Aristides
56 pages
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Aristides , livre ebook

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Description

Le 16 juin 1940, Aristides de Sousa Mendes, alors Consul du Portugal à Bordeaux, désobéit aux ordres de Salazar. Il accorde à tous ceux qui le demandent un visa pour le Portugal, sauvant ainsi des milliers de vies.


De nos jours, deux colocataires, Arnaud le comédien et Blanche la romancière, traversent des difficultés personnelles et professionnelles. Arnaud suggère à Blanche de lui écrire une pièce de théâtre, dans laquelle il jouerait le rôle d'Aristides. Blanche, trouvant l'idée convenue, refuse.


Un peu plus tard, alors que Blanche peine pour trouver un nouveau sujet de roman, un personnage habillé à l'ancienne, qui ressemble étrangement au Consul, lui rend visite. Il lui demande de l'aider à recouvrer la mémoire.


Peu à peu, Blanche se prend au jeu ; au fil de ses recherches, elle découvre un personnage complexe, aristocrate, royaliste, chrétien, fantaisiste, bon vivant et séducteur... Sous le charme, elle se lance dans l'écriture, pour la plus grande joie d'Arnaud, qui admire profondément celui que l'on appelle le Juste de Bordeaux.


Aristides, "toujours plus ou moins là", s'attache aux deux jeunes gens et s'installe dans leur vie. Il leur prodigue des conseils, accompagne l'écriture de la pièce, commente les scènes, y apporte des précisions, et finit par jouer son propre rôle dans la reconstitution du procès que lui fit Salazar à son retour au Portugal.



"Le procédé littéraire utilisé par l'auteure pour nous faire rencontrer les multiples personnages de cette histoire, interprétée par trois acteurs seulement, est d'autant plus subtil qu'il déborde du sujet initial pour nous faire toucher de près le processus d'écriture d'un texte théâtral. Il permet également aux comédiens de prendre de la distance avec les faits historiques évoqués, et d'aborder avec humour une situation dramatique, la rendant ainsi accessible à un très large public. Il souligne enfin l'actualité de son sujet : il est plus que jamais nécessaire d'opposer la force de la conscience et des convictions à des pratiques dégradantes de discrimination." Laurence Pérou, Sud-Ouest


"Une leçon de grandeur et d’humanité, toutes notions défaillantes au regard de l’actualité. Béatrice Hammer, dont nous avons exalté ici-même le talent (cf. À la lisière des vagues et La petite chèvre de Béatrice Hammer face au champ littéraire) trouve dans cette nouvelle écriture dramatique un étonnant élargissement de son champ d’action littéraire. Son texte se lit d’un trait, avec agrément et saveur." Albert Bensoussan, Unidivers



Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 03 mars 2023
Nombre de lectures 0
EAN13 9782385330125
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

COLLECTION « LE THÉÂTRE DE LA COMBE »
Une première version de cet ouvrage a été publiée en 2010
par les Éditions Théâtrales du Grand Sud-Ouest.
Cette nouvelle édition a été entièrement
revue et corrigée par l’auteure.
 
 
 
 
 
 
 
Éditeur : Les éditions d’Avallon
342 rue du Boulidou
34980 Saint-Clément-de-Rivière
 
 
Couverture et composition du livre : Les éditions d’Avallon
Photo de couverture 
(ainsi que toutes les photos intérieures) :
Phannara Bun
 
Toutes les photos sont tirées du spectacle
Aristides (Théâtre du Passeur,
mise en scène Armand Eloi, 2010)
 
ISBN : 9782385330132
 
Dépôt légal : mars 2023
 
© 2023 Les éditions d’Avallon
 
 
 
 
 
Aristides
 
Béatrice HAMMER
Aristides
T H É Â T R E
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Aristides
de Béatrice Hammer
a été créé le 22 janvier 2010 à Douchapt
par le Théâtre du Passeur,
dans une mise en scène d’Armand Eloi,
avec la collaboration artistique de Marie Rouvray.
 
La scénographie était d’Emmanuelle Sage,
la musique de Tony Leite
les lumières et le son d’Yvan Labasse.
 
 
Distribution :
Arnaud : Thierry Jennaud
Blanche : Sylvia Delagrange
Le consul : Armand Eloi
 
 
 
Personnages
ARNAUD , homme d’une trentaine d’années, comédien
BLANCHE , femme d’une trentaine d’années, romancière
(Arnaud et Blanche sont colocataires)
LE CONSUL , homme d’une cinquantaine d’années
 
 
 
Premier tableau
 
 
 
 
 
 
Scène 1
ARNAUD, BLANCHE
 
Blanche est assise à sa table, Arnaud à côté d’elle. Il est en train de lui lire un article à haute voix.
 
ARNAUD :  « On estime aujourd’hui qu’il a sauvé trente mille personnes, dont dix mille Juifs. » Formidable, non ?
 
BLANCHE :  Ouais, je vois le genre… Encore un Grand Homme…
 
ARNAUD :  Tu as quelque chose contre les grands hommes ?
 
BLANCHE :  Pas spécialement. Mais il n’y en a que pour eux.
 
ARNAUD :  Tu ne crois pas que tu exagères un peu ?
 
BLANCHE :  Ça m’énerve qu’il n’y en ait que pour les Résistants. Les autres Français n’étaient pas forcément tous des salauds.
 
ARNAUD :  Il n’était pas français.
 
BLANCHE :  Qui ça ?
 
ARNAUD :  Eh bien, celui dont je te parle. Aristides de Sousa Mendes. Il était consul du Portugal. Donc portugais. Il n’entre pas dans tes catégories.
 
BLANCHE :  C’est un peu facile, tu ne trouves pas ?
 
ARNAUD :  Ce n’était pas un Résistant. C’était le consul général de Salazar.
 
BLANCHE :  Un grand démocrate, comme chacun sait.
 
ARNAUD :  C’est bien ce que je dis ! Aristide n’a pas résisté. Il a désobéi.
 
BLANCHE :  Tu l’appelles Aristide, maintenant !
 
(Un temps.)
 
ARNAUD :  Tu en es où, de ton roman ?
 
BLANCHE :  Je l’ai fini.
 
ARNAUD :  Super ! (Un temps.) Où est le problème ? Ça ne te plaît pas ?
 
BLANCHE :  Si, si, c’est plutôt réussi. Mais justement. Tout ce boulot pour rien…
 
ARNAUD :  Mais pourquoi tu dis ça ?
 
BLANCHE :  Tu ne suis pas la rentrée littéraire ?
 
ARNAUD :  Pas vraiment, non.
 
BLANCHE :  Le seul livre de cette rentrée qui a fait un tabac raconte l’histoire d’un officier nazi.
 
ARNAUD :  Et alors ?
 
BLANCHE :  Ça ressemble affreusement au mien.
 
ARNAUD :  Mais comment c’est possible ?
 
BLANCHE :  Ce sont des choses qui arrivent. Il n’y a rien à faire. Aucun éditeur ne publiera jamais mon truc.
 
ARNAUD :  Tu en es sûre ?
 
BLANCHE :  Certaine.
 
ARNAUD :  Ça fait trois ans que tu bosses là-dessus ! Tous ces bouquins que tu as lus ! Toutes ces recherches ! Ce n’est pas possible…
 
BLANCHE :  Ça m’a foutu un coup. Je n’arrive plus à rien.
(Un temps.) Et toi, le boulot ?
 
ARNAUD :  Pas mieux.
 
BLANCHE :  Ça ne s’est pas arrangé ?
 
ARNAUD :  Non, au contraire. Maintenant c’est officiel : le spectacle que je devais répéter le mois prochain est tombé à l’eau. Je n’ai plus rien. Je vais retourner faire Mickey à Disneyland.
 
BLANCHE :  Tu m’avais dit que tu ne referais jamais ça !
 
ARNAUD :  Je sais. Mais je n’ai pas trop le choix.
 
BLANCHE :  Eh ben on est bien tous les deux… (Un temps.) Et ton rendez-vous, au fait, il s’est passé comment ?
 
ARNAUD (légèrement mystérieux)  : Plutôt pas mal.
 
BLANCHE :  Tu crois que c’est la bonne ?
 
ARNAUD (hésitant)  : Je ne sais pas…
 
BLANCHE :  Raconte…
 
ARNAUD :  Il n’y a pas grand-chose à raconter pour le moment. (Un temps.) Et toi, tu t’es décidée ?
 
BLANCHE :  J’ai essayé. Je n’y arrive pas.
 
ARNAUD :  Franchement, c’est tout ce qu’il mérite. Ce n’est pas un type pour toi. Ça ne te mène à rien.
 
BLANCHE :  Je sais. Mais je n’y arrive pas. (Un temps.) Je crois que je suis dépendante.
 
ARNAUD :  Tu mérites mieux que ça !
 
BLANCHE :  Dommage que tu sois le seul à penser ça…
 
ARNAUD :  Ne dis pas ça.
 
BLANCHE :  Excuse-moi. C’est cette histoire de manuscrit… Je crois que ça me mine. (Un temps.) Peut-être que je vais arrêter d’écrire.
 
ARNAUD :  Ah non ! Ne dis pas ça ! (Un temps.) Et si tu m’écrivais une pièce ?
 
BLANCHE :  Une pièce ?
 
ARNAUD :  Mais oui ! Une pièce rien que pour moi ! Que je jouerais, au lieu de faire Mickey !
 
BLANCHE :  Je n’y connais rien en théâtre.
 
ARNAUD :  Tu as déjà publié trois romans.
 
BLANCHE :  Ça ne prouve rien. Je suis nulle en dialogues…
 
ARNAUD :  Vraiment ? Je n’ai pas remarqué.
 
BLANCHE :  Il n’y en a pas dans mes bouquins.
 
ARNAUD :  Ça ne m’a pas frappé.
 
BLANCHE :  Tu les as lus, au moins ?
 
ARNAUD :  Bien sûr.
 
Le téléphone sonne. Blanche décroche.
 
BLANCHE :  Allô, oui ? Ah, salut, on se voit où, alors ? Ah. (Un temps.) Bon… (Un temps.) Tant pis… Oui, je comprends… Je ne sais pas, je t’attendais ce soir… D’accord. Moi aussi. Ciao.
 
ARNAUD :  Il a encore décommandé.
 
BLANCHE :  Il a un dossier à rendre pour demain. Et sa femme l’attend.
 
ARNAUD :  Non mais tu vois comment il te traite ?
 
BLANCHE :  Je sais. Pitié, pas de morale ! (Un temps.) Écoute, pour ta pièce, moi je veux bien. Enfin, je veux bien essayer. Mais je n’ai pas d’idée.
 
ARNAUD :  Et si tu m’écrivais une pièce sur le consul ?
 
BLANCHE :  Sur le consul ?
 
ARNAUD :  Sur Aristide !
 
BLANCHE :  Oh, non ! Tout mais pas ça.
 
ARNAUD :  Pourquoi ?
 
BLANCHE :  Ce genre de truc, ça ne m’intéresse pas. C’est trop convenu. Trop rebattu.
 
ARNAUD :  Il faut bien parler des héros.
 
BLANCHE :  Des héros… Est-ce que c’en était vraiment, d’ailleurs ?
 
ARNAUD :  Bien sûr !
 
BLANCHE :  Est-ce qu’on sait seulement pourquoi ils ont fait ça ?
 
ARNAUD :  Comment ça, pourquoi ?
 
BLANCHE :  De très grandes choses sont parfois faites pour de toutes petites raisons.
 
ARNAUD :  Tu exagères.
 
BLANCHE :  Pas du tout, je suis réaliste. Ça marche dans les deux sens, d’ailleurs. Certains traîtres étaient des gens bien.
 
ARNAUD :  Peut-être. Mais avec Aristide, on a un sujet formidable.
 
BLANCHE :  Je ne le sens pas, c’est tout.
 
ARNAUD :  Tandis que ton mec tu le sens ?
 
BLANCHE :  Fous-moi la paix.
 
ARNAUD :  Tu sais que j’ai raison. C’est ça qui te rend agressive.
 
BLANCHE :  Si c’est pour me dire ça, c’est vraiment pas la peine.
 
ARNAUD :  Très bien. Marine dans ta déprime. Croupis dans ton marasme, entre les mecs mariés et les nazis. C’est tellement plus intéressant qu’un type qui a eu le courage de sauver des milliers de vies. Tellement moins convenu, n’est-ce pas ?
 
Il sort.
Scène 2
BLANCHE , LE CONSUL :
 
BLANCHE (au téléphone)
Non, je crois que ce n’est pas une bonne idée. J’ai déjà quelque chose ce soir. C’est ça. Appelons ça une pause, si tu préfères. Au revoir.
Elle raccroche, manifestement ébranlée par la conversation. Elle ramasse machinalement le journal laissé par Arnaud la veille, se plonge dedans.
Sans qu’on l’ait vu entrer, le consul apparaît. Il est habillé en consul (chapeau, chemise blanche, gilet blanc brodé, col cassé, cravate blanche, gants, costume noir).
 
LE CONSUL :  Je crois que vous pouvez m’aider.
 
BLANCHE (que l’apparition ne semble pas surprendre)  :
Ça m’étonnerait.
 
LE CONSUL :  Je vous énerve, mais je vous intéresse. Je le sens bien.
 
BLANCHE :  Je ne vois pas ce qui vous fait dire ça.
 
LE CONSUL :  Votre ami comédien. Il jouerait bien mon rôle.
 
 
Deuxième Tableau
 

Troisième tableau
...

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