour le Dr. Mitchell Parmenter, orientaliste américain venu passer un an dans la cité d’Amaz pour y étudier une ancienne épopée dont il a retrouvé le manuscrit, comme pour son épouse et ses deux filles, c’est un séjour plein de promesses qui s’annonce.
Presque des vacances. Mais Amaz, où s’interpénètrent l’univers magique des Mille et une nuits et le climat conflictuel du Moyen-Orient contemporain, n’est pas une ville de tout repos. Les rues semblent y changer de tracé d’un jour à l’autre, les nouvelles se transmettent par l’intermédiaire de jeux de cartes divinatoires, une guerre séculaire y oppose secrètement les partisans de deux types d’écriture...
De touristes, les Parmenter deviennent explorateurs d’un monde encore plus étranger qu’ils ne l’imaginaient, puis protagonistes d’une quête dont l’enjeu est la texture même du réel. Voix majeure de la fantasy américaine, Lisa Goldstein livre un roman au merveilleux puissant, au « réalisme magique » étourdissant.


Dedicace
« Pour Mikey Roessner-Herman,
grande voyageuse devant l’Éternel. »


La maison du Dr Tamir
Quelque part dans la ville d’Amaz, le Dr Mitchell Parmenter se tenait au milieu d’une pièce qu’il découvrait. Au nom du ciel, pourquoi était-elle si vaste ? Le Dr Tamir, avec lequel il était convenu d’échanger leurs maisons respectives pour une année, donnait-il souvent des réceptions ? Dans ce cas, il serait déçu en voyant les dimensions du salon des Parmenter, c’était à craindre.
L’immense salle de séjour était très encombrée. De hautes bibliothèques en chêne, certaines protégées par des vitrines, recouvraient deux des murs. Sur leurs rayons s’entassaient des livres, des manuscrits, des géodes, des figurines animales grossièrement peintes, un piano à pouce africain, un nid contenant deux œufs parfaitement bleus. Mitchell reconnut deux cages jumelles indonésiennes taillées dans une calebasse ; les deux moitiés, conçues pour recevoir l’oiseau mâle et sa femelle, faisaient office de serre-livres. Des sabres, des tentures de soie et des masques décoraient les autres murs.
Mitchell promena une main distraite sur le dossier d’un des bancs disposés au centre de la pièce. C’était un grand et solide gaillard, avec la grâce pataude d’un mammifère marin : cheveux bruns et drus, yeux gris, nez en patate, lèvres charnues.
Le jeune homme qui l’avait conduit à la maison se déplaça légèrement, faisant craquer le parquet ciré. Mitchell se retourna ; il avait oublié sa présence. « Bien, bien », dit-il. Sa voix résonnait un peu sous le plafond voûté. « Honnêtement, je ne m’attendais pas à ça... Combien de chambres m’avez-vous dit qu’il y avait ?
– Trois, docteur Parmenter. »
Parfait ! Une pour Claire et lui, une pour Casey et une pour Angela. Il ne s’inquiétait pas pour Casey, mais comment Angie réagirait-elle à cette contrée étrange, à cette maison qui ne l’était pas moins ?
Le jeune homme l’invita à franchir une porte et ils suivirent un long couloir. « Voici les chambres, docteur. » Comparées au salon, elles paraissaient minuscules et très ordinaires : le parquet présentait des éraflures, la peinture blanche s’écaillait. Elles étaient en outre beaucoup trop rapprochées, les deux premières attenantes, la troisième de l’autre côté de l’étroit couloir. Angie avait l’habitude de parler toute seule, elle poussait des cris et des éclats de rire. Il aurait du mal à se concentrer. Peut-être pourrait-il travailler à l’université ? Ça dépendrait du bureau qu’on lui avait attribué. Et Casey pourrait prendre la chambre contiguë à celle d’Angie ; elle supportait son voisinage mieux que lui.
Le jeune homme lui fit ensuite les honneurs de la cuisine et de la salle de bains – une seule pour quatre ! Toutefois, les installations semblaient neuves – avant de regagner le salon. Mitchell remarqua alors que les murs étaient faits de blocs de pierre grise soigneusement superposés. Il s’en approcha pour les examiner. Nulle trace de mortier. Chaque bloc s’ajustait parfaitement aux autres. « Quand cette maison a-t-elle été construite ? demanda-t-il.
– Oh! Elle est impossible à dater... Il y a environ trois siècles. Peut-être davantage.
– Est-ce qu’il n’y fait pas trop froid l’hiver ? s’inquiéta Mitchell.
– Bah ! Il ne fait jamais froid chez nous. »
Le jeune homme fit mine de se retirer. Mitchell se souvint de ses bonnes manières avec un temps de retard. « Merci pour la visite ! lança-t-il après lui. Et merci de m’avoir accueilli à l’aéroport. » Le jeune homme salua d’un signe de tête et referma derrière lui la porte de bois massif.
Le silence s’abattit aussitôt sur Mitchell. Malgré le soleil et les assurances du jeune homme, il eut brusquement froid. Il aurait voulu se rappeler son nom et sa fonction. Probablement quelque chose en rapport avec l’université. Il s’était rapidement présenté à l’aéroport, mais Mitchell n’était pas encore habitué à son accent, et la plupart de ses paroles lui avaient échappé.
Il se mit à faire les cent pas. Le parquet craquait bruyamment sous son poids. Allons donc ! se gourmanda-t-il. Ça ne te ressemble pas. À la maison, tu es toujours en train de réclamer la paix, tu ne peux travailler que dans un silence complet... Eh bien, te voilà comblé. Au boulot !
Il s’arrêta pour examiner une applique électrique en forme de bougie. Il en compta huit en tout, deux par mur. Au moins, nous avons l’électricité, songea-t-il. L’installation doit être bien postérieure à la construction de la maison. Si jamais elle nous lâche, nous sommes fichus. Cette pièce n’a pas de fenêtres. Il fut saisi d’un frisson.
Je ne peux pas me mettre au travail, pensa-t-il. Je dois d’abord montrer le manuscrit au Dr Jara, pour qu’il me dise s’il le croit authentique. Inutile de me fatiguer s’il s’agit d’un faux.
Il fit quelques pas de plus. Dommage que Claire ne soit pas là. Encore un mois avant que le Dr Tamir n’achève ses études sur le terrain, qu’il rejoigne les États-Unis et emménage dans notre maison. J’espère qu’elle lui plaira. J’espère que ma famille se plaira ici. Cela nous sortira peut-être de l’ornière dans laquelle nous nous enfoncions.
Le lendemain matin, Mitchell émergea de la maison dans une lumière aveuglante, sa serviette dans une main et la lettre du Dr Tamir dans l’autre. De l’autre côté de la rue, écrivait celui-ci, vous verrez la statue d’un homme tenant un œuf.
Mitchell leva le nez de la lettre. En effet, l’homme de bronze de l’autre côté de la rue tenait délicatement un œuf au creux de la main. Les épaules rejetées en arrière d’un air héroïque, il semblait embrasser dans un même regard celui-ci et l’avenir. Pourquoi diable les habitants d’Amaz honoraient-ils ainsi un homme portant un œuf ? Il devait y avoir quelque histoire là derrière, un de ces contes folkloriques dont raffolaient ses collègues universitaires. Il se promit de creuser la question.
À gauche de la statue se tenait un petit groupe de gens silencieux, désœuvrés. Non, ils observaient la maison. Il parcourut rapidement la lettre, au cas où Tamir y aurait fait allusion, mais il n’y avait rien de tel. Il fronça les sourcils. Le groupe tanguait légèrement, comme entraîné par un mouvement de marée. Qu’est-ce qu’ils pouvaient bien fabriquer ? Ils étaient tous coiffés de turbans.
Sans leur prêter plus d’attention, il traversa la rue, suivant les instructions du Dr Tamir. En approchant, il remarqua que seuls les hommes avaient des turbans. Les femmes portaient des foulards resplendissants, bleus et rouges. Dans la violente clarté du soleil, il avait du mal à en soutenir l’éclat. Ni les uns ni les autres ne lui adressèrent la parole lorsqu’il les dépassa.
La plupart des rues ne portent pas de nom, poursuivait Tamir. En outre, la ville a été dévastée par un incendie il y a quelques années, et il s’y produit fréquemment des tremblements de terre de faible magnitude. Vous aurez peut-être l’impression, tant que vous n’y serez pas habitué, qu’elle est mouvante et possède une existence propre. Mais vous aurez tôt fait de trouver votre chemin jusqu’aux principaux points de repère. Néanmoins, si vous désirez vous écarter des sentiers battus... J’ai beau avoir passé toute ma vie dans cette ville, il m’arrive encore de m’y égarer.
Mitchell relut ce dernier paragraphe, le front barré d’un pli soucieux. Il n’y avait décelé aucune malice lorsqu’il l’avait lu pour la première fois, aux États-Unis, mais sous le ciel étranger d’Amaz, les mots prenaient un sens quasi mystique. Était-ce là l’homme qui allait occuper la maison des Parmenter pendant toute une année ? Peut-être aurait-il dû mieux se renseigner sur son compte…
Un homme traversa nonchalamment la rue avec un âne ; la circulation en fut paralysée. Des coups de klaxon furieux s’élevèrent, un type se pencha à sa fenêtre en hurlant, un autre descendit de sa voiture en claquant violemment la portière et brandit le poing en direction du conducteur de l’âne, qui demeurait indifférent à toute cette effervescence. L’air s’était brusquement saturé de gaz d’échappement, mais on y décelait toujours une pointe de cannelle, et autre chose encore. La mer ?
Mitchell s’éloigna. Tournez à gauche après l’espace vide, lut-il. Il ne distingua aucun espace vide, mais sur sa gauche se dressaient des rangées de parasols rouges qui allaient en diminuant sous l’effet de la perspective. Des cris rauques résonnaient dans l’air, évoquant une fête foraine, mais une fête foraine comme il n’en avait encore jamais entendu. Curieux, il s’approcha. C’était un marché aux animaux.
Une grosse femme trônait au milieu de perroquets aux couleurs étranges de fleurs exotiques. Plus loin s’empilaient des cages occupées par des singes ; au sommet, un macaque se suspendait à l’armature du parasol, comme s’il était le propriétaire des lieux. Des serpents d

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