29
pages
Français
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2018
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Ebook
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Publié par
Date de parution
15 février 2018
Nombre de lectures
0
EAN13
9782372224628
Langue
Français
Sept nouvelles de Ludivine Lanoy abordant des thèmes pourtant différents (la mort, la maltraitance ou encore le harcèlement moral...) et qui ont un dénominateur commun : l’amour. L’amour impossible car adultère, l’amour soumis, l’absence d’amour maternel ou le coup de foudre, cet amour que nous recherchons tous, se glisse sous la plume de Ludivine qui met en exergue des êtres écorchés et blessés. Elle sait trouver le mot juste pour nous faire partager les angoisses de ses personnages. Des textes bouleversants dont on ne ressort pas indemne.
Publié par
Date de parution
15 février 2018
Nombre de lectures
0
EAN13
9782372224628
Langue
Français
Ludivine Lanoy
Comment
j’ai tué ma mère
Nouvelles
© Ludivine Lanoy
Bookless-Editions
Tous droits réservés
Février 2018
Isbn n° 978237222 4628
Mon fils, ma promesse
Elle était là, à ses côtés, comme tous les soirs. Nichée dans le creux de son bras, il se dit qu'il avait la plus belle femme du monde. Elle lui souriait et il lui souriait en retour. Elle se leva soudain et lui dit qu'elle devait partir. Mais pourquoi ? Parce que c'était ainsi. Il ne pouvait en être autrement, elle ne pouvait revenir vers lui que dans ses rêves, elle était partie à tout jamais. Tom se réveilla brutalement, il aurait aimé prolonger son rêve mais la sonnerie de son réveil le renvoyait à la dure réalité. Sept heures. Il devait réveiller son fils et le préparer à aller à l'école. Ça faisait déjà un an qu'il endossait ce rôle, qu'il endossait tous les rôles. Préparer son fils, le faire manger, le laver, être là en permanence pour lui. Un an déjà que sa femme les avait quittés pour un monde sans doute meilleur.
Tout s'était passé si vite... La fatigue d'abord, puis les vomissements, les étourdissements, les malaises. Ils avaient même cru un instant qu'un deuxième petit bonheur était en route. Un cancer avait dit le médecin, beaucoup moins réjouissant. Mais après tout, on soignait beaucoup mieux les cancers de nos jours ! Pas pour elle malheureusement... Quinze jours avai en t suffi pour l'arracher à cet univers. Le cancer s'était répandu en elle tel un souffle monstrueux détruisant tout sur son passage. Hospitalisée de suite, il avait dû expliquer à son fils que maman, un peu fatiguée, devait se reposer. Bien entendu il était trop jeune pour comprendre, à huit ans l'insouciance ne peut pas se briser comme ça. Un soir pourtant, quand il sortit de l'école, son père ne l'emmena pas à l'hôpital, et il avait bien fallu lui expliquer qu'elle les avait quittés et ne reviendrait plus. Mais comment expliquer à un enfant qu'il ne verrait plus sa mère ? Comment lui expliquer qu'elle ne l'embrasserait plus le matin, comment lui expliquer qu'elle ne serait plus jamais là pour le border, lui lire une histoire, le prendre dans ses bras et le réconforter quand le chagrin le prenait ? Non vraiment il ne pouvait s'y résoudre. Alors, il lui expliqua que maman était tellement fatiguée qu'elle devait prendre de très longues vacances pour revenir en forme. La moue dubitative de son fils ne l'avait pas rassuré et quand il lui avait demandé s'il était sûr qu'elle reviendrait il ne put que lui dire oui.
Tom était rongé par le mensonge, et un an après il ne savait toujours pas parler à son fils de sa mère. Aussi étonnant que cela puisse paraître, le petit garçon ne réclamait jamais sa maman. Tom aurait dû lui en parler et attiser son souvenir mais il n’en avait pas la force. Il pensait que c'était ce qu'il y avait de meilleur pour lui. Il se souvint de la promesse qu'il avait fait e à sa femme, il devait faire tout ce qui était en son pouvoir pour rendre son fils heureux, et il s'y attelait tous les j ours.
Toujours plongé dans ses pensées il prépara le petit déjeuner de son fils. Quand il se leva, sa mine fermée ne présageait rien de bon mais Tom tenta une approche.
« Bonjour mon grand ! »
Mais aucune réponse ne lui parvint. Il savait que son fils avait des problèmes en ce moment à l'école, mais il ne voulait pas les évoquer et Tom ne voulait pas le braquer. Il emmena son fils à l'école malgré ses protestations. Tom avait quitté son travail après le décès de sa femme, il avait bien assez d'économies pour s'occuper encore quelques mois de son fils. Pourtant quand il était à l'école les journées étaient un véritable supplice. Il n'avait rien d'autre à penser que les jours sombres qu'ils avaient passé s et Tom se demandait pourquoi sa vie s'était écroulée ainsi.
Il fut tiré de son désespoir par un coup de téléphone. C’était l’école de son fils. Il y avait un problème, encore. Arrivé en trombes dans l’établissement il fut reçu par la directrice. Elle lui expliqua qu’elle comprenait tout à fait que la situation pour lui comme pour son fils était très délicate, mais que les choses devaient changer. Son fils était beaucoup trop perturbé. Après discussion, Tom commença à comprendre. Alors qu’il ne discutait pas de sa mère avec son père, le petit garçon passait son temps à en parler avec ses camarades : il leur racontait des aventures plus q u’extravagantes qu’il vivait tous les week-end avec elle, et quand l’un deux lui disait que sa mère était morte, il se mettait dans une colère folle et distribuait des corrections à ceux qui l’affrontai en t.
Encore sous le choc, Tom présenta ses plus plates excuses et promis de régler le souci. Il s’empressa de récupérer son fils à l’extérieur et retourna chez lui. Il laissa passer l’après-midi, se demandant comment aborder le sujet. Après tout c’ était lui qui en était la cause, s’il n’avait pas menti à son fils tout ça ne se serait pas passé. Au moment du couch er Tom s’assit sur le lit de son enfant , bien décidé à lui parler et enfin rompre le mensonge qui le hantait depuis un an.
« Écoute mon grand, il faut que je te parle. Tu sais quand ta maman est partie, je t’ai dit qu’elle avait besoin de repos, et qu’elle partait en vacances, qu’elle reviendrait vite te revoir mais… elle ne reviendra pas mon grand, jamais, ta maman est parti e pour toujours, elle était très malade et c’est la maladie qui a gagné. Q uand tes petits camarades te disent que ta maman e s t morte ils disent la vérité et tu ne dois pas t’en prendre à eux, tu sais… »
Il n’eut pas le temps de finir sa phrase, le petit garçon le coupa.
« Mais je sais papa que maman est partie pour toujours, mais comme tu m’as dit qu’elle était en vacances je croyais que personne ne t’avait rien dit, alors je voulais pas te faire mal au cœur, je voulais que tu crois encore qu’elle reviendrait… »
Tom s’écroula sous le coup de l’émotion, il croyait protéger son fils, mais c’ était lui qui le protégeait ! Il le prit dans ses bras et le serra à lui couper le souffle. Depuis le début il était dans l’erreur mais cela allait changer. Il allait enfin pouvoir lui parler librement. Il se leva et revint avec un album photo remplit de leur vie à trois. Ce soir, il pourrait enfin regarder son fils en face.
Comment j’ai tué ma mère
C 'en était fini pour elle, de toute sa splendeur, de toutes ses belles apparences, de tout ce qui la faisait tenir debout.
Il y avait cette femme, le genre de celle s au x quelle s on aimerait ressembler, toujours soignée, toujours souriante, qui place le bon mot au bon moment, avec sa maison parfaitement ordonnée , et sa cuisine toujours délicieuse. Et il y avait cette petite fille, le genre d'enfant que tout parent rêve d'avoir, brillante et délicate, un peu tête en l'air, l'esprit souvent dans les nuages.
Il y avait ma mère, il y avait moi, et l'envers du décors.
Bien s û r, il y avait les personnages secondaires, un grand frère, un peu trop protégé, un peu trop gentil, un peu trop renfermé, mais pas bien méchant. Et un père... Un père présent et pourtant si absent à la fois, semblant toujours port er un poids sur ses épaules, Dieu merci bien solides.
Et toujours l'envers du décors.
Ne dit-on pas qu'une fois les portes fermées, personne ne sait ce qu i se passe ? Qu'une fois les portes fermées, tout apparat disparaît ? Cette phrase n'est ni plus ni moins qu'une façon d'exprimer ce que nous vivons et que personne ne voit, ou ne veut voir.
Qui peut dire « Je suis un bon parent » ? Vous êtes ce que votre enfant voit, ressent, rien de plus. Mais soyez- en sûr, ce que vous donnez de malheur à un enfant, tôt ou tard, il vous le rendra, en bien plus fort. Pour ma part, j'ai rendu ce qui était à rendre…
Nous voilà donc dans une histoire à quatre personnages. C'était une toute petite famille, ce genre de famille où tout s e fait à quatre...