Bâton plaisir
31 pages
Français

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Bâton plaisir , livre ebook

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Description

Un coureur de 400 m se dope au... bâton. Un phénomène dans son genre !

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 20 juin 2013
Nombre de lectures 38
EAN13 9791023401967
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0022€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Jan Thirion
Bâton plaisir
Nouvelle CollectionCulissime
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Aux premières notes de La Marseillaise, l’émotion le submerge. Il ne retient pas ses larmes, tout en balbutiant des paroles qu’il connaît par cœur. Ses compagnons sont gagnés par la même fébrilité en regardant monter le drapeau tricolore. Sur la plus haute marche du podium, ils ont de quoi être fiers. En moins de trois minutes, ils viennent d’inscrire leurs noms sur les tablettes de l’histoire de l’athlétisme. Une main sur le cœur, l’autre aux fesses de son voisin, chacun garde la raideur qu’il avait en course, comme s’il n’avait pas encore décompressé, alors que les concurrents sur les deux autres marches, les Américains et les Jamaïquains sont plus détendus que jamais. Ils peuvent l’être, eux, car les champions français ont prévu d’attendre la fin de la cérémonie pour se lâcher complètement. Ils sont venus chercher leurs médailles d’or sans passer par les vestiaires après la finale, optant pour une dernière 3
apparition en public, bruts de décoffrage, tels qu’on les a vus et admirés en pleine démonstration de leurs talents. Juchés sur la plus haute marche, droits comme des i, ils font figure de géants à côté des autres médaillés, même Nicanor, plutôt modèle réduit, en tout cas pour un coureur. Au centre du quatuor de son équipe, Nicanor réalise enfin son rêve : être l’un des hommes les plus rapides au monde. S’il n’a pas eu sa chance au 400 mètres en début de semaine, handicapé qu’il est par sa manière de courir un peu spéciale qui l’empêche de prendre un bon départ, il vient d’offrir à la France une belle victoire dans le relais 4 x 400, en clôture des épreuves d’athlétisme, ajoutant une nouvelle et dernière médaille dans l’escarcelle commune. Chanter, ou plutôt murmurer le refrain de l’hymne national à l’unisson avec le chœur officiel et les tribunes le renvoie des années en arrière, à l’époque où on 4
le traitait de nain parce qu’il tardait à grandir. Il s’était juré de devenir un grand coureur à pied. Déjà, il battait tous ses copains qu’il s’amusait à défier à tour de rôle, au sprint comme dans le tour du quartier. Après la mort de sa mère disparue dans un accident de la circulation, son père désira vivre seul. Alors, Nicanor, âgé de 18 ans, vint habiter chez sa tante Gréta et son oncle Léonard, dans le Var, à Salvadour. Leur maison dominait une butte, et chaque matin, pour se rendre dans le restaurant où il faisait la plonge, il dévalait la pinède pour gagner le village pour la remonter le soir, toujours galopant, cinq kilomètres à l’aller comme au retour. Cet entraînement permanent lui permettait déjà d’améliorer ses performances, mais c’est un autre truchement, plus curieux, qui lui permit d'améliorer considérablement sa pointe de vitesse. Sa tante et son oncle, des fous de musique, adoraient chanter. Ils ne 5
donnaient que des récitals privés. Chaque soir, après le souper, Nicanor y avait droit, malgré lui. Il s’en serait bien passé, n’étant pas assez vieux pour apprécier le répertoire d’une autre époque. Unique auditeur, il se voyait obligé d’assister à chaque concert et de rester jusqu'à la fin en boudant. Les premières fois, il resta assis sagement sur les marches de l’escalier, gradins d’une foule d’admirateurs imaginaires, face à la salle à manger transformée en scène de music-hall. Lorsqu’il manifesta par la suite l’envie de s'éclipser, l’oncle Léonard trouva une parade, originale mais efficace, pour l'empêcher de prendre la poudre d’escampette. Il ne verrouilla pas la porte de sortie, même s'il savait que Nicanor pouvait l’atteindre avec une rapidité extrême. Il employa des moyens plus radicaux, qui firent d’abord le désespoir du garçon mais qui, ultérieurement, avaient fini par lui apporter un bénéfice inouï.
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