La lecture à portée de main
35
pages
Français
Ebooks
2023
Écrit par
Ana Kori
Publié par
Les éditions du 38
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Ebook
2023
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Publié par
Date de parution
15 mars 2023
Nombre de lectures
1
EAN13
9782384830411
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
1 Mo
Caril a treize ans quand elle rencontre Charles, un jeune adulte à l’esprit vengeur qui va l’entraîner dans une cavale meurtrière.
Comment cette adolescente va-t-elle accepter les délires violents de son premier amour ?
Dans la tête de Caril, la peur, le doute et l’innocence se côtoient. Une collocation qui mènera le duo diabolique à tuer onze personnes.
Ce n’est pas par hasard que ce couple a inspiré le cinéma.
Publié par
Date de parution
15 mars 2023
Nombre de lectures
1
EAN13
9782384830411
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
1 Mo
Présentation
Caril a treize ans quand elle rencontre Charles Starkweather, un jeune adulte à l’esprit vengeur qui va l’entraîner dans une cavale meurtrière.
Comment cette adolescente va-t-elle accepter les délires violents de son premier amour ?
Dans la tête de Caril, la peur, le doute et l’innocence se côtoient. Une collocation qui mènera le duo diabolique à tuer onze personnes.
Ce n’est pas par hasard si ce couple a inspiré le cinéma.
Dans la tête d’un monstre
Épisode 5
Caril Ann Fugate
Ana Kori
Polar
1. Ennui au Nebraska
Autour d’elle, les adolescents papillonnaient avec insouciance. Les garçons se défiaient comme dans le dernier John Wayne alors que les filles prenaient la pause façon Marylin Monroe. Caril observait leurs singeries avec dédain. Du haut de ses treize ans, elle était habitée d’une certitude : elle n’était pas à sa place. Pas née dans la bonne ville ni dans la bonne famille. Une erreur de livraison sans doute liée à des tempêtes cosmiques ; des événements bien obscurs de là où elle voyait les choses, mais une sacrée erreur quand même !
Son destin n’était pas de voir le jour à Lincoln, dans le Nebraska, de finir le lycée pour ensuite décrocher un job minable avant de se marier… Se marier, en espérant que son futur époux soit capable de s’acheter une belle voiture, comme une Cadillac brillante, dans laquelle ils iraient voir James Dean ou Ingrid Bergman au drive-in. Son futur n’était pas de vieillir dans une petite maison ridicule en mangeant du pop-corn devant la télévision et de rêver en voyant les starlettes du cinéma vivre des histoires d’amour incroyables. Caril le savait, elle était venue au monde pour vivre une existence exceptionnelle faite d’aventures, aux côtés d’un homme fort qui la protégerait et la traiterait en princesse.
Lorsque le bus scolaire s’arrêta devant son jardin, elle fut soudainement ramenée à la réalité. Elle se leva sans entrain, inspira pour se donner du courage puis descendit. À l’intérieur, sa mère, Velda, l’accueillit en lui collant sa demi-sœur dans les bras comme si elle se débarrassait d’un sac de courses. Caril comprit son empressement en détaillant le filet qui tenait ses cheveux plaqués autour de rouleaux. Ce n’était pas courant que Velda paraisse débordée et Caril se souvint que ce soir, elle dînait chez des amis avec son nouveau mari. Pour l’occasion, Caril avait été désignée baby-sitter.
— Ça a été l’école ? lui demanda Velda en retirant les épingles de sa tête.
— Comme d’habitude.
— T’as encore eu de mauvaises notes ? s’inquiéta Velda. Tu dois mieux travailler, Caril, sinon, ton père va se fâcher.
— Marion n’est pas mon père ! objecta-t-elle.
— Cesse tes enfantillages ! Va plutôt donner à manger à Betty.
Occupée à domestiquer ces boucles éphémères, Velda ne lui jeta pas un regard. Dans ses bras, Betty lui adressait des sourires charmants en tortillant ses doigts autour de sa tresse. Elle envia sa petite sœur, si fragile, si innocente, de se réjouir de choses simples sans vraiment comprendre à quel point leur vie était misérable. Elle aurait bien le temps de prendre la mesure du funeste destin qui l’attendait. Au fond, qui pouvait se satisfaire de vivre ainsi ? Voir sa mère s’enthousiasmer pour une sortie chez les voisins l’agaça. Un réel manque d’ambition qui ne devait pas contaminer Caril.
Après avoir nourri Betty, elle la déposa dans son lit et retourna dans sa chambre. Elle alluma le poste de radio que sa grande sœur lui avait offert. Elvis succéda à Chuck Berry dans un morceau entraînant dont lui seul avait le secret. Caril se mit debout et s’imagina au milieu d’un plateau de cinéma en train de danser avec James Dean. Ce serait un film formidable avec des scènes folles en voiture. Il y aurait une fin à couper le souffle d’un couple échappant à des poursuivants. Puis ils tomberaient dans les bras l’un de l’autre pour un baiser langoureux. Elle plaqua sa main sur ses lèvres, ferma les yeux pour visualiser l’acteur et embrassa sa paume avec délectation.
Le lendemain, après être rentrée des cours, elle découvrit que sa grande sœur, Barbara, était à la maison. De joie, elle jeta son sac avant de sauter au cou de son aînée. Cette dernière lui apprit que le soir, elle l’emmenait avec elle et son petit ami pour manger au restaurant. Velda acquiesça d’un signe de tête, confirmant cette formidable nouvelle. Totalement transportée par cette idée, Caril monta dans sa chambre afin de se préparer. Elle défit sa tresse, coiffa ses cheveux pour les plaquer vers l’arrière à l’aide d’un bandeau. Elle passa une robe bleue et des ballerines noires puis rejoignit Barbara au rez-de-chaussée.
Sur le perron, Bob Von Bush, le petit copain de Barbara, discutait avec les parents et validait toutes les consignes sans sourciller. Après moult recommandations, ils purent enfin prendre la poudre d’escampette vers un lieu fréquenté par toute la jeunesse du coin. Caril fut surprise lorsque Bob et Barbara s’installèrent à une table où un garçon plus âgé sirotait un milk-shake. Cependant, il sembla ravi puisqu’il les salua avec un grand sourire avant de s’attarder sur Caril. Elle se tétanisa instantanément. L’adolescent la dévisagea longuement, d’un regard perçant qui lui déclencha des décharges dans l’estomac. Caril était époustouflée de voir à quel point il ressemblait à son idole : James Dean. Même coiffure, mêmes yeux, même façon de s’habiller, jusqu’à sa gestuelle qui était la parfaite réplique de celle de l’acteur. Quand il lui fit signe de s’asseoir près de lui, elle manqua défaillir.
Il lui tendit la main :
— Salut, je m’appelle Charles.
— Euh… Caril Ann, balbutia-t-elle.
— C’est mignon.
— Mais trop long. Tout le monde m’appelle Caril.
Et Charles lui adressa le plus merveilleux des sourires.
2. Dans les yeux de Charlie
Il ne leur avait fallu que quelques jours pour échanger leur premier baiser. Caril était en plein rêve. Elle comprenait enfin ce que signifiait avoir un coup de foudre puisque c’était ce qu’elle et Charles avaient vécu. Dès cette première soirée, l’alchimie entre eux avait opéré, les rendant fous l’un de l’autre. Malgré leur différence d’âge – Charles avait tout de même dix-huit ans –, Caril savait qu’il était l’homme de sa vie. En un clin d’œil, son quotidien ennuyeux d’écolière avait cédé la place à l’existence fabuleuse d’héroïne de cinéma. Quant à ses camarades de classe, elles salivaient littéralement lorsque Charles l’attendait au volant de sa voiture à la sortie des cours. Fini le bus scolaire pour elle, Charles l’emmenait partout. Et si ce n’était que ça : il avait même pris un travail dans l’entrepôt voisin de son collège afin de se rendre facilement disponible pour elle.
La seule ombre au tableau c’était ses parents. Ces derniers ne voyaient pas cette relation d’un très bon œil, jugeant Charles trop vieux pour Caril. Peu lui importait : ils se fréquentaient, malgré tout, en cachette évidemment. Si bien que quand elle rentrait chez elle, la plupart du temps en retard, elle regagnait sa chambre sous le flot de leurs reproches. Ils ne pouvaient pas comprendre, enferrés dans leurs normes sociales.
Ça, c’était Charles qui le disait.
Il devisait longuement sur les règles qui contraignaient les pauvres à le rester pendant que les riches se développaient toujours plus. Charles était très intelligent. Il savait beaucoup de choses et observait ses semblables avec justesse. Chaque saynète de la vie quotidienne était pour lui l’occasion de démontrer le bien-fondé de sa pensée : la société répondait à un dogme rigide afin que chacun demeure à sa place, assignée dès la naissance. Cela nourrissait son sentiment d’injustice, guidant le garçon innocent vers un modèle plus rebelle identique à son idole : James Dean. Car ce n’était pas par hasard si Charles le singeait dans les moindres détails. Il était également un admirateur de l’acteur qui incarnait, selon lui, la nouvelle génération ; celle qui renverserait...